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3e dimanche de l’Avent

Le graduel de la messe :

Qui sedes, Dómine, super Chérubim, éxcita poténtiam tuam, et veni.
. Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Joseph.

Par les moines d’En-Calcat, 1960 :


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LE TEXTE

Toi qui sièges, Seigneur, au-dessus des Chérubins,
Excite ta puissance et viens.

Verset.Toi qui mènes Israël, prête-nous attention.
Toi qui conduis comme une brebis Joseph. Ps. LXXIX, 2, 3, 1.

C’est une prière simple qui demande à Dieu de venir pour prendre soin de son peuple comme le pasteur, de son troupeau.

Les premiers mots demandent explication. Sur le couvercle de l’Arche d’alliance, le couvrant de leurs ailes étendues, se trouvaient deux chérubins en or, tournée l’un vers l’autre. C’est là, entre leurs ailes, que Dieu manifestait sa présence et rendait ses oracles, d’où le nom de propitiatoire qu’on donna à ce lieu sacré entre tous. C’est dans ce sens littéral qu’il faut entendre le qui sedes super Cherubim dans le psaume.

Au sens liturgique, il va de soi que la prière va directement vers Dieu siégeant dans le ciel au-dessus des anges et qu’elle a pour objet précis la venue du Messie. Israël et Joseph s’entendent de l’Eglise. C’est elle d’ailleurs qui est en scène. On vient de lui redire, à l’Epître, que le Seigneur est proche et qu’il faut se dégager de tout pour le recevoir. Répondant à cette annonce et à ce conseil, elle se tourne vers lui ; l’appelle et, jetant sur lui ses soucis, le prie de la guider, en bon pasteur qu’il est.

LA MÉLODIE

Ce qui frappe, tout d’abord, dans la première partie, c’est le contraste entre les deux phrases : super cherubim monte jusqu’aux limites extrêmes du mode, veni descend aussi bas que possible. Il y a là évidemment une évocation de Dieu siégeant au plus haut des cieux et de la terre où on lui demande de descendre, mais, à travers ces deux mouvements si opposés, passe la prière intense de l’Eglise. Toute l’expression est là.
Prière à la fois contemplative et suppliante.

Contemplative d’abord, dans toute la première phrase. L’âme ne demande pas encore ; Elle fixe le Seigneur et, prise par a vision de splendeur que lui offre le texte, elle se tend vers lui de toute la force de son admiration et de son désir. Quelle admirable progression mélodique ! On dirait que l’âme, à mesure qu’il se fait, chante le déroulement des splendeurs dans lesquelles elle se perde de plus en plus. Elle part, toute simple, sur les quatre notes de qui sedes, monte lentement sur la finale du mot, comme surprise de ce qu’elle voit, s’arrête sur Domine toute ravie déjà, en un accent d’une exquise délicatesse, puis s’élance, d’un bond, suivant l’extase qui l’emporte, ardente de joie, de désir et d’amour. Peu à peu et comme à regret, elle revient à elle tout le long de la cadence de cherubim. Sur excita, au début de la seconde phrase, elle est bien sur la terre, la terre du péché dont elle est un élément. C’est là que se fixe maintenant sa pensée ; et ce qu’elle voit est tellement bas, ce qu’elle demande à Dieu contraste si fort avec ce qu’il est et ce qu’elle est, que, tout naturellement, elle l’exprime par un mouvement descendant qui dit son humble condition et la confusion qui l’envahit…comme si elle n’osait. Mais sa prière est admirable. Elle passe d’abord sur les mots sans s’attarder, seul tuam la retient un peu parce qu’il se rapporte directement à Dieu. C’est là qu’elle commence à se faire suppliante. Elle continue sur veni avec un accent qui la fait de plus en plus pressante, mais sans éclat. Elle demeure dans le grave, prosternée, humble jusqu’à être émouvante.

Le Verset. – (VII) Qui regis Israël, intende : qui deducis velut ovem Joseph.

Une prière encore, et elle a le même objet ; mais l’Eglise n’a plus la même attitude. Ce n’est plus au Dieu Très Haut, siégeant en majesté au-dessus des anges qu’elle s’adresse, c’est au chef qui mène son peuple ; plus simplement encore, au pasteur qui conduit son troupeau. Evidemment, les relations sont plus faciles de brebis à berger que d’homme à Dieu. Il y  moins de distance, moins de gravité, plus d’aisance. Ainsi, la mélodie est-elle devenue plus légère. Elle est toujours une prière et très ardente parfois, mais la simplicité, voire une sorte de familiarité intime, la caractérisent, plutôt que l’admiration et l’humble crainte révérentielle.

Même motif musical et donc même expression sur deducis dans la seconde phrase ; toutefois aucun mot de prière ne se trouvant dans le texte, la supplication est beaucoup moins marquée ; la vocalise est réduite et c’est au mot Joseph qu’est réservé, en conclusion, tout le développement mélodique. Il se déroule sur toute l’étendue du mode en un rythme admirable, qui enveloppe d’intercession et d’admiration passible et pieuse le peuple de Dieu et l’Eglise qui le continue et l’achève.

Dom Ludovic Baron

Commentaires

  • "Evidemment, les relations sont plus faciles de brebis à berger que d’homme à Dieu."
    Pourquoi "évidemment" ? N'est-ce pas quand une chose est complètement fausse qu'on la qualifie d'évidente ?

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