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Liturgie - Page 419

  • En Persici ex orbis sinu

    Voici la suite du grand poème de Prudence sur l’Epiphanie, avec la traduction de dom Guéranger. On reconnaîtra deux strophes de l’hymne des laudes.

    En Persici ex orbis sinu,
    sol unde sumit januam,
    cernunt periti interpretes
    regale vexillum Magi.

    Quod ut refulsit, ceteri
    cessere signorum globi,
    nec pulcher est ausus suam
    conferre formam Lucifer.

    Quis iste tantus, inquiunt,
    regnator astris imperans,
    quem sic tremunt cælestia,
    cui lux et aethra inserviunt ?

    Illustre quiddam cernimus,
    quod nesciat finem pati,
    sublime, celsum, interminum,
    antiquius cælo et chao.

    Hic ille rex est gentium
    populique rex Judaici,
    promissus Abrahæ patri
    ejusque in ævum semini.

    Æquanda nam stellis sua
    cognovit olim germina
    primus sator credentium,
    nati immolator unici.

    Jam flos subit Davidicus
    radice Jesse editus,
    sceptrique per virgam virens
    rerum cacumen occupat.

    Exin sequuntur perciti
    fixis in altum vultibus,
    qua stella sulcum traxerat
    claramque signabat viam.

    Sed verticem pueri supra
    signum pependit inminens,
    pronaque submissum face
    caput sacratum prodidit.

    Videre quod postquam Magi,
    eoa promunt munera,
    stratique votis offerunt
    thus, myrrham, et aurum regium.

    Agnosce clara insignia
    virtutis ac regni tui,
    puer o, cui trinam Pater
    praedestinavit indolem.

    Regem Deumque adnuntiant
    thesaurus et fragrans odor
    thuris Sabæi, ac myrrheus
    pulvis sepulcrum prædocet.

    Hoc est sepulcrum, quo Deus,
    dum corpus extingui sinit
    atque id sepultum suscitat,
    mortis refregit carcerem.

    Au sein de l’Empire persan, de cette contrée où se lève le soleil, des Mages, investigateurs habiles, aperçoivent l’étendard du Roi.

    A peine a-t-il brillé aux cieux que les autres sphères pâlissent : l’étoile du matin, malgré sa beauté, n’ose se montrer auprès de lui.

    « Quel est, disent les Mages, ce Roi qui commande aux astres, qui émeut les globes célestes, à qui la lumière et l’air obéissent ?

    « Ce que nous voyons est le signe de Celui qui ne connaît pas de terme, le Dieu sublime, immense, sans limites, dont la durée précède celle du ciel et du chaos.

    « Il est le Roi des nations, le Roi du peuple judaïque ; il fut promis au Patriarche Abraham et à sa race, dans les siècles.

    « Ce premier Père des croyants, qui sacrifia son fils unique, connut que sa race serait un jour nombreuse comme les étoiles.

    « Voici que la fleur de David s’élève sur la tige de Jessé; la branche fleurit et devient un sceptre qui commande à l’univers. »

    L’œil fixé au ciel, les Mages suivent en hâte le sillon de lumière que l’étoile leur traçait à l’horizon, pour régler sur la terre la voie qu’ils devaient suivre.

    Le signe s’arrêta au-dessus de la tête de l’Enfant qu’ils cherchaient; il abaissa son flambeau, et leur découvrit cette tête sacrée.

    Les Mages le voient ; aussitôt ils ouvrent les trésors de l’Orient, et, prosternés, lui offrent l’encens, la myrrhe et l’or des rois.

    Reconnais les illustres symboles de ta puissance et de ta royauté, Enfant, à qui le Père a conféré par avance une triple destinée.

    L’or annonce le Roi, l’odeur suave de l’encens de Saba proclame le Dieu, la myrrhe présage le tombeau:

    Tombeau par lequel ce Dieu, laissant périr son corps, et le ressuscitant après la sépulture, brisera la mort et ses cachots.

