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Le blog d'Yves Daoudal - Page 741

  • O radix Jesse

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    Capitule

    Ecce radix Jesse ascendet in salutem populorum : ipsum gentes deprecabuntur : et erit nomen ejus gloriosum.

    Voici que la racine de Jessé monte pour le salut des peuples ; les nations la prieront elle-même, et son nom sera glorieux.

    Le capitule indique d’où vient la première partie de l’antienne : Isaïe 10,11. C’est une ancienne version, qui est celle d’un répons du troisième dimanche de l’Avent (avant 1960 dans le rite romain). Il est intéressant de la comparer à celle de saint Jérôme dans son commentaire d’Isaïe (il s’agit d’une traduction littérale de la Septante), et à celle du même saint Jérôme dans la Vulgate :

    Et erit in die illa radix Jesse, et qui consurget ut princeps sit gentium : in ipso gentes sperabunt, et erit requies ejus honor.

    Et sera en ce jour-là la racine de Jessé, et qui s’élèvera pour être le prince des nations ; en lui les nations espéreront, et son repos sera honneur.

    In die illa radix Jesse, qui stat in signum populorum, ipsum gentes deprecabuntur, et erit sepulchrum ejus gloriosum.

    En ce jour-là la racine de Jessé, qui se tient en signe des peuples, les nations la prieront elle-même, et son sépulcre sera glorieux.

    On pourra se demander pourquoi il y a « montera » dans le capitule, « s’élèvera » dans la Septante et le commentaire de saint Jérôme, « se tiendra » dans la Vulgate. C’est que, comme cela arrive souvent, le verbe hébreu (amad) a les trois significations, et même plusieurs autres. En revanche, si « repos » et « sépulcre » traduisent le même mot, je ne vois pas qu’il puisse se traduire aussi par « nom ».

    Antienne

    O radix Jesse, * qui stas in signum populórum, super quem continébunt reges os suum, quem Gentes deprecabúntur : veni ad liberándum nos, jam noli tardáre.

    O Racine de Jessé, * qui êtes comme l’étendard des peuples, devant qui les rois fermeront leur bouche, et dont les Nations imploreront le secours : venez nous délivrer, maintenant ne tardez plus.

    Collecte

    Festina, ne tardaveris, Domine, Deus noster : et a diabolico furore nos potenter liberare dignare : Qui cum.

    Dépêche-toi, ne tarde pas, Seigneur notre Dieu, et daigne nous libérer avec puissance de la fureur diabolique.

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    Antiphonaire des cordeliers de Fribourg, autour de 1300.

  • En Chine

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    La cathédrale de l’Immaculée Conception de Pékin a été subitement fermée, à une semaine de Noël, pour « réparations ». Aucun calendrier des « travaux » n’a été donné.

    D’autre part, quelque 60 policiers et fonctionnaires des Affaires religieuses ont donné l’assaut dimanche à l’église protestante clandestine Rongguili de Guangzou, pendant un cours de catéchisme. Ils ont saisi les livres, pris les noms des personnes présentes et leurs téléphones portables. Puis ils ont mis des scellés et fait savoir par les réseaux sociaux aux (quelque 5.000) fidèles qu’ils devaient aller dans les églises officielles. C’est la troisième église protestante fermée depuis septembre.

  • Miss France peut être un homme

    C’est elle-même qui le dit. La nouvelle Miss France s’empresse de montrer qu’elle a bien appris la leçon et qu’elle est une bonne propagandiste de l’idéologie du genre. La féminité, dit-elle au Parisien, «ce n'est pas naître femme, naître de sexe féminin», mais un «état d'esprit» qui peut être incarné «par une personne du genre féminin comme masculin». «Il y a des femmes qui sont des femmes, il y a des femmes qui sont des hommes, comme il y a des femmes qui sont des femmes et des hommes qui sont des hommes.»

    Bon, elle s’emmêle un peu les pinceaux, mais le cœur y est.

    Pauvre fille.

