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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1088

  • Dhimitude pathologique

    Le 4 avril dernier, en la solennité transférée de l’Annonciation, ont eu lieu ici et là dans des églises des cérémonies islamo-chrétiennes (inspirées par la fête instituée au Liban par les autorités politiques).

    A Lyon, on a pu entendre, juste après le Notre Père, la Fatiha : la première sourate du Coran, texte antichrétien de base de l’islam.

    Des chrétiens d’Orient réfugiés dans la région lyonnaise ont été, comme on s’en doute, terriblement choqués par cette initiative.

    Voici la réponse de l’archevêché :

    Dans le cadre des vêpres du Dimanche de la Miséricorde, où étaient très spécialement invités migrants et personnes investies dans les paroisses accueillantes, nous avons proposé que des réfugiés puissent exprimer leurs intentions de prière. Ce choix honorait le travail d’accueil dans les paroisses tel que le pape l’a demandé et comme lui-même en a donné l’exemple.

    C’est dans ce cadre qu’une femme musulmane a chanté quelques phrases en arabe, qui s’avèrent être des extraits de la fatiha, ce qui a choqué nos frères chrétiens d’Orient. La Cellule diocésaine Migrants s’en est expliqué avec eux et regrette que cette prière ait pu blesser ceux qui ont tant souffert de la persécution et de l’exil.

    Merci de votre attention à la démarche d’accueil qui se fait au sein du diocèse de Lyon.

    Tout serait à analyser dans ce communiqué particulièrement dégueulatoire. Restons-en à l’essentiel.

    - Ce n’était pas dans le cadre du dimanche de la Miséricorde mais de la solennité de l’Annonciation célébrée le lendemain.

    - Depuis quand des musulmans peuvent-ils dire leurs « intentions de prière » dans des églises ? Des prières à qui ? Des prières pour quoi ? Pour vouer les chrétiens à l’enfer, selon l’un des refrains du Coran ?

    - « Quelques phrases en arabe, qui s’avèrent être des extraits de la Fatiha ». Non. On ne chante pas des « extraits » de la Fatiha, quand on est musulman. On la chante intégralement, d’autant que c’est très court. Et les comptes rendus ont bien spécifié que la Fatiha avait été chantée.

    Mais l’essentiel est la fin. In cauda venenum. La « cellule » ne regrette pas que ce texte islamique antichrétien ait pu être proféré dans une église, et qui plus est devant des victimes de l’islam. Elle regrette seulement qu’elle ait pu blesser ceux-là.

    C’est-à-dire qu’on est prêt à recommencer, et que bien sûr on recommencera. Mais par souci humanitaire on fera en sorte qu’il n’y ait pas de chrétiens d’Orient dans l’église…

  • Sancti nominis tui

    La collecte de la messe du deuxième dimanche après la Pentecôte est magnifique, mais elle est peu connue puisque ce dimanche est occupé dans les paroisses par la solennité de la Fête Dieu. Ceux qui disent l’office la disent aussi dans la semaine, mais les fêtes se succèdent (du moins dans le bréviaire romain - il y en a moins dans le bréviaire monastique) et empêchent donc également de la dire – sauf aujourd’hui.

    Sancti nóminis tui, Dómine, timórem páriter et amórem fac nos habére perpétuum : quia numquam tua gubernatióne destítuis, quos in soliditáte tuæ dilectiónis instítuis. Per Dóminum…

    Faites, Seigneur, que nous ayons toujours la crainte et l’amour de votre saint nom, parce que vous ne cessez jamais de diriger ceux que vous établissez dans la solidité de votre amour.

    Aucune traduction, je pense, ne peut rendre la rime du latin, ni surtout son sens exact, puisque c’est le même verbe, avec deux préfixes opposés, qui exprime le fait que Dieu ne « destitue » jamais son « gouvernement » chez ceux qu’il « institue » dans son amour.

    Cette collecte est très proche d’une autre oraison, celle qui concluait les litanies du Saint Nom de Jésus dans les anciens livres (dans les livres récents elle a été remplacée par la collecte de ce dimanche) :

    Humanitatis tuæ ipsa divinitate unctæ, Domine Jesu Christe, timorem pariter et amórem fac nos habére perpétuum : quia numquam tua gubernatióne destítuis, quos in soliditáte tuæ dilectiónis instítuis.

