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Liturgie - Page 418

  • Notre Dame de Pontmain

    Dans les « diocèses de l’ouest », c’est la fête de l'apparition de Notre Dame à Pontmain. C’est aujourd’hui le 143e anniversaire. Au sanctuaire la grand-messe est célébrée par Mgr Moutel, évêque de Saint-Brieuc, en présence de Mgr Scherrer, évêque de Laval.

    Voici deux illustrations trouvées sur le site d’un antiquaire… japonais (la première montre quatre statues illustrant quatre phases de l'apparition). Or ce site ne le dit pas, mais il y a un lien entre Pontmain et le Japon…

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    carte_de_n-d_de_pontmain.jpg

  • Saint Marcel Ier

    Epigraphe du pape Marcel Ier par le pape saint Damase :

    VERIDICVS • RECTOR • LAPSOS • QVIA • CRIMINA • FLERE
    PRAEDIXIT • MISERIS • FVIT - OMNIBVS • HOSTIS • AMARVS
    HINC • FVROR • HINC • ODIVM • SEQUITVR • DISCORDIA • LITES
    SEDITIO • CAEDES • SOLVVNTVR • FOEDERA • PACIS
    CRIMEN • OB • ALTERIVS • CHRISTVM • QVI • IN • PACE • NEGAVIT
    FINIBVS • EXPVLSVS • PATRIAE • EST • FERITATE • TYRAMNI
    HAEC • BREVITER • DAMASVS • VOLVIT • COMPERTA • REFERRE
    MARCELLI • VT • POPVLVS • MERITVM • COGNOSCERE • POSSIT

    Parce que, en vrai Pasteur, il avait ordonné aux pécheurs de pleurer leurs fautes,
    Il fut considéré par tous les méchants comme un adversaire
    D’où la fureur, la haine, la discorde, la querelle, plein de fiel.
    La sédition, les massacres ; le lien de la concorde fut brisé
    Par les artifices iniques de quelqu’un qui, au temps même de la paix, avait renié le Christ.
    (Le Pasteur) fut expulsé du sol paternel par la cruauté du tyran.
    Damase, à qui tout cela est parfaitement connu, a voulu le rapporter succinctement,
    Afin que le peuple connaisse le mérite de Marcel.

    (Rapportée par le bienheureux cardinal Schuster)

  • Saint Paul ermite

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    Icône d’Isaac Fanous. Explication par Ashraf Sadek :

    La rencontre de ces deux géants de l'ascèse que sont Paul et Antoine est une pierre angulaire dans l'édification de la vie ascétique en Egypte.

    La scène se déroule sur une terre qui est déjà le reflet du ciel; puissamment éclairée par les " ombres " qui rayonnent des deux saints, elle reflète l'harmonie et l'équilibre retrouvés dans la création: le désert, terre hostile à l'homme, offre aux ascètes l'hospitalité de la grotte, l'eau de la source et les fruits du palmier (1); les lions, animaux prédateurs de l'homme, sont doux et soumis aux ascètes (2), tout comme le corbeau (3) qui, messager du ciel, leur fournit la nourriture nécessaire : cette scène est une hymne à la réconciliation de la création avec l'homme, lorsque celui-ci est lui-même réconcilié avec Dieu.

    « Salut à celui qui est doux comme David, et qui a combattu les tribus invisibles,
    Abba Paul, Arbre du désert, sous les branches duquel s'abritent les ascètes,
    Fruit doux dont ils se nourrissent,
    Lampe spirituelle qui illumine les âmes de ceux qui cherchent le Seigneur.
    Salut à toi, Paul, Soldat du Christ Roi, choisi par le Seigneur comme Paul l'apôtre,
    Fleuve de vie qui coule au milieu du désert, toi qui es devenu l'ami
    des créatures incorporelles, alors que tu étais dans la chair.
    Salut à toi, Paul, Grand Astre qui illumine toute la terre.
     »

    Mes notes

    (1) Il est curieux que le palmier soit si petit, alors qu’il tient une bien plus grande place dans le récit de saint Jérôme.

