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Liturgie - Page 468

  • Dominator Domine cælorum et terræ

    ℟. Dominator Domine cælorum et terræ, Creator aquarum, Rex universæ creaturæ: * Exaudi orationem servorum tuorum.
    ℣. Tu Domine, cui humilium semper et mansuetorum placuit deprecatio.
    ℟. Exaudi orationem servorum tuorum.

    Souverain Seigneur des cieux et de la terre, Créateur des eaux, Roi de toute créature, exauce la prière de tes serviteurs. Toi, Seigneur, à qui a toujours plu la supplication des humbles et des doux, exauce la prière de tes serviteurs.

    Ce répons est formé d’expressions des versets 17 et 16 du chapitre 9 du livre de Judith. Avec, comme dans celui que je reproduisais hier, la formule « exauce la prière de tes serviteurs ». Le mot « Dominator », absent de la Vulgate, laisse entendre qu’il s’agit encore ici d’une antique antienne traduite de la Septante (dont le texte est ici extrêmement proche de la Vulgate). On remarque aussi l’expression « créateur des eaux », unique dans la Bible ; et le mot grec traduit par creator est celui qui vient d’un verbe dont le sens est « fonder », et non du verbe qui veut dire « faire », comme c’est habituellement le cas.

  • Adonai Domine Deus magne et mirabilis

    ℟. Adonai Domine Deus magne et mirabilis, qui dedisti salutem in manu feminae: * Exaudi preces servorum tuorum.
    ℣. Benedictus es Domine, qui non derelinquis præsumentes de te, et de sua virtute gloriantes humilias.
    ℟. Exaudi preces servorum tuorum.

    Adonaï, Seigneur Dieu, grand et merveilleux, qui a apporté le salut par la main d’une femme, exauce les prières de tes serviteurs. Tu es béni, Seigneur, toi qui n’abandonnes pas ceux qui présument de toi, et qui humilie ceux qui se glorifient de leur puissance ; exauce les prières de tes serviteurs.

    La première partie du répons semble provenir d’une ancienne version latine du livre de Judith. On y retrouve plus ou moins des éléments des versets 7 et 16 du chapitre 16 selon la Vulgate. Mais la deuxième partie du répons est une formule ecclésiastique, et le verset est tiré du verset 15 du chapitre 6 de Judith selon la Vulgate. Le répons existe comme antienne, au Magnificat des vêpres de samedi dernier, et comme antienne des Rogations dans l’ancienne liturgie gallicane, d’où la conclusion « Exaudi preces servorum tuorum ». Le répons serait donc constitué d’une antienne gallicane, à laquelle on ajouta un verset tiré de la Vulgate (cf. l’étude de Ruth Steiner).

  • 17e dimanche après la Pentecôte

    Autrefois, il y a très longtemps, le dimanche qui suit celui-ci était appelé « premier dimanche après la saint Michel ». Et ce 17e dimanche marquait le début des festivités de la saint Michel. On n’en trouve plus trace dans la liturgie, parce que l’offertoire a été amputé de ses versets. Voici l’offertoire du 17e dimanche dans sa version complète (et en illustration tel qu’on le trouve noté dans un manuscrit de Saint-Gall d'environ 1050).

    Oravi Deum meum ego Daniel, dicens : Exaudi, Domine, preces servi tui : illumina faciem tuam super sanctuarium tuum : * et propitius intende populum tuum, * super quem invocatum est nomen tuum, Deus.

    ℣. I Adhuc me loquente et orante et narrante peccata mea et delicta populi mei Israel * super quem invocatum est nomen tuum, Deus.

    ℣. II Audivi vocem dicentem mihi : Daniel, intellige verba, quæ loquor tibi, quia ego missus sum ad te. Nam et Michael venit in adjutorium meum. * Et propitius intende populum tuum * super quem invocatum est nomen tuum, Deus.

    J'ai prié mon Dieu, moi Daniel, disant : Seigneur, exaucez les prières de votre serviteur : faites briller votre face sur votre sanctuaire, et regardez miséricordieusement ce peuple sur lequel votre Nom a été invoqué, ô Dieu !

    ℣. I Comme je parlais encore et priais, et disais mes péchés et les fautes d'Israël mon peuple, sur lequel votre Nom a été invoqué, ô Dieu !