    Pour les litanies du « saint nom », on avait enlevé… le « saint nom », et on l’avait remplacé par « ton humanité ointe par la divinité elle-même ». On remarque qu’il ne reste rien de cette formule dans la traduction qu’en donnait Bossuet (peut-être parce qu’elle peut être interprétée de façon hérétique) :

    O Jésus-Christ Notre Seigneur, mettez en nous pour jamais la crainte et l’amour de votre sacrée Personne, et de cette humanité sanctifiée par l’union de la divinité, puisque vous n’abandonnez jamais ceux que vous avez établis en la solidité de votre amour.

  • Tusk démission !

    Un député européen socialiste hongrois, Istvan Ujhelyi (pas tout à fait lambda puisque vice-président de la commission des transports et du tourisme), demande la démission du président du Conseil européen Donald Tusk. Parce que celui-ci a dit, dans son discours devant le PPE, qu’il était fier d’appartenir au même parti que le Premier ministre hongrois Viktor Orban. « Un dirigeant responsable qui veut voir le projet européen prévaloir ne peut tout simplement pas être fier d’être dans le même parti qu’un despote illibéral », a-t-il déclaré.

  • Sainte Angèle Merici

    Prologue de la Règle des ursulines.

    Au nom de la bienheureuse et indivisible Trinité.

    Prologue sur la vie des vierges, nouvellement commencée, et dont le nom est Compagnie de Sainte-Ursule.

    Aux filles et sœurs bien–aimées de la Compagnie de Sainte-Ursule.

    Puisque Dieu, mes filles et sœurs très aimées, vous a accordé la grâce de vous séparer des ténèbres de ce monde misérable, et de vous unir ensemble pour servir sa divine Majesté, vous devez le remercier infiniment de ce qu’à vous spécialement il ait accordé un don si singulier.

    En effet, combien de personnes importantes, et d’autres de toute condition qui n’ont pas, ni ne pourront avoir une telle grâce !

    C’est pourquoi, mes sœurs, je vous exhorte, ou plutôt je vous prie toutes et vous supplie : puisque vous avez été ainsi élues pour être les vraies et virginales épouses du Fils de Dieu, veuillez d’abord reconnaître ce que cela comporte, et quelle dignité nouvelle et stupéfiante cela est.

    Ensuite, efforcez-vous de tout votre pouvoir de vous conserver dans l’état où Dieu vous appelle ; et de chercher et vouloir tous les moyens et toutes les voies qui sont nécessaires pour persévérer et progresser jusqu’à la fin.

    Car il ne suffit pas de commencer si l’on ne persévère pas aussi. C’est pourquoi la Vérité dit : “ Qui perseveraverit usque in finem, hic salvus erit ” : celui qui jusqu’au bout aura persévéré, celui-là sera sauvé ”. Et elle dit encore : “ Beati qui audiunt verbum Dei et custodiunt illud ” ; c’est-à-dire : bienheureux sont ceux à qui Dieu aura soufflé au cœur la lumière de la Vérité et aura donné l’inspiration de désirer ardemment leur patrie céleste, et qui chercheront ensuite à conserver en eux-mêmes cette voix de vérité et ce bon désir.

    Sans aucun doute, seule cette personne-là pourra rester fidèle qui voudra aussi embrasser les moyens et voies nécessaires à cela, car il y a peu ou pas de différence entre dire franchement : je ne veux plus servir Dieu, et ne pas vouloir les voies et règles nécessaires pour pouvoir se maintenir à son service.

    Et il faut que nous soyons d’autant plus vigilantes, mes sœurs, que notre entreprise est d’une telle importance qu’il ne pourrait y en avoir de plus grande, car il y va de notre vie et de notre salut, et nous sommes appelées à une vie tellement glorieuse que nous sommes épouses du Fils de Dieu et que nous devenons des reines au ciel.

    Mais ici il nous faut être avisées et prudentes ; en effet, plus l’entreprise où l’on s’engage à de valeur, plus elle comporte fatigues et dangers ; car ici il n’y a aucune sorte de mal qui ne cherche à s’y opposer, vu que nous sommes ici-bas placées au milieu de pièges et de dangers ; si bien que contre nous s’armeront l’air et la terre avec l’enfer tout entier, puisque notre chair et notre sensualité ne sont pas encore mortes.