    (1) Lorsque Antoine revint voir Paul, celui-ci était mort. Il ne savait comment faire pour l’ensevelir. Alors apparurent deux lions qui creusèrent une fosse et vinrent lui lécher les pieds.

    (2) Le corbeau apportait chaque jour à Paul un demi-pain. Le jour où Antoine vint le visiter, il apporta un pain entier.

  • Saint Hilaire

    Et quia summus apex fidei, virtutis, honoris,
    Hilarius famae radios jaculabat in orbem,
    Rite sacerdotis penetralia jura gubernans,
    Buccina terribilis, tuba legis, praeco Tonantis,
    Pulchrior electro, ter cocto ardentior auro,
    Largior Eridano, Rhodano torrentior amplo,
    Uberior Nilo, generoso sparsior Histro:
    Cordis inundantis docilis ructare fluenta,
    Fontibus ingenii sitientia pectora rorans
    Mens Evangelii bis bini plena libelli,
    Quattuor ore suo manans nova flumina mundo
    Ornatum Ecclesiae, pollens diadema coruscum
    In membris Christi capitis velut infula fulgens
    Pectore belligerans, adamantinus arte topazos
    Ad virtutis opus mens inconcussa palaestris,
    Gemmifer eloquiis, radiantior ore lapillis:
    Doctor apostolicus, vacuans ratione sophistas
    Dogmate, luce, fide, informans virtute sequaces
    Hostibus hic quoniam gravis insuperabilis esset
    Ducitur exsilio, quia longa silentia tendit,
    Regis et auxilio petit hic sua praemia miles.

    C'était le temps où, modèle éminent de foi, de vertu et d'honneur, Hilaire dardait sur le monde les rayons de sa renommée, où sa puissance épiscopale soutenait avec fermeté les droits légitimes du sanctuaire : Hilaire, clairon terrible, trompette de la loi, héraut du Dieu qui tonne, plus pur que l'électrum, plus éclatant que l'or trois fois éprouvé par la flamme, plus large que l'Eridan, plus impétueux que le Rhône immense, plus abondant que le Nil, plus étendu que l’Ister [le Danube], si prodigue de ses ondes ; il épanchait à plaisir les torrents qui débordaient de son cœur ; il arrosait des flots de son génie les âmes altérées. Son esprit était plein des quatre livres de l'Evangile, et de sa bouche coulèrent quatre nouveaux fleuves sur la terre. Puissante parure de l'Eglise, il était comme un diadème étincelant, une brillante bandelette du corps et du front de Jésus-Christ. Ame ardente au combat, topaze et diamant pour le style, cœur inébranlable dans les luttes et les travaux de la foi, son éloquence roulait des perles, ses discours avaient plus d'éclat que le rubis : docteur apostolique, ses raisonnements épuisaient les sophistes ; sa doctrine, ses lumières, sa piété, ses vertus instruisaient les fidèles. Comme cet insurmontable adversaire était un obstacle pour l'hérésie, on l'envoya en exil aux bords lointains où s'élève Séleucie ; mais grâce au secours de son roi divin, le soldat du Christ retira de son exil même sa récompense.

    Saint Venance Fortunat, extrait de la Vie de saint Martin, livre 1, traduction E.F. Corpet, 1843.

  • Une bonne nouvelle à Nîmes

    La ville et sa région étaient plutôt sinistrées en ce qui concerne la messe de saint Pie V (il est vrai qu’en plein fief calviniste ça ne date pas d’hier). Mais la plus ancienne église de la ville, Sainte-Eugénie, en plein centre, est désormais dédiée à la messe traditionnelle : messe basse et grand-messe le dimanche, messes le mercredi et le jeudi (et toujours le lundi à la cathédrale).

