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Liturgie - Page 471

  • Saint Armel

    armel.jpgA cette époque de la vie d'Armel se rattache le trait fameux dont le souvenir est resté inséparable de son nom. Quand il vint se fixer dans la contrée, un dragon d'une grosseur monstrueuse, et qui avait établi son repaire sur les bords de la Sèche, exerçait d'affreux ravages dans le pays. Son haleine brûlante et empoisonnée suffisait pour terrasser ceux qui passaient à sa portée. Ces malheureux périssaient dans d'atroces souffrances. La terreur régnait partout, personne n'osait se présenter pour combattre l'horrible bête. On eut recours à Armel. Les habitants, consternés, accourent en foule auprès de lui : "Père, lui disent-ils, nous savons que le fléau qui nous afflige est une juste punition de nos péchés; mais vos prières, ô homme de Dieu, sont toujours exaucées, vous avez déjà opéré mille prodiges, ayez pitié de nous. Mes frères, répond le saint, revenez sincèrement à Dieu, faites pénitence, et sans aucun doute vous serez délivrés."

    232armel.jpgQuelques jours se passent; de nouvelles instances sont faites auprès d'Armel. Le bienheureux, à la fin, se laisse attendrir ; Il promet de mettre un terme à cette calamité. Le lendemain donc, après avoir célébré le saint sacrifice de la messe, laissant tout le peuple prosterné et en prière, il quitte l'autel, encore revêtu de ses ornements sacerdotaux, et marche hardiment à la rencontre de l'ennemi. Parvenu au lieu de sa retraite, il lui ordonne impérieusement de sortir. Le dragon, à la vue de l'homme de Dieu, reconnaît son maître et devient docile comme un agneau; il sort de sa caverne, baissant la tête à la façon d'un coupable prêt à subir son châtiment. Armel lui jette son étole autour du cou, et, le tenant ainsi enchaîné, il le traîne jusqu'au sommet d'une colline voisine. Là, il le précipite dans la rivière, et le monstre périt au milieu des eaux.

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    En mémoire de ce prodige, le sentier par lequel le saint avait traîné le dragon demeura sec et aride, et la colline où le fait se passa porta le nom de Saint-Armel. De là aussi vient l'usage traditionnel de représenter le bienheureux revêtu d'une étole par-dessus sa robe de moine, et tenant le dragon enchaîné sous ses pieds. Ce miracle est rapporté par plusieurs historiens et consigné dans l'office de presque tous les anciens diocèses de Bretagne. Néanmoins quelques auteurs, entre autres dom Lobineau, en ont contesté la réalité. Les critiques ont vu dans le dragon l'image du serpent infernal, qui n'était point entièrement chassé de ces contrées, livrées encore en grande partie aux superstitions druidiques. Selon eux, Armel vainqueur du serpent n'est autre qu'Armel vainqueur de l'idolâtrie; et, en le représentant avec le dragon enchaîné, on a voulu exprimer les triomphes qu'il a remportés sur le démon par la parole évangélique.

    Sans doute, la fable s'est mêlée quelquefois à la réalité dans les récits de la vie des saints ; l'imagination, comme le fait observer très justement M. de Monlalembert dans les Moines d'Occident, s'est alliée à la tradition authentique, pour l'altérer ou la remplacer. Aussi l'Église n'oblige-t-elle de croire à aucun des prodiges, même les mieux avérés, que l'on trouve racontés dans les légendes. Mais quand ces faits sont rapportés par des auteurs graves et dignes de foi, elle les recommande à l'admiration des chrétiens, comme une preuve de la fidélité des promesses de Celui qui a dit de lui-même "qu'il était admirable dans ses saints" ; et ailleurs : "Celui qui croit en moi fera aussi des prodiges plus grands que les miens."

    Quant à la légende de saint Armel en particulier, ceux qui n'y veulent voir qu'un symbole s'appuient sur cette raison qu'il n'existe point en Bretagne de dragons ni de serpents monstrueux. Peut-être ; mais Dieu, pour exercer ses vengeances ou faire éclater la sainteté de ses serviteurs, n'a-t-il pas suscité parfois de ces êtres extraordinaires dans des pays où ils étaient inconnus ?

