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Liturgie - Page 452

  • Lundi de la deuxième semaine de carême

    — Si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans votre péché.

    — Qui es-tu ?

    — Le Principe, moi qui vous parle.

    Principium, qui et loquor vobis.

    Τὴν ἀρχὴν ὅ τι καὶ λαλῶ ὑμῖν.

    Les exégètes modernes, dans leur médiocre suffisance, ne supportent pas que le Fils de Dieu, le Verbe incarné, dise aussi ouvertement, ou plutôt qu’il s’exclame avec force, à l’accusatif exclamatif, qu’il est le Principe, tên arkhên. Alors ils ont tripatouillé le texte tant qu’ils ont pu pour lui faire dire autre chose. On a même trafiqué la Vulgate pour faire dire autre chose à la soi-disant néo-Vulgate.

    Mais le texte demeure, inchangé en grec comme dans la vraie Vulgate, pour l’admiration et la contemplation du fidèle. Un texte dont le sens ne peut pas faire débat, puisque de toute façon le Christ lui-même l’explique à la fin du même chapitre de saint Jean, à la fin de cette même discussion avec les juifs, en répétant une formule qu’il venait déjà d’utiliser - celle de Dieu au Sinaï :

    — Amen Amen, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, Je Suis.

    Et la liturgie insiste également, puisque l'antienne du Benedictus dit:

    "Ego Principium, qui et loquor vobis." Ce qui ne peut pas se traduire autrement que : "Moi (je suis) le Principe".

  • Deuxième dimanche de carême

    Quarante est pour nous un nombre sacré. Il marque une certaine perfection. Je pense que la chose est bien connue de votre charité. Très souvent, les saintes Écritures l’attestent : le jeûne est consacré par ce nombre, vous le savez bien. Car Moïse a jeûné quarante jours ; Élie aussi, tout autant. Et notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ lui-même a rempli ce nombre du jeûne. Par Moïse est signifiée la Loi, par Élie sont signifiés les Prophètes, par le Seigneur est signifié l’Évangile. Voilà pourquoi tous trois apparurent sur cette montagne où Jésus se montra à ses disciples dans l’éclat de son visage et de ses vêtements. Il apparut au milieu, entre Moïse et Élie, comme l’Évangile qui reçoit le témoignage de la Loi et des Prophètes.

    Donc, soit dans la Loi, soit dans les Prophètes, soit dans l’Évangile, le nombre quarante nous est recommandé comme convenant au jeûne. Or, le grand jeûne, le jeûne qui oblige tous les hommes, consiste à s’abstenir du mal et des plaisirs illicites de ce monde. Tel est bien le jeûne parfait : « Rejeter l’impiété et les convoitises du monde pour vivre avec mesure, justice et piété dans le siècle d’ici-bas. »

    Quelle récompense l’Apôtre attache-t-il à ce jeûne ? Il le dit car il poursuit : « Attendant l’espérance bienheureuse et la manifestation de la gloire de notre bienheureux Dieu et Sauveur, Jésus le Christ. » Nous célébrons donc en ce monde comme un Carême d’abstinence lorsque notre vie est bonne, lorsque nous nous abstenons du mal et des plaisirs illicites. Mais comme cette abstinence ne sera pas sans récompense, nous attendons « l’espérance bienheureuse et la révélation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus le Christ. »

    En cette espérance, lorsque d’espérance elle sera devenue réalité, nous recevrons un denier pour salaire. C’est ce salaire qui, selon l’Évangile, est donné aux ouvriers qui travaillent dans la vigne, – vous vous en souvenez, je pense, et il n’est point nécessaire de tout vous rappeler comme si je m’adressais à des ignorants et à des incapables. Un denier donc – qui tire son nom du nombre dix – est donné. Joignons-le au nombre quarante, nous obtenons cinquante. Ainsi nous célébrons avec labeur le Carême avant Pâques, mais avec joie, les cinquante jours après Pâques comme si nous avions reçu notre salaire.

    Saint Augustin

  • Samedi des quatre temps de carême

    Benedíctus es, Dómine, Deus patrum nostrórum. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Et benedíctum nomen glóriæ tuæ, quod est sanctum. Et laudábile et gloriósum in sǽcula.