  • Commémoraison du baptême de Notre Seigneur

    Pourquoi le ciel s'ouvrit-il lorsque Jésus-Christ fut baptisé? Pour vous apprendre que la même chose arrive invisiblement à votre baptême où Dieu vous appelle à votre patrie qui est dans le ciel, et vous excite à ne plus avoir rien de commun avec la terre. Quoique ce miracle ne s'opère pas visiblement pour vous, ne laissez cependant pas que d'y croire.

    Dieu, dans la première institution de ses mystères, a coutume de faire voir quelque signe et quelque prodige extérieur pour les âmes les plus grossières, qui ne peuvent comprendre rien de spirituel, et qui ne sont touchées que de ce qui frappe les sens; afin que lorsqu'on nous propose ces mêmes mystères, sans être accompagnés de ces miracles, nous les embrassions aussitôt avec une foi ferme et docile. Ainsi lorsque le Saint-Esprit descendit sur les apôtres, on entendit le bruit d'un souffle violent, et il parut des langues de feu. Et ce miracle ne se fit point pour les apôtres, mais pour les Juifs qui étaient présents. Si nous ne voyons plus maintenant les mêmes signes, nous recevons néanmoins les mêmes grâces, dont ces signes étaient la figure.

    Il parut alors une colombe sur Jésus-Christ, afin qu'elle fût comme un doigt du ciel, qui indiquât et aux Juifs et à saint Jean, que Jésus-Christ était Fils de Dieu. De plus, elle devait apprendre à chacun de nous, que lorsqu'il est baptisé, le Saint-Esprit descend dans son âme, quoique ce ne soit plus dans une forme visible parce que nous n'en avons plus besoin, et que la foi maintenant suffit seule sans aucun miracle. Car les miracles, comme dit saint Paul, ne sont pas pour les fidèles, mais pour les infidèles.

    Mais pourquoi, me direz-vous, le Saint-Esprit paraît-il sous la forme d'une colombe? C'est parce que la colombe est douce et pure, et le Saint-Esprit, qui est un esprit de douceur et de paix, a voulu paraître sous cette figure. Cette colombe nous fait aussi souvenir d'un fait que nous lisons dans l'Ancien Testament. Lorsque toute la terre fut inondée par le déluge, et toute la race des hommes en danger de périr, la colombe parut pour annoncer la fin du cataclysme, elle parut avec un rameau d'olivier, apportant la bonne nouvelle du rétablissement de la paix dans le monde, Or tout cela était une figure de l'avenir. Les affaires des hommes étaient alors dans une bien pire condition qu'aujourd'hui, et le châtiment qu'ils avaient mérité, plus terrible. Il y a donc pour nous, dans la réminiscence de cette antique histoire, un motif de ne pas désespérer, puisque l'issue d'un état de choses si désespéré fut une délivrance et un amendement. Mais ce qui se fit alors par le déluge des eaux, s'opère aujourd'hui comme par un déluge de grâce et de miséricorde. La colombe ne porte plus maintenant un rameau d'olivier, mais elle montre aux hommes Celui qui va les délivrer de tous leurs maux, et elle nous marque les grandes espérances que nous devons concevoir; Elle ne fait point sortir de l'arche un seul homme pour repeupler la terre, mais elle attire toute la terre au ciel, et au lieu d'un rameau d'olivier elle apporte aux hommes l'adoption des enfants de Dieu.

    Saint Jean Chrysostome, homélie 12 sur saint Matthieu, fin 2 début 3

  • La Sainte Famille

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    La fête de la Sainte Famille est l’exemple type de la décadence de la théologie et de la spiritualité occidentales. Il est bien évident que l’Eglise ne peut pas donner comme modèle de la famille une mère vierge, un père adoptif, et un enfant unique. C’est pourtant ce qu’on s’est échiné à faire gober au pauvre peuple chrétien, à grand renfort d’images pieuses toutes plus mièvres et antireligieuses les unes que les autres, à partir, évidemment, de la fin du XIXe siècle.

