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Liturgie - Page 632

  • Le Baptême du Christ

    Je ne puis contenir la volupté de ma joie, mais mon esprit est transporté et profondément ému. Oublieux de ma propre faiblesse, je m'efforce de remplir la charge, ou plutôt le service du grand Jean-Baptiste, et je bondis d'allégresse ; et, bien que je ne sois point un précurseur, je viens cependant du désert. Le Christ est donc illuminé, bien plus il nous illumine de son éclat : le Christ est baptisé, descendons, nous aussi, afin de remonter également avec lui. Jean baptise et Jésus s'approche, sanctifiant à la vérité celui-là même qui baptise, mais surtout pour ensevelir le vieil Adam dans les eaux et avant tout pour qu'ainsi les eaux du Jourdain soient sanctifiées ; afin que, étant lui-même esprit et chair, il transmette l'héritage de sa sanctification à ceux qui seraient baptisés dans l'Esprit et dans l'eau. Le Baptiste ne veut pas le recevoir, et Jésus l’y force : j'ai besoin, dit-il d'être par toi baptisé. La lampe s'adresse au Soleil et la voix parle au Verbe. Jésus remonte de l'eau ramenant et élevant avec lui le monde submergé. Il voit que le ciel ne se divise pas, mais qu'il s'ouvre, ce ciel qu'Adam avait autrefois fermé à lui-même et à nous, comme le paradis terrestre avait été fermé par le glaive de feu. L'Esprit Saint rend témoignage. Les êtres semblables unissent en effet leur activité. Le ciel rend témoignage, parce qu'il en venait, celui à qui ce témoignage était rendu.

    (Saint Grégoire de Nazianze)

  • Ils s’en retournèrent par un autre chemin

    Par un chemin les mages sont venus, par un autre ils s'en retournent ; car, après avoir vu le Christ, compris le Christ, ils repartent à coup sûr meilleurs qu'ils n'étaient venus. Il y a en fait deux voies, l'une qui mène à la mort, l'autre qui mène au Royaume ; celle-là est celle des pécheurs, qui conduit à Hérode ; celle-ci est le Christ, et par elle on retourne à la patrie : car ici-bas ce n'est qu'un exil passager, ainsi qu'il est écrit : « Mon âme a été longtemps exilée » (Ps., 119, 6).

    (Saint Ambroise, commentaires sur saint Luc)

  • Ces trois hommes

    Ces trois hommes qui offrent à Dieu leurs présents figurent les nations venues des trois parties du monde. Ils ouvrent leurs trésors en manifestant la foi de leurs cœurs par le témoignage qu’ils en donnent. Ils les ouvrent dans l’intérieur de la maison pour nous apprendre à ne pas étaler par vanité aux yeux du public le trésor d’une bonne conscience. Ils offrent trois présents, c’est-à-dire leur foi en la Sainte Trinité. On peut dire encore qu’ils ouvrent les trésors des Ecritures et qu’ils en tirent les trois sens historique, moral et allégorique ; ou bien la logique, la physique et la morale en tant qu’ils les soumettent à la foi.

    (La Glose, citée par saint Thomas d’Aquin dans la Catena Aurea)

  • Les trois présents

    Tria sunt munera pretiosa, quæ obtulerunt Magi Domino in die ista, et habent in se divina mysteria: in auro, ut ostendatur Regis potentia: in thure, sacerdotem magnum considera: et in myrrha, Dominicam sepulturam. Salutis nostræ auctorem magi venerati sunt in cunabulis, et de thesauris suis mysticas ei munerum species obtulerunt.

    Ils étaient trois, les précieux présents que les Mages ont offerts au Seigneur en ce jour, et ils contenaient de divins mystères : l’or montrait le pouvoir du Roi : par l’encens, considère le grand prêtre, et dans la myrrhe, la sépulture du Seigneur. Les mages ont vénéré l’auteur de notre salut dans son berceau, et, puisant dans leurs trésors, ils lui ont offert les types mystiques des présents.

