Les manifestations de la dévotion dans le cours des siècles se ramènent à deux types que l’on peut appeler l’un, dévotion objective, et l’autre, subjective. La religion et la dévotion établissent un lien entre Dieu et sa créature. Selon que l’on insiste sur le côté humain ou le côté divin, la dévotion est subjective ou objective. On peut dire, d’une façon générale, que l’Orient aime plutôt la piété objective et plus passive, c’est-à-dire, qu’il se laisse conduire et porter par Dieu, le rôle de l’homme restant à l’arrière-plan. L’Occident est à la fois actif et subjectif. Il veut travailler avec sa volonté, il veut laisser la parole à l’homme, au service du Seigneur. Il faut que l’individu intervienne avec ses émotions. L’Église d’autrefois, pouvons-nous dire encore, aimait la piété objective, tandis qu’actuellement nos tendances vont de plus en plus au subjectivisme. Ignace de Loyola est un des porte-parole de cette piété mettant l’homme en valeur qui prévaut dans la vie intérieure de la plupart des chrétiens aujourd’hui. Assurément nous devons être reconnaissants à saint Ignace de nous montrer les énergies puissantes qui sommeillent en nous, de nous révéler des voies qui épurent et approfondissent notre vie intérieure. Reconnaissons pourtant que la piété liturgique suit d’autres sentiers ; elle insiste davantage sur l’élément divin, social, cultuel, créant ainsi un salutaire équilibre. L’objectif et le subjectif, la société et l’individu, l’activité et la passivité, la grâce et la volonté, tout cela réparti, équilibré et dosé comme il convient, constitue l’idéal vers lequel nous devons tendre. Saint Ignace le résume lui-même fort bien ainsi : « Dans toutes vos entreprises appuyez-vous sur Dieu, comme s’il devait, seul, tout accomplir sans vous ; et travaillez, néanmoins, avec autant de zèle que si tout le résultat dépendait uniquement de vous »
Liturgie - Page 473
-
Saint Ignace de Loyola
-
Bonne nouvelle à San Francisco
Le pape Benoît XVI a nommé Mgr Salvatore Cordileone (Sauveur Cœur-de-lion) archevêque de San Francisco. Il est connu pour sa sympathie à l’égard de la « forme extraordinaire ».
-
Elie et Elisée
Ils se tenaient tous deux au bord du Jourdain. Alors Elie prit son manteau, le roula et en frappa les eaux, qui se divisèrent en deux parties ; et ils passèrent tous deux à pied sec. Lorsqu'ils furent passés, Elie dit à Elisée : Demande-moi ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je te sois enlevé. Elisée lui répondit : Je te prie, que ton double esprit vienne sur moi. Elie lui dit : Tu demandes une chose difficile. Néanmoins, si tu me vois lorsque je serai enlevé d'auprès de toi, tu auras ce que tu as demandé ; mais si tu ne me vois pas, tu ne l'auras pas. Tandis qu'ils continuaient leur chemin, et qu'ils marchaient en s'entretenant, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l'un de l'autre, et Elie monta au Ciel par un tourbillon. Et Elisée le voyait, et criait : Mon père, mon père, le char d'Israël et son aurige ! Ensuite il ne le vit plus. Et prenant ses vêtements, il les déchira en deux parties. Puis il releva le manteau d'Elie, qui était tombé pour lui. Et, revenant, il se tint au bord du Jourdain.
(II Rois 2, lecture des matines)
Elie, figure du Christ, passe le Jourdain (baptême) pour aller chez les païens. Il monte au ciel en laissant à Elisée les sacrements : son manteau, avec lequel il va à son tour diviser le Jourdain, avant de faire de nombreux miracles annonciateurs de ceux de l’Evangile. Le Christ par le feu du Saint Esprit est à la fois le char d’Israël et son aurige car l’Eglise est son corps mais il est la tête de l’Eglise.
-
Saint Vincent de Paul
Il y a une messe de saint Vincent de Paul dans le propre de France, dans le supplément « pour certains lieux » depuis 1962.
