L’an dernier j’avais commenté cette curieuse particularité de la liturgie des Saints Innocents que l’Apocalypse y est omniprésente. Notamment à l’office des matines, où 11 répons sur 12 viennent du livre prophétique de saint Jean (fêté la veille). On peut faire un autre commentaire.
La raison de cette foison de citations du passage de l’Apocalypse lu à l’épître est que l’Eglise applique aux Saints Innocents ce que dit saint Jean des 144.000 élus qui viennent de la grande tribulation, qui ont lavé leur tunique dans le sang de l’Agneau, qui sont vierges et suivent l’Agneau partout où il va.
Cette insistance a conduit certains commentateurs médiévaux à affirmer que Hérode avait massacré 144.000 enfants. Ce qui est évidemment absurde. Les enfants massacrés par Hérode furent sans doute une trentaine. C’est ce qu’estimaient certains historiens, et la découverte par les coptes, il y a un siècle, d’un charnier à Bethléem, datant du début du Ier siècle, avec les ossements d’une trentaine de petits enfants, paraît le confirmer. Les études réalisées sur ces ossements, et les miracles qui se sont produits, ont conduit l’Eglise copte à authentifier ces reliques. A noter qu’une partie d’entre elles ont été confiées au Dr Villette par le curé des chiffonniers du Caire : elles se trouvent au sanctuaire pro-vie de Saint-Joseph du Saint Sauveur à Chantemerle-les-Blés.
Chacun sait que le nombre de 144.000 symbolise une immense multitude : 12x12x1000 (le chiffre de la plénitude au carré, multiplié par mille).
Aujourd’hui, lors de la fête des Saints Innocents, chacun pense naturellement aux victimes de l’avortement. Et ce n’est pas un hasard si des reliques des Saints Innocents se trouvent en une chapelle autour de laquelle a été édifié le Mémorial des Innocents, en mémoire des millions de bébés légalement tués dans le monde.
Ainsi, cette liturgie qui évoque une multitude de victimes, et qui insiste lourdement sur ce point, paraît bien être prophétique à son tour, et s’appliquer aux innombrables victimes de l’avortement légal, petits martyrs modernes de ceux qui par ces lois blasphèment l’Incarnation.