    (Répons des matines)

  • Les Mages sont venus de l’Orient

    Ab Oriente venerunt Magi in Bethlehem adorare Dominum ; et apertis thesauris suis, pretiosa munera obtulerunt : aurum, sicut Regi magno ; thus, sicut Deo vero ; myrrham, sepulturae ejus. Alleluja.

    Les Mages sont venus de l’Orient à Bethléem pour adorer le Seigneur ; et, ouvrant leurs trésors, ils lui ont offert de précieux présents : de l’or, comme au Grand Roi ; de l’encens, comme au vrai Dieu ; de la myrrhe, pour sa sépulture. Alléluia.

    (Antienne du Benedictus pour le deuxième jour de l’Epiphanie)

  • Les rois d’Arabie, de Tharsis et de Saba

    Omnes de Saba venient, aurum et thus deferentes, et laudem Domino annuniantes. Alleluja, alleluja, alleluja. Reges Tharsis et insulae munera offerent, reges Arabum et Saba dona adducent. Alleluja, alleluja, alleluja.

    Ils viendront tous de Saba, apportant de l’or et de l’encens, et proclamant la louange du Seigneur. Alléluia, alléluia, alléluia. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents, les rois d'Arabie et de Saba apporteront des dons. Alléluia, alléluia, alléluia.

    (Répons des matines, formé d’Isaïe 60, verset 6, et du verset 10 du psaume 71. Ce chapitre 60 (et 61) d’Isaïe et le psaume 71, qui se marient si bien, sont les plus magnifiques prophéties messianiques et doivent être lus intégralement et faire l’objet de notre contemplation en ces jours.)

  • L’or de la sagesse

    Mais on peut aussi comprendre différemment l’or, l’encens et la myrrhe. L’or symbolise la sagesse, comme l’atteste Salomon : «Un trésor désirable repose dans la bouche du sage.» L’encens brûlé en l’honneur de Dieu désigne la puissance de la prière, ainsi qu’en témoigne le psalmiste : «Que ma prière s’élève devant ta face comme l’encens.» Quant à la myrrhe, elle figure la mortification de notre chair; aussi la sainte Eglise dit-elle, à propos de ses serviteurs combattant pour Dieu jusqu’à la mort : «Mes mains ont distillé la myrrhe.»

    Au roi qui vient de naître, nous offrons donc l’or si nous resplendissons devant lui de l’éclat de la sagesse d’en haut. Nous offrons l’encens si, dans la sainte ardeur de notre prière, nous consumons nos pensées charnelles sur l’autel de notre cœur, permettant ainsi à nos désirs du Ciel de répandre pour Dieu leur agréable odeur. Nous offrons la myrrhe si nous mortifions les vices de la chair par l’abstinence. Car la myrrhe, nous l’avons dit, empêche la chair morte de pourrir. Or asservir ce corps mortel à la débauche luxurieuse, c’est laisser pourrir une chair morte, comme le prophète l’affirme au sujet de certains hommes : «Les bêtes de somme ont pourri dans leur fumier.» Que les bêtes de somme pourrissent dans leur fumier, cela signifie que les hommes charnels achèvent leur vie dans la puanteur de la luxure. Nous offrons donc à Dieu la myrrhe quand, par les aromates de notre continence, nous empêchons la luxure de faire pourrir ce corps mortel.

    (Saint Grégoire le Grand, suite de l'homélie citée hier)

  • Epiphanie

    Les mages offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or convenait bien à un roi; l’encens était présenté à Dieu en sacrifice; et c’est avec la myrrhe qu’on embaume les corps des défunts. Les mages proclament donc, par leurs présents symboliques, qui est celui qu’ils adorent. Voici l’or : c’est un roi; voici l’encens : c’est un Dieu; voici la myrrhe : c’est un mortel.