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    Ne nous étonnons pas non plus de la puissance exercée par les saints sur la nature animée. Avant la chute, tout dans la création n'était qu'amour et harmonie; les êtres inférieurs obéissaient aux supérieurs ; aucune voix dans l'univers ne rompait l'ordre de ce poème grandiose, aucune note discordante no troublait ce sublime concert. Voyez l'admirable spectacle décrit au commencement du livre de la Genèse : le premier homme fait comparaître les animaux devant lui, Il leur impose des noms ; Adam et Eve vivent tranquillement dans le paradis, au milieu de toutes les créatures qui leur sont soumises.

    Le même fait se représente pour les saints ; tous les anciens auteurs qui nous rapportent les légendes où ces prodiges sont relatés, sont unanimes pour en convenir. Par les rigueurs de la pénitence et la pureté de leur vie, les saints ont reconquis l'innocence primitive, et Dieu leur a rendu l'empire surnaturel exercé par nos premiers parents sur les animaux de la création. "La rage des bêtes féroces, dit un ancien auteur, obéit à celui qui mène la vie des anges, comme elle obéissait à nos premiers parents avant leur chute." — "Faut-il s'étonner, s'écrie le vénérable Bède, si celui qui obéit loyalement et fidèlement au Créateur de l'univers, voit à son tour les créatures obéir à ses ordres et à ses vœux ?" — "Aussi voyons-nous, dit encore M. de Montalembert, les élus de Dieu aller sans crainte à la rencontre des bêtes sauvages, leur imposer leurs volontés et les rendre soumis, comme deux mille ans auparavant, dans les solitudes de l'Idumée, le Seigneur lui-même l'avait promis au Juste, réconcilié avec lui."

    Vie de saint Armel, par le chanoine Narcisse Cruchet, 1882.

     

  • Saint Hyacinthe

    Le saint était d’abord chanoine à Cracovie ; touché par la prédication et les miracles de saint Dominique, il quitta le monde et reçut des mains du fondateur lui-même l’habit des dominicains. Revenu dans son pays, il fonda au-delà des Alpes de nombreux couvents de son ordre. La prière des Heures raconte un miracle de sa vie : Le saint était arrivé avec trois de ses compagnons sur les bords de la Vistule, qu’il voulait traverser pour aller prêcher à Visegrad ; mais les eaux étaient si hautes qu’aucune embarcation n’osait s’y risquer. Hyacinthe étendit alors son manteau sur les flots et traversa ainsi le fleuve avec ses compagnons. Il mourut le 15 août 1257, après avoir récité son bréviaire, en disant : « Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains ! »

    Dom Pius Parsch

  • Saint Joachim

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    Le père de la Bienheureuse Vierge Marie et le grand-père du Divin Sauveur ! « A leurs fruits vous les reconnaîtrez » ; un bon arbre ne peut donner que de bons fruits. Joachim nous apparaît comme l’homme vertueux, « l’homme juste » ; la légende en dit long sur son amour pour les pauvres : il divisait ses revenus en trois parts et consacrait la première à ses besoins, la seconde aux pauvres, la troisième au Temple (c’est pourquoi l’on répète trois fois à la messe : « Il donnait largement aux pauvres... ». Au cours de sa vie, la souffrance ne lui fut pas non plus épargnée ; longtemps il resta sans enfant ; un jour qu’il apportait son offrande au Temple, le prêtre l’écarta sous prétexte que, père sans enfants, il avait encouru la malédiction divine. Cependant, parmi les souffrances que lui causait cet ostracisme, la grâce de Dieu le visita : « Dieu est proche de ceux qui ont le cœur brisé » (Ps. 33). Un ange lui annonça qu’il aurait un enfant de bénédiction, Marie. « La nature n’osa pas prévenir la grâce ; elle préféra attendre que la grâce eut porté son fruit » (Bréviaire).

