Par un décret de la Congrégation des rites daté du 4 mai 1944, Pie XII instituait la fête du Cœur immaculée de Marie le 22 août. A savoir le jour de l’octave de la fête de l’Assomption. Comme s’il avait déjà décidé de supprimer cette octave, ce qu’il fera 11 ans plus tard.
Retrouvons saint Bernard, dans son quatrième sermon sur l’Assomption, dont les lignes suivantes étaient la lecture du deuxième nocturne des matines (ce sont en fait des extraits, bien choisis et agencés, de la deuxième moitié du sermon).
Rien ne me charme, mais aussi rien ne m’effraie plus, que de parler des gloires de la Vierge Marie. Si je loue sa virginité, beaucoup de vierges se présentent à mon souvenir. Si je célèbre son humilité, il s’en trouve au moins quelques-uns qui, à l’école de son Fils, sont devenus doux et humbles de cœur. Si je veux exalter sa grande miséricorde, il y a eu des hommes et aussi des femmes qui ont exercé la miséricorde. Mais il est un point où Marie n’a eu, ni devancière ni imitatrice, c’est qu’elle a tout ensemble, et les joies de la maternité et l’honneur de la virginité. C’est là le privilège de Marie, il ne sera pas donné à une autre ; il est unique et par cela même il est ineffable.
Néanmoins, elle n’a pas que cela de particulier. A bien considérer toutes ses vertus, on trouve que celles-là même qui semblent lui être communes avec d’autres, lui sont spécialement propres. Quelle pureté, fût-ce la pureté des Anges, osera-t-on mettre en parallèle avec celle qui a rendu Marie digne de devenir le sanctuaire du Saint-Esprit, et la demeure du Fils de Dieu ? Et quelle admirable et précieuse humilité, jointe à une si grande pureté, à une parfaite innocence, à une conscience exempte de toute ombre de faute, et, pour mieux dire, à une si merveilleuse plénitude de grâce ! D’où vous vient cette humilité et cette humilité si grande, ô Vierge bienheureuse ? Elle était digne assurément des regards du Seigneur, c’est de sa beauté que le Roi a été épris, c’est son parfum très suave qui, attirant le Fils de Dieu, l’a fait sortir de l’éternel repos qu’il goûte dans le sein de son Père.
Nous vous avons accompagnée de tous les vœux possibles, quand vous montiez vers votre Fils, et nous vous avons suivie du moins à distance, ô Vierge bénie ! Que votre bonté fasse connaître au monde la grâce que vous avez trouvée auprès de Dieu : obtenez par vos saintes prières le pardon aux coupables, la guérison aux malades, la force aux âmes faibles, la consolation aux affligés, le secours et la délivrance à ceux qui sont en péril. O Marie, reine de clémence, qu’en ce jour de solennité et d’allégresse vos humbles serviteurs qui louent et invoquent votre très doux nom soient comblés des dons de la grâce par Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur, qui est le Dieu souverain, béni dans tous les siècles. Amen.
Dernier répons du deuxième nocturne (dans le bréviaire monastique, toujours) :
℟. Ista est speciosa inter filias Jerusalem, sicut vidistis eam plenam caritate et dilectione, * in cubilibus et in hortis aromatum. ℣. Ista est quæ ascendit de deserto, deliciis affluens. In cubilibus et in hortis aromatum. Gloria Patri. In cubilibus et in hortis aromatum.
Elle est belle parmi toutes les filles de Jérusalem, ainsi que vous l'avez vue pleine de charité et de dilection, dans les chambres et les jardins des parfums. C’est elle qui monte du désert, pleine de délices. Dans les chambres et les jardins des parfums. Gloire au Père… Dans les chambres et les jardins des parfums.
Commentaires
Omnipotens sempiterne Deus, qui in Corde beatae Mariae Virginis dignum Spiritus sancti habitacu- lum praeparasti : concede propitius ; ut ejúsdem immaculati Cordis festivitem devóta mente recoléntes, secúndum Cor tuum vivere valcámus. Per Dóminum nostrum Jėsus Christum qui vivit et regnat in unitáte ejúdem.