La présidence estonienne du Conseil de l’UE organise ce 23 août à Tallin une conférence sur « l’héritage dans l’Europe du XXIe siècle des crimes commis par les régimes communistes », avec la participation des ministres de la Justice des Etats membres.
Le 23 août est la « Journée européenne du souvenir pour la commémoration des victimes de tous les régimes totalitaires et autoritaires », demandée par la résolution adoptée par le Parlement européen en 2009 (70 ans après le pacte Molotov-Ribbentrop, conclu le 23 août 1939).
Déjà à l’époque la gauche avait hurlé contre cet « amalgame » du nazisme et du communisme ; mais la résolution avait été adoptée.
Aujourd’hui, 18 ans plus tard, la situation n’a pas changé. Il y a toujours des députés européens pour dénoncer la commémoration des victimes du communisme, sous prétexte d’amalgame, parce que, prétendent-ils toujours, on ne peut pas mettre sur le même plan l’horrible nazisme horizon indépassable de l’horreur et les malencontreuses erreurs du généreux communisme.
Le ramassis de députés à gauche des sociaux-démocrates, GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique), condamne la conférence estonienne comme étant une « insulte à la mémoire historique européenne ». Sic. « Comparer le communisme au nazisme est historiquement faux, dangereux et inacceptable, disent-ils. En outre, le fait que le gouvernement estonien décide de se concentrer sur les ‘crimes communistes’ montre clairement son intention d’utiliser la présidence tournante de l’UE à des fins idéologiques. »
L’extrême gauche européenne n’a pas digéré la résolution de 2009, qui faisait suite à une demande des députés des pays de l’est visant à faire œuvre de mémoire pour ce qu’ils avaient subi sous l’oppression soviétique… De fait, si les attendus évoquent tant le nazisme que le communisme, le texte même de la résolution, en dehors des dénonciations génériques des totalitarismes, ne cite explicitement que le communisme.
La conférence de Tallin s’inscrit donc dans cette histoire, ce qui renforce la rage des post-communistes. Et le groupe GUE/NGL a demandé aux gouvernements des Etats membres de boycotter l’événement. Il y en a un de fait qui le boycotte, c’est le gouvernement grec. Le ministre grec de la Justice, Stavros Kontonis, y est allé de son couplet collabo :
L’organisation d’une conférence sur ce thème spécifique, avec ce titre spécifique, envoie un message politique faussé et dangereux […] ranime l’esprit de la Guerre froide, qui a tant fait souffrir l’Europe, contredit les valeurs de l’UE et ne reflète certainement pas les vues du gouvernement et du peuple grecs : le nazisme et le communisme ne devraient jamais être considérés comme similaires.
Katrin Lunt, porte-parole du ministère estonien de la Justice, a rappelé que dans son pays le communisme avait fait des dizaines de milliers de victimes, y compris après la fin de la guerre, et que les crimes commis par le régime soviétique y ont laissé des traces encore visibles. Elle a ajouté :
La conférence qui a lieu le 23 août à Tallinn est dédiée à l’enquête sur l’héritage laissé par les crimes commis par le régime communiste. Il s’agit de l’expérience estonienne, partagée par les autres pays Baltes et certains autres États d’Europe de l’Est. Du point de vue estonien, cette période ne s’est terminée qu’il y a 26 ans.