    Il y a des hérétiques qui croient en sa divinité sans croire que son règne s’étende partout. Ils lui offrent bien l’encens, mais ne veulent pas lui offrir également l’or. Il en est d’autres qui reconnaissent sa royauté, mais nient sa divinité. Ceux-ci lui offrent l’or, mais refusent de lui offrir l’encens. D’autres enfin confessent à la fois sa divinité et sa royauté, mais nient qu’il ait assumé une chair mortelle. Ceux-là lui offrent l’or et l’encens, mais ne veulent pas lui offrir la myrrhe, symbole de la condition mortelle qu’il a assumée.

    Pour nous, offrons l’or au Seigneur qui vient de naître, en confessant qu’il règne en tout lieu; offrons-lui l’encens, en reconnaissant que celui qui a paru dans le temps était Dieu avant tous les temps; offrons-lui la myrrhe, en reconnaissant que celui que nous croyons impassible en sa divinité s’est également rendu mortel en assumant notre chair.

    (Saint Grégoire le Grand, homélie de l’Epiphanie)

    Sur les trois mystères de l’Epiphanie, voir ma note de l’an dernier.

  • Dimanche dans l’octave de Noël

    « Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Et c'était un homme juste et craignant Dieu, qui attendait la consolation d'Israël. »

    Non seulement les anges et les prophètes, les bergers et les parents, mais encore les vieillards et les justes apportent leur témoignage à la naissance du Seigneur. Tout âge, l'un et l'autre sexe, les événements miraculeux en font foi : une Vierge engendre, une stérile enfante, un muet parle, Elisabeth prophétise, le mage adore, l'enfant renfermé dans le sein tressaille, une veuve rend grâces, un juste est dans l'attente. C'était bien un juste, car il attendait non son profit mais celui du peuple, désirant pour son compte être délivré des liens de ce corps fragile, mais attendant de voir le Promis : car il savait le bonheur des yeux qui le verraient.

     « Maintenant, dit-il, laissez partir votre serviteur. » Vous voyez ce juste, enfermé, pour ainsi dire, dans la prison de ce corps pesant, souhaiter sa délivrance pour commencer d'être avec le Christ : car « être délivré et avec le Christ est bien préférable » (Phil., I, 23). Mais celui qui veut être libéré doit venir au Temple, venir à Jérusalem, attendre l'Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains la Parole de Dieu et comme l'étreindre dans les bras de sa foi. Alors il sera libéré et ne verra point la mort, ayant vu la vie.

    Vous voyez quelle abondance de grâce a répandue sur tous la naissance du Seigneur, et comment la prophétie est refusée aux incroyants, mais non pas aux justes. Voici qu'à son tour Siméon prophétise que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et la résurrection d'un grand nombre, pour faire entre justes et injustes le discernement des mérites et, selon la valeur de nos actes, nous décerner, en juge véridique et équitable, soit les supplices, soit les récompenses.

    « Et ton âme, dit-il, sera traversée d'un glaive. » Ni l'Écriture ni l'histoire ne nous apprend que Marie ait quitté cette vie en subissant le martyre dans son corps ; or, ce n'est pas l'âme, mais le corps, qu'un glaive matériel peut transpercer. Ceci nous montre donc la sagesse de Marie, qui n'ignore pas le mystère céleste ; car « la parole de Dieu est vivante, puissante, plus aiguë que le glaive le mieux aiguisé, pénétrante jusqu'à diviser l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles ; elle sonde les pensées du coeur et les secrets des âmes » (Héb., IV, 12) : car tout dans les âmes est à nu, à découvert devant le Fils, auquel les replis de la conscience n'échappent point.