    Benedíctus es in templo sancto glóriæ tuæ. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Benedíctus es super thronum sanctum regni tui. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Benedíctus es super sceptrum divinitátis tuæ. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Benedíctus es, qui sedes super Chérubim, íntuens abýssos. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Benedíctus es, qui ámbulas super pennas ventórum et super undas maris. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Benedícant te omnes Angeli et Sancti tui. Et laudent te et gloríficent in sǽcula.

    Benedícant te cæli, terra, mare, et ómnia quæ in eis sunt. Et laudent te et gloríficent in sǽcula.

    Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. Et laudábili et glorióso in sǽcula.

    Sicut erat in princípio, et nunc, et semper : et in sǽcula sæculórum. Amen.

    Et laudábili et glorióso in sǽcula.

    Benedíctus es, Dómine, Deus patrum nostrórum. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.

    Vous êtes béni, Seigneur, Dieu de nos pères. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Et le nom de votre gloire, qui est saint, est béni. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Vous êtes béni dans le temple saint de votre gloire. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Vous êtes béni sur le trône saint de votre royaume. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Vous êtes béni sur le sceptre de votre divinité. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Vous êtes béni, vous qui, étant assis sur les Chérubins, voyez le fond des abîmes. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Vous êtes béni, vous qui marchez sur les ailes des vents, et sur les flots de la mer. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Que tous les Anges et les Saints vous bénissent. Qu’ils vous louent et vous glorifient dans les siècles.
    Que les cieux, la terre et la mer, et tout ce qu’ils renferment, vous bénissent. Qu’ils vous louent et vous glorifient dans les siècles.
    Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. Et à celui qui est digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Comme c’était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Et à celui qui est digne de louange et de gloire dans les siècles.
    Vous êtes béni, Seigneur, Dieu de nos pères. Et digne de louange et de gloire dans les siècles.

    Ce très bel hymne, qu’on ne trouve que dans la liturgie du samedi des quatre temps de l’Avent, du carême et de septembre (aux quatre temps de Pentecôte il n’y en a qu’un verset d’alléluia) est le début de l’hymne des Hébreux dans la fournaise (Daniel 3, 52-60), dans une antique version qui ne correspond ni à la Vulgate ni à la Septante.

  • La fête de la chaire de saint Pierre

    La fête d’aujourd’hui a, pour notre vie liturgique, une grande importance. Nous rendons-nous bien compte que toute notre liturgie est, à proprement parler, celle de la ville de Rome ? Nous célébrons, en majorité, des saints romains, nous célébrons la dédicace des églises romaines. Bien plus, dans l’office des stations, la liturgie nous conduit, une centaine de fois, dans la ville de Rome où nous assistons aux solennités de la messe, avec l’évêque de Rome. Or il importe que nous puissions nous sentir membres de l’Église de Rome, que cette Église soit notre diocèse. C’est ce qu’exige le développement actuel de la liturgie occidentale. Les choses auraient pu se passer autrement. Si la liturgie avait suivi la ligne des trois premiers siècles, les diverses nations auraient pu avoir un patriarcat spécial et une liturgie particulière, à laquelle il aurait été plus facile de s’accoutumer. Mais il faut tenir compte de ce qui existe. Il faut nous unir à l’Église romaine, nous sommes membres de la communauté romaine. Dans l’église de chez nous, il faut voir souvent une église de Rome et célébrer les saints mystères avec l’évêque de Rome. De cette façon, la liturgie romaine nous deviendra familière. — Quelle différence y a-t-il maintenant entre la fête d’aujourd’hui et la fête de saint Pierre et de saint Paul ? C’est que, le 29 juin, nous célébrons l’Apôtre et le Vicaire de Jésus-Christ, le Pape de l’Église universelle. Aujourd’hui nous fêtons l’Évêque de l’Église romaine à laquelle nous sommes incorporés (c’est pourquoi on a, au bréviaire, le commun des confesseurs Pontifes). C’est comme une fête patronale de notre liturgie romaine.

    Dom Pius Parsch

  • Jeudi de la première semaine de carême

    L’évangile de la messe de ce jour est celui de la Cananéenne. Cette femme, païenne, du Liban actuel, harcèle le Sauveur. Voyant Jésus passer elle ne cesse de crier en lui demandant de guérir sa fille. Les apôtres viennent dire à Jésus d’user de son autorité pour la chasser, et Jésus leur donne raison, expliquant pourquoi il ne guérira pas cette femme : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais voici que la femme a profité du bref conciliabule pour forcer le barrage apostolique, elle se jette à ses pieds en lui demandant son secours. Et Jésus répète qu’il est venu pour les juifs : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » Mais la réponse de la femme va le faire fondre : « Oui, Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Et la fille de cette femme va donc être guérie en raison de cet acte de foi.

