Le « pèlerinage international d’action de grâces, à l’occasion de l’Année de la foi pour le 5ème anniversaire de Summorum Pontificum », qui aurai lieu à la Toussaint à Rome, culminera par la messe pontificale célébrée le samedi 3 novembre à 15h, dans la basilique Saint-Pierre, par le cardinal Antonio Cañizares, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin.
Liturgie - Page 466
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Une bien belle nouvelle
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Congregatæ sunt Gentes in multitudine
℟. Congregatæ sunt Gentes in multitudine, ut dimicent contra nos, et ignoramus quid agere debeamus: * Domine Deus, ad te sunt oculi nostri, ne pereamus.
℣. Tu scis quæ cogitant in nos: quomodo poterimus subsistere ante faciem illorum, nisi tu adjuves nos ?
℟. Domine Deus, ad te sunt oculi nostri, ne pereamus.Les nations se sont rassemblées en grand nombre pour nous attaquer, et nous ne savons pas ce que nous devons faire. Seigneur Dieu, nous tournons les yeux vers toi, afin que nous ne périssions pas. Tu sais ce qu’ils cogitent contre nous : comment pourrions-nous tenir devant eux, si tu ne nous aides pas ? Seigneur Dieu, nous tournons les yeux vers toi, afin que nous ne périssions pas.
(Répons formé d’après une ancienne version latine des Macchabées, I, 3, 52-53)
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La Maternité divine de la Vierge Marie
℟. Gloriosæ Virginis Mariæ Maternitatem dignissimam recolamus: * Cujus Dominus humilitatem respexit, quæ Angelo nuntiante concepit Salvatorem mundi.
℣. Christo canamus gloriam in hac sacra solemnitate mirabilis Genitricis Dei.
℟. Cujus Dominus humilitatem respexit, quae Angelo nuntiante concepit Salvatorem mundi.℟. Célébrons la très sainte maternité de la glorieuse Vierge Marie. * Le Seigneur a jeté les yeux sur sa petitesse, et à la parole de l’ange elle a conçu le Sauveur du monde.
℣. Chantons gloire au Christ en cette sainte solennité de l’admirable Mère de Dieu. -
Saint François de Borgia
S. François de Borgia, fils de Jean de Borgia troisième duc de Gandie et grand d’Espagne, naquit à Gandie, petite ville du royaume de Valence, le 28 octobre 1510 On lui donna au baptême le nom de François parce que sa mère s’étant trouvée en péril lorsqu’elle le mit au monde avait eu recours à l’intercession de s. François d’Assise. Il passa une partie de sa première jeunesse auprès de l’archevêque de Saragosse son oncle, ensuite on l’envoya a la cour. A l’âge de 18 ans, portant le titre de marquis de Lombay, il épousa Éléonore de Castro que l’impératrice Isabelle avait amenée de Portugal et il fut fait premier écuyer de cette princesse.
François de Borgia avait eu dès son enfance un fonds de piété que l’air de la cour ne put altérer et que divers événements contribuèrent encore à augmenter. Isabelle étant morte à Tolède l’an 1539 François fut chargé avec son épouse de conduire le corps de l’impératrice à Grenade où il devait être enterré. Au moment où le cortège arriva dans cette ville on ouvrit le cercueil pour que le marquis jurât selon l’usage que le visage que l’on voyait était celui de l’impératrice. François, frappé du spectacle qu’il avait vu, voulut avoir des entretiens particuliers avec l’homme de Dieu qui avait prononcé l’oraison funèbre de l’impératrice. Il découvrit au père Avila [1] l’état de sa conscience et par ses conseils il fit vœu d’embrasser l’état religieux s’il survivait à sa femme.
