Aujourd’hui on fait mémoire de sainte Prisque. Mais je voudrais signaler une curieuse notice du martyrologe de ce jour :
Au même lieu [dans le Pont], saint Athénogène, vénérable théologien. Avant d'être jeté dans le feu, où il devait consommer son sacrifice, il chanta avec joie une hymne qu'il laissa par écrit à ses disciples.
Il y a au 16 juillet un autre Athénogène :
A Sébaste, en Arménie, saint Athénogène évêque, et dix de ses disciples également martyrs, sous l'empereur Dioclétien.
Le nouveau martyrologe romain mélange les deux au 16 juillet. Il a malencontreusement pris modèle sur les synaxaires byzantins. Il y a pourtant clairement deux Athénogène, comme on le voit dans le Traité du Saint-Esprit de saint Basile. Vers la fin de son livre, saint Basile recense les plus anciens témoignages montrant le Saint-Esprit sur le même plan que le Père et le Fils. Et il dit : « Tous ceux qui connaissent l’hymne d’Athénogène, celle qu’il a laissée à ses disciples comme second discours d’adieu, alors qu’il se hâtait vers son perfectionnement par le feu, savent aussi quelle est la pensée des martyrs sur l’Esprit. » Il ne peut pas s’agir de l’évêque victime de Dioclétien en 305, donc 70 ans avant le traité : ce ne serait pas un antique témoignage.
Mais quelle est cette hymne ? On lit ici et là que ce serait le Phos hilaron, Lumière joyeuse, l’hymne du lucernaire aux vêpres byzantines. Et l’on ajoute même que c’est saint Basile qui le dit. Mais c’est une confusion. Saint Basile parle de Phos hilaron, une « antique formule », juste avant d’évoquer l’hymne d’Athénogène, parce que Phos hilaron chante le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il ne dit pas de qui est Phos hilaron, et ensuite il ne dit pas quelle est l’hymne d’Athénogène.
Puisque les deux plus anciennes hymnes liturgiques toujours usitées sont Phos hilaron et la Grande Doxologie, qui de fait est trinitaire, il est possible qu’Athénogène soit l’auteur de la forme la plus ancienne de celle-ci, qui est devenue notre Gloria in excelsis.