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Liturgie - Page 476

  • Vigile de la nativité de saint Jean Baptiste

    Puisque, dès la fin du Ve siècle, la Nativité du Sauveur était précédée de plusieurs semaines de pénitence, il parut tout naturel de pourvoir la Nativité de saint Jean d’une période de préparation comparable à l’Avent. Une solennité aussi importante que la Noël d’été méritait bien, pensait-on, qu’on s’y disposât par un certain nombre de jours consacrés au jeûne et à l’abstinence. Nous ne saurions dire au juste à quel moment prit naissance ce nouvel Avent qui n’a laissé de vestige ni dans la liturgie romaine, ni dans aucune liturgie occidentale. Mais il est incontestable qu’en diverses contrées, pendant plusieurs siècles et jusqu’à une époque assez avancée du moyen-âge, on préludait à la solennité du 24 juin par une période plus ou moins longue de pénitence. Nous avons sur ce point le témoignage du liturgiste Amalaire qui constate que, de son temps, on observe trois carêmes : le premier, avant Pâques ; le second, aux alentours de la Saint-Jean (circa festivitatem Joannis) ; et le troisième, avant Noël. Quelle était primitivement la durée de ce carême supplémentaire ? Nous l’ignorons. On peut du moins supposer non sans vraisemblance que la manière de concevoir et de pratiquer cette période de préparation variait d’une Église à l’autre. En tout cas, nous voyons encore au XIe siècle le concile de Seligenstadt (1022) prescrire pour la Nativité de saint Jean un jeûne préparatoire de quatorze jours (can. I). Et pendant ces deux semaines de pénitence le même concile prohibe rigoureusement la célébration des noces (can. 3). La manière dont Durand de Mende s’exprime sur la réduction du carême de saint Jean à l’espace de trois semaines « propter fragilitatem hominum » nous donne à croire que de son temps, c’est-à-dire à la fin du XIIIe siècle, l’usage de se préparer à la fête du 24 juin par le jeûne et l’abstinence n’avait pas encore tout à fait disparu des mœurs chrétiennes.

    Si les documents liturgiques ne nous fournissent aucune indication sur le carême de saint Jean, ils nous montrent du moins que la vigile de la Nativité fut toujours considérée, depuis l’origine même de la fête, comme une des plus solennelles de l’année chrétienne. On la sanctifiait par une abstinence rigoureuse et par un jeûne qui se prolongeait jusqu’au coucher du soleil. Toujours est-il, que dans le sacramentaire Léonien dont nous avons parlé plus haut, il y a le texte d’une messe pour la vigile de saint Jean avec une préface propre où il est fait mention du jeûne solennel qui précède la Nativité du Précurseur : « Exhibentes solemne jejunium quo beati Johannis Baptistæ natalitia prævenimus ». C’est seulement dans les dernières années du XIXe siècle que l’Église romaine, toujours plus indulgente à l’égard de notre faiblesse, cessa de tenir pour obligatoire le précepte du jeûne et de l’abstinence en la vigile de saint Jean. Mais quand on se rappelle avec quelle rigueur les chrétiens du moyen-âge se préparaient à la Nativité du Précurseur, on s’explique aisément qu’au IXe siècle, par une juste condescendance, l’Église ait permis aux fidèles de faire usage de la viande, chaque fois que la Noël d’été tombait un vendredi.

    Dom Eugène Flicoteaux

     

  • Saint Paulin de Nole

    Dans la retraite ascétique de Cimitile, la vie s’écoulait dans la pauvreté, dans la prière, entièrement plongée dans la "lectio divina". L’Écriture lue, méditée, assimilée, était la lumière sous le rayon de laquelle le saint de Nole examinait son âme, dans une tension vers la perfection. A ceux qui l’admiraient d’avoir pris la décision d’abandonner les biens matériels*, il rappelait que ce geste était bien loin de représenter la pleine conversion : « L’abandon ou la vente des biens temporels possédés dans ce monde ne constitue pas l’accomplissement, mais seulement le début de la course dans le stade ; ce n’est pas, pour ainsi dire, le but, mais seulement le départ. En effet, l’athlète ne gagne pas au moment où il se déshabille, car il dépose ses vêtements précisément pour commencer à lutter ; mais il n’est digne d’être couronné comme vainqueur qu’après avoir combattu comme il se doit. ».

    A côté de l’ascèse et de la parole de Dieu, la charité : dans la communauté monastique les pauvres étaient chez eux. Paulin ne se limitait pas à leur faire l’aumône : il les accueillait comme s’ils étaient le Christ lui-même. Il leur avait réservé une partie du monastère et, en agissant ainsi, il ne lui semblait pas tant donner que recevoir, dans un échange de don entre l’accueil offert et la gratitude orante des assistés. Il appelait les pauvres ses "patrons" et, observant qu’ils étaient logés à l’étage inférieur, il aimait dire que leur prière servait de fondement à sa maison.

