Christus virgo, Mater vírginis nostri virgo perpétua, mater et virgo. Jesus enim clausis ingréssus est óstiis ; in sepúlcro ejus, quod novum et in petra duríssima fúerat excísum, nec ante quis nec póstea pósitus est. Hortus conclúsus, fons signátus : de quo fonte manat ille flúvius, juxta Amos, qui írrigat torréntem vel fúnium vel spinárum : fúnium peccatórum, quibus ante alligabámur ; spinárum, quæ suffocábant seméntem patris famíliæ. Hæc est porta orientális in Ezéchiel, semper clausa et lúcida, et opériens in se vel ex se próferens Sancta sanctórum; per quam Sol justítiæ et Póntifex noster secúndum órdinem Melchísedech ingréditur et egréditur.
Le Christ est vierge, la mère de celui qui est vierge et qui est nôtre est vierge à jamais (1), elle est mère et vierge. En effet, Jésus est entré les portes étant fermées (2), et en son sépulcre qui était neuf et qui avait été taillé dans le roc, personne n’a été déposé ni avant ni après lui (3). Un jardin bien clos, une source scellée (4), elle est la source d’où jaillit ce fleuve qui, selon Amos, arrose le ravin des liens ou des épines (5), liens des péchés qui autrefois nous enserraient, épines qui étouffent ce que le père de famille a semé (6). Elle est ce porche, face à l’orient, comme le dit Ezéchiel (7), fermé toujours et lumineux, qui couvre en soi ou fait surgir de soi le Saint des Saints ; par où entre et sort le Soleil de justice (8), notre grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech (9).
Saint Jérôme, lettre 49 (Apologie au sénateur Pammaque pour le livre contre Jovinien).
(1) « Ille virgo de virgine, de incorrupta incorruptus » (Il est vierge d'une vierge, incorrompu de l'incorrompue - saint Jérôme, Contre Jovinien).
(2) Jean 20, 19.
(3) Luc 23, 53.
(4) Cantique des cantiques 4, 12.
(5) Joël 3, 18 dans la Vulgate, 4, 18 dans la Septante. Comme à son habitude quand il commente le texte sacré, saint Jérôme donne les deux traductions, de la Septante et la sienne, qui sera la Vulgate. Celle-ci, c’est le « torrent des épines ». Le mot hébreu que saint Jérôme avait était différent de celui qu’avaient les Septante, qu’ils ont traduit par σχοίνων : un mot qui veut dire « de joncs », ou tout ce qui est fait, tressé, avec des joncs, donc une corde, un lien. Dans son commentaire du livre de Joël d’après les Septante, il traduit par le diminutif « funiculorum » : des cordelettes. Le mot qui figure dans le texte massorétique, Chittim, a été gardé tel quel, comme un nom propre, dans la Bible du rabbinat et quelques autres traductions. Chittim, ou Sittim, comme le lieu où les Israéliens couchèrent avec les femmes de Moab, et le dernier campement avant l’entrée dans la terre promise. Mais Joël ne peut pas parler ici de ce lieu, puisque précisément il ne faisait pas partie a priori de la terre promise dont parle ce verset. La majorité des traductions récentes donnent « la vallée » (ou « le ravin »)… « des acacias », parce que MM. Brown, Driver et Briggs en ont décidé ainsi…
(6) Mat. 13, 7 ; Marc, 4, 7 ; Luc 8, 7.
(7) Ezéchiel 44, 1.
(8) Malachie 4, 2.
(9) Psaume 109, 4 ; Hébreux 5, 1-9.
Quand l’icône russe de la Mère de Dieu du buisson ardent (« non consumé ») est complète, on voit aux quatre coins les quatre principales figures de Marie dans l’Ancien Testament. En haut à gauche, précisément le buisson ardent que voit Moïse. En haut à droite, le séraphin qui purifie les lèvres d’Isaïe avec un charbon ardent (ou bien l’arbre de Jessé). En bas à droite, l’échelle de Jacob. En bas à gauche, Ezéchiel voyant la porte fermée par laquelle seul le Seigneur peut entrer.