Dans ce temps-là il fut fait vice roi de Catalogne et commandeur de l’ordre de Saint Jacques mais ces nouvelles dignités n’affaiblirent point la résolution qu’il avait prise de vivre dans un parfait détachement du monde et de ne songer qu’à son salut. Tout en donnant ses soins aux affaires publiques, il mortifiait sa chair par toutes les austérités qui sont en usage dans les cloîtres ; il prenait sur son sommeil pour donner plus de temps à la méditation et à la prière ; trois religieux célèbres par leur vertu et par leur doctrine dont deux étaient de l’ordre de Saint Dominique et l’autre de Saint François l’aidaient de leurs conseils dans les pratiques de la piété. Ce fut par leurs avis qu’il fréquenta les sacrements avec plus d’assiduité qu’on ne le faisait ordinairement de son temps. Il se confessait toutes les semaines, il communiait en public tontes les fêtes solennelles et en particulier tous les dimanches. Cette conduite donna lieu à la censure de quelques zélés indiscrets qui s’imaginèrent que c’était manquer de respect à Jésus-Christ, surtout pour un homme du grand monde, que d’en approcher si souvent. On tâcha de rendre suspecte au Saint la méthode de ceux qui le conduisaient dans la voie du salut. Dans ces circonstances il jugea convenable de consulter S. Ignace qui était alors à Rome occupé à l’établissement de sa compagnie. Ignace ayant connu le détail de sa vie et les dispositions de son cœur par les lettres qu’il lui écrivit le confirma dans l’habitude où il était de communier tous les dimanches et l’exhorta à y persévérer.
[1] Saint Jean d’Avila, que Benoît XVI vient de faire docteur de l’Eglise.
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Saint Denis
Le premier texte où il est question de saint Denis (de Paris) est la Vie de sainte Geneviève, qui fut écrite peu après la mort de la sainte. Les chapitres 13 à 18 racontent comment sainte Geneviève fit construire la première église en l’honneur de saint Denis, à l’emplacement de l’actuelle basilique (traduction du R.P. Lallemant, 1859).
XIII. Mais je ne dois pas oublier ici la dévotion toute particulière qu'elle avait pour le village appelé Cathoeul, où saint Denis avait été enterré avec saint Rustique et saint Eleuthère, les compagnons de son martyre. Car comme l'un de ses plus grands et plus fervents désirs était d'y faire bâtir une église en l'honneur de ce saint évêque, si elle eût eu le moyen de l'entreprendre, et qu'un jour les prêtres du bourg lui étaient venus au-devant selon leur coutume, elle leur parla en cette sorte : « Mes vénérables pères en Jésus-Christ, je vous prie et vous conjure de m'aider dans le dessein d'élever un temple sous le nom de Saint-Denis, et d'y vouloir tous contribuer de vos soins et de vos facultés, car il ne faut pas douter, disait-elle, que ce lieu-ci ne soit digne d'un respect et d'une vénération singulière. » Mais lui ayant répondu qu'ils craignaient que cette grande entreprise ne surpassât leurs forces qui étaient petites, et qu'ils n'avaient pas seulement le moyen d'avoir de la chaux, on remarqua que son visage, devenant tout d'un coup lumineux par un rejaillissement d'une lumière intérieure et extraordinaire dont le Saint-Esprit venait de la remplir, elle se mit à leur dire comme par manière de prophétie : « Que quelqu'un d'entre vous s'en aille, je vous prie, vers le pont de la ville, et qu'il me rapporte ce qu'il y aura entendu. »
XIV. En effet ces ecclésiastiques étant allés en ce lieu, et prenant garde à ce qu'ils pourraient entendre qui pût aider au dessein de cette sainte fille, ils aperçurent deux hommes qui gardaient les portes de la ville lesquels s'étant approchés, s'entretenaient ensemble, et dont l'un disait à l'autre que, cherchant à la piste un de ces animaux qui était séparé des autres, il avait découvert un lieu où était un four plein de chaux d'une prodigieuse grandeur : ce qui donna occasion à l'autre de déclarer qu'il en avait aussi trouvé un auquel on n'avait pas encore touché, dans la forêt prochaine, sous la racine d'un arbre que le vent avait arraché depuis peu. Ces bons prêtres les ayant entendus, ne furent pas moins surpris d'étonnement que d'admiration et de joie ; ils bénirent Dieu de tant de grâces et de faveurs qu'il faisait à sa servante, et ayant reconnu les lieux où étaient ces fours à chaux, ils allèrent lui en faire leur rapport, dont elle reçut aussi tant de satisfaction qu'elle ne put s'empêcher d'en répandre des larmes de joie ; et aussitôt qu'ils furent sortis de sa maison, elle se jeta sur ses genoux, et passa toute la nuit en pleurs et en prières, demandant à Dieu avec beaucoup d'ardeur qu'il lui donnât les moyens nécessaires pour bâtir une église en l'honneur de ce glorieux martyr.
