Ce groupe de martyrs persans, le mari, la femme et leurs deux fils, qui reposent maintenant en partie dans la diaconie de Saint-Adrien, et en partie dans le titre de Sainte-Praxède, appartient originairement au douzième mille de la voie Cornelia, ad nymphas Catabassi. Leurs Actes semblent avoir subi de graves interpolations et leur fête, ignorée des anciens sacramentaires romains, se trouve pour la première fois dans un calendrier Vatican du XIIe siècle. Il faut probablement chercher la raison de ce silence dans le fait que, avant Paschal Ier, ces martyrs, ensevelis dans une propriété très éloignée de Rome, n’étaient pas considérés comme romains, en sorte que la Ville n’avait aucune raison de célébrer leur natale. Il est fort vraisemblable que la première insertion de cette solennité dans le calendrier romain aura eu pour cause la translation de leurs corps à Sainte-Praxède.
La messe a une saveur d’antiquité et révèle une période d’excellent goût liturgique.
L’antienne d’introït est tirée du psaume 67 et annonce le refrigerium ou banquet céleste que Dieu prépare à ses martyrs, c’est-à-dire à ceux qui, pour son amour, ont supporté en ce monde la faim et la soif de justice, et ont été opprimés en haine du nom du Christ : « Les justes s’assoient au banquet et jubilent en présence de Dieu, et gaiement ils se réjouiront. » PS. 67 : « Que Dieu se lève, et que soient dispersés ses ennemis ; et que fuient devant lui ceux qui le haïssent, y. Gloire, etc. »
Dans les collectes suivantes, comme en beaucoup d’autres antiques oraisons, à la différence du goût plus moderne qui préfère résumer en quelques mots, dans la collecte, toute la biographie d’un saint, les martyrs de ce jour ne sont pas même nommés ; la raison en est que les anciens, sans s’arrêter par trop aux détails, aimaient les grandes synthèses théologiques, ne séparant jamais l’individu de la société entière des saints et de Jésus-Christ, source première et centre de toute sainteté. Prière. « Écoutez, Seigneur, les prières de votre peuple, qui y ajoute le patronage de vos saints, afin que vous nous accordiez de goûter la paix de la vie présente et d’obtenir aussi la grâce de la vie éternelle. Par notre Seigneur, etc. »
Dans la péricope de la lettre aux Hébreux (X, 32-38) qu’on lit en ce jour, l’Apôtre trace un tableau très triste de ce que devait être la profession de la foi chrétienne à l’ère des martyrs. En plus des luttes intérieures contre les passions, les fidèles avaient dû souffrir d’être dépouillés de leurs biens, d’être mis dans les chaînes et de devenir le jouet des juifs et des païens. Mais la foi anime leurs cœurs ; aussi les martyrs meurent-ils dans l’attente tranquille de Celui qui, prochainement, viendra rétablir son règne qui n’aura jamais de fin. En effet, les tribulations du siècle présent, comparées à l’éternité bienheureuse, sont comme un instant rapide, modicum aliquantulum, durant lequel le juste vit de foi, d’espérance et d’amour.
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