    Dom Pius Parsch

  • Assomption

    Que Marie moissonne donc ses bénédictions, après avoir semé la bénédiction de toutes les nations, qu'elle reçoive, d'une manière spéciale, la bénédiction de tous les peuples. « Toutes les générations me proclameront bienheureuse, » s'écrie-t-elle. C'est trop peu. Tous les ordres des esprits bienheureux vous proclameront aussi bienheureuse. Aujourd'hui, les filles de la Sion céleste vous ont vue monter en triomphe, ils vous ont saluée comme bienheureuse, et les reines vous ont louée. Oui, aujourd'hui, Marie moissonne des bénédictions, parce qu'en elle s'est spirituellement répandue cette bénédiction parfaite qui est sortie de son sein. Donnez lui, dit le Saint-Esprit, du fruit de ses entrailles, qu'elle se rassasie de celui qu'elle a mis au monde. O mère de la miséricorde, rassasiez-vous de la gloire de votre Fils, et abandonnez-en les restes à vos enfants. Vous êtes déjà à la table, quant à nous, nous sommes les petits chiens sous la table. Comme les yeux d'une servante sont fixés sur les mains de sa maîtresse, de même cette famille affamée attend de vous les aliments de la vie. Par vous, nous avons eu part au fruit de vie à la table des sacrements du temps présent ; par vous, nous aurons part à ce même fruit de vie à la table des joies éternelles, Jésus, le fruit béni de vos entrailles, à qui est honneur et gloire dans tous les siècles des siècles. Amen.

    Guerric d’Igny, fin du 4e sermon pour l’Assomption.

    Références, dans l’ordre : II Corinthiens 9, 6 ; Ecclésiastique 44, 25 ; Luc 1, 48 ; répons de l’Assomption d’après Cantique 6, 8 ; psaume 16, 4 ; Matthieu 15, 27 ; psaume 122, 2 ; Salve Regina.

  • Vigile de l’Assomption

    Préparons-nous à la grande fête d’été, vraie fête de la moisson. Dans l’esprit de l’Église, la vigile est un jour de pénitence, un jour de préparation sérieuse à la solennité qu’elle précède et dont elle est pour ainsi dire l’aspect austère. Si nous voulons monter au ciel demain avec Marie, commençons dès aujourd’hui à rompre les liens qui nous retiennent à la terre. Si nous voulons, demain, avec Marie, faire de notre corps et de notre âme un temple digne du Fils de Dieu (virginalem aulam. Or.), dès aujourd’hui purifions la demeure de notre âme des souillures du péché. Si nous voulons nous aussi, demain, « choisir la meilleure part, l’unique nécessaire », abandonnons aujourd’hui tous nos soucis terrestres. Préparons-nous soigneusement à la grande fête de la Sainte Vierge !

    Remarquons le lyrisme de cette belle messe. A l’Introït, nous nous adressons à l’Épouse Royale ; nous, les « notables » (divites plebis), nous allons à sa rencontre lui rendre nos hommages.

    L’Oraison exprime une profonde pensée. C’est Dieu lui-même qui a choisi et orné le palais virginal où il devait habiter. Et c’est son privilège de Mère de Dieu qui, avant tout, a valu à Marie sa place éminente au ciel.

    Dom Pius Parsch

     

  • Sainte Radegonde

    Radegonde était fille de Berthaire, roi des Thuringiens. A dix ans, elle fut emmenée captive par les Francs dont les rois se la disputèrent pour son insigne et royale beauté. Le sort la donna à Clotaire de Soissons qui confia son éducation à d’excellents maîtres. Plus que toutes sciences l’enfant reçut avidement les notions de la foi chrétienne, et abjurant le culte des fausses divinités qu’elle avait reçu de ses pères, elle résolut d’observer non seulement les préceptes de l’Évangile, mais aussi ses conseils. Lorsqu’elle eut grandi, Clotaire, dont c’était depuis longtemps l’intention, la voulut pour épouse. Malgré son refus, malgré ses tentatives de fuite, elle fut donc aux applaudissements de tous proclamée reine. Élevée aux honneurs du trône, la dignité royale dut se plier à ses charités, à ses continuelles oraisons, à ses veilles fréquentes, à ses jeûnes, à ses autres macérations, si bien que, par dérision pour une telle piété, les courtisans disaient d’elle que c’était, non une reine, mais une nonne que le roi avait épousée.