    ℣. II J'entendis une voix qui me disait : Daniel, comprends les paroles que je t'adresse, parce que je suis envoyé vers toi, et voici que Michel même est arrivé à mon secours. Et regardez miséricordieusement ce peuple sur lequel votre Nom a été invoqué, ô Dieu !

     

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  • Une hirondelle ?

    Le blog Summorum Pontificum signale que le diocèse de Nanterre propose une formation au chant grégorien, ce qui est en soi un événement historique et quasi révolutionnaire (alors que selon Vatican II* cette formation devrait être permanente dans tous les diocèses), mais précise en outre :

    « Que ce soit dans la liturgie sous sa forme ordinaire ou sous sa forme extraordinaire, le chant grégorien doit aujourd’hui trouver une juste place dans les célébrations dominicales des paroisses. »

    Voilà qui est véritablement étonnant.

    Sans doute est-il moins enthousiasmant que cette formation soit « assurée par Claire Balanant ». La dame est connue pour son implication dans la néo-liturgie à la « Jésus revient » (l'immortel chef-d’œuvre de La vie est un long fleuve tranquille) et qu’elle est même l’auteure-compositeure d’un cantique de ce genre semble-t-il presque aussi célèbre.

    Mais, après tout…

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    * "L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place."

  • Samedi des quatre temps de septembre

    Le verset pour la Communion est tiré du texte du Lévitique lu précédemment (23, 41 et 43). « Le septième mois, vous célébrerez la fête commémorative du temps où je fis habiter sous les tentes les fils d’Israël, alors que moi, le Seigneur, votre Dieu, je les tirai de l’Égypte. » Cette solennité prélude à celle que nous célébrerons dans le tabernacle céleste, alors que les six mois étant écoulés qui figurent le temps pénible de la vie présente, Dieu nous introduira dans le sabbat de son repos. En ce septième temps, déjà sanctifié et béni par le Seigneur dès l’origine du monde, nous élèverons à Dieu un hymne d’action de grâces, et ce sera l’hymne de la revanche, le chant de ceux qui ont été sauvés des ondes de la mer Rouge, le cantique des rapatriés.

    Dans la collecte d’action de grâces, on demande au Seigneur que la divine grâce dont l’Eucharistie est la source vive, obtienne en nous sa pleine efficacité ; en sorte que cette union mystique de notre âme avec Dieu, telle qu’elle est en ce moment symbolisée par le Sacrement, atteigne dans le ciel toute sa perfection. La divine Eucharistie est, en effet, une grâce — étymologiquement, Eucharistie signifie la bonne grâce — et une promesse. C’est une grâce, en tant qu’elle nous rend capables de participer à la nature divine, en nous entraînant à une vie de sainteté et de perfection ; mais en même temps elle est aussi une promesse, parce que Jésus, au dire de saint Jean, donne gratiam pro gratia, et quand, au ciel, Il soustraira à notre foi les Espèces du Sacrement, Il donnera à notre amour, précisément grâce à l’Eucharistie, tout ce que notre cœur, ici-bas, se promettait d’atteindre.

    La liturgie de ce jour insiste à ce point sur le souvenir de la fête juive de l’Expiation et des Tabernacles, pour nous persuader de la nécessité de la pénitence, sans laquelle on ne peut arriver à la gloire. Pour être efficace, cette pénitence doit être toutefois unie aux peines de Jésus qui, au moyen de sa passion, a sanctifié et rendu méritoires toutes nos souffrances.

    La fête des Tabernacles doit nous inspirer en outre un abandon filial à la divine Providence, laquelle, pendant quarante années, a fait habiter sous les tentes dans le désert le peuple d’Israël, le nourrissant chaque jour d’un aliment miraculeux, et sans que, durant un si long laps de temps, ses vêtements eux-mêmes ne vinssent à s’user.

    Bienheureux cardinal Schuster (ce ne sont là que les dernières lignes de son exposé)

  • Saint Matthieu

    Matthieu, le donné, mérita son beau nom du jour où, à la parole de Jésus : Suis-moi, il se leva et le suivit ; mais le don de Dieu au publicain des bords du lac de Tibériade dépassa celui qu'il faisait lui-même. Le Très-Haut, dont les regards atteignent d'au delà des cieux ce qu'il y a de plus bas sur la terre, aime à choisir parmi les humbles les princes de son peuple. Au plus bas rang social, Lévi l'était par sa profession, décriée du juif, méprisée du gentil ; mais plus humble encore apparut-il en son cœur, lorsque, n'imitant pas la délicate réserve à son endroit des autres narrateurs sacrés, il inscrivit devant l'Eglise son titre honni d'autrefois à côté de celui d'apôtre (1).