XV. Et quoiqu'elle eût ainsi passé la nuit sans dormir, elle ne laissa pas d'aller en diligence, dès la pointe du jour, chez le prêtre Genesius, pour implorer son secours et son conseil en l'exécution de ce grand dessein ; et lui ayant raconté comme Dieu, par une spéciale providence, avait déjà fourni la chaux pour bâtir, ce bon prêtre, à cette merveilleuse nouvelle, se jeta à ses pieds comme pour l'adorer, et lui promit de s'employer sans remise et sans relâche à ce qu'elle lui ordonnait ; si bien que cette église fut bientôt élevée jusqu'au comble, tous les habitants des lieux circonvoisins y contribuant, à la sollicitation de sainte Geneviève.
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Sainte Brigitte
Ayant quitté la Suède en 1349, Brigitte s'établit à Rome, siège du Successeur de Pierre. Son transfert en Italie constitua une étape décisive pour l'élargissement non seulement géographique et culturel, mais surtout spirituel, de l'esprit et du cœur de Brigitte. Beaucoup de lieux d'Italie la virent encore en pèlerinage, désireuse de vénérer les reliques des saints. Elle visita ainsi Milan, Pavie, Assise, Ortona, Bari, Benevento, Pozzuoli, Naples, Salerne, Amalfi, le Sanctuaire de saint Michel Archange sur le Mont Gargano. Le dernier pèlerinage, effectué entre 1371 et 1372, l'amena à traverser la Méditerranée en direction de la Terre Sainte, lui permettant d'embrasser spirituellement, en plus de beaucoup de lieux sacrés de l'Europe catholique, les sources mêmes du christianisme dans les lieux sanctifiés par la vie et par la mort du Rédempteur.
En réalité, plus encore que par ce pieux pèlerinage, c'est par le sens profond du mystère du Christ et de l'Église que Brigitte participa à la construction de la communauté ecclésiale, à une période notablement critique de son histoire. Son union intime au Christ s'accompagna en effet de charismes particuliers de révélation qui firent d'elle un point de référence pour beaucoup de personnes de l'Église de son époque. On sent en Brigitte la force de la prophétie. Son ton semble parfois un écho de celui des anciens grands prophètes. Elle parle avec sûreté à des princes et à des papes, révélant les desseins de Dieu sur les événements de l'histoire. Elle n'épargne pas les avertissements sévères même en matière de réforme morale du peuple chrétien et du clergé lui-même (cf. Revelationes, IV, 49; cf. aussi IV, 5). Certains aspects de son extraordinaire production mystique suscitèrent en son temps des interrogations bien compréhensibles, à l'égard desquelles s'opéra le discernement de l'Église; celle-ci renvoya à l'unique révélation publique, qui a sa plénitude dans le Christ et son expression normative dans l'Écriture Sainte. Même les expériences des grands saints, en effet, ne sont pas exemptes des limites qui accompagnent toujours la réception par l'homme de la voix de Dieu.
Toutefois, il n'est pas douteux qu'en reconnaissant la sainteté de Brigitte, l'Église, sans pour autant se prononcer sur les diverses révélations, a accueilli l'authenticité globale de son expérience intérieure. Brigitte se présente comme un témoin significatif de la place que peut tenir dans l'Église le charisme vécu en pleine docilité à l'Esprit de Dieu et en totale conformité aux exigences de la communion ecclésiale. En particulier, les terres scandinaves, patrie de Brigitte, s'étant détachées de la pleine communion avec le siège de Rome au cours de tristes événements du XVIe siècle, la figure de la sainte suédoise reste un précieux « lien » œcuménique, renforcé encore par l'engagement de son Ordre dans ce sens.