    Et notre adversaire, le diable, ne dort pas non plus, lui qui jamais ne repose ; mais toujours (comme dit saint Pierre), tel un lion rugissant, il guette, et cherche comment il pourrait dévorer l’une de nous, et avec tant de ruses et d’astuces à lui, que personne ne pourrait les compter.

    Pourtant, mes sœurs, vous ne devez vous effrayer pour cela : car si vous vous efforcez à l’avenir, et de tout votre pouvoir, de vivre comme il est demandé aux véritables épouses du Très-Haut, et d’observer cette Règle comme la voie par laquelle vous devez marcher et qui a été tracée pour votre bien, j’ai cette foi et cette espérance, fermes et inébranlables, en l’infinie bonté de Dieu : non seulement nos surmonterons tous les périls et adversités, mais encore nous les vaincrons avec grande gloire et grande joie.

    Et même, nous passerons cette très courte vie dans la consolation, et chacune de nos douleurs et tristesses se changera en joie et allégresse ; et nous trouverons les routes épineuses et rocailleuses fleuries pour nous, et pavées de dalles d’or très fin.

    Car les anges de vie éternelle seront avec nous, c’est-à-dire dans la mesure où nous participerons de la vie angélique.

    Allons, courage donc ! Embrassons toutes cette sainte Règle que Dieu, par sa grâce, nous a offerte. Et armées de ses préceptes sacrés, comportons-nous si virilement que nous aussi, à la manière de sainte Judith, ayant tranché courageusement la tête à Holopherne, c’est-à-dire au diable, nous puissions retourner glorieusement dans la patrie, où, de la part de tous, au ciel et sur la terre, grande gloire et triomphe éclateront pour nous.

    Maintenant donc, de grâce, soyez toutes attentives, le cœur large et plein de désir.

    Sur sainte Angèle Merici voir aussi mes notes de 2013 et 2015.

  • Parole d’évêque

    « L’Eglise a le devoir de défendre le bien commun. Elle porte un jugement moral sur les questions politiques car on ne peut pas séparer le légal du moral. »

    « En France, une certaine vision de la laïcité, que j’appellerais laïcisme, a souvent servi à étouffer l’expression publique de la foi et à rejeter l’Eglise. Ce fut le cas lors de la révolution française ou de la spoliation de l’Eglise en 1905. Aujourd’hui encore, la violence de cet ostracisme se manifeste lorsqu’on brûle l’effigie d’un évêque, ou lorsqu’un président du Conseil constitutionnel récite une prière blasphématoire. »

  • Compétitifs

    Selon le classement 2016 de l’institut IMD, l’économie la plus compétitive en Europe (et même du monde, derrière Hong Kong qui n’est pas un Etat) est celle de la Suisse. La Suisse qui ne fait pas partie de l’UE. Et dans l’UE, l’économie la plus compétitive est celle de la Suède. Qui n’a pas l’euro.

    La Suède est talonnée par le Danemark (qui n’a pas l’euro), l’Irlande, les Pays-Bas et la Norvège (qui ne fait pas partie de l’UE).

    Sur les 61 économies classées, la France maintient sa... 32e place, entre l’Estonie et la Pologne. (Pour se consoler on peut se dire que l’Espagne et l’Italie et le Portugal viennent encore après ; quant à la Grèce elle passe de la 50e à la 56e place.)

  • Donald Tusk et l’utopie

    Président du Conseil européen, Donald Tusk n’en demeure pas moins polonais. On l’a déjà vu lors du bras de fer (qui se poursuit) entre les institutions européennes et la Pologne, on vient de le voir encore par son discours, hier, à l’occasion du 40e anniversaire de Parti populaire européen (PPE) à Luxembourg. Il a carrément demandé qu’on en finisse avec l’utopie européiste…