  • Quicumque Christum quæritis

    La réforme de 1960 a très curieusement supprimé l’octave de l’Epiphanie pour la remplacer par un saugrenu « temps de l’Epiphanie », qui continue de célébrer l’Epiphanie… Voici le début de la grande hymne de l’Epiphanie de Prudence, douzième et dernier poème du Cathemerinon. Elle contient 52 strophes, dont certaines sont utilisées pour les hymnes liturgiques des saints Innocents, de l’Epiphanie, et de la Transfiguration. Voici les six premières strophes (la première ayant été reprise pour être la première de l’hymne des vêpres de la Transfiguration), avec la traduction de dom Guéranger.

    Quicumque Christum quæritis,
    oculos in altum tollite,
    illic licebit visere
    signum perennis gloriæ.

    Hæc stella, quæ solis rotam
    vincit decore ac lumine,
    venisse terris nuntiat
    cum carne terrestri Deum.

    Non illa servit noctibus
    secuta lunam menstruam,
    sed sola cælum possidens
    cursum dierum temperat.

    Arctoa quamvis sidera
    in se retortis motibus
    obire nolint, attamen
    plerumque sub nimbis latent.

    Hoc sidus æternum manet,
    hæc stella nunquam mergitur,
    nec nubis occursu abdita
    obumbrat obductam facem.

    Tristis cometa intercidat,
    et si quod astrum Sirio
    fervet vapore, jam Dei
    sub luce destructum cadat.

    O vous qui cherchez le Christ, levez les yeux en haut ; là, vous apercevrez le signe de son éternelle gloire.

    Une étoile, qui surpasse en beauté et en lumière le disque du soleil, annonce qu’un Dieu vient de descendre sur la terre, dans une chair mortelle.

    Cet astre n’est point un de ces flambeaux de la nuit, qui rayonnent autour de la lune: seul, il semble présider au ciel et marquer le cours du temps.

    Les deux Ourses qui brillent au Nord ne se couchent jamais ; cependant elles disparaissent souvent sous les nuages :

    L’Astre divin brille éternellement ; cette Étoile ne s’efface jamais ; la nuée dans son cours ne vient jamais couvrir d’ombre son brillant flambeau.

    Qu’elle pâlisse, la comète, messagère de tristesse ; et que l’astre enflammé des vapeurs produites par le Sirius, soit vaincu par le flambeau d’un Dieu.

  • La messe traditionnelle est supprimée à Sainte Marie Majeure

    Depuis 14 ans, il y avait une messe de saint Pie V, le premier samedi de chaque mois, en l’honneur de la Sainte Vierge, en la basilique Sainte Marie Majeure de Rome.

    Cette messe n’a pas été célébrée samedi dernier. Et elle ne le sera plus. Ainsi en a décidé le cardinal Santos Abril y Castello, archiprêtre de la basilique, et grand ami de François.

    (Ces derniers temps ce sont les Franciscains de l’Immaculée qui s’occupaient de cette messe…)

  • Epiphanie du Seigneur

    Crudélis Heródes, Deum
    Regem veníre quid times?
    Non éripit mortália,
    Qui regna dat cæléstia.

    Ibant magi, quam víderant,
    Stellam sequéntes prǽviam:
    Lumen requírunt lúmine:
    Deum faténtur múnere.

    Lavácra puri gúrgitis
    Cæléstis Agnus áttigit:
    Peccáta, quæ non détulit,
    Nos abluéndo sústulit.

    Novum genus poténtiæ:
    Aquæ rubéscunt hýdriæ,
    Vinúmque jussa fúndere,
    Mutávit unda oríginem.

    Jesu, tibi sit glória,
    Qui apparuisti géntibus,
    Cum Patre, et almo Spíritu,
    In sempitérna sǽcula.
    Amen.

    Cruel Hérode, que crains-tu de l’arrivée d’un Dieu qui vient régner? Il ne ravit pas les sceptres mortels, lui qui donne les royaumes célestes.

    Les Mages s’avançaient, suivant l’étoile qu’ils avaient vue et qui marchait devant eux : la lumière les conduit à la Lumière ; leurs présents proclament un Dieu.