(Jean-Paul II, motu proprio Spes ædificandi proclamant sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix co-patronnes de l'Europe, 1er octobre 1999)
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19e dimanche après la Pentecôte
Les introïts sont généralement des versets de psaume. Ces antiennes étaient en fait le « refrain » que l’on chantait après le chant de chacun des versets du dit psaume, du temps que la liturgie déployait tous ses fastes. Il arrive parfois que l’introït soit pris d’un autre livre de la Bible, et il est facilement identifiable. Dans le propre de saints, il y a (je crois) deux introïts qui ne sont pas scripturaires : le « Salve sancta parens » des messes de la Sainte Vierge, et le « Gaudeamus omnes » qui fut celui de sainte Agathe avant de parsemer le cycle. Dans le propre du temps, il n’y a qu’un seul introït dont on ne puisse pas trouver l’origine biblique, alors qu’il ressemble beaucoup à un verset biblique, c’est celui du 19e dimanche après la Pentecôte :
Salus pópuli ego sum, dicit Dóminus : de quacúmque tribulatióne clamáverint ad me, exáudiam eos : et ero illórum Dóminus in perpétuum.
Je suis le salut du peuple, dit le Seigneur, dans toutes leurs tribulations, s’ils m’invoquent, je les exaucerai et je serai leur Seigneur à jamais.
Le psaume est le 77, où l’on ne trouve rien qui corresponde. (On évoque parfois le psaume 36, mais ce serait contraire aux règles qui étaient respectées aux premiers siècles d’avoir une antienne qui soit tirée d’un autre psaume ; en outre, la présence du mot « salus » n’est pas vraiment suffisante…)
La station romaine de ce 19e dimanche est à la basilique des saints Côme et Damien, les célèbres médecins martyrs. Or la fête des saints Côme et Damien est le 27 septembre. Dans les plus anciens documents romains, cette messe était celle qui précédait leur fête.
Au VIIIe siècle, le pape Grégoire II reprit cet introït et en fit aussi l’introït de la messe du jeudi de la mi-carême, qui célèbre… les saints Côme et Damien.
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Saint Bruno
Cependant Bruno, ayant abandonné la ville [de Reims], résolut aussi de renoncer au siècle, et, détestant le voisinage des siens, il se rendit au pays de Grenoble. Là, choisissant un rocher très escarpé, d'un aspect effrayant, auquel on ne pouvait parvenir que par un sentier difficile et très rarement fréquenté, au dessous duquel s'ouvrait une vallée ou plutôt un gouffre profond, il y établit son habitation, et y fonda une règle, que suivent encore aujourd'hui ceux qui l'y suivirent. Voici quelles en sont les lois.
D'abord l'église est située sur un penchant peu incliné et très peu loin de la base de la montagne ; elle renferme treize moines ; lesquels habitent un cloître, très convenable à des hommes voués à la vie de cénobites ; mais ils n'y vivent pas réunis comme les autres cénobites le sont dans leurs cloîtres. En effet, chacun a sa cellule particulière autour du cloître, dans laquelle il travaille, dort et mange. Les dimanches ils reçoivent du pourvoyeur chacun sa nourriture, c'est-à-dire du pain et des légumes, qui sont leur seul aliment, et chacun les fait cuire chez lui. Quant à l'eau, soit pour boire, soit pour les autres besoins, ils en ont autant qu'il leur en faut, par un conduit qui tourne autour de toutes les cellules, et arrive même dans l'intérieur par de petits tuyaux. Les dimanches, et surtout les jours de fête, ils mangent du poisson et du fromage : je dis du poisson, non qu'ils l'achètent eux-mêmes, mais parce qu'ils en reçoivent de la munificence de quelques hommes de bien.