     Ainsi donc Siméon a prophétisé, une femme mariée avait prophétisé, une vierge avait prophétisé ; il fallait encore une veuve pour qu'il n'y manquât aucun genre de vie, aucun sexe. C'est pourquoi Anne nous est présentée : les mérites de son veuvage et sa conduite obligent à la juger tout à fait digne d'annoncer la venue du Rédempteur de tous. Ayant détaillé ses mérites en un autre endroit, dans notre Exhortation aux veuves, nous ne croyons pas devoir les reprendre ici, pressés que nous sommes d'aborder un autre sujet. Pourtant ce n'est pas sans intention qu'ont été mentionnés les quatre-vingt-quatre ans atteints dans son veuvage ; car ces sept douzaines et ces deux quarantaines semblent indiquer un nombre sacré.

    (Saint Ambroise, traité sur saint Luc)

  • Saint Thomas de Cantorbéry

    Un nouveau Martyr vient réclamer sa place auprès du berceau de l'Enfant-Dieu. Il n'appartient point au premier âge de l'Eglise ; son nom n'est point écrit dans les livres du Nouveau Testament, comme ceux d'Etienne, de Jean, et des enfants de Bethléem. Néanmoins, il occupe un des premiers rangs dans cette légion de Martyrs qui n'a cessé de se recruter à chaque siècle, et qui atteste la fécondité de l'Eglise et la force immortelle dont l'a douée son divin auteur. Ce glorieux Martyr n'a pas versé son sang pour la foi ; il n'a point été amené devant les païens, ou les hérétiques, pour confesser les dogmes révélés par Jésus-Christ et proclamés par l'Eglise. Des mains chrétiennes l'ont immolé ; un roi catholique a prononcé son arrêt de mort ; il a été abandonné et maudit par le grand nombre de ses frères, dans son propre pays : comment donc est-il Martyr ? comment a-t-il mérité la palme d'Etienne ? C'est qu'il a été le Martyr de la Liberté de l'Eglise. (...)

    Ce mot de Liberté de l’Eglise sonne mal aux oreilles des politiques. Ils y voient tout aussitôt l'annonce d'une conspiration ; le monde, de son côté, y trouve un sujet de scandale, et répète les grands mots d'ambition sacerdotale ; les gens timides commencent à trembler, et vous disent que tant que la foi n'est pas attaquée, rien n'est en péril. Malgré tout cela, l'Eglise place sur ses autels et associe à saint Etienne, à saint Jean, aux saints Innocents, cet Archevêque anglais du XII° siècle, égorgé dans sa Cathédrale pour la défense des droits extérieurs du sacerdoce. Elle chérit la belle maxime de saint Anselme, l'un des prédécesseurs de saint Thomas, que Dieu n'aime rien tant en ce monde que la Liberté de son Eglise ; et au XIX° siècle, comme au XII°, le Siège Apostolique s'écrie, par la bouche de Pie VIII, comme elle l'eût fait par celle de saint Grégoire VII: C'est par l'institution même de Dieu que l'Eglise, Epouse sans tache de l'Agneau immaculé Jésus-Christ, est LIBRE, et qu'elle n'est soumise à aucune puissance terrestre.

    Or, cette Liberté sacrée consiste en la complète indépendance de l'Eglise à l'égard de toute puissance séculière, dans le ministère de la Parole, qu'elle doit pouvoir prêcher, comme parle l'Apôtre, à temps et à contre-temps, à toute espèce de personnes, sans distinction de nations, de races, d'âge, ni de sexe ; dans l'administration de ses Sacrements, auxquels elle doit appeler tous les hommes sans exception, pour les sauver tous ; dans la pratique, sans contrôle étranger, des conseils aussi bien que des préceptes évangéliques ; dans les relations, dégagées de toute entrave, entre les divers degrés de sa divine hiérarchie ; dans la publication et l'application des ordonnances de sa discipline; dans le maintien et le développement des institutions qu'elle a créées ; dans la conservation et l'administration de son patrimoine temporel ; enfin dans la défense des privilèges que l'autorité séculière elle-même lui a reconnus, pour assurer l'aisance et la considération de son ministère de paix et de charité sur les peuples.

    (Dom Guéranger, Année liturgique, 1846)