    Le céleste Agneau a touché l’onde du lavoir de pureté ; dans un bain mystique, il lave en nous des péchés qu’il n’a point commis.

    Nouveau prodige de puissance! L’eau rougit dans les vases du festin ; docile, et changeant sa nature, elle s’écoule en flots de vin.

    O Jésus! qui vous révélez aux Gentils, gloire à vous, avec le Père et l’Esprit divin, dans les siècles éternels!

    Hymne des vêpres, traduction dom Guéranger. Cette hymne est de Sedulius. Ou plus exactement il s’agit d’un fragment de l’hymne de la Nativité de Sedulius, faisant suite à un autre fragment utilisé comme hymne des laudes de Noël. La célébration des trois mystères de l’Epiphanie est précédée d’une apostrophe à Hérode où l’on trouve la même idée que dans le premier sermon de l’Epiphanie de saint Léon le Grand : « Dominus temporale non quærit regnum, qui præstat æternum » : le Seigneur ne cherche pas un royaume temporel, lui qui procure le royaume éternel. Comme on ne sait rien de Sedulius, en dehors du fait qu’il vivait à peu près dans la première moitié du Ve siècle, donc à la même époque que saint Léon, on ne sait pas lequel a repris l’idée de l’autre, ou s’ils ont eu la même idée en même temps…

  • Le Saint Nom de Jésus

    « Dieu a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » à Jésus-Christ notre Seigneur et notre Sauveur. Or « le nom qui est au-dessus de tout nom », c’est Jésus. Et parce que ce nom « est au-dessus de tout nom, au nom de Jésus tout genou fléchit dans les cieux, sur la terre et dans les enfers ». Et parce que ce nom « est au-dessus de tout nom », pendant des générations nul ne le reçut. Moïse a écrit le livre de la Genèse. Nous y lisons la vie d’Abraham et de ses descendants ; il y eut là beaucoup de justes, mais parmi eux aucun ne mérita le nom de Jésus. Abel non plus ne fut pas appelé Jésus, ni celui qui « commença d’invoquer le nom du Seigneur Dieu » [Enos], ni celui qui « plut à Dieu, fut enlevé et dont on ne vit pas la mort » [Hénoch] ; ni celui qui « parmi les hommes de son temps » fut seul trouvé juste auprès de Dieu, Noé ; ni même celui qui avait reçu les promesses de l’Alliance, Abraham, ni celui qui naquit de lui, Isaac ; ni Jacob – l’homme qui supplante ; ni personne de ses fils. « Moïse était fidèle dans toute sa maison » et pourtant il ne fut pas encore appelé Jésus. Mais le nom de Jésus, je le trouve pour la première fois dans l’Exode et je veux considérer dans quelles circonstances est attribué pour la première fois le nom de Jésus.

    Ainsi commence l’un des plus fascinants livres des pères de l’Eglise : les homélies d’Origène sur « Josué », qui sont des homélies sur Jésus.

    Il est très regrettable que saint Jérôme ait appelé « Josué » le personnage biblique que les Septante appelaient « Jésus », et qui était toujours « Jésus » pour saint Luc qui l’évoque dans les Actes des apôtres (7, 45) :

    Nos pères avaient au désert le tabernacle du témoignage, comme l'avait ordonné celui qui dit à Moïse de le faire d'après le modèle qu'il avait vu. Et nos pères, l'ayant reçu, l'introduisirent, sous la conduite de Jésus, dans le pays qui était possédé par les nations que Dieu chassa devant eux, et il y resta jusqu'aux jours de David.

    Et qui était toujours « Jésus » dans l’épître aux Hébreux (4, 8) :

    « Dieu fixe de nouveau un jour - Aujourd'hui - en disant en David si longtemps après, comme il est dit plus haut : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs. Car, si Jésus leur eût donné le repos, il ne parlerait pas après cela d'un autre jour. Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu. »

    Le mot « Josué » est censé rendre compte d’une forme différente de Jésus, la forme longue : Yehochoua, par comparaison avec la forme courte : Yochoua. Mais les deux formes étaient considérées comme identiques, ainsi que le montre bien la Bible des Septante, et les auteurs du Nouveau Testament qui ne font pas de distinction entre un « Jésus » et un « Josué ». Ainsi le successeur de Moïse s’appelait-il Jésus pour les juifs hellénisés comme pour tous les premiers chrétiens et comme encore aujourd’hui pour les chrétiens de langue grecque (ainsi qu'en araméen).

