Repas en famille hier sur la côte, à la terrasse d’un restaurant. On y accède par un très large escalier sans avoir besoin d’entrer dans l’établissement, donc sans masque. Mais je voyais presque toutes les personnes qui montaient ou qui descendaient mettre le masque pour monter ou pour descendre. Un rite fascinant, dont je ne suis pas parvenu à découvrir la signification. On m’a dit que c’était parce que dans l’escalier si on croisait quelqu’un on risquait de ne pas respecter la sacrosainte distanciation antisociale. Mais je n’ai vu personne croiser qui que ce soit. En tout cas le rite paraît être parfaitement assimilé par les croyants : quand ils arrivent en groupe, ils mettent tous leur masque en même temps. C’est impressionnant.
Autre rite de la nouvelle superstition, toutes les personnes qui allaient aux toilettes mettaient un masque, alors que les toilettes étaient à l’extérieur de l’établissement.
Je me suis demandé ce qui allait m’arriver si j’allais aux toilettes sans masque. J’y suis allé et il ne m’est rien arrivé. Alors je me suis enhardi et j’ai voulu risquer le martyre de la nouvelle religion : il fallait aller payer à l’intérieur, et j’y suis allé sans masque. Croyez-moi si vous voulez, mais le toit ne s’est pas effondré. Et l’on ne m’a même pas fait la moindre réflexion. Au contraire, le personnel était fort aimable.
Puis nous avons descendu l’escalier comme nous l’avions monté, sans masque. Mais avec la vague appréhension de ne pas avoir respecté un rite aussi sacré qu’incompréhensible.
J’imaginais un réalisateur de cinéma tourner cette scène de la montée et de la descente des marches, et de la procession vers les toilettes. Il y a peu toute la critique aurait descendu en flammes ce film qui raconte n’importe quoi, tant il est évident que personne au XXIe siècle n’obéirait à une telle superstition.
Or non seulement ils obéissent, mais ils en rajoutent. Parce que les médias en rajoutent. Parce que les édiles en rajoutent. Ce matin au marché près de chez moi (où presque tout le monde était masqué, sauf mes deux commerçants préférés), je vois un agent municipal (un « agent de surveillance de la voie publique », ASVP dans le dos), afficher un panneau « Port du masque obligatoire », et le dernier arrêté du préfet. Or le préfet a décrété samedi que désormais le masque était obligatoire à partir de 15 exposants. Mais sur ce marché il n’y a jamais plus de 12 exposants (11 ce matin). J’ai écrit au maire pour lui faire remarquer que son initiative était arbitraire et illégale.
Je lui ai aussi rappelé, et il faudrait le marteler en permanence, que les gouvernements de Finlande, de Suède, de Norvège, du Danemark, et depuis la semaine dernière des Pays-Bas, ne recommandent pas le port du masque.