    C'était relever la miséricordieuse magnificence de Celui qui est venu pour guérir les malades et non les forts, pour appeler, non les justes, mais les pécheurs ; c'était, en exaltant l'abondance de ses grâces, en provoquer la surabondance: Matthieu fut appelé à écrire le premier Evangile. Sous le souffle de l'Esprit, il écrivit, dans cette inimitable simplicité qui parle au cœur, l'Evangile du Messie attendu d'Israël et que les Prophètes avaient annoncé; du Messie docteur et sauveur de son peuple, descendant de ses rois, roi lui-même de la fille de Sion ; du Messie enfin venu, non pour détruire la Loi, mais pour la conduire au plein épanouissement de l'alliance universelle et éternelle.

    Ce fut à l'occasion du banquet offert par la simplicité de sa reconnaissance au bienfaiteur divin, qu'on entendit Jésus, prenant la défense de Lévi autant que la sienne, répondre au scandale qu'y cherchaient plusieurs : Est-ce que les fils de l'Epoux peuvent gémir, tant que l'Epoux est avec eux ? Mais viendront des jours où l'Epoux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. Clément d'Alexandrie atteste par la suite, en effet, l'austérité de l'Apôtre qui ne vivait que de légumes et de fruits sauvages. Mais la Légende nous dira aussi son zèle pour Celui qui s'était si suavement révélé à son cœur, sa fidélité à lui garder les âmes enivrées du vin qui fait germer les vierges. Ce fut son martyre ; le témoignage du sang fut pour lui d'affirmer les devoirs et les droits de la virginité sainte. Aussi, jusqu'à la fin des temps, l'Eglise, consacrant ses vierges, reprendra pour chacune la bénédiction qu'il prononça sur l'Ethiopienne, et que le sang de l'Apôtre-Evangéliste a pénétrée de sa vertu pour jamais (2).

    L’Année liturgique

    (1) Donnant la liste des apôtres, il dit : « Matthieu le publicain ».

    (2) « Deus plasmator corporum, afflator animarum… »

  • Omni tempore benedic Deum

    ℟. Omni tempore benedic Deum, et pete ab eo ut vias tuas dirigat: * Et in omni tempore consilia tua in ipso permaneant.
    ℣.  Inquire ut facias quae placita sunt illi in veritate, et in tota virtute tua.
    ℟. Et in omni tempore consilia tua in ipso permaneant.

    Bénis Dieu en tout temps, et demande-lui qu'il dirige tes voies, et que tous tes desseins demeurent fermes en lui. Cherche à faire ce qui lui est agréable en vérité, et de toutes tes forces. Et que tous tes desseins demeurent fermes en lui.

    (Tobie 4, 20 ; 14, 10-11.)

  • Saint Joseph de Cupertino

    Saint Joseph de Cupertino (1603-1663) était célèbre pour ses spectaculaires lévitations, à tout propos et hors de propos. C’est pourquoi Blaise Cendrars en fit le saint patron des aviateurs (et selon Wikipedia il est officiellement le saint patron de l’aviation militaire française).

    Alors qu’il était quasiment analphabète, il est aussi le saint patron des étudiants qui vont passer un examen. Parce que cet analphabète passa sans problème les examens du diaconat et du presbytérat. Pour le diaconat, on lui donna providentiellement à expliquer l’expression « bienheureuses les entrailles qui t’ont porté ». Or il était un dévot de la maternité de Marie et sa piété lui fit passer l’épreuve. Pour la prêtrise, il se trouvait dans un groupe de séminaristes très savants. L’évêque, après en avoir interrogé quelques-uns, fut tellement impressionné qu’il décida d’accepter tout le groupe…

    Il paraît que la neuvaine à saint Joseph de Cupertino est vraiment efficace. Sauf pour ceux qui croient qu’elle remplace le travail…

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  • Sainte Hildegarde

    Le 17 septembre, les bénédictins font depuis toujours mémoire de sainte Hildegarde, abbesse et fondatrice de deux monastères, et il y a une procession solennelle de ses religques à Rüdesheim, au pied de l’abbaye d’Eibingen. Pourtant Hildegarde n’a jamais été canonisée. Son procès quatre fois commencé n’aboutit jamais… et elle fut néanmoins inscrite comme sainte au martyrologe à la fin du XVIe siècle.