    Origène attire l’attention sur ce premier Jésus de l’histoire sainte, et montre au long de 26 homélies à quel point Jésus fils de Navé préfigure Jésus notre Seigneur, dans les moindres détails de toutes ses actions.

    Qu’il suffise de mentionner ce qu’on dit de lui déjà dans l’Exode, donc avant le livre dit en latin et en français « de Josué ».

    - Moïse fait de Jésus le chef des armées du peuple élu : il remporte la victoire parce que Moïse a les bras en croix (17) ;

    - Jésus est le seul homme qui accompagne Moïse sur le Sinaï pour recevoir la Loi (24) – tout autre homme qui tenterait de s’approcher de la montagne mourrait ;

    - Quand Moïse avait fini de parler avec Dieu dans la tente du Témoignage, Jésus restait dans la tente, et il était le seul à pouvoir y rester ; qui que ce soit d’autre qui chercherait à y entrer mourrait (33).

    Jésus fils de Navé apparaît donc comme le lieutenant de Dieu, l’intermédiaire entre Dieu et Moïse – le médiateur entre Dieu et les hommes, dont on ne parle quasiment pas, mais dont la présence est essentielle.

    « Jésus » veut dire « Dieu sauve ». Jésus fils de Navé est l’homme qui fit passer le Jourdain au peuple hébreu et lui distribua la terre promise. Origène montre qu’entre le passage de la Mer Rouge et le passage du Jourdain un seuil important est franchi dans la révélation de l’Eglise, du baptême, du salut. En attendant l’autre Jésus, qui viendra au Jourdain se faire baptiser et apporter le salut éternel.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    De via perversitátis prodúntur dicere: Virgo concépit, sed non virgo generávit. Potuit ergo virgo concipere, non potuit virgo generare, cum semper concéptus præcedat, partus sequátur? Sed, si doctrinis non creditur sacerdotum, credátur oraculis Christi; credátur monitis Angelórum dicéntium: Quia non est impossibile Deo omne verbum; credátur Symbolo Apostolórum, quod Ecclésia Romana intemerátum semper custódit et servant. Audívit Maria vocem Angeli, et, quæ ante dixerat: Quómodo fiet istud; non de fide generatiónis interrogans, respóndit póstea: Ecce ancílla Dómini, contingat mihi secúndum verbum tuum.

    L’esprit d’erreur fait dire aux hérétiques que Marie a conçu étant vierge, mais qu’elle n’est pas demeurée vierge dans l’enfantement. Comment donc se peut-il faire qu’une vierge puisse concevoir, et qu’une vierge ne puisse pas enfanter, puisque l’enfantement est une suite de la conception ? Mais si on n’en veut pas croire les décisions des évêques, qu’on en croie au moins les oracles de Jésus-Christ et qu’on ajoute foi aux paroles des Anges qui disent nettement « Qu’il n’y a rien d’impossible à Dieu ». Qu’on ajoute foi au symbole des Apôtres, que l’Eglise romaine suit et conserve toujours dans sa pureté. Marie écouta elle-même avec docilité la parole de l’Ange ; et elle qui avait dit : « Comment cela se fera-t-il ? » ne fait plus de question pour s’assurer de la manière dont elle enfantera, mais répond humblement : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. »

    Lecture des matines. Extrait de la lettre de saint Ambroise au pape Sirice, traduction du Breviarum benedictinum, 1725

  • Sainte Geneviève

    Hymne des laudes, traduction Pierre Corneille

    Christo salutis vindici,
    Christique sponsæ virgini,
    Regina regni civitas,
    Honoris hymnum concine.

