L'administration régionale de Khmelnytskyi a enregistré la paroisse de la Nativité de la Mère de Dieu sur la base d’une décision prise lors d’une réunion qui n’a pas eu lieu.
Le 5 avril, des activistes de l’Eglise du pouvoir avaient recueilli 650 signatures demandant le « transfert ». Mais la vraie paroisse a ensuite tenu une réunion et a réuni 1.200 signatures de paroissiens pour le maintien dans l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Le 8 mai, les agents de l’Eglise du pouvoir ont déposé des documents selon lesquels le « transfert » avait été décidé la veille lors d’une « réunion de la communauté religieuse » de 2.500 personnes, au… stade. Mais il n’y a pas eu de réunion ce jour-là au stade. Ni ailleurs. Aucune vidéo n’a été produite. Le 14 mai, quelque 3.000 membres de la paroisse ont de nouveau déclaré leur fidélité à l’Eglise orthodoxe ukrainienne lors d’une réunion dans l’église. Le lendemain ils en ont informé l’administration régionale de Khmelnytskyi, avec les preuves, et ils ont eu la surprise d’apprendre que le directeur adjoint de l'administration avait signé un ordre de réenregistrement de la paroisse auprès de l’Eglise du pouvoir.
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Petite difficulté des persécuteurs à Tchernihiv. La Cour économique a suspendu l’examen de l’affaire de la « Réserve nationale architecturale et historique » contre l’Eglise orthodoxe ukrainienne. En février dernier, la Réserve avait déclaré que la durée des contrats d'utilisation des monuments - les monastères Yeletskyi et de la Trinité et la cathédrale de la Transfiguration du Sauveur - avait expiré, et exigé que les sanctuaires soient libérés au plus tard le 27 mars. Le diocèse, se référant à la loi "sur la liberté de conscience et les organisations religieuses", avait saisi la justice en demandant que les contrats soient reconnus comme valides. Le tribunal a suspendu la procédure pendant trois mois au cours desquels les parties doivent trouver un accord.
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Le maire de Kiev Vitali Klitchko a déclaré qu’il soutient la pétition adressée au conseil municipal de Kiev visant à priver l’Eglise orthodoxe ukrainienne du droit d'utiliser les parcelles de terrains sur lesquelles sont édifiées ses églises… mais il a ajouté que les autorités municipales n’ont aucune base juridique pour annuler les contrats avec l’Eglise orthodoxe ukrainienne… C’est l’occasion pour Klitchko de rappeler que le conseil municipal a demandé deux fois que le Parlement vote une loi interdisant l’Eglise orthodoxe ukrainienne, et de redemander le vote de cette loi, qui est toute prête depuis bientôt six mois… En attendant, la ville fait un inventaire complet des terrains loués ou utilisés par des organisations religieuses dont les activités « visent à glorifier, propager, justifier et nier l'agression militaire de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, les nombreux crimes de guerre commis par le pays agresseur, les actions et/ou inactions des personnes qui ont commis ou commettent une agression militaire contre l'Ukraine, l'incitation à la haine religieuse et la menace pour la sécurité nationale de l'Ukraine ». Ce qui n'a rien à voir avec l'Eglise orthodoxe ukrainienne dont de nombreux fidèles meurent au front.
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Le métropolite Clément, directeur de l’information de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, pense qu’il y a désormais une certaine confusion dans les rangs du pouvoir sur ce qu’il convient de faire de la Laure des Grottes de Kiev, selon ce qu’il a dit hier dans une interview. Au début de la persécution, l’expulsion des moines paraissait devoir se faire et sur le point de se faire, mais aujourd’hui et plus le temps passe plus elle devient improbable, malgré les rodomontades du ministre de la Culture. Les autorités se rendent compte que la Laure sans moines et les Grottes transformées en musée ne serait plus le centre spirituel de l’Ukraine et qu’il n’y aurait plus de pèlerinages. Or l’Eglise du pouvoir serait bien en peine de le peupler, même partiellement. Le métropolite Clément avait déjà déclaré que selon lui les propos du ministre de la Culture sur le transfert de la Laure au ministère de la Culture étaient pure spéculation.
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Un avocat de la Laure des Grottes de Kiev a déclaré ce matin que la « Réserve nationale », donc le ministère de la Culture, n’a toujours fourni au tribunal aucune preuve confirmant que les moines avaient violé d’une façon ou d’une autre le contrait de bail. « Le tribunal n'a reçu que des conclusions, mais il n'y a pas de documents pour étayer et accompagner ces conclusions. Il y a une conclusion selon laquelle le monastère aurait violé quelque chose, mais aucun document, aucun acte d'inspection confirmant cela n'a été fourni. » Le tribunal a dû reporter l’audience prévue ce jour au 7 juin.
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L'archevêque Viktor de Khmelnytskyi déclare dans une interview : « Nos églises dans la ville de Khmelnytskyi et en général dans la région ont toujours été pleines de monde. Et depuis que ces églises ont été transférées à une autre confession, ont été saisies (disons-le, car c'est réellement le cas), il s'est avéré que les gens ne s'y rendent pas du tout. Il y avait toujours beaucoup de monde dans la cathédrale de la Protection. Et lorsque nous voyons des photos où il n'y a que peu de personnes au service, cela me surprend. La question se pose : où sont tous les gens qui ont voté pour le transfert ? Ils étaient nombreux à l'époque. D'où venaient-ils ? Étaient-ils des habitants de Khmelnitskyi, ou venaient-ils d'autres villes, voire d'autres régions ? Pourquoi ne fréquentent-ils pas l'église ? » Depuis la saisie de l’église Saint-Georges il n’y a eu aucun service religieux. Même de jour de la fête de saint Georges. « Pourquoi était-il nécessaire d'enlever cette église aux gens à ce moment-là ? Si nous y avions célébré un culte, il y aurait eu 700 à 800 fidèles. C'était comme ça chaque année. »
L'église Saint-Georges de Khmelnitskyi, sans prêtre et sans fidèles depuis qu'elle a été "tranférée" à l'Eglise du pouvoir.