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Liturgie - Page 448

  • Jeudi de Pâques

    L’évangile est celui de la rencontre bouleversante de Marie-Madeleine et du Ressuscité.

    Noli me tangere…

    Aujourd’hui, la traduction la plus courante est : « Ne me retiens pas. » Alors que Noli me tangere (comme l’original grec) ne peut que vouloir dire : Ne me touche pas.

    Mais les exégètes modernes sont beaucoup plus intelligents que ceux d’autrefois, beaucoup plus intelligents que les pères et docteurs de l’Eglise, qui traduisaient bêtement « Ne me touche pas », alors que cette traduction est absurde. Pourquoi absurde ? A cause de la suite : « Ne me touche pas… parce que je ne suis pas encore monté vers mon Père. » Or, bien évidemment, une fois que le Christ sera remonté vers le Père, Marie-Madeleine ne pourra plus du tout le toucher. Et pour éviter de faire dire au Christ une absurdité, on modifie le texte de l’Evangile.

    En oubliant qu’il s’agit de la Parole de Dieu. De la Parole du Verbe même de Dieu. Et que si le Verbe incarné a dit à Marie-Madeleine « Μή μου ἅπτου », « ne me touche pas », il y a peut-être une raison…

    Or, si le Christ ressuscité dit à Marie Madeleine : « Ne me touche pas (maintenant), car je ne suis pas encore monté vers le Père », c’est bel et bien parce que, quand il sera monté vers le Père, elle pourra le toucher. Et si saint Jean a reproduit le propos sans sourciller, c’est qu’il avait parfaitement compris, lui qui puisait les paroles du Verbe sur son Cœur, ce que cela voulait dire.

    Marie-Madeleine, dit saint Bernard dans son 28e sermon sur le Cantique des cantiques, se fiait à son sens corporel de la vue, alors qu’elle aurait dû se fier à son sens spirituel de l’ouïe, pour connaître le Christ par la foi (fides ex auditu), et non par l’expérience. Le Christ lui interdit donc de le toucher, car elle continuerait à utiliser ses sens corporels, mettant « l’expérience plus haut que la foi ». Saint Bernard fait parler ainsi le Christ : « Pour être digne de me toucher, il faut que la foi me considère assis à la droite du Père, non pas dans mon état d’humiliation, mais dans ma divinité. » Alors, quand je serai monté vers le Père, et que je serai dans ma gloire, et que tu me verras ainsi avec les yeux de la foi, alors tu seras digne de me toucher. Alors « tu me toucheras avec les mains de la foi, les doigts de l’amour, l’étreinte de la piété, les yeux de l’esprit. »

    Saint Augustin avait dit équivalemment : « Jésus a voulu que la foi qu’on avait en lui, foi par laquelle on le touche spirituellement, aille jusqu’à croire que son Père et lui ne faisaient qu’un. »

    Dans un sermon sur l’Ascension, saint Léon le Grand souligne que pour nous rendre capables de la béatitude éternelle, Jésus, après avoir réalisé tout ce qu’il devait faire sur terre, mit un terme à sa présence corporelle, et qu’ainsi, « ce qu’on avait pu voir de notre Rédempteur est passé dans les sacrements ». Alors la foi peut s’approcher du Fils égal au Père, elle n’a plus besoin de toucher la substance corporelle par laquelle le Fils est inférieur au Père : « La nature du corps glorifié demeurant la même, la foi des croyants fut appelée là où elle pourrait toucher le Fils unique égal à celui qui l’engendre, non d’une main charnelle, mais d’une intelligence spirituelle. De là vient que le Seigneur, après sa résurrection, dit à Marie-Madeleine, figure de l’Eglise, alors qu’elle accourait pour le toucher : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. C’est-à-dire : je ne veux pas que tu viennes à moi corporellement, ni que tu me connaisses par le sens de la chair, mais je te réserve des réalités plus hautes, je te prépare de grandes choses. Lorsque je serai monté vers mon Père, alors tu me toucheras plus parfaitement et plus réellement, tu saisiras ce que tu ne touches pas, et tu croiras ce que tu ne vois pas. »

    Saint Léon, comme saint Bernard, comme saint Augustin (etc.), n’était pas un exégète moderne. Il avait le texte latin de l’Evangile : « Noli me tangere. » Et il savait que cela ne peut que vouloir dire : Ne me touche pas. Et, au lieu de rétrécir le texte à la dimension du petit cerveau myope d’un exégète moderne, il le place dans sa juste perspective, dans la lumière de la Résurrection.

    Addendum

    En fait il y a une raison grammaticale à la traduction "Ne me retiens pas". Mais c'est une fausse raison. Voir ici.