    Compescit illa noxias
    Ubique pestes corporum,
    Et sæva passim funera
    Nutu potenti comprimit.

    Obfirmat artus languidos,
    Ægris refundit spiritum,
    Linguas ligatas expedit,
    Cæcisque lumen impetrat.

    Quæ signa vivens præstitit,
    Isdem micat post transitum :
    Cœloque mittit arduo
    PJenam salutis copiam.

    Flos Genovefa virginum,
    Quæ sic pericla discutis,
    Morbosque sistis corporum,
    Aufer venena mentibus :

    Ut labe tersa criminis,
    Christus sua nos gratia
    Amore solvat sæculi,
    Tecumque reddat patriæ.

    Gloria tibi, Domine,
    Qui natus es de virgine,
    Cum Patre et sancto Spiritu,
    In sempiterna sæcula !

              Chante, ville, reine des villes,
    Chante un hymne de gloire à ton divin Sauveur,
    À son épouse vierge ; et sur tes murs fragiles
    Attires-en la grâce, et fixe la faveur.

              Quoi qu’osent la fièvre et la peste,
    Elle en brise le trait le plus envenimé,
    Et des soudaines morts le ravage funeste
    Par ses regards bénins est soudain réprimé.

              Dans les langueurs elle encourage,
    Elle rend aux mourants la force et la santé ;
    De la langue captive elle rompt l’esclavage,
    Elle obtient pour l’aveugle une pleine clarté.

              Les miracles que fit sa vie
    Ne sont point épuisés par son retour aux cieux ;
    Et plus par un vrai zèle en terre elle est servie,
    Plus sa haute vertu s’épand sur ces bas lieux.

              Vierge, que notre chœur réclame,
    Qui dissipes ainsi les plus dangereux maux,
    Quand tu prends soin du corps, prends-en aussi de l’âme,
    Et donne pour tous deux des remèdes égaux.

              Fais que purgés de tous nos crimes,
    Jésus-Christ de sa grâce honore notre foi,
    Et que nous dégageant de ces mortels abîmes,
    À la sainte patrie il nous rende avec toi.

              Gloire à toi, Verbe inconcevable,
    Sauveur, par une vierge ici-bas enfanté !
    Gloire au Père éternel, à l’Esprit ineffable,
    Et durant tous les temps et dans l’éternité !

  • Apparuit hodie

    Apparuit hodie
    Mira virtus gratiae,
    Quae Deum circumcidit.

    Nomen ei coelicum,
    Nomen et salvificum,
    Quod est Jesus, indidit.

    Nomen salus homini,
    Nomen quod os Domini
    Ab aeterno nominat.

    Dudum Matri Numinis
    Hoc et sponso Virginis
    Angelus denuntiat.

    Tu nequam vim Zabuli,
    Tu peccatum saeculi
    Nomen sacrum superas.

    Jesu, nostrum pretium,
    Jesu, spes moerentium,
    Mentes sana miseras.

    Quod deest in homine
    Supple tuo nomine,
    Quod est salutiferum.

    Tua circumcisio
    Cordis sit praecisio,
    Efficax cauterium.

    Sanguis fusus sordidos
    Lavet, riget aridos,
    Moestis det solatium.

    Anni nunc initio,
    Pro felici xenio
    Para, Jesu, praemium. Amen.

    Aujourd’hui, est apparue la merveilleuse vertu de la grâce, dans la Circoncision d’un Dieu.

    Un Nom céleste, un Nom de salut, le Nom de Jésus lui est donné.

    C’est le Nom qui sauve l’homme, le Nom que la bouche du Seigneur a prononcé dès l’éternité.

    Dès longtemps, à la Mère de Dieu, dès longtemps, à l’époux de la Vierge, un Ange l’a révélé.

    Nom sacré, tu triomphes de la rage de Satan et de l’iniquité du siècle.

    Jésus, notre rançon, Jésus, espoir des affligés, guérissez nos âmes malades.

    A tout ce qui manque à l’homme suppléez par votre Nom, qui porte avec lui le salut.