    Je ne sais pas qui a écrit la notice de wikipedia, mais elle dit tout :

    « Les représentations artistiques de la Sainte Famille sont nombreuses, notamment parce qu'elle forme la famille idéale dans la symbolique chrétienne: un couple aimant avec un enfant chéri, vivant modestement et honnêtement de son travail, respectueuse des lois et des conventions sociales. Elle symbolise les vertus familiales pour les chrétiens. »

    La vraie symbolique chrétienne est très loin de ce suave salon de bons chrétiens petits bourgeois honnêtes, travailleurs et soumis aux lois… de la République (ben tiens, c’est Léon XIII).

    Le baptême nous fait fils de Dieu dans le Fils, fils adoptifs du Père au sein de la Sainte Trinité. La Sainte Famille du chrétien, la Sainte Famille dans laquelle il vit – pour l’éternité bienheureuse – c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est toute la famille des rachetés – l’Eglise - qui est rassemblée dans la triple et unique lumière de la Famille divine.

    Cette fête a été instaurée par Léon XIII en 1893, fixée au troisième dimanche après l’Epiphanie dans les diocèses qui en font la demande. Puis elle disparut lors de la réforme de saint Pie X. Elle fut rétablie par Benoît XV et rendue obligatoire, en 1921 (sauf pour les moines, qui ne l’ont pas adoptée), au dimanche qui suit l’Epiphanie.

    En fait, dans les paroisses, du moins en France, cette fête ne peut être célébrée que les années où l’Epiphanie tombe un dimanche. Car sinon on célèbre obligatoirement la solennité transférée de l’Epiphanie.

    Très rares sont ainsi les fidèles qui ont ce dimanche la fête de la Sainte Famille. Il se trouve que je fais partie de ceux-là... (D’où la véhémence de ma réaction…)

    En revanche, on constate que dans le calendrier de la révolution liturgique on n’échappe pas à la fête de la Sainte Famille, fixée au dimanche qui suit Noël. Les réformateurs de la liturgie avaient comme principe le retour au sources et donc l’élagage de branches adventices ajoutées au cours des siècles. Or ils ont bien pris soin de garder la fête de la Sainte Famille et de lui redonner sa visibilité. Un exemple parmi d’autres de leurs ubuesques incohérences — ou un effet de leur esprit petit bourgeois, caractéristique de la plupart des révolutionnaires.

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  • De la Sainte Vierge le samedi

    Flos pudicitiæ,
    Aula munditiæ,
    Mater misericordiæ,

    Salve, Virgo serena,
    Vitæ vena,
    Lux amœna,
    Rore plena
    Septiformis Spiritus,
    Virtutibus
    Ornantibus,
    Ac moribus
    Vernantibus !

    Rosa jucunda,
    Castitatis lilium,
    Prole fœcunda,
    Gignis Dei Filium ;
    Virgoque munda
    Tu post puerperium.

    Modo miro,
    Sine viro,
    Prole fœcundaris.

    Summi Ducis,
    Veræ lucis
    Partu decoraris.

    Virga, flore,
    Rubo, rore
    Virgo designaris.

    Vellereque
    Madenteque
    Digna Domini paris.

    Virgo prolem,
    Stella solem,
    Profers, expers paris.

    Ob hoc rite,
    Via vitæ
    Jure prædicaris.

    Tu spes, et refugium
    Lapsorum humilium :
    Tu medela criminum,
    Salus pœnitentium.

    Tu solamen tristium,
    Levamen debilium ;
    Tu purgatrix sordium,
    Confirmatrix cordium.

    Tu laus, tu remedium
    In te confidentium,
    Tu vitale præmium
    Tibi servientium.

    O pia Maria,
    Lapsis advocata,
    Tu cunctis miseris
    Dulcis spes et grata.

    Erige, dirige
    Corda tuorum,
    Ad pia gaudia
    Regni cælorum.

    Quo vere gaudere
    Per te possimus,
    Cum Natoque tuo,
    Regnantes simus. Amen.