Cette messe commence par un introït dont l’antienne est tirée d’un des derniers versets du psaume 131, et qui convient magnifiquement à cette fête :
« Pauperes Sion saturabo panibus : sacerdotes ejus induam salutari, et Sancti ejus exsultatione exsultabunt. »
« Les pauvres de Sion, je les rassasierai de pains ; ses prêtres, je les vêtirai de salut, et ses saints exulteront d’exultation. »
Le verset de psaume est, comme c’est la tradition (hélas oubliée à partir du XVIIIe siècle, ou même avant), le premier verset du psaume dont est tirée l’antienne :
« Memento, Domine, David : et omnis mansuetudinis ejus. »
« Souviens-toi, Seigneur, de David, et de toute sa mansuétude. »
En fait, c’est bien tout le psaume qui s’applique à saint Vincent de Paul, qui dans ses pérégrinations cherche la présence de Dieu, notamment dans les pauvres.
A priori il n’existe aucune autre messe avec cet introït. Pourtant, j’ai trouvé par Google un « Office du matin et du soir pour tous les dimanches et fêtes de l’année », réédité en 1826 à Amiens avec quelques messes, dont une, curieusement, de « saint Charles » (manifestement Borromée), dont l’introït est également tiré du psaume 131, l’antienne omettant « exsultatione » et ajoutant la toute fin du psaume :
« Pauperes Sion saturabo panibus : sacerdotes ejus induam salutari, et sancti ejus exsultabunt. Super ipsum efflorebit sanctificatio mea. » Sur lui fleurira ma sanctification.
-
Saint Camille de Lellis
Saint Camille, après une vie laborieusement dépensée à assister les malades dans les hôpitaux publics de Saint-Jacques des Incurables et du Saint-Esprit, mourut à Rome le 14 juillet 1614. Saint Philippe Néri, qui fut son confesseur, avait vu les anges eux-mêmes mettre sur les lèvres des religieux institués par saint Camille les paroles les plus aptes à réconforter les mourants, et Léon XIII le proclama céleste Patron des agonisants.
La messe s’inspire de la pensée du sublime mérite de la charité chrétienne, laquelle atteint son sommet le plus héroïque quand on méprise sa propre vie pour venir au secours de son frère en danger, comme cela fut imposé par le Saint à la Congrégation qu’il fonda.
Deus, qui sanctum Camíllum, ad animárum in extrémo agóne luctántium subsídium, singulári caritátis prærogatíva decorásti : eius, quǽsumus, méritis, spíritum nobis tuæ dilectiónis infúnde ; ut in hora éxitus nostri hostem víncere, et ad cæléstem mereámur corónam perveníre. Per Dóminum…
Dieu, vous avez orné le bienheureux Camille d’une charité singulière pour aider les âmes dans la lutte suprême de l’agonie : nous vous supplions, par ses mérites, de répandre en nous l’esprit de votre amour ; afin que nous puissions, à l’heure du trépas, vaincre l’ennemi et parvenir à la céleste couronne.
-
Saint Alexis
Tu as soutenu courageusement, ô noble saint, la tâche de demeurer à la porte de tes parents, tout à fait ignoré d’eux, et tu as supporté avec joie la risée et la moquerie de tes esclaves. Tu es resté tout le temps de ta vie dans l’absolue pauvreté et dans la douleur par où on se rachète des passions.
Tu as dompté et anéanti les passions aveuglantes du corps, pendant que tu contemplais et que tu voyais tes parents comblés des honneurs du monde, sans qu’ils te reconnussent. Tu as achevé les années de ta vie sous les injures dont t’accablaient tes esclaves, qui t’insultaient sans pitié quand il eût fallu te glorifier.
Tu es monté au ciel, enlevé sur la char splendide de tes vertus, et tu as établi ta demeure au milieu des troupes de tous les bienheureux, parmi les chœurs des apôtres, des saints martyrs, des patriarches et de tous les justes. Souviens-toi donc de nous, qui t’honorons, ô Alexis !
(Liturgie byzantine, version syriaque)
-
Notre Dame du Mont Carmel
(Depuis la réforme de 1960, la fête de l’ordre des carmes n’est plus qu’une commémoraison au calendrier romain.)
Antienne du Benedictus (Cantique des cantiques 7, 5):
Caput tuum ut Carmélus, et comæ cápitis tui sicut púrpura Regis vincta canálibus, allelúia.