    Les dures épreuves, les chagrins de plus d’une sorte que lui infligeait le prince, firent briller grandement sa patience. Mais ayant un jour appris que son frère germain venait d’être par ordre de Clotaire injustement mis à mort, elle quitta aussitôt la cour, du consentement du roi lui-même, et se rendant auprès du bienheureux évêque Médard, elle le supplia instamment de la consacrer au Seigneur. Or les grands s’opposaient vivement à ce que le pontife donnât le voile à celle que le roi s’était solennellement unie. Elle donc aussitôt pénétrant dans la sacristie, se revêt elle-même du vêtement monastique, et de là se rendant à l’autel interpelle ainsi l’évêque : « Si vous différez de me consacrer, craignant plus un homme que Dieu, il y aura quelqu’un pour vous demander compte de mon âme ». Médard, ému de ces paroles, mit le voile sacré sur la tête de la reine, et par l’imposition de la main la consacra diaconesse. Elle alla ensuite à Poitiers, où elle fonda un monastère de vierges qui fut plus tard appelé de Sainte-Croix. L’éclat de ses vertus éminentes y attira, pour embrasser la vie de la sainte religion, des vierges presque innombrables. A cause des témoignages singuliers de la divine grâce qui était en elle, le désir de toutes la mettait à la tête ; mais elle aimait mieux servir que commander.

    Bien que la multitude de ses miracles, eût répandu au loin sa renommée, cependant oublieuse de la première dignité, elle ambitionnait les plus vils et les plus abjects offices. Le soin des malades, des pauvres, des lépreux surtout, faisait ses principales délices ; souvent ils étaient miraculeusement guéris par elle. Telle était sa piété envers le divin sacrifice de l’autel, qu’elle faisait de ses mains les pains à consacrer, et en fournissait diverses églises. Mais si parmi les délices royales elle s’était toute adonnée à mortifier sa chair, si dès son adolescence elle avait brûlé du désir du martyre : maintenant qu’elle menait la vie monastique, de quelles rigueurs ne devait-elle pas affliger son corps ? Ceignant ses reins de chaînes de fer, elle allait jusqu’à poser ses membres sur des charbons ardents pour les mieux tourmenter, à fixer intrépidement sur sa chair des lames incandescentes, pour qu’ainsi cette chair elle-même fût à sa manière embrasée par l’amour du Christ. Clotaire ayant résolu de la reprendre et de l’enlever à son cloître, étant même déjà en marche pour venir à Sainte-Croix, elle sut si bien l’en détourner par des lettres adressées à saint Germain évêque de Paris, que le prince, prosterné aux pieds du saint prélat, le supplia d’implorer de la pieuse reine pardon pour son roi et son époux.

    Elle enrichit son monastère de reliques saintes apportées de divers pays. Ayant même envoyé dans ce but des clercs à l’empereur Justin, elle en obtint une partie insigne du bois de la Croix du Seigneur, qui fut reçue en grande solennité par la ville de Poitiers, le clergé et le peuple entier tressaillant d’allégresse. On chanta en cette occasion les hymnes composées à la louange de la Croix auguste par Venance Fortunat, qui fut depuis évêque, et jouissait alors de l’intimité sainte de Radegonde, dont il administrait le monastère. Enfin la très sainte reine étant mûre pour le ciel, peu de jours avant qu’elle ne sortit de cette vie, le Seigneur daigna lui apparaître sous les traits d’un jeune homme éclatant de beauté, et elle mérita d’entendre de sa bouche ces mots : « Pourquoi ce désir insatiable de jouir ? Pourquoi te répandre en tant de gémissements et de larmes ? Pourquoi ces supplications répétées à mes autels ? Pourquoi sous tant de travaux briser ton pauvre corps ? Quand je te suis uni toujours ! Ma noble perle, sache qu’entre les pierres sans prix du diadème de ma tête tu es une des premières ». L’année donc 587, elle exhala son âme très pure dans le sein du céleste Époux qu’elle avait uniquement aimé. Elle fut ensevelie, selon son désir, dans la basilique de la bienheureuse Marie par saint Grégoire de Tours.