  • Comme ça c’est plus clair

    « Le pape a nommé l’illustrissime docteur Andrea Tornielli directeur de la direction éditoriale du dicastère pour la communication. »

    Le journaliste Andrea Tornielli, dit « la voix de Sainte-Marthe », était le chef thuriféraire médiatique de François, porte-parole gracieux du Saint-Père (notamment par son blog Vatican Insider), le voici officiellement en charge de faire dire par le nouveau « dicastère » la propagande officielle.

    Encore un qui a reçu sa récompense.

  • O Adonai

    Capitule

    Ecce Deus noster : ecce Dominus Deus in fortitudine veniet, et brachium ejus dominabitur : ecce merces ejus cum eo, et opus illius coram illo.

    Voici notre Dieu, voici que le Seigneur Dieu va venir dans sa puissance, et son bras dominera ; voici qu’il a sa récompense avec lui, et don œuvre est devant lui. (Isaïe 40,10)

    Antienne

    O Adonai, * et Dux domus Israël, qui Moysi in igne flammæ rubi  pparuisti, et ei in Sina legem dedisti : veni ad redimendum nos in brachio extento.

    O Adonaï, * et Conducteur de la maison d’Israël, qui avez apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné la loi sur le Sinaï : venez pour nous racheter par la puissance de votre bras.

    Oraison

    Deus, qui hominem de lapsu in mortem Unigeniti tui adventu redimisti : præsta, quæsumus; ut qui ejus gloriosam fatentur Incarnationem, ipsius Redemptoris consortia mereantur : Qui tecum.

    O Dieu qui par l’avènement de votre Fils unique avez racheté l’homme de sa chute dans la mort, accordez, nous vous le demandons, que ceux qui confessent sa glorieuse Incarnation méritent d’être participants de ce même Rédempteur.

     (Sur le capitule et l'oraison, voir ma note d'hier.)

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    Antiphonaire de Sens, début du XIIIe siècle.

  • Une affaire interne !

    Antonio Socci a découvert un propos du cardinal Parolin, « le numéro 2 de l’Eglise de Bergoglio », que personne n’avait semble-t-il remarqué jusqu’ici (en dehors de Faro di Roma). Il date du 7 novembre dernier, et il est comme dit Socci « incroyable ». Il est d’une telle indécence qu’il mérite en effet d’être connu.

    Voici la traduction du texte intégral de la dépêche de l’agence des évêques italiens, SIR :

    « “Du côté du Saint-Siège, il y a toujours intérêt à ce que ça se termine de la meilleure façon”. En marge de la conférence sur la charité politique tenue aujourd'hui au Palazzo S. Calisto, le card. Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Vatican, a répondu à une question sur l'affaire Asia Bibi, une chrétienne pakistanaise, mère de cinq enfants, acquittée par la Cour suprême pour blasphème et condamnée à la peine capitale en 2010. On craint maintenant pour sa vie, après les manifestations et les menaces reçues, qui ont forcé son avocat à se réfugier en Hollande et ont poussé son mari à demander l'asile pour sa famille dans plusieurs pays. Interrogé par des journalistes, Parolin a déclaré qu'il n'existait actuellement aucune activité diplomatique exercée par le Saint-Siège. "C'est une affaire interne au Pakistan, j'espère que cela pourra être résolu de la meilleure façon", a-t-il déclaré. "Je ne sais pas comment cela va se terminer, il y a eu de nombreuses réactions, la question n'est pas simple, c'est très complexe et délicat". »

    L’affaire Asia Bibi, c’est une affaire interne au Pakistan. Et le Saint-Siège ne s’en occupe donc en aucune manière. Qu'Asia Bibi soit une fille très fidèle et persécutée de l'Eglise catholique, l'Eglise catholique n'en a rien à cirer.

    Telle est l’Eglise d’aujourd’hui en son sommet. C’est conforme à l’accord avec la Chine communiste, et avec les pressions permanentes pour un accueil en Europe de millions de migrants musulmans. (Le cardinal Parolin étant le très insistant porte parole du pape sur ces questions.)

  • Oui à la PMA avec père ?