Ta tête est comme le Carmel ; et les cheveux de ta tête, comme la pourpre d’un roi, liés et teints dans les canaux des teinturiers, alléluia.
Antienne du Magnificat (Isaïe 35, 2):
Glória Líbani data est ei, decor Carméli et Saron, allelúia.
La gloire du Liban lui a été donnée, la beauté du Carmel et de Saron, alléluia.
-
7e dimanche après la Pentecôte
L’antienne d’offertoire est généralement un verset de psaume. Ce n’est pas le cas ce dimanche. Et il s’agit d’un extrait d’un texte très particulier.
Comme un holocauste de béliers et de taureaux, ou des milliers d’agneaux gras, qu’ainsi notre sacrifice paraisse aujourd’hui devant vous et qu’il vous soit agréable, car ceux qui ont confiance en vous ne seront pas confondus, Seigneur.
Il s’agit d’un extrait de la prière des trois jeunes Hébreux (par la voix de l’un d’eux, Azarias) - dans le livre de Daniel - qui vont être jetés dans les flammes. Ce texte, comme le cantique que chanteront les trois Hébreux dans la fournaise, se trouve dans la Bible grecque (donc aussi dans la Bible latine), mais pas dans la Bible juive. Ces deux textes ont été « ajoutés » à la Bible hébraïque, nous affirment sans sourciller les grands savants, dont des collègues nous disent que ces textes datent sans doute du deuxième siècle avant Jésus-Christ... comme le reste du livre de Daniel…
La vérité, qu’aucun spécialiste n’ose dire ni même penser, est évidemment que les rabbins ont supprimé ces deux textes de leur Bible, parce qu’ils étaient trop utilisés par les chrétiens…
L’épisode de la prière et du « cantique des trois enfants dans la fournaise » a lieu au moment où Antiochus Epiphane a interdit le culte du Temple (168-165), avant que Judas Macchabée libère le Temple et restaure le culte. C’est ce que précise le verset avant celui qui est repris dans l’offertoire : « Il n’y a plus actuellement ni prince, ni chef, ni prophète, ni holocauste, ni sacrifice, ni oblation, ni encens, ni endroit pour vous offrir les prémices, afin que nous puissions trouver votre miséricorde. »
Ainsi, les trois Hébreux demandent à Dieu que leur sacrifice remplace celui des milliers d’agneaux (des myriades, dit le grec) et les holocaustes de béliers et de taureaux. Bref, que leur sacrifice personnel ait la même valeur que tous les sacrifices du Temple, et remplace pour toujours les sacrifices du Temple, qui n’existent plus. L’annonce du sacrifice du Christ (avec allusion à la Sainte Trinité) est transparente. C’est pourquoi il est lu intégralement à la messe du jeudi de la Passion.
En outre, et cela est tout aussi particulier, la prière dite « secrète » qui conclut l’offertoire est en rapport direct avec l’antienne : elle en explicite le sens en se servant de l’épître aux Hébreux, et remontant comme elle à la première prophétie en acte du Sacrifice, celle d’Abel :
Dieu, vous avez sanctionné les divers sacrifices offerts sous la loi par la perfection d’un sacrifice unique : recevez ce sacrifice que vous présentent vos dévots serviteurs, et sanctifiez-le au moyen d’une bénédiction pareille à celle qu’obtinrent les dons d’Abel ; afin que ce que chacun de nous a offert en l’honneur de votre majesté, profite à tous pour le salut.
-
Saint Bonaventure
Comme à l'exemple de notre bienheureux père, dont je suis, malgré mon indignité parfaite, le septième successeur dans la charge de supérieur général de mes frères, je brûlais du désir de trouver la paix; il m'est arrivé, par une grâce du ciel, de me retirer au mont Alverne, comme en un lieu de repos, afin d’y chercher cette paix de l'âme, trente-trois ans après que saint François y eut séjourné. Là, méditant par quels exercices spirituels je pourrais m'élever jusqu'à Dieu, je me rappelai entre autres choses le miracle arrivé à notre père en ce lieu même, la vision d'un séraphin ailé, qui lui apparut crucifié. Après y avoir réfléchi, il me sembla aussitôt que cette vision nous représentait le ravissement de François en sa contemplation, et qu'elle nous montrait la voie pour y parvenir. Car par les six ailes du séraphin on peut entendre six élévations diverses où l'âme est illuminée successivement, et qui lui sont comme autant de degrés pour arriver, au milieu des ravissements enseignés par la sagesse chrétienne, à la possession de la paix.