    (D'un bréviaire bénédictin)

  • 11e dimanche après la Pentecôte

    Dans le fait évangélique que nous avons lu l’Église voit depuis longtemps le symbole du baptême. Car c’est tout d’abord par le baptême que l’homme reçoit l’ouïe spirituelle et la parole véritable. Avant le baptême, il est pour ainsi dire sourd-muet. Il ne peut parler à Dieu dans la prière parce qu’il n’a pas la foi ; il ne peut pas davantage entendre la voix de Dieu. Ainsi donc, pour le royaume de Dieu, il est sourd-muet. Mais par le baptême il devient enfant de Dieu, il reçoit la vie de la grâce sanctifiante. Le Saint-Esprit demeure en lui et il est l’intermédiaire entre Dieu et son âme. Le Saint-Esprit est pour ainsi dire la langue qui peut parler à Dieu, l’oreille qui entend la voix de Dieu. Aussi, c’est un usage antique que le prêtre, dans les cérémonies du baptême, fasse quelque chose de semblable à ce que fit le Seigneur dans la guérison du sourd-muet. Le prêtre mouille avec de la salive les oreilles de l’enfant en disant : « Ephpheta, c’est-à-dire : ouvre-toi ». Il touche aussi le nez en disant : « Pour l’odeur de suavité -. Voici ce qu’il veut exprimer par-là : le baptême ouvre l’ouïe spirituelle ; il doit aussi répandre dans le baptisé le parfum des vertus. Ce que le baptême a commencé, la Sainte Eucharistie doit le continuer et le compléter. L’Église nous propose ce beau passage évangélique, pour nous donner cette leçon : Vous venez aujourd’hui à la messe comme de pauvres sourds-muets. Les bruits du monde vous empêchent d’entendre ce que Dieu vous dit. Vous vous tenez devant Dieu comme un enfant bégayant et vous ne trouvez pas une parole convenable. La grâce de la messe d’aujourd’hui doit vous restituer l’ouïe spirituelle, délier votre langue et vous rendre de plus en plus aptes à faire partie, un jour, du chœur des anges pour chanter la louange de Dieu. Ainsi donc le baptême doit être continué par la messe d’aujourd’hui.

    Dom Pius Parsch

  • De la Sainte Vierge le samedi

    « Il y avait un homme de Ramathaïm-Sophim, dans la montagne d’Ephraïm… » (1 Rois, 1). La bienheureuse Vierge Marie mère de Dieu peut bien être désignée par le nom de cette montagne. Elle a été en effet comme une montagne, puisque par la dignité du choix qui en a été fait elle a surpassé tout ce qu’il y a de grandeur dans les créatures les plus excellentes. Ne peut-on pas dire que Marie est une montagne élevée, puisque pour être élevée à la dignité de mère du Verbe éternel, ses mérites l’ont élevée au-dessus de tous les chœurs des anges, et l’ont comme portée jusqu’au trône de la divinité. C’est de cette montagne dont par un esprit prophétique Isaïe relève l’éminente dignité, et dit : « Dans les derniers temps, la montagne sur laquelle sera bâtie la maison du Seigneur sera fondée sur le haut des monts. » Elle a été vraiment fondée sur le haut des montagnes, puisqu’elle a été élevée au-dessus de tous les saints.

    Saint Grégoire le Grand, commentaire des livres des Rois, lecture des matines. Traduction du bréviaire latin-français (janséniste) de 1725.