    Une intégration européenne toujours plus poussée n’est pas la réponse aux crises actuelles de l’Europe, a-t-il souligné (contredisant ainsi tranquillement le traité de l’UE…). Les hommes politiques européens « font face à la réalité avec toutes sortes d’idées utopiques : l’utopie d’une Europe sans Etats-Nations, l’utopie d’une Europe sans conflits d’intérêts ni conflits d’ambitions, l’utopie d’une Europe imposant ses propres valeurs au monde extérieur, l’utopie d’une union euro-asiatique… »

    Ceux qui prônent une union plus étroite et plus rapide, a-t-il poursuivi, ne comprennent pas ce que disent les gens. « Obsédés par l’idée d’une intégration instantanée et totale, nous n’avons pas remarqué que les gens ordinaires, les citoyens de l’Europe, ne partagent pas notre euro-enthousiasme. Désabusés par les grandes visions de l’avenir, ils exigent que nous faisions face aux réalités actuelles mieux que nous ne l’avons fait jusqu’à présent. »

    Faisant allusion au Brexit, il a ajouté : « Le spectre d’une rupture hante l’Europe, et la vision d’une fédération ne me paraît pas être la meilleure réponse. »

    Puis il a appelé le PPE à faire une synthèse des valeurs portées par les uns et par les autres (mais sans dire comment), pour échapper à la menace populiste : « Soit nous allons comprendre que le point de vue d’Angela et celui de Viktor sont compatibles, et que, ensemble, ils peuvent fournir une réponse complète, soit les gens iront chercher d’autres recettes, brutales et radicales, pour résoudre la crise. »

  • Provoc ukrainienne

    Le président ukrainien Petro Porochenko a nommé le 27 mai Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN de 2009 à 2014, et depuis lors employé de Goldman Sachs, son conseiller personnel.

    En 2014 Porochenko était déjà allé chercher une Américaine du Département d’Etat comme ministre des Finances, un Lituanien (dirigeant pour l’Ukraine du fonds d’investissement international East Capital) comme ministre de l’Economie, un Géorgien (ancien ministre de la Santé de Géorgie) comme ministre de la Santé. Ils ne sont plus dans le nouveau gouvernement, mais plus récemment il a nommé carrément l’ancien Premier ministre de Géorgie Mikheil Saakachvili comme gouverneur de la région d’Odessa… Il prend désormais comme conseiller particulier un ancien Premier ministre danois et secrétaire général de l’OTAN, celui qui a condamné avec la plus grande vigueur l’annexion de la Crimée par la Russie, menaçant de façon un peu inconsidérée qu’il n’excluait pas le « recours à la force » pour arracher la Crimée au « tyran » russe…

    A Moscou, on se marre… « C’est une bouffonnerie, destinée à garder l’Ukraine au centre de l’attention de ses partenaires occidentaux », dit le président de la commission des Affaires étrangères de la Douma ; et le vice-président de la commission de la Défense remarque que Porochenko ne fait donc vraiment pas confiance à ses compatriotes…

    Il est vrai que Porochenko a bien besoin d’un conseiller. Mais peut-être plutôt d’une armée d’avocats. Président d’un des pays les plus corrompus de la planète, il est mouillé jusqu’au cou dans l’affaire des Panama Papers, il est l’objet d’une commission d’enquête parlementaire et a perdu le soutien de ses deux alliés. L’Ukraine est une fois de plus en plein chaos politique, comme on le voit régulièrement par les empoignades au Parlement.

    En dehors de la minable provocation antirusse, que va faire Rasmussen dans cette galère ? Ramasser du fric tant qu’il est encore temps, au risque de perdre ce qui lui reste d’honneur ? Ou est-il tout simplement le nouvel agent américain au sommet de l’Etat ukrainien ? Mais à quoi bon ?

  • Hommage à l’apostasie

    La Ville de Paris a débaptisé le square Saint-Ambroise (devant l’église du même nom) pour en faire le « jardin des moines de Tibhirine ». L’inauguration en a été faite ce matin par Anne Hidalgo en personne.

    Et cela avec l’aval chaleureux de la… paroisse Saint-Ambroise, où l’on ne se demande pas une seconde par quel miracle il peut y avoir un tel accord entre une paroisse catholique et une municipalité aussi anti-catholique.

