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2e dimanche après l’Epiphanie

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Icône d'Isaac Fanous

L'Evangéliste Jean nous rapporte les curieuses noces à Cana, où Marie était là et Jésus fut invité aussi avec ses premiers disciples, André, Simon, Philippe et Nathanael. La finale de notre péricope indique l'importance du miracle de Cana. "Voilà quel fut à Cana de Galilée, le principe, arkhé (prototype), des signes de Jésus, il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui". Jean utilise pour désigner le premier miracle du Sauveur le mot arkhé, principe ; c'est le premier mot de la Genèse, "dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre" et aussi le premier mot de son Evangile, "dans le principe était le Logos".

L'arkhé de la gloire du Seigneur se trouve dans l'éternité, mais la manifestation de cette gloire dans la chair a pour arkhé le miracle accompli à Cana. Ce signe comme l'appelle Jean est le prototype qui préfigure toute l'action sur la terre du Logos incarné. Par le signe de Cana, Jésus se révèle lui-même. Ce miracle que les cœurs secs peuvent qualifier d'inutile, symbolise la gratuité et la surabondance de la vie que Dieu communique à l'homme.

Origène a bien senti cela :

"Le principe des miracles est la joie du Fils de Dieu, le miracle de Cana est l'arkhé, non seulement début chronologique, mais le principe métaphysique des autres celui qui les entraîne tous.  Jésus est venu deux fois à Cana, la première désigne la première parousie dans son Incarnation..."

Maintenant que nous avons pris conscience de la fonction primordiale du signe de Cana, regardons en détail le récit du bienheureux apôtre Jean.

Trois jours plus tard, il y avait un mariage à Cana. Ces trois jours nous séparent probablement du moment du baptême de Jésus par Jean dans le Jourdain. Jean a vu l’Esprit descendre sur celui dont la voix qui lui avait donné la vocation avait dit : Lui baptisera dans l'Esprit Saint. La liturgie des Eglises d'Orient considère le baptême de Jésus comme le bain nuptial de toute l'humanité qui ainsi se prépare aux noces mystiques ; elle confesse que le Theanthropos n'a pas besoin d'être purifié mais qu'il reçoit le baptême pour nous tous : "Celui qui se revêt de lumière comme d'un vêtement, a daigné, pour nous, devenir semblable à nous. Il se couvre aujourd'hui des flots du Jourdain, non qu'il en ait besoin pour se purifier, mais pour en sa personne pourvoir à notre renaissance".

Le thème du baptême, mystère nuptial, est explicité dans l'office des noces de Cana:

"Eglise, Epouse parée, Epouse du Roi des siècles et Fille de la lumière, loue et chante le céleste époux qui, dans le baptême d'eau, t'a purifiée et sanctifiée dans sa miséricorde."

En Occident, Fauste, évêque de Riez au Ve siècle, expose dans son homélie sur Cana:

"Le Logos descend jusqu'à l'Eglise en assumant l'incarnation, il va s'unir à celle qu'il a gratifiée d'un contrat de mariage et d'une dot.  Un contrat quand Dieu s'est uni à l'homme. Une dot quand il a été immolé pour le Salut."

Les pères ont aussi fait un rapprochement avec le grand mystère du troisième jour où le Christ manifeste sa gloire dans la résurrection d'entre les morts. Cana annonce cette grande joie.

La mère de Jésus était là, et Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. Jésus, explique saint Cyrille, ne vient pas sans invitation: les saints le désiraient, il est l'attente des nations pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort. Marie, l'aboutissement de la pureté de la Première Alliance, le fruit immaculé de l'humanité était là, icône de l'Eglise.

Le vin vient à manquer, alors la mère de Jésus lui dit: ils n'ont pas de vin.  Jésus lui répond: Femme, quoi à toi et à moi? Mon heure n'est pas encore venue.

Jésus laisse entendre que parler de carence de vin de noces alors qu'il est là, n'est guère à propos. Marie, ne se décourage pas, elle montre la puissance de la foi.

Faites tout ce qu'il vous dira. Il y avait là six  cuves de pierres pour les ablutions des juifs, remplissez d'eau ces cuves, dit Jésus. Puisez et portez à l'intendant du festin. Quand il eut goûté l'eau devenue vin... 

Si l'on tient compte que l'eau contenue dans les cuves était destinée aux purifications cultuelles prescrites dans la Loi, nous pouvons avec Origène croire qu'elle représente les Ecritures. La Thora et les prophètes sont comme une eau pure qui rafraîchit, purifie et entretient la vie. L'eau changée (ou mieux métamorphosée = transfigurée pour suivre le grec) en bon vin par le Christ est le signe du sceau des Ecritures : l'Evangile par qui tous les textes de la Première Alliance, par référence à la personne du Messie, Logos incarné, prennent  leur sens et même enivrent.