  • Et hop

    Le 27 juillet, Mgr Salvatore Cordileone a été nommé archevêque de San Francisco. Le 29, il a célébré pontificalement une messe selon la « forme extraordinaire » à Napa.

    Vatican Insider note que la nomination de Mgr Cordileone est vue comme une « provocation » dans la ville « la plus anticonformiste », qui est seulement un exemple de la pire décadence occidentale. Au point qu’il a fait scandale, dans la conférence de presse qu’il a tenue à la cathédrale de San Francisco après sa nomination, en disant que le mariage ne peut résulter que d’un lien entre un homme et une femme et qu’il ne peut pas comprendre en quoi cela peut être considéré comme une discrimination…

  • Saint Laurent

    Alors que les puissances publiques des Gentils poursuivaient dans leur fureur l’élite des membres du Christ, et s’attaquaient de préférence à l’ordre sacerdotal, l’impie persécuteur s’enflamma contre le Diacre Laurent, préposé non seulement au sacré ministère, mais aussi à l’administration du bien de l’Église. Il se promettait une double proie par la prise d’un seul homme, et s’il le faisait traditeur du trésor sacré, il le ferait en même temps apostat de la vraie religion. Cet homme, avide de richesses et ennemi de la vérité, est armé comme de deux torches ardentes : son avarice, pour lui prendre l’or de l’Église ; son impiété, pour lui ravir le Christ. Il demande à ce gardien sans tache du sanctuaire de lui livrer les richesses de l’Église, auxquelles aspire son avidité. Le Diacre très chaste, lui montrant alors le dépôt qu’il en a fait, lui présente les troupes nombreuses des pauvres serviteurs de Dieu. Dans leur nourriture et leur vêtement, il avait comme enseveli ces richesses désormais inamissibles : d’autant mieux à l’abri de toute atteinte, que le saint emploi en avait été plus assuré.

    Le magistrat frémit, voleur frustré dans son dessein de rapine, et, dans la haine ardente d’une religion qui a institué un tel emploi des richesses, n’ayant rien trouvé en Laurent des biens terrestres, il entreprend de lui enlever un trésor plus excellent et de lui ravir le dépôt qui était pour lui la plus sacrée des richesses. Il lui ordonne de renoncer au Christ, et il se dispose à attaquer le courage intrépide de ce cœur de Diacre par de cruels supplices. A l’impuissance des premiers, il en fait succéder de plus violents. Il commande que ces membres déchirés et ces chairs où les coups ont ouvert tant de plaies, soient placés sur un feu qui les rôtisse ; sur un gril de fer, qui lui-même a emprunté longuement au feu la vertu de brûler, changeant tour à tour la situation de ce corps que retournent les bourreaux, il veut tout ensemble augmenter la douleur des tortures et prolonger le supplice.

    Tu ne peux rien, tu ne gagnes rien, sauvage cruauté. L’élément mortel se dérobe à la fin à tes tortures : Laurent monte au ciel et te laisse tes flammes impuissantes. Les flammes n’ont pu vaincre la charité du Christ : et ce feu qui brûlait au dehors a été plus faible que celui qui, au dedans, embrasait le cœur du Martyr. Tu as exercé, ô persécuteur, ta cruauté sur ce Martyr, tu lui as donné libre cours et tu as grandi la gloire de ses palmes en accumulant les supplices. Toutes tes inventions ne servent-elles pas à glorifier sa victoire, alors que les instruments de son supplice deviennent l’honneur de son triomphe ? Réjouissons-nous donc, mes frères bien-aimés, d’une joie spirituelle : et dans la mort bienheureuse de cet illustre héros, glorifions le Seigneur, qui est admirable dans ses saints, et nous donne en eux tout ensemble le secours et l’exemple : il a fait éclater sa gloire d’une extrémité à l’autre de l’univers, alors que de l’orient jusqu’à l’occident resplendissent les flambeaux du diaconat, et que Rome est autant illustrée par Laurent, que Jérusalem l’a été par Étienne.

    Saint Léon le Grand