    Que votre Circoncision épure notre cœur, cautérise ses plaies.

    Que votre sang répandu lave nos souillures, rafraîchisse notre aridité, qu’il console nos afflictions.

    En ce commencement d’année, pour étrennes fortunées, préparez notre récompense, ô Jésus ! Amen.

    Séquence des missels de Paris, XIVe-XVe siècles, traduction dom Guéranger

  • Octave de la Nativité

    Dans le deuxième tome de son Liber sacramentorum, paru en 1929, le bienheureux cardinal Schuster brossait un historique de cette fête aussi bref qu’érudit :

    « Octave du Seigneur. Tel était, dans les calendriers romains, le titre primitif de la synaxe de ce jour, jusqu’à ce que, sous l’influence des liturgies gallicanes, on lui ait ajouté celui de la circoncision du Seigneur. D’ailleurs, dans les premiers temps après la paix de l’Église, les fêtes païennes du premier de l’an et les danses désordonnées qui l’accompagnaient avaient dissuadé les Papes de célébrer une station en ce jour ; d’autant plus que toute la quinzaine qui va de Noël à l’Épiphanie était considérée comme la fête ininterrompue de la théophanie du Divin Enfant, et que, d’autre part, l’octave était un privilège spécial de la solennité de Pâques. Mais quand, vers la fin du VIe siècle, on voulut réagir contre les derniers efforts de la religion païenne, qui se débattait désespérément dans son agonie, alors que dans les pays de rit gallican on institua la fête de la circoncision du divin Enfant, à Rome on préféra solenniser le huitième jour de la naissance du Seigneur. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’une octave comme celle de Pâques, et, plus tard, de celle de la Pentecôte, qui se terminaient l’une et l’autre le samedi suivant, et ce jour devint une fête d’un caractère quelque peu vague et tout à fait spécial, qui tombait presque au milieu du cycle de Noël, comme la solennité du mediante die festo, que célébraient les grecs au milieu du temps pascal. Nous ne savons rien de la basilique stationnale primitive ; dans le lectionnaire de Würzbourg est indiquée Sainte-Marie ad Martyres dans le Panthéon d’Agrippa, mais après que Grégoire IV eût érigé, à l’imitation de la Libérienne, une crèche à Sainte-Marie du Transtévère, la station fut transférée en cette basilique, sorte de cathédrale transtévérine. (…)

    « La messe et l’office de la fête de ce jour révèlent un caractère mixte et sans grande originalité. Au début, il s’agissait d’une simple octave du Seigneur ; puis, en relation avec la basilique mariale où se faisait la station, on y inséra une commémoration particulière de la virginale maternité de Marie. Plus tard, on y ajouta la circoncision et la présentation de Jésus au temple, bien que ce dernier souvenir, certainement par l’influence des Byzantins, dût par la suite être détaché de l’office du 1er janvier, pour être célébré le 2 février. »

    Quatre ans plus tard, en 1933, dom Bernard Botte, futur directeur de l’Institut supérieur de liturgie, « découvrait » qu’en fait, primitivement, le 1er janvier à Rome était une fête de Marie Mère de Dieu, la première fête mariale de la liturgie romaine.

    Dom Bernard Botte devint un patriarche du mouvement liturgique, et sous son influence (augmentée de celle de l’abbé Laurentin), lors de la révolution post-conciliaire, on décréta que le 1er janvier devait « redevenir » le jour de la fête de Marie Mère de Dieu. Et dans son exhortation apostolique Marialis cultus, en 1974, Paul VI n’hésitait pas à évoquer « la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, ainsi placée au 1er janvier selon l’ancienne coutume de la liturgie de Rome ».

    C’est un bel exemple de l’imposture du retour aux sources, et de l’autorité de la vénérable antiquité inventée par les grands savants contemporains.