  • Mercredi de Pâques

    On peut se demander pourquoi, après sa Résurrection, tandis que ses disciples peinaient en mer, le Seigneur s’est tenu sur le rivage, lui qui, avant sa Résurrection, avait marché sur les flots sous les yeux de ses disciples. On en saisit vite la raison en considérant la cause sous-jacente à cette différence. En effet, que symbolise la mer, sinon le monde présent, battu par les flots tumultueux des affaires et les remous de cette vie corruptible ? Et que représente la fermeté du rivage, sinon la pérennité du repos éternel ? Les disciples peinaient donc en mer, puisqu’ils étaient encore pris dans les flots de la vie mortelle. Mais notre Rédempteur, après sa Résurrection, se tenait sur le rivage, parce qu’il avait déjà échappé à la corruptibilité de la chair. C’est comme s’il avait voulu se servir de ces choses pour parler à ses disciples du mystère même de sa Résurrection, en leur disant : « Je ne vous apparais plus sur la mer, car je ne suis plus avec vous dans l’agitation des flots. » C’est dans le même sens qu’en un autre endroit [l’évangile d’hier, mardi de Pâques], il a affirmé à ces mêmes disciples après sa Résurrection : « Je vous ai dit ces choses quand j’étais encore avec vous. » Ce n’est pas qu’il ne fût plus avec eux : son corps était présent et leur apparaissait ; il déclarait pourtant ne plus être avec eux, puisqu’il s’était éloigné de leur corps mortel par l’immortalité de sa chair. Le Seigneur, en ce passage, disait à ses disciples ne plus être avec eux, bien qu’il se trouvât au milieu d’eux ; ici, c’est la même chose qu’il signale par la position de son corps, lorsqu’aux yeux des disciples qui naviguent encore, il se montre désormais établi sur le rivage.

    (Saint Grégoire le Grand, homélie 24, 2)

  • L’événement du Jeudi Saint

    Comme cela avait été annoncé, Mgr Wolfgang Haas, premier archevêque de Vaduz, a célébré la messe chrismale dans la « forme extraordinaire ». On en verra des photographies ici.

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  • Mardi de Pâques

    Deus, qui Ecclésiam tuam novo semper fœtu multíplicas : concéde fámulis tuis ; ut sacraméntum vivéndo téneant, quod fide percepérunt.

    O Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.

    La collecte se rapporte à la nouvelle génération qui a réjoui l’Église, en accroissant le nombre des croyants.

    Sacramentum vivendo teneant veut dire réaliser tout le contenu du baptême, qui nous communique la vie même de Jésus-Christ ! Quel vaste et sublime programme de vie, annoncé aujourd’hui avec une solennelle simplicité de langage, qui rappelle celui même de Dieu, aussi simple que tout-puissant ! Aucune âme humaine n’aurait su, certes, trouver une inspiration aussi élevée, et ne pourrait, à plus forte raison, proposer aux autres, avec autant d’autorité, un idéal aussi sublime. Ce divin langage qui non seulement annonce, mais, au moyen de la grâce, accomplit ce qu’il annonce, est propre à Jésus-Christ seul. Si l’Église le répète, c’est en son nom et par son autorité ; et l’apologiste catholique pourrait tirer en faveur de l’Église, des formules mêmes de la sainte liturgie, les preuves de la divinité de sa mission.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Lundi de Pâques

    Que nous devions, pendant toute la journée, rester sous l’impression du mystère d’Emmaüs, c’est ce que nous disent les antiennes directrices du jour. Au lever du soleil, nous chantons : « Jésus s’approcha de ses disciples et marcha avec eux, mais leurs yeux étaient aveuglés pour qu’ils ne le reconnaissent pas, et il les réprimanda en leur disant : « Ô hommes sans intelligence et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les Prophètes. Alléluia ». Le soir, nous chantons : « De quoi vous entretenez-vous ainsi en chemin et pourquoi êtes vous tristes ? Alléluia ». Nous remarquerons que cette scène d’Emmaüs occupe l’Église pendant tout le temps pascal dans ses antiennes directrices. Un mot est particulièrement cher à l’Église et elle le chante tous les soirs du temps pascal : « Reste avec nous, Seigneur, car il se fait tard ».

    Dom Pius Parsch

  • Pâques

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  • Samedi Saint

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  • Jeudi Saint

    La messe de la Cène du Seigneur commémore l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce.

    Toute célébration liturgique est une commémoration au sens le plus fort du terme : elle nous met en présence du mystère qui est célébré. C’est le cas de façon suréminente pour cette messe dans la Cène du Seigneur (in Cena Domini). Au point que la prière qui introduit la consécration, dans le canon, est modifiée. Elle dit habituellement : «Qui, pridie quam pateretur, accepit panem » (lui qui, la veille de sa Passion, prit du pain »). Le Jeudi Saint, elle dit : « Qui, pridie quam pro nostra omniumque salute pateretur, hoc est hodie, accepit panem » (Lui qui, la veille de la Passion qu’il souffrit pour notre salut et le salut de tous, c’est-à-dire aujourd’hui, prit du pain »).