    Je ne sais pas qui a inventé le slogan « Non à la PMA sans père », et je comprends bien que c’est dans le cadre de la lutte contre un projet de loi précis, mais je suis stupéfait de voir que des associations et des organes catholiques le reprennent sans broncher.

    C’est une victoire de plus de la culture de mort. Un pas de plus que le diable fait faire aux catholiques dans la descente aux enfers.

    L’Eglise condamne la PMA tout court, avec ou sans père, parce que c’est contraire à son enseignement sur le mariage et la procréation humaine. La congrégation pour la doctrine de la foi avait publié sur ce sujet en 1987 un document lumineux, signé du cardinal Ratzinger, approuvé par le pape Jean-Paul II, Donum vitae.

  • In memoriam

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    Il y a 50 ans l’abbé Victor Berto était "cité au jugement de Dieu", selon l'expression qu'il avait voulue sur son memento.

  • O Sapientia

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    En ce jour commencent les grandes antiennes O de l’Avent. Elles firent l’objet de nombreuses particularités liturgiques. Je découvre sur le site New Liturgical Movement qu’à Augsbourg elles étaient précédées d’un capitule et qu’elles donnaient lieu à une collecte spécifique.

    Le capitule d’aujourd’hui est tiré de l’Ecclésiastique, 24, 5 et 26, dont la première partie indique d’où provient le début de l’antienne. La suite (attingens a fine usque ad finem…) vient du livre de la Sagesse, 8,1. Et le tout désigne évidemment la Sagesse incarnée, le Christ qui va naître à Bethléem.

    Ego Sapientia ex ore Altissimi prodivi, primogenita ante omnem creaturam. Transite ad me, omnes qui concupiscitis me, et a generationibus meis implemini.

    Moi la Sagesse je suis sortie de la bouche du Très-Haut, première née avant toute créature. Venez à moi, vous tous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits.

    O Sapientia, * quæ ex ore Altissimi prodiisti: attingens a fine usque ad finem, fortiter suaviterque disponens omnia : veni ad docendum nos viam prudentiæ.

    O Sagesse, * qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, atteignant d’une extrémité à une autre extrémité, et disposant toutes choses avec force et douceur : venez pour nous enseigner la voie de la prudence.

    Festinantes, omnipotens Deus, in occursum Filii tui, Domini nostri, nulli impediant actus tereni, sed cælestis sapientiæ eruditio faciat nos ejus esse consortes. Qui tecum.

    Nous hâtant, Dieu tout puissant, à la rencontre de ton Fils notre Seigneur, qu’aucune action terrestre ne nous entrave, mais que la science de la sagesse céleste fasse de nous ses frères.

    (Cette oraison se trouve dans le sacramentaire grégorien parmi les nombreuses « oraisons quotidiennes de l’Avent ».)

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    Antiphonaire de l'abbaye bénédictine de Reichenau, début du XIIIe siècle.

  • 3e dimanche de l’Avent

    Le graduel de la messe :

    Qui sedes, Dómine, super Chérubim, éxcita poténtiam tuam, et veni.
    . Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Joseph.

    Par les moines d’En-Calcat, 1960 :


    podcast

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    LE TEXTE

    Toi qui sièges, Seigneur, au-dessus des Chérubins,
    Excite ta puissance et viens.

    Verset.Toi qui mènes Israël, prête-nous attention.
    Toi qui conduis comme une brebis Joseph. Ps. LXXIX, 2, 3, 1.

    C’est une prière simple qui demande à Dieu de venir pour prendre soin de son peuple comme le pasteur, de son troupeau.

    Les premiers mots demandent explication. Sur le couvercle de l’Arche d’alliance, le couvrant de leurs ailes étendues, se trouvaient deux chérubins en or, tournée l’un vers l’autre. C’est là, entre leurs ailes, que Dieu manifestait sa présence et rendait ses oracles, d’où le nom de propitiatoire qu’on donna à ce lieu sacré entre tous. C’est dans ce sens littéral qu’il faut entendre le qui sedes super Cherubim dans le psaume.

