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Saint Denis

Le premier texte où il est question de saint Denis (de Paris) est la Vie de sainte Geneviève, qui fut écrite peu après la mort de la sainte. Les chapitres 13 à 18 racontent comment sainte Geneviève fit construire la première église en l’honneur de saint Denis, à l’emplacement de l’actuelle basilique (traduction du R.P. Lallemant, 1859).

XIII. Mais je ne dois pas oublier ici la dévotion toute particulière qu'elle avait pour le village appelé Cathoeul, où saint Denis avait été enterré avec saint Rustique et saint Eleuthère, les compagnons de son martyre. Car comme l'un de ses plus grands et plus fervents désirs était d'y faire bâtir une église en l'honneur de ce saint évêque, si elle eût eu le moyen de l'entreprendre, et qu'un jour les prêtres du bourg lui étaient venus au-devant selon leur coutume, elle leur parla en cette sorte : « Mes vénérables pères en Jésus-Christ, je vous prie et vous conjure de m'aider dans le dessein d'élever un temple sous le nom de Saint-Denis, et d'y vouloir tous contribuer de vos soins et de vos facultés, car il ne faut pas douter, disait-elle, que ce lieu-ci ne soit digne d'un respect et d'une vénération singulière. » Mais lui ayant répondu qu'ils craignaient que cette grande entreprise ne surpassât leurs forces qui étaient petites, et qu'ils n'avaient pas seulement le moyen d'avoir de la chaux, on remarqua que son visage, devenant tout d'un coup lumineux par un rejaillissement d'une lumière intérieure et extraordinaire dont le Saint-Esprit venait de la remplir, elle se mit à leur dire comme par manière de prophétie : « Que quelqu'un d'entre vous s'en aille, je vous prie, vers le pont de la ville, et qu'il me rapporte ce qu'il y aura entendu. »

XIV. En effet ces ecclésiastiques étant allés en ce lieu, et prenant garde à ce qu'ils pourraient entendre qui pût aider au dessein de cette sainte fille, ils aperçurent deux hommes qui gardaient les portes de la ville lesquels s'étant approchés, s'entretenaient ensemble, et dont l'un disait à l'autre que, cherchant à la piste un de ces animaux qui était séparé des autres, il avait découvert un lieu où était un four plein de chaux d'une prodigieuse grandeur : ce qui donna occasion à l'autre de déclarer qu'il en avait aussi trouvé un auquel on n'avait pas encore touché, dans la forêt prochaine, sous la racine d'un arbre que le vent avait arraché depuis peu. Ces bons prêtres les ayant entendus, ne furent pas moins surpris d'étonnement que d'admiration et de joie ; ils bénirent Dieu de tant de grâces et de faveurs qu'il faisait à sa servante, et ayant reconnu les lieux où étaient ces fours à chaux, ils allèrent lui en faire leur rapport, dont elle reçut aussi tant de satisfaction qu'elle ne put s'empêcher d'en répandre des larmes de joie ; et aussitôt qu'ils furent sortis de sa maison, elle se jeta sur ses genoux, et passa toute la nuit en pleurs et en prières, demandant à Dieu avec beaucoup d'ardeur qu'il lui donnât les moyens nécessaires pour bâtir une église en l'honneur de ce glorieux martyr.

XV. Et quoiqu'elle eût ainsi passé la nuit sans dormir, elle ne laissa pas d'aller en diligence, dès la pointe du jour, chez le prêtre Genesius, pour implorer son secours et son conseil en l'exécution de ce grand dessein ; et lui ayant raconté comme Dieu, par une spéciale providence, avait déjà fourni la chaux pour bâtir, ce bon prêtre, à cette merveilleuse nouvelle, se jeta à ses pieds comme pour l'adorer, et lui promit de s'employer sans remise et sans relâche à ce qu'elle lui ordonnait ; si bien que cette église fut bientôt élevée jusqu'au comble, tous les habitants des lieux circonvoisins y contribuant, à la sollicitation de sainte Geneviève.

XVI. Il ne sera pas aussi hors de propos de rapporter un autre miracle que Dieu fit en considération de la sainte : c'est qu'après qu'on eut assemblé plusieurs charpentiers dans la forêt, dont les uns coupaient et taillaient le bois nécessaire au bâtiment de l'église, et les autres le mettaient sur des chariots, il arriva, sans qu'elle le sût, qu'il ne se trouva pas en ce lieu de quoi les rafraîchir et leur donner à boire. Genesius donc l'ayant priée d'exhorter et d'encourager les ouvriers, tandis qu'il irait à la ville et en ferait apporter les choses nécessaires, la servante de Jésus-Ghrist se fit montrer un assez grand vase ou l'on avait mis l'eau ou le vin qu'on avait déjà bu ; et ayant fait ensuite retirer le monde pour demeurer seule, elle se mit à genoux et passa quelque temps à prier et à pleurer en la présence de Dieu, jusqu'à ce que, sentant en elle-même que sa prière était exaucée, elle se leva et fit le signe de la croix sur ce vaisseau, qui parut en même temps tout plein d'une façon miraculeuse ; de sorte que ceux qui travaillaient eurent abondamment de quoi satisfaire à leur soif, tant que dura leur ouvrage, et en rendirent à Dieu de très grandes actions de grâces.

XVII. Comme elle avait la dévotion et la coutume de veiller la nuit d'entre le samedi et le dimanche, pour se conformer eu cela à la pratique des premiers chrétiens, il arriva qu'une fois au premier chant du coq elle sortit de sa maison pendant un fort mauvais temps, pour aller en cette église de Saint-Denis, mais que sur le chemin le cierge qu'on portait devant elle s'éteignit, et que les vierges qui raccompagnaient en furent beaucoup troublées, tant à cause de la grande obscurité de la nuit qu'à cause de la difficulté des chemins qui étaient pleins de boue, et de l'abondance
de la pluie qui tombait du ciel. Mais cette sainte fille ayant demandé qu'on lui donnât ce cierge éteint, elle ne l'eut pas plutôt reçu entre ses mains qu'il se ralluma, et éclaira cette sainte troupe jusqu'à ce qu'elle fût arrivée à l'église où enfin il fut consumé.

XVIII. C'est ainsi que vers le même temps étant entrée dans l'église et ayant fait sa prière, prosternée sur la terre et sur le pavé selon sa coutume, elle ne se fut pas plutôt relevée que, prenant en sa main un cierge qui n'avait jamais été allumé, il le fut aussitôt par un miracle, sans qu'on l'approchât du feu ni d'aucune autre lumière. On dit aussi qu'étant dans sa cellule, Dieu lui a fait souvent la même faveur, et qu'elle avait un cierge qui s'allumait de cette façon prodigieuse, dont plusieurs malades touchés de dévotion et de foi avaient eu quelques petites parties, et avaient par ce moyen été rétablis en leur première santé.

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