    Cela m’a toujours frappé que cette femme fasse changer d’avis celui qui est le Verbe incarné, le fils de Dieu, l’immuable Logos.

    Et cela nous rappelle que ce n’est pas la première fois. Tout au début, Jésus changea d’avis. Et plus précisément une femme le fit changer d’avis. C’était aux noces de Cana. Marie voulait que son fils fasse un miracle parce qu’il n’y avait plus de vin. Jésus lui répond avec une vigueur rugueusement hébraïque : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. » Marie dit simplement aux serveurs de faire ce qu’il leur dira. Et Jésus fait le miracle avant l’heure.

    « Femme », dit Jésus à sa mère. « Femme », dit-il à la Cananéenne. Seule une femme peut faire changer d’avis le Dieu tout-puissant…

    Sans doute peut-on trouver qu’il n’est pas convenable de mettre sur le même plan, même si ce n’est que sous ce rapport précis, la Mère de Dieu et une païenne anonyme. A quoi on pourra répondre que la Cananéenne représente ici l’ensemble des peuples païens qui sont avides et pressés de recevoir la grâce de l’Evangile. Autrement dit son Eglise… Et c'est sans doute ce qui lui vaut d'être citée dans un répons des matines, alors que ces répons de carême ne font que très rarement allusion à l'évangile du jour.

    On pourra remarquer à ce propos que Jésus appelle quelqu’un « Femme » 7 fois dans les Evangiles. Une fois chez saint Matthieu, pour cette Cananéenne, une fois en saint Luc, pour la femme courbée guérie le jour du sabbat, et cinq fois en saint Jean : sa mère aux Noces, la Samaritaine, la femme adultère, sa mère au pied de la croix, Marie-Madeleine. Chaque fois il s’agit d’un enseignement particulièrement important. En saint Matthieu cet enseignement est précisément le passage de l’Evangile aux païens, après la Résurrection, mais qui fuite déjà… pour nous donner la force de parcourir le carême.

  • Mercredi des quatre temps de carême

    Nous voyons devant nous, aujourd’hui, quatre prédicateurs de carême ; le Christ, la Sainte Vierge, Moïse et Élie. Ils nous disent comment nous devons observer le Carême. Dimanche dernier, nous avons vu comment le Christ jeûna pendant quarante jours et fut ensuite tenté par le diable. Le jeûne et la tentation sont en étroite relation. Le jeûne fut la préparation au combat contre le prince de ce monde. Aujourd’hui, le Seigneur nous parle de l’entrée du diable dans la demeure de l’âme. Le Christ nous enseigne l’importance du jeûne dans le combat contre le démon, dans le combat contre notre nature inférieure. « Par le jeûne corporel, tu réprimes les vices, » dit la Préface du Carême. Il faut sans cesse répéter que c’est là le travail principal du carême. Tous les autres exercices seront sans valeur si nous ne triomphons pas du diable. Marie, qui est le coryphée dans le sacrifice d’aujourd’hui, nous prêche la soumission à la volonté de Dieu. L’Évangile nous présente Marie dans une situation subordonnée. Le Christ laisse de côté sa Mère ; son regard embrasse ses disciples, il les appelle sa mère et ses frères, s’ils « accomplissent la volonté de son Père céleste. » C’est Marie qui nous précède, à l’Offertoire, et qui chante ces paroles : « Je veux méditer sur tes commandements, je les aime extrêmement. » — Moïse nous apprend à utiliser le jeûne de quarante jours comme un temps d’union avec Dieu et de prière. La prière et le jeûne se complètent mutuellement. Si nous voulons nous entretenir avec Dieu, il faut imposer silence à la chair, au monde, à la nature. Le Christ ne nous dit-il pas : « Cette espèce (de mauvais Esprits) ne peut être chassée que par la prière et le jeûne » — Élie jeûne dans son voyage à travers le désert et, fortifié par la nourriture céleste, il marche, pendant quarante jours, jusqu’au mont Horeb, la montagne de Dieu. — Ainsi, chacun des quatre prédicateurs de Carême nous fait voir ce temps de grâces sous un aspect différent : le jeûne dans le combat contre le diable, le jeûne dans l’accomplissement des commandements, le jeûne et la prière, le jeûne sur le rude chemin de la vie.