    Car dès 1936 un autre spécialiste, Bernardo Opfermann, avait montré que dom Botte se trompait. Et dans les années d’après concile, quiconque voulait se renseigner pouvait savoir que la thèse de dom Botte était fausse. Mais le prestige du bénédictin et la volonté de rupture étaient plus forts que la vérité historique. Et l’on fabriqua donc une liturgie de la fête de la Mère de Dieu, au mépris de la vérité historique mais aussi – et surtout – de la tradition.

    Dès 1960 on avait supprimé de l’intitulé de la fête celui de la Circoncision du Seigneur. Au motif bien sûr qu’il avait été ajouté tardivement. Il est fort étrange qu’en un temps où l’on s’évertue à nous montrer la continuité et la proximité entre le judaïsme et le christianisme, on supprime précisément un élément de cette continuité et proximité. Qui est en outre un élément important dans l’économie de l’Incarnation, et qui est enfin un élément symbolique capital : ce huitième jour qui est celui de la circoncision est l’annonce du huitième jour de la Résurrection, et c’est ainsi que la Loi annonçait la Grâce. Néanmoins on a gardé l’évangile de la circoncision, puisqu’on ne peut pas supprimer le fait que le 1er janvier soit le huitième jour après la Nativité, mais ce qu’il signifie passe, au mieux, au second plan, ou devient simplement anecdotique.

    (Pour la réfutation de la thèse de dom Botte, voir cet article de dom Jacques Marie Guilmard, de Solesmes.)

  • 7e jour dans l’octave de Noël

    Les rubriques de 1960 ont élevé les jours de l’octave de la Nativité au rang des fêtes de deuxième classe, si bien que la fête de saint Silvestre n’est plus qu’une commémoraison. Ce dernier jour de l’année civile reste toutefois « la Saint-Silvestre », et comme je n’ai jamais encore évoqué ce saint pontife sur mon blog, voici les antiennes d’un office découvert par dom Guéranger, qui retracent l’essentiel de sa très importante action sur le siège de Pierre.

    Electus Dei Pontifex, tyranni Maxentii declinans immanitatem, in Soracte monte latitans, Dominum exorabat, ut pacem suam tandem daret Ecclesiæ.

    Dum latitat, Apostolorum Petri et Pauli admonitu, ab imperatore Constantino vocatur quem lepra laborantem salutari baptismi lavacro recreat ac sanat.

    Constantinum Caesarem in Christi fide plenius instruens, Augusti basilicam in Salvatoris nomine Ecclesiam primus publice consecravit.

    De gloria Dei et hominum salute sollicitus Silvester, salutaris doctrinae praeceptis populum instruens, eum a versuti serpentis dogmate, mirabiliter liberavit.

    In mystico Sacerdotum numero universalem Nicaenam Synodum convocans, haereticorum machinas Spiritus Sancti virtute prostravit.

    Hic est sanctus Pontifex, cujus temporibus Christus pacem dedit Ecclesiæ, et romanum imperium sublimem antiquae gloriae apicem sacerdotis pedibus inclinavit.

    Élu Pontife de Dieu, pour fuir la cruauté du tyran Maxence, il chercha une retraite sur le Soracte ; et de là, il priait le Seigneur de donner enfin la paix à son Église.

    Pendant qu’il est ainsi caché, l’empereur Constantin, sur l’avertissement des Apôtres Pierre et Paul, le fait appeler ; Silvestre soulage et guérit dans le bain salutaire du baptême ce prince affligé de la lèpre.

    Il instruit pleinement le César Constantin dans la foi du Christ, et, le premier, consacre publiquement en Église, sous le nom du Sauveur, la basilique de cet Auguste.

    Tout occupé de la gloire de Dieu et du salut des hommes, Silvestre instruit le peuple des préceptes de la doctrine du salut ; il le délivre, par une merveilleuse doctrine, des atteintes du serpent plein d’artifices.

    Convoquant le Synode universel de Nicée, où figure un nombre mystique de Pontifes, il renverse les machinations des hérétiques par la vertu de l’Esprit Saint.

    C’est là le saint Pontife dans les jours duquel le Christ a donné la paix à l’Église ; et l’empire romain a incliné, sous les pieds d’un prêtre, le faite sublime de son antique gloire.