L'Esprit par-delà la lettre des mots ouvre les mystères célestes. Le vin délicieux de Cana est une préfiguration du don de l'Esprit. La liturgie dit encore :

"Jésus n'est pas venu pour remplir de bon vin les jarres, mais pour arroser les coeurs de la joie parfaite de l'Esprit Saint."

Une autre des clefs de la signification du l'eau changée en vin est fournie par le sage Philon quand il parle de Melkisédeq qui apporta du pain et du vin à notre père Abraham. Il rappelle que

"les peuples de Moab et Ammon à l'est de la mer morte, ont refusé le pain et l'eau, mais Melkisedeq offre du vin à la place de l'eau et apportera à nos âmes une boisson pure, afin qu'elles soient remplies d'une ivresse divine plus sobre que la sobriété même; car il est le Logos-prêtre et possède l'être par soi pour partage".

Melkisedeq est la figure du Grand Prêtre des choses à venir, l'eau changée en vin est donc aussi l'annonce de la coupe eucharistique. Avec saint Ephrem, l'Eglise chante dans sa liturgie:

"Bienheureuse es-tu, illustre cité de Cana, c'est chez toi que le Premier-Né a donné la figure du sacrement nouveau. Au cours du repas, il a exprimé la figure de son sang. Les sacrements célestes constituent l'union nuptiale, car lorsque nous mangeons son corps et buvons son sang, lui est en nous et nous en lui."

Saint Ephrem élargit le signe de Cana au mystère fondamental de l'union mystique. La première venue à Cana selon Origène symbolise la première parousie dans son Incarnation, le seconde où Jésus guérit le fils de l'officier royal qui représente le peuple d'Israël sauvé quand la plénitude des nations sera entrée dans l'Eglise, l'ultime parousie. Cana c'est aussi les deux venues du Logos dans l'âme : la première au baptême pour l'illumination, la seconde, dans le mystère des noces mystiques du bienheureux face à face.

Le miracle de Cana est bien le principe des autres, sans la première venue du Logos dans l'âme pour éclairer les Ecritures, comment la montée spirituelle serait possible ? Le Messie a foulé le vin dans sa Pâque par la croix ; la résurrection a ouvert le royaume, il nous y attend pour boire le fruit de la vigne, le fruit de la vraie vigne qu'il est, la joie viendra quand il aura achevé son œuvre.

Eliyâs-Patrick, prêtre copte (extraits)

Commentaires

  • Voici ce qu'écrit Saint-Simon sur Nesmond, évêque de Bayeux, mort en 1715 :
    "C'était de ces vrais saints qui attirent malgré eux une vénération qu'on ne peut leur refuser, et dont la simplicité donne à tous les moments à rire. [...]
    Il reprit un jour un de ses curés d'avoir été à une noce. Le curé se défendit sur l'exemple de Notre-Seigneur aux noces de Cana : "Voyez-vous, monsieur le Curé, répliqua-t-il, ce n'est pas là ce qu'Il a fait de mieux."

  • Ce que j'ai déjà entendu plusieurs fois dans des homélies sur les noces de Cana, c'est qu'on y lisait les dernières paroles de la Sainte Vierge dans l'Evangile : "Faites tout ce qu'Il vous dira."

  • Pourquoi Saint Jean dit il " la mère de Jésus " sans lui donner son nom ?

  • Et pourquoi Jésus l'appelle-t-il "femme" ? Vous posez là "la" question. Il y avait une certaine Josette, dont certains disent qu'elle eut des privautés avec saint Joseph. Quand il habitait à Nazareth, saint Joseph allait très souvent à Cana et Marie lui faisait des scènes quand il rentrait tard le soir : "Tu vas peut-être encore me raconter que tu charpentais un grenier, gredin ?"
    Si vous vous inscrivez au club des Saintefamilloclastes (C'est assez cher, mais vous avez droit à une bouteille de Laphroaig de 25 ans d'âge et à une boite de Roméo et Juliette vieillis), vous en saurez beaucoup plus sur les épouvantables engueulades nocturnes entre saint Joseph et la Très Sainte Vierge. Notre-Seigneur en a beaucoup souffert.

  • Je n'ai pas de réponse mais ce qui m'intrigue est la suite : le "quoi à toi et à moi ?", traduit différemment dans chaque missel et pas facile à comprendre. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une réaction d'humeur : "mêle-toi de tes affaires !", Et pourtant il s'exécute.

  • - "Miaaoouschtroumpf !"
    - "Saperliposchtroumpf ! Mon cher Tintin, ne vous schtroumpfez pas de la concurrence !
    - Mais c'est pas moi, c'est Mischtroumpf !
    - Mille millions de schtroumpfettes !

  • Pour ceux qui n'auraient pas compris l'humour facétieux de stavrolus: Azraël est le chat de Gargamel. Vous déplacez le "r" sur le "v" et on comprend tout.
    Franquin a beaucoup aidé Peyo dans ses débuts et la fait entrer au journal "Spirou"

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