De l'or, de l'argent, des ornements d'église, ils n'en ont reçu de personne, et n'ont en effet rien de tout cela, si ce n'est leur calice d'argent. Dans cette église, ils ne se rassemblent pas aux mêmes heures que nous, mais à d'autres qu'ils ont déterminées. Le dimanche, si je ne me trompe, et les jours de fêles solennelles, ils entendent la messe. Jamais ils ne se fatiguent à parler ; car s'ils ont besoin de quelque chose, ils le demandent par signes : s'ils boivent quelquefois du vin, il est tellement faible qu'il ne prête aucune force, n'est d'aucune saveur à ceux qui le goûtent, et qu'il est à peine différent de l'eau ordinaire. Ils portent un cilice pour couvrir leur nudité, et leurs autres vêtements sont très légers. Ils vivent sous la conduite d'un prieur : les fonctions d'abbé et de prévôt sont remplies par l’évêque de Grenoble, homme éminemment religieux. Tandis qu'ils se resserrent dans une aussi étroite pauvreté, ils ont amassé une riche bibliothèque : car moins ils possèdent de ce pain qui n'est que matériel, plus ils suent et se travaillent pour acquérir cette autre nourriture qui ne périt point, mais vit éternellement. (…)
Ce lieu est appelé la Chartreuse : ils y cultivent quelque peu de terrain pour y récolter du blé. Du reste, c'est avec les toisons des brebis, qu'ils nourrissent en assez grand nombre, qu'ils se pourvoient de toutes les choses nécessaires à leur usage. Il y a au pied de cette montagne plusieurs petites habitations, où plus de vingt laïques vivent constamment sous leur direction. Ces moines sont animés d'une telle ardeur de contemplation, que le long temps écoulé depuis leur institution ne les a point détournés de leur première règle, et que leur zèle ne s'est point refroidi par la continuité d'un si rude mode de vie.
De là, et je ne sais à quelle occasion, cet admirable Bruno se retira, laissant fortement inculquées dans l’âme de ses moines, par le souvenir de ses paroles et de ses exemples, toutes les règles qu'il avait établies ; il se rendit dans la Pouille et dans la Calabre, sans que je puisse indiquer le lieu plus précisément, et il y établit une règle de vie toute pareille. Vivant en ce lieu avec grande humilité, et répandant tout autour de lui l'éclat de ses pieux exemples, il fut appelé par le siège apostolique à la dignité d'évêque, et la refusa. Redoutant le siècle, et de peur de perdre les choses de Dieu auxquelles il avait pris goût, en refusant un si important office, il repoussa non point les choses divines, mais bien les grandeurs du siècle.
Telles furent les saintes personnes qui donnèrent les premiers exemples d'une sainte conversion. A celles-ci vint s'agréger aussitôt un immense troupeau d'hommes et de femmes ; enfin de tous les Ordres on y accourut en foule. Parlerai-je des différents âges ? Des enfants de dix et onze ans concevaient des pensées de vieillards, et supportaient une vie bien plus dure que leur jeunesse ne semblait le permettre. Il arrivait en ces conversions ce qu'on avait accoutumé de voir chez les anciens martyrs ; on trouvait dans les corps frêles et délicats une foi bien plus vive que chez ceux en qui brillait l'autorité d'un grand âge ou d'une grande science.
Or, comme il n'y avait de lieu de retraite pour les moines que dans un petit nombre de monastères très anciens, on commença de tous côtés à construire de nouveaux établissements, et de tous côtés on assura de grands revenus pour fournir à la subsistance de cette multitude. Ceux qui n'avaient pas les moyens de fonder de grands établissements fondaient une maison et des revenus pour deux, pour trois, pour quatre, enfin pour autant de frères, qu'ils avaient la possibilité d’en faire nourrir. De là il arriva que dans les campagnes, les bourgs, les villes, les lieux fortifiés, et bien plus, dans les forêts et dans les champs, on vit surgir tout à coup des essaims de moines, se répandant de toutes parts, et qu'on entendit retentir le saint nom de Dieu, et briller la pompe du culte des Saints dans les lieux où les bêtes féroces avaient jusqu'alors établi leur retraite et les larrons leur asile.
(Vie de Guibert de Nogent par lui-même, livre I, chapitre XI)
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Tribulationes civitatum audivimus
℟. Tribulationes civitatum audivimus, quas passae sunt, et defecimus: timor et hebetudo mentis cecidit super nos, et super liberos nostros: ipsi montes nolunt recipere fugam nostram: * Domine miserere.