    Fleur de virginité, Sanctuaire de pureté, Mère de miséricorde.

    Salut ! Vierge sereine, Source de vie, Lumière aimable, Baignée de la rosée De l’Esprit aux sept dons ; De vertus Ornée, De mérites Toute fleurie.

    Rose chérie, Lis de chasteté, Mère féconde, Tu enfantes le Fils de Dieu, Et tu demeures vierge Après l’enfantement.

    Par une merveille, Sans le secours de l’homme, Tu deviens féconde ;

    Du grand Roi, De la vraie lumière L’enfantement fait ta gloire.

    La branche, la fleur, Le buisson, la rosée, Prophétisent ta virginité;

    Et aussi la toison Humide de rosée, Digne Mère du Seigneur.

    Vierge, tu produis un Fils, Étoile, un Soleil, A jamais sans égale.

    Pour ce prodige, La Voie de la vie Nous t’appelons.

    Tu es l’espoir et le refuge Des pauvres âmes tombées, Le remède des péchés, Le salut des pénitents.

    Tu es la consolation des affligés, Le soulagement des faibles, Purifiant les souillures, Affermissant les cœurs.

    Tu es la gloire et le secours De ceux qui en toi se confient, La récompense pleine de vie Pour ceux qui servent sous tes lois

    Miséricordieuse Marie, Avocate des criminels, A tous les malheureux Douce et gracieuse espérance ;

    Élève et dirige Les cœurs de tes esclaves Vers les saintes joies Du céleste royaume,

    Où goûter la vraie joie Par toi nous pourrons, Et, avec ton Fils, Régner à jamais. Amen.

    Séquence médiévale des Eglises d’Angleterre, selon dom Guéranger qui en donne le texte et cette traduction. Mais le British Museum possède un manuscrit de la Bibliothèque d’Arundel où cette séquence est intitulée « Cantus de Domina post cantum Aaliz » (chant de Notre Dame selon l’air d’Aaliz, ou Alix, Alice, ou plus probablement La belle Aelis, chant de danse célèbre de l’époque : chant français, et le texte du British Museum est indiqué « Latine et Gallice » (et non « Latine et Anglice », comme le suivant de liste) : en latin et en français, et il donne du reste la version « française », dont voici le début :

    Flur de virginite,
    Chambre donestete,
    De merci mere et de pite,
    Deu wus saut,
    Virgine pure,
    Ki nature
    Deu gendrure
    E porteure,
    Surmontez
    Par vos bontez,
    Dont tanz auvez
    Ki bien poez
    Aider assez
    As mesaissiez.

  • Les rois mages au berceau de l’Eglise

    Tout est donc consommé. Bethléem n’est plus seulement le lieu de la naissance du Rédempteur, elle est encore le berceau de l’Église ; et combien le Prophète avait raison de s’écrier : « O Bethléem ! tu n’es pas la moindre entre les villes de Juda ! » Comme il nous est aisé de comprendre l’attrait qui porta saint Jérôme à dérober sa vie aux honneurs et aux délices de Rome, aux applaudissements du monde et de l’Église, pour venir s’ensevelir dans cette grotte, témoin de tant et de si sublimes merveilles ! Qui ne désirerait aussi vivre et mourir dans cette retraite bénie du ciel, toute sanctifiée encore de la présence de l’Emmanuel, tout embaumée des parfums de la Reine des Anges, toute retentissante de l’écho des concerts célestes, toute remplie du souvenir des Mages, nos pieux ancêtres !