    Considérons encore que la messe d’aujourd’hui est le point de jonction qui relie les trois premiers dimanches de Carême. Le premier dimanche, nous voyons le Christ jeûner pendant quarante jours ; aujourd’hui, on nous raconte la même chose de Moïse et d’Élie. Le dimanche suivant, nous voyons le Christ, Moïse et Élie réunis au moment de la Transfiguration. La liturgie veut nous dire par là : la Loi, les Prophètes et l’Évangile nous enseignent cette grande vérité : La voie qui mène à la Transfiguration (à la fête de Pâques) passe par les quarante jours de jeûne.

    Dom Pius Parsch

  • Mardi de la première semaine de carême

    L’évangile de ce jour est très impressionnant de bout en bout. Il s’agit de Jésus chassant les marchands du Temple, selon saint Matthieu. Geste prophétique, comme on le sait, mais qui sera explicité par un autre évangéliste. Ici l’essentiel est dans l’opposition entre Jésus et les autorités israélites, opposition exacerbée par la guérison de boiteux et d’aveugles (actes que les prophètes annonçaient comme caractéristiques du Messie), et par la louange des enfants (autre caractéristique messianique). Or ce qui se passe dans le Temple est le point culminant de ce qui se passe dans toute la ville. La péricope commence ainsi : « Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut remuée » – agitée, troublée... C’est le mot qui a donné « commotion »… Parce que « le Prophète Jésus » entrait à Jérusalem, et qu’on sentait confusément que c’était plus qu’un prophète… qui faisait son entrée royale, sacerdotale et sacrificielle, dans Sa ville. Voyant l’attitude indigne des autorités juives, qui n’ont même pas l’intelligence des habitants de Jérusalem de le reconnaître comme prophète, « les laissant, il sortit dehors, à l’extérieur de la ville, à Béthanie, et là il demeura ».

    Il les laisse. Le verbe a un sens fort : il les laisse derrière lui, il les abandonne.

    Il sort dehors : sortir, c’est forcément dehors. On insiste. Il sort dehors, en dehors du Temple, et en dehors de la ville. Comme s’il la reniait trois fois, comme s’il secouait la poussière de ses sandales. Et il va à Béthanie, chez ses amis Marthe, Marie et Lazare. Et « là il demeura ».

    Et là s’arête la péricope. Comme si Jésus s’installait à Béthanie, parmi ses fidèles d’entre les fidèles, avec ses apôtres, abandonnant les autres hommes à leur sort… En fait, dès le lendemain matin il est de nouveau dans le Temple, pour tenter de faire comprendre aux prêtres et aux scribes qui il est. Mais la péricope est remarquable telle quelle : oui, si l’on ne veut pas de lui, le Seigneur s’en va… Et le carême est le temps qui nous est imparti pour le retrouver, pour le faire revenir…

  • Lundi de la première semaine de carême

    Au début de chaque nouvelle période, l’Église nous donne une messe du Bon Pasteur (cf. le deuxième dimanche après Pâques, le mardi de la Pentecôte, le troisième dimanche après la Pentecôte). Dans chaque temps liturgique, le Christ se manifeste comme Bon Pasteur et il le fait toujours d’une manière différente. L’image du Bon Pasteur est une image qu’aimait l’Église primitive ; des murs des catacombes ou de la couronne d’abside des basiliques, elle s’inclinait doucement vers les fidèles.

    L’office d’aujourd’hui est l’ouverture du cours d’instruction des catéchumènes (je comparerais volontiers cet office à la messe du Saint-Esprit, à la rentrée des classes). Les candidats au baptême paraissent, pour la première fois, devant le Seigneur. Quels grands yeux ils doivent ouvrir et comme ils doivent regarder l’image du Bon Pasteur qui les reçoit aujourd’hui dans sa bergerie ! Ils ne peuvent encore se dire ses brebis, mais, avec la timidité des esclaves, ils lèvent les yeux vers le Christ, leur protecteur (Introït et Graduel). Comme nous comprenons l’oraison quand elle demande : « Convertis-nous et remplis notre cœur des enseignements célestes. »