    Au sens liturgique, il va de soi que la prière va directement vers Dieu siégeant dans le ciel au-dessus des anges et qu’elle a pour objet précis la venue du Messie. Israël et Joseph s’entendent de l’Eglise. C’est elle d’ailleurs qui est en scène. On vient de lui redire, à l’Epître, que le Seigneur est proche et qu’il faut se dégager de tout pour le recevoir. Répondant à cette annonce et à ce conseil, elle se tourne vers lui ; l’appelle et, jetant sur lui ses soucis, le prie de la guider, en bon pasteur qu’il est.

    LA MÉLODIE

    Ce qui frappe, tout d’abord, dans la première partie, c’est le contraste entre les deux phrases : super cherubim monte jusqu’aux limites extrêmes du mode, veni descend aussi bas que possible. Il y a là évidemment une évocation de Dieu siégeant au plus haut des cieux et de la terre où on lui demande de descendre, mais, à travers ces deux mouvements si opposés, passe la prière intense de l’Eglise. Toute l’expression est là.
    Prière à la fois contemplative et suppliante.

    Contemplative d’abord, dans toute la première phrase. L’âme ne demande pas encore ; Elle fixe le Seigneur et, prise par a vision de splendeur que lui offre le texte, elle se tend vers lui de toute la force de son admiration et de son désir. Quelle admirable progression mélodique ! On dirait que l’âme, à mesure qu’il se fait, chante le déroulement des splendeurs dans lesquelles elle se perde de plus en plus. Elle part, toute simple, sur les quatre notes de qui sedes, monte lentement sur la finale du mot, comme surprise de ce qu’elle voit, s’arrête sur Domine toute ravie déjà, en un accent d’une exquise délicatesse, puis s’élance, d’un bond, suivant l’extase qui l’emporte, ardente de joie, de désir et d’amour. Peu à peu et comme à regret, elle revient à elle tout le long de la cadence de cherubim. Sur excita, au début de la seconde phrase, elle est bien sur la terre, la terre du péché dont elle est un élément. C’est là que se fixe maintenant sa pensée ; et ce qu’elle voit est tellement bas, ce qu’elle demande à Dieu contraste si fort avec ce qu’il est et ce qu’elle est, que, tout naturellement, elle l’exprime par un mouvement descendant qui dit son humble condition et la confusion qui l’envahit…comme si elle n’osait. Mais sa prière est admirable. Elle passe d’abord sur les mots sans s’attarder, seul tuam la retient un peu parce qu’il se rapporte directement à Dieu. C’est là qu’elle commence à se faire suppliante. Elle continue sur veni avec un accent qui la fait de plus en plus pressante, mais sans éclat. Elle demeure dans le grave, prosternée, humble jusqu’à être émouvante.

    Le Verset. – (VII) Qui regis Israël, intende : qui deducis velut ovem Joseph.

    Une prière encore, et elle a le même objet ; mais l’Eglise n’a plus la même attitude. Ce n’est plus au Dieu Très Haut, siégeant en majesté au-dessus des anges qu’elle s’adresse, c’est au chef qui mène son peuple ; plus simplement encore, au pasteur qui conduit son troupeau. Evidemment, les relations sont plus faciles de brebis à berger que d’homme à Dieu. Il y  moins de distance, moins de gravité, plus d’aisance. Ainsi, la mélodie est-elle devenue plus légère. Elle est toujours une prière et très ardente parfois, mais la simplicité, voire une sorte de familiarité intime, la caractérisent, plutôt que l’admiration et l’humble crainte révérentielle.

    Même motif musical et donc même expression sur deducis dans la seconde phrase ; toutefois aucun mot de prière ne se trouvant dans le texte, la supplication est beaucoup moins marquée ; la vocalise est réduite et c’est au mot Joseph qu’est réservé, en conclusion, tout le développement mélodique. Il se déroule sur toute l’étendue du mode en un rythme admirable, qui enveloppe d’intercession et d’admiration passible et pieuse le peuple de Dieu et l’Eglise qui le continue et l’achève.

    Dom Ludovic Baron