    Benoît XVI

    * Saint Paulin, qui était de Bordeaux avant d’être de Nole, avait été l’un des plus riches Romains de son temps.

     

  • Saint Louis de Gonzague

    L’angélique jeune homme, l’innocence pénitente, « rapidement arrivé à la perfection, avait rempli plusieurs années ». Saint Robert Bellarmin, qui lui donna son assistance spirituelle à son lit de mort, affirma, avec d’autres personnes qui connaissaient bien Louis de Gonzague, que ce jeune homme n’avait jamais dans sa vie commis un seul péché mortel. Mais ce qui brilla surtout parmi toutes ses vertus, ce fut sa pureté angélique que ne vint jamais troubler même une mauvaise pensée. Cette pureté fut un effet d’une grâce spéciale de Dieu. Louis naquit en 1568. Il était issu d’une maison princière. A l’âge de douze ans, il fit, à Florence, devant l’autel de la Mère de Dieu, le vœu de virginité. Il reçut la première communion de la main de saint Charles Borromée. Envoyé comme page à la cour d’Espagne, il ne se permit jamais de regarder le visage de l’impératrice, Marie d’Autriche. Il vivait dans une grande mortification. Il restait jusqu’à cinq heures en prière sans éprouver la moindre distraction. Après trois ans de pénibles efforts, il obtint de son père la permission d’entrer dans la Compagnie de Jésus (1585). Au service des malades, il contracta une maladie infectieuse et mourut à 24 ans, en 1591. Avant de mourir, il avait manifesté le désir d’être fouetté et couché sur la terre.

    Dom Pius Parsch

     

  • Saint Silvère

    Le pape saint Silvère était le fils du pape saint Hormisdas, ce qui n’est pas banal.

    Et ce qui n’est pas banal non plus est qu’il fut nommé au siège de Pierre par le roi des Goths, qui était arien. Et qu’il fut très vite exilé par l’impératrice Theodora parce qu’il ne voulait pas rétablir à Constantinople le patriarche eutychien qu’avait déposé son prédécesseur saint Agapit.

    Car lui-même était parfaitement catholique.

    Et comme il mourut rapidement en son lieu d’exil il fut considéré comme martyr. Ce que confirmèrent les nombreux miracles qui éclatèrent sur sa tombe.

  • Sainte Julienne Falconieri

    Elle était de la noble famille des Falconiéri. Quand elle naquit, ses parents étaient déjà âgés. Son oncle, le bienheureux Alexis Falconiéri, déclara à sa mère que ce n’était pas une fille qu’elle avait mise au monde, mais un ange. A l’âge de 15 ans, elle renonça à son héritage et reçut des mains de saint Philippe Beniti l’habit des religieuses servites, dites « Mantellate ». Beaucoup de femmes des meilleures familles suivirent l’exemple de Julienne, et sa mère elle-même se soumit à sa direction spirituelle. Saint Beniti confia à ses soins l’Ordre des servites qu’il dirigeait. Sainte Julienne s’imposait de grandes mortifications et des jeûnes austères. Il en résulta une grave maladie d’estomac. Elle ne pouvait prendre aucune nourriture, elle ne pouvait même pas recevoir la sainte communion. Arrivée à ses derniers moments, elle pria le prêtre d’approcher tout au moins la sainte hostie de sa poitrine. C’est alors que se produisit le miracle de l’hostie dont parlent l’oraison et l’hymne du bréviaire : la sainte hostie disparut et Julienne s’endormit dans le Seigneur avec un visage souriant (12 juin 1341). Après sa mort, on vit l’image du crucifix, telle qu’elle était sur l’hostie, imprimée nettement sur sa poitrine.

    Dom Pius Parsch

     

  • Saint Ephrem

    Prends donc comme symboles le soleil pour le Père; pour le Fils, la lumière, et pour le Saint Esprit, la chaleur. Bien qu’il soit un seul être, c’est une trinité que l’on perçoit en lui. Saisir l’inexplicable, qui le peut ?

    Cet unique est multiple : un est formé de trois, et trois ne forment qu’un, grand mystère et merveille manifeste ! Le soleil est distinct de son rayonnement bien qu’il lui soit uni ; son rayon est aussi le soleil.

    Mais personne ne parle pourtant de deux soleils, même si le rayon est aussi le soleil ici-bas. Pas plus nous ne disons qu’il y aurait deux Dieux. Dieu, Notre Seigneur l’est ; au-dessus du créé, lui aussi.