℣. Peccavimus cum patribus nostris, iniuste egimus, iniquitatem fecimus.
℟. Domine miserere.Nous avons entendu les tribulations des villes, celles qu’elles ont souffertes, et nous avons défailli ; la crainte et l’hébétude de l’esprit sont tombées sur nous et sur nos enfants ; les montagnes elles-mêmes n’ont pas voulu recevoir notre fuite ; Seigneur, aie pitié. Nous avons péché avec nos pères, nous avons agi injustement, nous avons fait l’iniquité. Seigneur, aie pitié.
(Ce répons, comme les deux autres de ce jour, devraient provenir d’une ancienne version latine du livre de Judith, mais je n’arrive pas à les localiser dans la Vulgate.)
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Une grande leçon de liturgie
Par le pape Benoît XVI (suite de la semaine dernière). Petits extraits :
Le Christ, nous le découvrons, nous le connaissons comme une Personne vivante, dans l’Eglise. Elle est « son Corps ». Cette corporéité peut être comprise à partir des paroles bibliques sur l’homme et sur la femme : les deux seront une seule chair (cf. Gn 2,24; Ep. 5,30ss.; 1 Co 6,16s). Le lien inséparable entre le Christ et l’Eglise, à travers la force unifiante de l’amour, n’annule pas le « tu » et le « je », mais au contraire élève leur unité la plus profonde. Trouver sa propre identité dans le Christ signifie atteindre une communion avec lui, qui ne m’annule pas, mais m’élève à la dignité la plus haute, celle d’enfant de Dieu dans le Christ : « l’histoire d’amour entre Dieu et l’homme consiste justement dans le fait que cette communion de volonté grandit dans la communion de pensée et de sentiment, et ainsi notre vouloir et la volonté de Dieu coïncident toujours plus » (Enc. Deus caritas est, 17). Prier signifie s’élever à la hauteur de Dieu, grâce à une transformation nécessaire et graduelle de notre être.
Ainsi, en participant à la liturgie, nous faisons nôtre la langue maternelle de l’Eglise, nous apprenons à parler en elle et pour elle. Naturellement, comme je l’ai déjà dit, cela arrive de façon graduelle, peu à peu. Je dois me plonger progressivement dans les paroles de l’Eglise, avec ma prière, avec ma vie, avec ma souffrance, avec ma joie, avec ma pensée. C’est un chemin qui nous transforme.
(…)
La liturgie n’est pas une forme d’ « auto-manifestation » d’une communauté, mais au contraire le fait de sortir du simple « être-soi-même », être enfermés sur soi-même, et le fait d’accéder au grand banquet, d’entrer dans la grande communauté vivante, dans laquelle Dieu lui-même nous nourrit. La liturgie implique cette universalité et ce caractère universel doit entrer toujours de nouveau dans la conscience de tous. La liturgie chrétienne est le culte du temple universel qui est le Christ ressuscité, dont les bras sont étendus sur la croix, pour attirer tous [les hommes] dans l’embrassement de l’amour éternel de Dieu. C’est le culte du Ciel ouvert. Ce n’est jamais seulement l’événement d’une communauté singulière, située dans le temps et dans l’espace. Il est important que chaque chrétien se sente et soit réellement inséré dans ce « nous » universel qui fournit le fondement et le refuge au « je » dans le Corps du Christ qui est l’Eglise.
(…)
Le lieu où l’on fait pleinement l’expérience de l’Eglise, c’est la liturgie : elle est l’acte dans lequel nous croyons que Dieu entre dans notre réalité, et nous pouvons le rencontrer, nous pouvons le toucher. C’est l’acte par lequel nous entrons en contact avec Dieu : Il vient à nous et nous sommes illuminés par Lui. C’est pourquoi, lorsque, dans les réflexions sur la liturgie, nous ne concentrons notre attention que sur « comment » la rendre attirante, intéressante, belle, nous risquons d’oublier l’essentiel : la liturgie est célébrée pour Dieu et non pour nous-mêmes ; c’est son œuvre ; c’est Lui le sujet ; et nous devons nous ouvrir à Lui et nous laisser guider par Lui et par son Corps qui est l’Eglise.