    Rebondissement, cette année : le 10 mais 2012, le pape Benoît XVI reconnaissait officiellement la sainteté de sainte Hildegarde en approuvant la promulgation d’un décret étendant son culte à l’Eglise universelle et inscrivant son nom au catalogue des saints (ce qui est fait depuis quatre siècles…).

    Puis, le 27 mai, Benoît XVI annonçait son intention de proclamer sainte Hildegarde docteur de l’Eglise le 7 octobre prochain, conjointement avec saint Jean d’Avila, à l’occasion de l’ouverture du synode.

    Auparavant, le 1er et le 8 septembre 2010, Benoît XVI avait prononcé deux catéchèses sur sainte Hildegarde, dans sa série sur les grandes saintes du moyen âge.

    Ainsi le pape mélomane et pianiste va-t-il faire docteur de l’Eglise la plus grande sainte musicienne de l’histoire de l’Eglise. Car les œuvres de sainte Hildegarde sont des chefs-d’œuvre de plain chant flamboyant. Toutefois c’est surtout le contenu théologique des visions de la « prophétesse teutonique » qui intéresse le pape. Dans ses catéchèses, il n’évoquait la musique qu’in fine, parmi les autres talents de ce personnage fascinant :

    « Dans d'autres écrits, enfin, Hildegarde manifeste la versatilité des intérêts et la vivacité culturelle des monastères féminins du Moyen âge, à contre-courant des préjugés qui pèsent encore sur l'époque. Hildegarde s'occupa de médecine et de sciences naturelles, ainsi que de musique, étant dotée de talent artistique. Elle composa aussi des hymnes, des antiennes et des chants, réunis sous le titre de Symphonia Harmoniae Caelestium Revelationum (Symphonie de l'harmonie des révélations célestes), qui étaient joyeusement interprétés dans ses monastères, diffusant un climat de sérénité, et qui sont également parvenus jusqu'à nous. Pour elle, la création tout entière est une symphonie de l'Esprit Saint, qui est en soi joie et jubilation. »

    A propos du Saint-Esprit, j’avais reproduit à la Pentecôte 2009 la traduction du texte d’une séquence de sainte Hildegarde.

  • 16e dimanche après la Pentecôte

    « En ce dimanche, qui ouvre un nouveau cycle liturgique se groupant autour de la fête de saint Cyprien, au début de l’automne, on commence la lecture de l’épître aux Éphésiens, laquelle se poursuivra jusqu’au XXIIIe dimanche, sauf une brève interruption le XVIIIe dimanche, lendemain du samedi des Quatre-Temps, et qui, à l’origine, était aliturgique. Il est intéressant de noter que les exceptions qui, parfois, troublent l’ordre du cycle liturgique que nous décrivons, confirment la haute antiquité de ce cycle lui-même et nous le rendent plus cher et plus vénérable encore. L’étude de la sainte liturgie, considérée ainsi dans ses stratifications successives, est donc l’étude de l’histoire même de la prière catholique à travers les siècles. »

    Ces propos sont du bienheureux cardinal Schuster. Ils montrent quel fut le dévoiement du mouvement liturgique : alors que l’étude de la liturgie et de son histoire devait conduire à vénérer davantage le cycle liturgique, elle conduisit à… détruire le cycle liturgique.

    Le dernier paragraphe du texte du cardinal Schuster sur ce dimanche est également significatif. Lu aujourd’hui, on y voit comment le thème de la « participation active » (promu par saint Pie X) fut également dévoyé (avant et après Vatican II) et conduisit à la destruction de la liturgie au lieu de conduire à vivre de la liturgie :

    « L’Apôtre associe l’Église au Christ dans la glorification suprême de Dieu, en tant que Jésus-Christ, au moyen de son corps mystique, et spécialement de ses ministres, rend au Père un culte parfait dans l’Esprit et la vérité. Ce culte essentiel, nécessaire, excellent, constitue précisément la sainte liturgie, céleste charisme de la piété catholique, laquelle sera d’autant plus parfaite en chacun des fidèles qu’ils participeront davantage à l’esprit de cette éminente piété de la sainte Mère Église. »