    Mais c’est bien sûr qu’à la paroisse Saint-Ambroise on est tout autant philo-islamique qu’à la mairie de Paris et qu’à… Tibhirine, et donc qu’il convient de célébrer ensemble ces hommes qui « ont toujours promu la rencontre et la fraternité avec les musulmans », qui ont « incarné l’amitié, l’ouverture et le dialogue comme une réponse aux drames que vit aujourd’hui notre société »…

    Addendum

    Au vu des commentaires je crains que mes lecteurs n'aient pas pris la mesure de l'apostasie des moines de Tibhirine (d'où le titre de ma note). Par exemple, la plus grande salle du couvent avait été transformée en mosquée. Voir ma conférence sur le sujet. Si les moines ont été tués par des islamistes (puisqu'on n'en est toujours pas certain), ce n'est pas parce qu'ils étaient des moines (le Coran demande de les respecter), mais parce qu'ils diffusaient dans la population leur idéologie syncrétiste. (Il en est de même pour le monastère Saint Moïse qui a été entièrement détruit en Syrie après l'enlèvement de son prieur le P. Dall'Oglio, qui était allé encore plus loin que le P. de Chergé, en créant carrément une communauté islamo-chrétienne.)

  • Marie Reine

    La bienheureuse Vierge Marie est mère du souverain Roi parce qu’elle l’a noblement conçu, comme l’annonce le message que l’Ange lui apporta. Voici, dit-il, que tu vas concevoir et enfanter un fils. Et plus loin : Le Seigneur lui donnera le trône de David son père ; il régnera sur la maison de Jacob à jamais, et son règne n’aura pas de fin. C’est comme s’il disait expressément : Voici que tu vas concevoir et enfanter pour fils le Roi qui siège éternellement sur le trône royal, et de ce fait tu régneras comme Mère du Roi, et comme Reine tu siégeras sur le trône royal. S’il convient en effet qu’un fils honore sa mère, il convient qu’il lui donne accès au trône royal.

    Aussi la Vierge Marie, parce qu’elle a conçu celui qui porte inscrit sur sa cuisse : Roi des rois et Seigneur des seigneurs, aussitôt qu’elle conçut le Fils de Dieu, fut Reine, non seulement de la terre, mais encore du ciel, ce qui est signifié dans l’Apocalypse par ces paroles : Un signe grandiose apparut au ciel : c’est une Femme, le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête.

    Marie est la Reine la plus illustre par sa gloire, ce que signifie bien le Prophète dans le psaume qui concerne spécialement le Christ et la Vierge Marie, où l’on dit d’abord au sujet du Christ : Ton trône, ô Dieu, dans les siècles des siècles, et un peu plus loin au sujet de la Vierge : La reine s’est tenue à ta droite, c’est-à-dire à la place d’honneur, ce qui s’applique à sa gloire spirituelle. Puis : dans son vêtement d’or, qui représente le vêtement de l’immortalité glorieuse, qui fut attribuée à la Vierge dans son Assomption. Car on ne peut accepter que ce vêtement dont le Christ fut couvert, et qui en outre fut parfaitement sanctifié ici-bas par le Verbe incarné, devienne la pâture des vers. De même qu’il a convenu au Christ de donner à sa Mère la grâce en plénitude dans sa conception, ainsi a-t-il convenu qu’il attribuât la plénitude de gloire en l’Assomption de cette Mère. Et c’est pourquoi il faut affirmer que la Vierge, glorieuse dans son âme et dans son corps, trône auprès de son Fils.

    Marie Reine est encore dispensatrice de la grâce, ce qui fut signifié dans le livre d’Esther, où il est dit : C’est la petite source qui devient un fleuve et s’est transformée en lumière et en soleil. La Vierge Marie, sous la figure d’Esther, est comparée à la diffusion de la source et de la lumière, à cause de la diffusion de la grâce quant à son double fruit : l’action et la contemplation. Car la grâce de Dieu, qui guérit le genre humain, descend jusqu’à nous à travers elle comme par un aqueduc, parce que la dispensation de la grâce appartient à la Vierge non pas par mode de principe, mais par mode de mérite. Par son mérite, donc, la Vierge Marie est la Reine très éminente, par rapport au peuple, puisqu’elle obtient le pardon, triomphe dans le combat et distribue la grâce, et par suite, conduit jusqu’à la gloire.

    Saint Bonaventure (bréviaire)