    « La liturgie du Jeudi Saint, soulignait Benoît XVI dans son homélie de 2009, insère dans le texte de la prière le mot aujourd’hui, soulignant ainsi la dignité particulière de cette journée. C’est aujourd’hui qu’Il l’a fait : pour toujours, il s’est donné lui-même à nous dans le Sacrement de son Corps et de son Sang. Cet aujourd’hui est avant toute chose le mémorial de la Pâques d’alors. Mais il est davantage encore. Avec le Canon, nous entrons dans cet aujourd'hui. Notre aujourd'hui rejoint son aujourd'hui. Il fait cela maintenant. »

    L’évêque, successeur des apôtres qui participèrent historiquement à cette Cène, ne peut célébrer ce double mystère de l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce, qui fonde sacramentellement l’Eglise, que dans l’église qui est le fondement des autres églises de son Eglise particulière, à savoir sa cathédrale.

    Le Jeudi Saint est ainsi le seul jour de l’année où l’évêque ne peut pas célébrer la messe ailleurs que dans sa cathédrale.

    A plus forte raison l’évêque de Rome ne peut-il célébrer la mère des messes que dans l’église qui est la « mère de toutes les églises », sa cathédrale Saint-Jean de Latran.

    Toute autre attitude (sauf cas de force majeure, évidemment, comme pour Jean-Paul II les trois dernières années de son règne) serait contraire à l’Evangile, à la Tradition, et à l’enseignement ecclésiologique et sacramentel de Vatican II. (Voir les textes du Cérémonial de évêques et de Vatican II dans l’article du P. Scalese traduit par Benoît et moi.)

    En ce qui concerne le lavement des pieds, il ne s’agit pas d’un geste banal de charité et d’humilité. Le lavement des pieds des apôtres par le Seigneur « remplace », dans l’évangile de saint Jean, le récit de l’institution de l’eucharistie. Il s’agit donc d’une explication symbolique de l’eucharistie, qui fait partie intégrante du mystère. Et le fait qu’il s’agisse d’une purification par de l’eau renvoie également au baptême, et, comme l’a remarquablement souligné Benoît XVI dans ses homélies du Jeudi Saint en 2006 et en 2008, à tout le mystère salvifique de Jésus-Christ.

    Réduire le lavement des pieds à un geste de charité, ou, pire, de sympathie, envers une catégorie défavorisée de la population, et en outre à des personnes de diverses confessions religieuses, serait une profanation.

  • Mercredi Saint

    Aujourd’hui on lit la Passion du Seigneur selon saint Luc (XXII, 1-71 et XXIII, 1-53) qui reflète mieux que tout autre la prédication évangélique de saint Paul, avec lequel il s’accorde même dans les termes de la formule de l’institution eucharistique.

    La citation d’Isaïe faite par Jésus lors de la dernière Cène : Et cum iniquis deputatus est, se rapporte au passage lu précédemment [première lecture : Isaïe 53, 1-12], qui reçoit de la sorte une signification authentiquement messianique. On s’explique que les apôtres aient apporté des épées en montant au Cénacle, si l’on tient compte de la coutume des Galiléens, qui avaient en horreur les habitants de la Judée, à ce point qu’ils montaient armés à Jérusalem, pour y célébrer la solennité pascale. Et que les apôtres eux-mêmes ne portassent pas l’épée en vertu d’une simple formalité, on le vit par la suite dans le jardin de Gethsémani, où un ordre de Jésus dût intervenir pour faire remettre l’arme au fourreau. L’Église n’entend pas vaincre en tuant, mais en se laissant tuer.

    Sur la route du Golgotha, Jésus réconforte les pieuses femmes qui pleurent sur son supplice, et il les avertit que leur dévotion à sa passion ne doit pas s’arrêter à une sentimentalité stérile, mais servir à corriger leur vie. Celui qui s’afflige, en effet, de la mort du Seigneur, doit arracher et déraciner le péché de son propre cœur, car c’est le péché qui a été le bourreau de Jésus. Si in viridi ligna haec faciunt, in arido quid fiet ? C’est-à-dire, si la divine justice est si rigoureuse pour punir le péché sur son propre Fils innocent, que ne fera-t-elle pas sur le pécheur obstiné, quand, au moment du dernier jugement, le temps sera passé de la miséricorde, et commencera celui de la sainte et terrible justice ?

    Après la mort de Jésus, Joseph d’Arimathie et Nicodème paraissent, et, en un moment, quand les apôtres eux-mêmes se cachent, ces deux hommes qui jusqu’alors avaient été timides et n’avaient pas osé trop se compromettre dans la cause de Jésus, sortent à l’improviste de leur réserve, affrontent sans crainte l’opinion publique et sont les premiers à rendre au Crucifié l’hommage de leur dévouement.

    Il ne faut jamais juger trop défavorablement notre prochain. La grâce gouverne les cœurs, et, en un instant, peut les transformer conformément à ses desseins.

    Bienheureux cardinal Schuster