Or, la voie qui y conduit n'est autre qu'un amour très-ardent pour Jésus crucifié; c'est cet amour qui, après avoir ravi saint Paul jusqu'au troisième ciel, le transformera en son Sauveur, de telle sorte qu'il s'écriait : Je suis attaché à la croix avec Jésus-Christ. Je vis; mais non, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi. C'est cet amour qui absorba tellement l'âme de François que ses traces se manifestèrent en sa chair lorsque, pendant les deux dernières années de sa vie, il porta en son corps les stigmates sacrés de la Passion.
Ces six ailes du séraphin sont donc six degrés successifs d'illumination, qui partent de la créature pont nous conduire jusqu'à Dieu, à qui l'on ne saurait arriver que par Jésus crucifié. Car celui qui n'entre pas par la porte en la bergerie, mais y pénètre d'ailleurs, est un voleur et un larron ; mais celui qui s'introduira par la porte, entrera et sortira, et trouvera des pâturages en abondance. C'est pour cela que saint Jean nous dit dans l'Apocalypse : Bienheureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l'Agneau, afin d'avoir droit à l'arbre de vie et d'entrer dans la ville sainte par les portes. Et par ces paroles, que semble-t-il indiquer autre chose, sinon qu'on ne peut arriver par la contemplation à la céleste Jérusalem à moins d'y entrer par le sang de l'Agneau, qui en est comme la porte?
Au reste, on ne saurait être en aucune façon apte à ces saintes contemplations qui conduisent l'âme jusqu'aux ravissements, si l'on n'est, avec Daniel, un homme de désirs. Or, ces désirs s'enflamment en nous de deux manières : d'abord par les cris de la prière, qui nous fait pousser en notre cœur les gémissements les plus profonds ; et ensuite par l'éclat lumineux qui, dans la contemplation elle-même, pénètre notre âme lorsqu'elle s'est tournée directement et avec une vive attention vers le rayon de la céleste lumière. Je commence donc par inviter, au nom de Jésus crucifié, dont le sang nous purifie des souillures de nos crimes , celui qui lira cet ouvrage, à s'exercer aux gémissements de la prière, et je le conjure de ne pas croire qu'il suffise de la lecture sans l'onction, de la considération sans la dévotion, de la recherche sans l'admiration, de l'attention profonde sans la joie du cœur, de l'habileté sans la piété, de la science sans la charité, de l'intelligence sans l'humilité, de l'application sans la grâce, et de la lumière sans le souffle de la divine sagesse. C'est à ceux que la grâce céleste a prévenus, à ceux qui sont humbles et pieux, aux cœurs pleins de componction et de dévotion, aux cœurs marqués de l'onction suave d'une sainte joie, épris de l'amour de la sagesse suprême et embrasés du désir de la posséder, à ceux qui veulent sincèrement s'appliquer à glorifier Dieu, à l'aimer et à le goûter, c'est, dis-je, à ceux-là que je propose les considérations renfermés en ce livre, et je les prie de se souvenir que la lumière extérieure est peu de chose, ou même n'est rien, si le miroir de notre âme n'a été d'abord purifié et rendu propre à en réfléchir l'éclat. Commencez donc, ô homme de Dieu, par tourner vos regards vers l'aiguillon de votre conscience et par écouter les reproches qu'elle vous adresse, avant de les élever vers les rayons de la sagesse qui se répandent dans le miroir de votre âme, de peur que leur lumière éclatante ne vous éblouisse et ne vous fasse tomber dans un abîme de ténèbres plus profondes.
Prologue de l’Itinéraire de l’âme à Dieu
-
13 sur 68 !
Daniel Hamiche nous apprend que les catéchistes du diocèse d’Arlington, aux Etats-Unis (Virginie) devront désormais signer une profession de foi. C’est le troisième diocèse américain à prendre une telle mesure.
Dans le même temps, Daniel Hamiche nous apprend que la messe de saint Pie V est aujourd’hui célébrée dans 13 des 68 paroisses du diocèse. Presque 1 sur 5 !