    Rien n’étonne ces heureux Princes en entrant dans l’humble séjour. Ni la faiblesse de l’Enfant, ni la pauvreté de la Mère, ni le dénuement de l’habitation, rien ne les émeut. Loin de là, ils comprennent tout d’abord que le Dieu éternel, voulant visiter les hommes, et leur montrer son amour, devait descendre jusqu’à eux, et si bas, qu’il n’y eût aucun degré de la misère humaine qu’il n’eût sondé et connu par lui-même. Instruits par leur propre cœur de la profondeur de cette plaie d’orgueil qui nous ronge, ils ont senti que le remède devait être aussi extrême que le mal ; et dans cet abaissement inouï, ils ont reconnu tout d’abord la pensée et l’action d’un Dieu. Israël attend un Messie glorieux et tout éclatant de gloire mondaine ; les Mages, au contraire, reconnaissent ce Messie à l’humilité, à la pauvreté qui l’entourent ; subjugués par la force de Dieu, ils se prosternent et adorent, dans l’admiration et l’amour.

    Dom Guéranger

  • O sola magnarum urbium major Bethlem

    Pour le 9 janvier, dom Guéranger donne le texte et sa traduction de ce qu’il présente comme la fin de l’hymne de Prudence. Mais il manque 23 strophes. La première ici reproduite est aussi la première de l’hymne liturgique des laudes de l’Epiphanie.

    O sola magnarum urbium
    major Bethlem, cui contigit
    ducem salutis cælitus
    incorporatum gignere.

    Altrice te summo Patri
    hæres creatur unicus,
    homo ex tonantis spiritu
    idemque sub membris Deus.

    Hunc et prophetis testibus
    iisdemque signatoribus,
    testator et sator jubet
    adire regnum et cernere :

    Regnum, quod ambit omnia
    diva et marina et terrea
    a solis ortu ad exitum
    et tartara et cælum supra.

    (…)

    Hic rex priorum judicum,
    rexere qui Jacob genus,
    dominæque rex ecclesiæ,
    templi et novelli et pristini.

    Hunc posteri Ephraim colunt,
    hunc sancta Manasse domus
    omnesque suspiciunt tribus
    bis sena fratrum semina.

    Quin et propago degener
    ritum secuta inconditum,
    quæcumque dirum fervidis
    Baal caminis coxerat,

    Fumosa avorum numina
    saxum, metallum, stipitem,
    rasum, dolatum, sectile,
    in Christi honorem deserit.

    Gaudete quidquid gentium est,
    Judaea, Roma, et Græcia,
    Ægypte, Thrax, Persa, Scytha,
    rex unus omnes possidet.

    Laudate vestrum principem
    omnes beati, ac perditi,
    vivi, inbecilli ac mortui:
    jam nemo posthac mortuus.

    O Bethléem ! plus grande que les plus illustres cités ! à toi l’honneur d’avoir produit l’auteur du salut, incarné par un mystère céleste.

    Ton nourrisson est l’héritier unique du Père souverain ; il s’est fait homme par la vertu de l’Esprit de Celui qui lance le tonnerre ; il est toujours un Dieu sous des membres humains.

    Les Prophètes sont ses témoins ; ils le désignèrent aux siècles à venir ; son Père le proclame, et lui a donné l’ordre de prendre possession du royaume :

    Ce royaume, qui comprend toutes choses, le ciel, la mer, la terre, qui s’étend du lever du soleil à son couchant, des abîmes de l’Enter aux sommets de l’Empirée.

    Il est le Roi de ces antiques chefs qui régirent la race de Jacob, le Prince de l’Église maîtresse, et du nouveau temple et de l’ancien.

    C’est lui qu’adorent les enfants d’Ephraïm, la maison sainte de Manassé ; lui que reconnaissent toutes les tribus, issues des douze frères, enfants de Jacob.

    La race dégénérée elle-même, celle qui, livrée à des rites absurdes, fondait la statue de son cruel Baal dans des fourneaux enflammés,

    Abandonne, pour honorer le Christ, les dieux enfumés de ses pères, la pierre, le métal, le bois que sculptèrent ses mains.

    Réjouissez-vous, ô nations ! Judée, Rome, Grèce, Egypte, Thrace, Perse, Scythie ! un Roi unique règne sur vous.

    Célébrez votre Prince, ô vous tous, justes et pécheurs, vivants, infirmes et morts ; désormais, nul ne mourra plus.