    Il faut remarquer aussi l’alternance dramatique des personnes qui parlent. A l’Introït, les catéchumènes parlent comme des esclaves ; dans la leçon, le Christ leur parle comme Pasteur : « Je m’occuperai moi-même de mes brebis. » Il les tire du paganisme et les conduit dans les grasses prairies d’Israël (de l’Église). Au Graduel, les catéchumènes parlent encore comme des esclaves, mais il semble qu’ils aient déjà moins de timidité. A l’Évangile, le Christ parle encore comme Pasteur. Plein d’amour, il invite ses brebis élues à entrer dans son royaume céleste sur la terre. « Venez les bénis de mon Père. » Même au Saint-Sacrifice proprement dit, où ne sont présents que les fidèles, le drame se continue. A l’Offertoire, ce sont les brebis qui parlent ; à la Communion, le Bon Pasteur les invite de nouveau. Célébrons donc la messe d’aujourd’hui avec des cœurs de catéchumènes.

    Dom Pius Parsch

    (textes de la messe)

  • Premier dimanche de carême

    Per Christum Dominum nostrum, in quo jejunantium fides alitur, spes provehitur, caritas roboratur. Ipse est enim panis verus, et vivus, qui est substantia aeternitatis, esca virtutis. Verbum enim tuum, per quod facta sunt omnia, non solum humanarum mentium, sed ipsorum quoque panis est Angelorurn. Hujus panis alimento Moyses famulus tuus quadraginta diebus, ac noctibus, legem suscipiens, jejunavit: et a carnalibus cibis, ut tuae suavitatis capacior esset, abstinuit. Unde nec famem corporis sensit, et terrenarum oblitus escarum est: quia iilum et gloriae tuae clarificabat aspectus, et influente Spiritu Dei sermo pascebat. Hunc panem etiam nobis ministrare non desinas, quem ut indeficienter esuriamus hortaris, Jesum Christum Dominum nostrum.

    Par Jésus-Christ notre Seigneur, qui dans ce saint temps du jeûne nourrit la foi des fidèles, élève leur espérance et fortifie leur charité. C’est lui qui est le pain vivant et véritable, qui est l’aliment de l’éternité et la nourriture de la vertu. Votre Verbe, Seigneur, par qui tout a été fait, est non seulement l’aliment des âmes humaines, mais le Pain des Anges mêmes. Fortifié de ce Pain, Moïse votre serviteur, lorsqu’il reçut la loi, jeûna quarante jours et quarante nuits : il s’abstint de la nourriture charnelle, afin d’être plus en état de savourer votre douceur. Il ne sentait pas la faim dans son corps, et il oubliait la nourriture terrestre, parce que la vue de votre gloire l’illuminait ; et que, par le souffle de l’Esprit, la parole de Dieu le nourrissait. Ne cessez donc pas, Seigneur, de nous donner à nous aussi ce Pain pour lequel vous nous exhortez d’entretenir en nous une faim continuelle, Jésus-Christ notre Seigneur.

    Préface du missel ambrosien pour le premier dimanche de carême.

  • Samedi après les cendres

    La barque de la sainte Église est lancée sur la mer ; la traversée durera quarante jours. Les disciples du Christ rament à l’encontre du vent, et déjà l’inquiétude s’empare d’eux ; ils craignent de ne pas arriver au port. Mais Jésus vient à eux sur les flots ; il monte avec eux dans la barque ; leur navigation sera désormais heureuse. Les anciens interprètes de la Liturgie nous expliquent ainsi l’intention de l’Église dans le choix de ce passage du saint Évangile pour aujourd’hui. Quarante jours de pénitence sont bien peu de chose pour toute une vie qui n’a pas appartenu à Dieu ; mais quarante jours de pénitence pèseraient à notre lâcheté, si le Sauveur lui-même ne venait les passer avec nous. Rassurons-nous : c’est lui-même. Durant cette période salutaire, il prie avec nous, il jeûne avec nous, il exerce avec nous les œuvres de la miséricorde. N’a-t-il pas inauguré lui-même la Quarantaine des expiations ? Considérons-le, et prenons courage. Si nous sentons encore de la faiblesse, approchons de lui, comme ces malades dont il vient de nous être parlé. Le contact de ses vêtements suffisait à rendre la santé à ceux qui l’avaient perdue ; allons à lui dans son Sacrement, et la vie divine dont le germe est déjà en nous se développera de plus en plus, et l’énergie qui commençait à faiblir en nos cœurs se relèvera toujours croissante.

    Dom Guéranger