Pendant la Semaine Sainte, le tilleul de Job de Potchaïev, près de la laure, a été déraciné et enlevé. Il y a 500 ans, saint Job avait planté une allée de tilleuls. Le dernier qui restait était devenu un oratoire. Il avait été classé en 1974. « L'histoire de notre Église et de notre pays est en train de disparaître sous nos yeux », dit le diocèse de Chernivtsi et Bucovine, où une église Saint-Job a été incendiée le 24 avril.
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Le 27 avril, le conseil municipal de Kropyvnytskyï (région de Kirovohrad) a examiné une pétition visant à interdire l’Eglise orthodoxe ukrainienne dans la ville. Le chef du département des communications a fait remarquer que le conseil municipal n'a pas le pouvoir d'interdire l’Eglise. « La législation prévoit deux façons de mettre fin aux activités d'une communauté religieuse : par une décision de justice ou par la décision de la communauté elle-même à la suite d'une assemblée générale. » A Kropyvnytskyï on ne veut donc pas faire de fausses assemblées générales comme cela a été le cas dans de nombreuses communes. Une commission a été chargée de rédiger un appel au Parlement ukrainien soutenant le vote des lois interdisant l’Eglise orthodoxe ukrainienne.
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Le 28 avril, le conseil municipal d'Ostrog, dans la région de Rivne, a adopté un appel au Parlement d'Ukraine pour la mise en œuvre immédiate de la décision du Conseil de sécurité et de défense nationale d'interdire l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Le conseil municipal remarque que d’autres autorités locales sont allées plus loin en résiliant les contrats de location ou en interdisant les activités de l’Eglise. « Nous pouvons affirmer que notre région se trouve dans la queue de la dérussification en Ukraine occidentale. Même des régions plus orientales, en particulier les régions de Khmelnitski et de Jitomir, ont fait plus que notre région de Bandera », regrette le conseil municipal, qui semble vouloir donc respecter la légalité (ce qui ne correspond pourtant pas à l’invocation de Bandera…).
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Le responsable par intérim du centre antituberculeux de Rivne a demandé à l’Eglise orthodoxe ukrainienne de quitter immédiatement la chapelle Saint-Michel qui jouxtait le centre depuis huit ans et qui était dédiée à la prière pour les malades. Il a demandé au recteur de signer un document de session des locaux. Le recteur a refusé : « Je n'ai rien signé et je ne le ferai pas, car je ne comprends pas pourquoi de telles mesures sont prises à l'encontre de l'église où des prières ont été récitées et la liturgie célébrée pendant huit ans. Jusqu'à ce que je rénove l'endroit avec l'argent des donateurs, personne n'en avait besoin. C'était un lieu de désordre et un repaire de drogués. Personne ne pensait qu'il pourrait devenir une église. Mais nous n’avons pas reculé et nous l'avons fait, nous l'avons nettoyé, décoré. J'ai perçu cette petite église comme un paradis terrestre. » Les icônes et le mobilier ont été enlevés. Mais le prêtre ajoute : « Je n'ai pas abattu les coupoles, ni le crucifix devant l'église, peut-être qu'ils encourageront quelqu'un à prier et quelqu'un à se repentir. »
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Le département des communications stratégiques, des nationalités et des religions de l'administration militaire régionale de Transcarpatie fait savoir que depuis le 24 février 2022 aucune des 623 communautés de l’Eglise orthodoxe ukrainienne de la région n'a soumis à l'administration régionale de demande de transfert à l’« Eglise orthodoxe d’Ukraine ». On le savait, mais ça va mieux en le disant, surtout quand c’est un organisme officiel qui montre ainsi, curieusement, que tous les « transferts » claironnés par les autorités locales sont nuls et non avenus…
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Hier matin, dimanche des Myrophores, la police a empêché les fidèles de participer à la divine liturgie à la Laure des Grottes de Kiev. Ils ont dû rester derrière des barrières. Seul le métropolite Onuphre a pu entrer.
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Victoria Muha, présidente de la commission permanente de la culture, du tourisme et des communications publiques du conseil municipal de Kiev, se désole des statistiques des « transferts » d’églises de l’Eglise orthodoxe ukrainienne dans la capitale. Elles sont « décevantes », dit-elle. En effet, il n’y a pas eu un seul transfert depuis le début de la guerre. Il y en avait eu sept après la création de l’Eglise de Porochenko en 2019. Il y a 273 paroisses de l’Eglise orthodoxe ukrainienne à Kiev. « Nous attendons l'adoption d'une loi qui réglera de nombreuses questions. Le conseil de Kiev a voté une décision visant à dresser un inventaire des terrains occupés par l’Eglise orthodoxe ukrainienne et des propriétés communales louées ou données pour un usage permanent. Cet inventaire devrait être réalisé par le département des ressources foncières et le département des propriétés communales. »
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La municipalité de de Zinkov, dans la région de Khmelnitski, a organisé hier matin une réunion à la Maison de la Culture, décidant du « transfert » de la paroisse de l’église de l’Ascension de l’Eglise orthodoxe ukrainienne à la secte du pouvoir. Le diocèse fait remarquer que ni le recteur de la paroisse ni les paroissiens n’étaient présents. Lesquels se sont réunis après la divine liturgie et ont confirmé à l’unanimité qu’ils conservaient « l'unité spirituelle et canonique avec l'Église orthodoxe ukrainienne, dont le centre de direction se trouve à Kiev, sous la présidence de Sa Béatitude le métropolite de Kiev et de toute l'Ukraine Onuphre ».
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La commission du ministère de la Culture continue son « inspection » des bâtiments de la laure des Grottes de Kiev. Ce matin elle a visité deux locaux du séminaire. « Les bâtiments résidentiels sont en bon état, nous n'avons constaté aucun dommage ni aucune autre défaillance, a commenté le directeur général par intérim de la Réserve. On peut voir qu'ils sont utilisés à des fins religieuses, pour l'enseignement des séminaristes. » Tiens donc… Le séminaire tient à souligner qu’aucun document n’a été signé sur un transfert des bâtiments vers la Réserve.
Ce matin a également eu lieu la deuxième audience du procès intenté contre les moines. Le procès a été ajourné au 5 juin. (Le tribunal a de nouveau acquiescé à la demande de l'avocat de la Laure.)
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Le maire de Nikopol reconnaît que les municipalités n’ont pas le droit d’interdire les activités de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. « Je vois les décisions de certains conseils régionaux et municipaux. Mais l’autorité locale n'est pas l'organe qui adopte ou modifie les lois, c'est l'organisme exécutif, a déclaré le maire lors d'une conférence de presse. Nous pouvons adopter notre décision d'interdire leurs activités, mais elle n'aura pas de valeur légale. » Il promet d'appliquer « la loi réglementant l'activité de ces confessions » si elle est adoptée par le Parlement.
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Pendant ce temps-là les étudiants de l’Université catholique de Lvov s’éclatent, et dans une soirée disco à la Maison des Savants hurlent « The road to hell » : la route vers l’enfer…