Fit porta Christi pervia
Referta plena gratia,
Transitque rex, et permanet
Clausa ut fuit per saecula.
Le Christ a franchi la porte virginale, la porte pleine de grâce ; le roi a passé, et cette porte demeure fermée à jamais, comme elle le fut toujours.
Genus superni numinis
Processit aula virginis,
Sponsus, redemptor, conditor,
Suae gigas Ecclesiae.
Le Fils du Dieu suprême est sorti du sanctuaire de la Vierge ; il est l’époux, le rédempteur, le fondateur, le géant de son Église.
Honor matris et gaudium,
Immensa spes credentium,
Per atra mortis pocula
Resolvit nostra crimina.
Gloire et joie de sa mère, espoir immense des croyants, en épuisant le noir breuvage de la mort, il guérira nos crimes.
Lapis de monte veniens
Mundumque replens gratia,
Quem non praecisum manibus
Vates vetusti nuntiant.
Il est cette pierre détachée de la montagne qui couvre de grâce le monde entier ; cette pierre que la main de l’homme n’a pas taillée, qu’avaient annoncée les anciens prophètes.
Qui verbum caro factus est
Praeconio angelico,
De claustris virginalibus
Virginis virgo natus est.
Le Verbe fait chair à la parole de l’ange, naissant vierge, s’est élancé de la retraite sacrée d’un sein virginal.
Rorem dederunt aethera
Nubesque justum fuderunt,
Patens excepit dominum
Terra salutem generans.
Les cieux ont versé leur rosée, les nuées ont répandu le Juste ; la terre altérée, enfantant son salut, a reçu celui qui est son Seigneur.
Mirabilis conceptio:
Christum protulit sobolem
Ut virgo partem funderet,
Post partum virgo sisteret.
Ô merveilleuse conception ! Elle a produit le Christ ; et la Vierge dans l’enfantement, est demeurée vierge après l’enfantement.
Exultet omnis anima,
Nunc redemptorem gentium
Mundi venisse dominum
Redimere quos condidit.
Que toute âme tressaille de joie ; le rédempteur des nations, le Seigneur du monde, est venu racheter ceux qu’il a formés.
Creator cuncti generis,
Orbis quem totus non capit,
In tua, sancta genitrix,
Sese reclusit viscera.
Le créateur de la race humaine, celui que l’univers ne saurait contenir, Mère sainte, il s’est renfermé dans vos entrailles.
Quem pater ante tempora
Deus Deumque genuit,
Matris almae virginitas
Cum tempore partum edidit;
Celui que le Dieu Père a engendré Dieu avant tous les temps, la virginité d’une mère féconde l’a mis au jour dans le temps.
Tollens cuncta facinora
Et donans sancta munera,
Augmentum lucis afferens,
Tenebris damnum inferens.
Il ôtera tous les péchés, il apportera les trésors de la grâce ; par lui la lumière recevra son accroissement, l’empire des ténèbres sera ruiné.
Cette hymne a été attribuée à saint Ambroise, dit dom Guéranger. Elle était célèbre, comme en témoigne le fait qu’à la fin du moyen âge on ne garda que les deux premiers vers de chaque strophe, y ajoutant « fulget dies » (que ce jour brille) et « Diei solemnia celebret Ecclesia » (que l’Eglise célèbre ce jour solennel), pour en faire un Noël populaire. Comme en Hongrie (avec comme partout luminis au lieu de numinis) :
Commentaires
Merci pour ce beau chant de Noël au réveil, avec tous ces i au refrain...
Il manque la référence du disque de cette chorale hongroise (pas lisible) : Warner/Delta Music Entertainment (2017)
"Qui verbum caro factus est
Praeconio angelico,
De claustris virginalibus
Virginis virgo natus est."
"Le Verbe fait chair à la parole de l’ange, naissant vierge, s’est élancé de la retraite sacrée d’un sein virginal."
Celui qui Verbe s'est fait chair selon l'annonce angélique est né d'une Vierge dont le sein virginal est intact.
Ou plutôt :
Le Verbe qui s'est fait chair selon l'annonce angélique est né du sein virginal intact d'une Vierge.
L'idée, àmha, n'est pas que Notre Seigneur soit né vierge, ce qui va de soi, mais que sa naissance n'ait pas impacté la virginité de Marie.
En latin, les adjectifs apposés au sujet peuvent avoir un rôle adverbial. Je ne m'explique pas ce virgo, sauf à le traduire par "virginalement", mais là il n'est pas apposé au sujet : Le Verbe qui s'est fait chair selon l'annonce angélique est né virginalement (en préservant sa virginité) du sein virginal d'une Vierge.
Qu'importe ! C'est ce que ça veut dire !
La traduction de dom Guéranger est bonne (ce qui n'est pas surprenant). Virgo s'applique bien au Christ, comme on le voit chez les pères de l'Eglise, notamment dans l'expression de saint Jérôme "Ille virgo de Virgine, de incorrupta incorruptus", ou encore "virgo de virgine, qui non ex voluntate viri, sed ex Deo natus est".
Merci pour cette information. Saint Jérôme est éclairant sur le sens à donner à ce "virgo" en le rapprochant de "incorruptus". Toutefois je n'aime guère la traduction de cette strophe. Je ne vois pas trace d'un élan dans le latin. Aucun enfant à ma connaissance, pas même le Verbe fait chair, ne s'est jamais "élancé" hors du sein de sa mère. Il y aurait d'ailleurs risque d'accident si les enfants naissaient comme ça. Il faudrait que les obstétriciennes reçoivent une formation spéciale, celle que n'a pas eue ce pauvre Hugo Lloris.
Il y a une allusion, dans la traduction, au psaume 18, tellement présent au temps de Noël: "tamquam sponsus procedens de thalamo suo. exsultavit ut gigas ad currendam viam".
Mais c'est quand même impressionnant à quel point vous n'êtes jamais content.
Dom Béranguer a pu être influencé également par une lecture de Charles Perrault :
"Donne-moi vite mes bottes de sept lieues, lui dit-il, afin que j'aille les attraper."
Pardon : dom Guéranger.