    Qui peut montrer comment et où est attaché le rayon du soleil, ainsi que sa chaleur, bien que libres ? Ils sont ni séparés ni confondus, unis, quoique distincts, libres, mais attachés, ô merveille !

    Qui peut, en les scrutant, avoir prise sur eux ? Pourtant ne sont-ils pas apparemment si simples, si faciles ?…

    Tandis que le soleil demeure tout là-haut, sa clarté, son ardeur sont, pour ceux d’ici-bas, un clair symbole. Oui, son rayonnement est descendu sur terre et demeure en nos yeux comme s’il revêtait notre chair.

    Quand se ferment les yeux à l’instant du sommeil, tel des morts, il les quitte, eux qui seront ensuite réveillés. Et comment la lumière entre-t-elle dans l’oeil, nul ne peut le comprendre. Ainsi, Notre Seigneur dans le sein…

    Ainsi, notre Sauveur a revêtu un corps dans toute sa faiblesse, pour venir sanctifier l’univers. Mais, lorsque le rayon remonte vers sa source, il n’a jamais été séparé de celui qui l’engendre. Il laisse sa chaleur pour ceux qui sont en-bas, comme Notre Seigneur a laissé l’Esprit Saint aux disciples.

    Regarde ces images dans le monde créé, et ne vas pas douter quant aux Trois, car sinon tu te perds ! Ce qui était obscur, je te l’ai rendu clair: comment les trois font un, trinité qui ne forme qu’une essence !

    (Saint Ephrem, Hymne de la Trinité, traduction Sebastian Brock - Didier Rance)

  • 3e dimanche après la Pentecôte

    La femme qui cherche la drachme perdue, c’est notre Mère l’Église. Sa tâche, en effet, sur la terre, est de chercher ce qui est perdu. Elle cherche les âmes pécheresses des hommes pour les sanctifier et les conduire au ciel. Elle fouille la pauvre et sordide cabane qui représente la terre avec toutes les souillures du péché ; elle allume une lumière ; sa lumière, c’est le Christ. Quelle belle image ! L’Église porte dans ses mains la lumière du monde, le Christ, le Christ dans l’Eucharistie. Avec cette lumière, elle illumine l’obscurité de la vie terrestre et même l’obscurité de notre intérieur. Elle y trouve la monnaie perdue, c’est-à-dire l’âme immortelle que le péché a fait tomber dans la boue. C’est encore une belle comparaison : l’âme est une monnaie. Une monnaie porte une empreinte, qui est souvent l’effigie du souverain. L’âme aussi porte une empreinte : l’effigie du Roi des cieux. Elle est l’image de Dieu. Bien plus, le Christ doit être de plus en plus profondément gravé dans notre âme. Laissons donc notre Mère l’Église nous chercher, nous trouver et nous faire rentrer dans le trésor du ciel.

    Dom Pius Parsch

    On pourra s’amuser (ça m’amuse personnellement) de constater que cet évangile de la drachme perdue est celui du dimanche où les Grecs votent pour un Parlement qui pourrait leur faire retrouver la drachme…

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Salve, sancta Parens, eníxa puérpera Regem : qui cælum terrámque regit in sǽcula sæculórum.

    Salut, ô Mère sainte ; mère qui avez enfanté le Roi qui régit le ciel et la terre dans les siècles des siècles.

    C’est, je crois, le seul introït qui ne soit pas tiré de la Sainte Ecriture (généralement des psaumes), mais de l’œuvre d’un poète : Sedulius, auteur également de l’antienne Genuit puerpera Regem (Noël) et des hymnes de Noël A solis ortus cardine et de l’Epiphanie Hostis Herodes impie (qui sont toutes deux extraites d’un même et très long poème).


    Rectification.

    J'oubliais le fameux "Gaudeamus"...

  • Fête du Sacré Cœur

    Étant une fois venus au très doux Cœur de Jésus et comme il est bon d’être là, ne nous laissons pas facilement séparer de celui dont il est écrit : « Ceux qui se retirent de vous seront écrits sur la terre ». Mais quel sera le partage de ceux qui s’en approchent ? Vous nous l’apprenez vous-mêmes. Vous avez dit à ceux qui venaient à vous : « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux ». Approchons-nous donc de vous, et nous tressaillirons et nous nous réjouirons en vous, nous souvenant de votre Cœur. Oh ! Qu’il est avantageux et qu’il est agréable d’habiter dans ce Cœur ! Je donnerai volontiers toutes choses, toutes les pensées et les affections de mon âme en échange de ce trésor, jetant toutes mes sollicitudes dans le Cœur du Seigneur Jésus, et sans nul doute ce Cœur me nourrira.

    C’est à ce temple, à ce Saint des saints, à cette Arche du Testament, que j’adorerai, et que je louerai le nom du Seigneur, disant avec David : J’ai trouvé mon cœur pour prier mon Dieu. Et moi j’ai trouvé le Cœur de mon Roi, mon frère et mon tendre ami, Jésus. Ne l’adorerai-je pas ? Ayant donc trouvé ce Cœur qui est le vôtre et le mien, ô très doux Jésus, je vous prierai, ô vous qui êtes mon Dieu. Daignez seulement recevoir mes supplications dans ce sanctuaire où vous exaucez, ou plutôt attirez-moi tout entier dans votre Cœur. O Jésus, dont la beauté surpasse toute beauté, lavez-moi encore plus de mon iniquité, et purifiez-moi de mon péché, afin qu’étant purifié par vous, je puisse approcher de vous qui êtes si pur, que je mérite d’habiter dans votre Cœur tous les jours de ma vie, et que je puisse voir et en même temps accomplir votre volonté.

    Votre côté a été percé, pour qu’une entrée nous y fût ouverte. Votre Cœur a été blessé, afin qu’en lui et en vous, nous puissions habiter, à l’abri des perturbations du dehors. Toutefois il a encore été blessé pour que la blessure visible nous révélât la blessure invisible de l’amour. Pouvait-il mieux montrer cet amour ardent qu’en laissant blesser d’un coup de lance non seulement son corps, mais son Cœur aussi en même temps ? La blessure corporelle indique donc la blessure spirituelle. Qui n’aimerait ce Cœur profondément blessé ? Qui ne paierait d’amour celui qui a tant aimé ? Qui n’embrasserait un amant si chaste ? A nous qui demeurons encore dans notre enveloppe corporelle, à nous d’aimer de toutes nos forces, de payer d’amour, d’embrasser notre divin blessé, à qui des vignerons impies ont percé les mains et les pieds, le côté et le Cœur ; à nous, de rester près de lui, afin qu’il daigne enchaîner du lien et blesser du trait de son amour, notre cœur encore dur et impénitent.

    Saint Bonaventure (sermon 3 de la Passion, dans l’office)

  • Docteurs et docteurs

    La fête de saint Basile le Grand suit immédiatement celle de saint Antoine de Padoue (qui était de Lisbonne). Tous deux sont « docteurs de l’Eglise ». La disproportion est pourtant manifeste. Pie XII a proclamé saint Antoine docteur de l’Eglise sans doute pour faire plaisir aux franciscains, mais on ne voit pas en quoi son enseignement mérite un tel titre. Certes ses sermons sont très beaux, mais il y a des dizaines et des dizaines de prêtres qui ne seront jamais proclamés docteurs de l’Eglise et qui ont laissé également de très beaux sermons. Alors que saint Basile est un géant de la théologie trinitaire, un de ceux qui ont vraiment fait avancer la doctrine catholique.

    La réforme de 1960 a mis les deux saints sur le même plan. Mais dans mon bréviaire monastique de 1955, il n’en est pas ainsi. La fête de saint Basile est « double majeure », c’est-à-dire que c’est une grande fête, avec des matines à trois nocturnes et douze leçons, alors que saint Antoine n’a qu’une mémoire, et une mémoire de « confesseur », ou, ad libitum, si l’on y tient, une mémoire de docteur…

    Le 7 octobre prochain, Benoît XVI va proclamer deux nouveaux docteurs. Les deux premiers du XXIe siècle. Espérons que ce ne soit pas le signe d’une nouvelle étape de l’inflation. Au départ, c’est-à-dire en… 1295, il s’agissait de distinguer les quatre grands docteurs de l’Eglise latine : Augustin, Ambroise, Jérôme, Grégoire le Grand. Ce fut tout à l’honneur de saint Pie V de contrebalancer cette liste par celle de quatre docteurs grecs : Athanase, Basile, Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome. Puis on ajouta Thomas d’Aquin et Bonaventure.

    Soit. Mais au XVIIIe siècle on en ajouta 4 autres, au XIXe siècle 9, au XXe siècle 10…

    Au moyen âge on voulait distinguer quatre docteurs : quatre piliers. Quand il y en a une trentaine, ce ne sont plus des piliers. Et de fait saint Antoine de Padoue n’est pas un pilier de la doctrine, et il en est de même par exemple de saint Pierre Damien, de saint François de Sales, de sainte Catherine de Sienne ou de… saint Jean d’Avila…

    A vrai dire il n’y a même que deux grands piliers : Origène et saint Augustin. Tous les autres ont pompé, de façon plus ou moins habile ou géniale, dans ces deux-là. Et Origène ne sera jamais docteur de l’Eglise, à cause de quelques propos malencontreux ou mal compris…