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Liturgie - Page 354

  • 19e dimanche après la Pentecôte

    « Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. »

    D’emblée il y a ici une différence essentielle avec la parabole plus ou moins parallèle de saint Luc : « Un homme fit un grand dîner. »

    Le roi qui fait des noces pour son fils, c’est Dieu qui organise le mariage du Fils. Ce mariage, c’est d’abord celui de la nature divine avec la nature humaine, par l’incarnation. C’est aussi le mariage du Christ et de son Eglise, image et type du mariage humain : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux seront une seule chair. Ce mystère est grand, je dis cela par rapport au Christ et à l’Eglise. » Et je cite ce propos de saint Paul aux Ephésiens (5, 31-32) par rapport au synode qui s’ouvre aujourd’hui…

    Mais, dans la parabole, il n’y a pas la moindre allusion à la mariée… Qui est-elle ? Avec qui se marie le Fils du Roi ?

    Avec moi. Avec vous. Tous ceux à qui s’adresse l’Evangile. Tous ceux du moins qui ont le vêtement de noces.

    C’est le mariage de l’Epoux et de l’Epouse du Cantique des cantiques. L’union du Verbe de Dieu avec l’âme qui le reçoit. « Car je vous ai fiancés à l’unique Epoux, comme une vierge pure à présenter au Christ » (II Corinthiens, 11, 2). Mais pour que cette union déifiante ait lieu, l’âme doit porter le vêtement de noces. La robe blanche de son baptême. « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Galates 3, 27) Cette phrase – avec un alléluia final - est le chant très solennel qui, aux grandes fêtes, remplace le Trisagion, avant la proclamation de l’évangile, dans la divine liturgie de saint Jean Chrysostome. Elle est donc chantée trois fois, suivie d’une doxologie, et encore une fois.

    « Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, ayez pitié de nous », est remplacé par l’affirmation que les baptisés ont revêtu le Christ et donc participent aux noces préparées par le Père, dans la surabondance de lumière du Saint-Esprit : le vin des noces de Cana.

  • Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

    Voici une belle pêche, rosée et si sucrée que tous les confiseurs ne sauraient imaginer une si douce saveur. Dis-moi, ma Céline, est-ce pour la pêche que le bon Dieu a créé cette jolie couleur rose si veloutée et si agréable à voir et à toucher ? Est-ce pour elle encore qu'Il a dépensé tant de sucre ?... mais non, c'est pour nous et non pas pour elle. Ce qui lui appartient, ce qui fait l'essence de sa vie c'est son noyau, nous pouvons lui enlever toute sa beauté sans lui enlever son être. Ainsi Jésus se plaît à prodiguer ses dons à quelques-unes de ses créatures, mais bien souvent c'est pour s'attirer d'autres cœurs, et puis quand son but est atteint, il fait disparaître ces dons extérieurs, il dépouille complètement les âmes qui Lui sont les plus chères. En se voyant dans une aussi grande pauvreté ces pauvres petites âmes ont peur, il leur semble qu'elles ne sont bonnes à rien puisqu'elles reçoivent tout des autres et ne peuvent rien donner, mais il n'en est pas ainsi, l'essence de leur être travaille en secret, Jésus forme en elles le germe qui doit se développer là-haut dans les célestes jardins des Cieux. Il se plaît à leur montrer leur néant et sa puissance, Il se sert pour arriver à elles des instruments les plus vils afin de leur montrer que c'est bien Lui seul qui travaille. Il se hâte de perfectionner son œuvre pour le jour ou, les ombres s'étant évanouies, Il ne se servira plus d'intermédiaires, mais d'un Face à Face éternel !

    Lettre 147, à Céline, 13 août 1893

  • Les saints anges gardiens

    Salve angele Dei sancte
    custos animæ et corporis mei
    Per dulcissimum Cor Jesu Christi filii Dei
    pro amore ejus qui te creavit et me
    pro amore ejus qui me tibi commendavit in baptismate
    in curam tuæ fidelissimæ paternitatis suscipe me
    ut adjuta a te immaculato calle
    transeam hujus vitæ torrentem
    quousque tecum læta perveniam
    ad videndum illam mellifluam quam tu vides faciem
    et illam jucundissimam imperialis divinitatis speciem
    quæ exsuperat omnis suavitatis dulcedinem.

    Salut, saint ange de Dieu, gardien de mon âme et de mon corps. Par le très doux Cœur de Jésus-Christ, Fils de Dieu, pour l’amour de Celui qui nous a créés, toi et moi, pour l’amour de Celui qui qui, au baptême, m’a confiée à toi, reçois-moi en la garde de ta très fidèle paternité. Puissé-je, aidée par toi, traverser sur une chaussée immaculée le torrent de cette vie, jusqu’au jour où, avec toi dans la joie, je serai admise à contempler cette face melliflue que tu vois, cette exquise beauté de la Divinité impériale, dont la douceur surpasse toute suavité.

    (Sainte Gertude, premier Exercice, traduction des Sources chrétiennes)

  • Saint Rémi

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    Statue de Daphné du Barry, pour le XVe centenaire du baptême de Clovis, 1996.
    Portail sud de la basilique Saint-Rémi, Reims.

    Deus, qui per beáti Remígii documénta, gentem Francórum ab idolórum vanitáte ad veritátem tui cultus veníre tribuísti : da, quǽsumus ; ut qui christiáno nómine gloriámur, fidem nostram dignis opéribus ostendámus. Per Dóminum…

    O Dieu, qui par les enseignements du bienheureux Rémi, avez détourné la nation franque des vaines idoles pour lui faire embrasser le seul vrai culte, le vôtre, faites, nous vous en prions, que nous qui nous glorifions du nom de chrétiens, nous fassions passer dignement dans nos œuvres notre foi.

  • Les italo-albanais de… Manhattan

    Dimanche prochain 4 octobre, en l’église du Précieux-Sang de Manhattan (dans la « Petite Italie »), sera célébrée la divine liturgie grecque catholique italo-albanaise. Cette messe est organisée par l’association Saints Cosme et Damien, composée de descendants d’immigrants de San Cosmo Albanese, l’une des paroisses italo-albanaises de Calabre. Jusqu’ici l’association faisait célébrer sa messe patronale dans le rite latin, mais elle a décidé de renouer avec la tradition de ses ancêtres. Le célébrant sera le recteur de la chapelle… russe catholique de New York, qui fait partie de l’éparchie… grecque-catholique melkite de Newton (il a été ordonné par le patriarche d’Antioche…).

    C’est une résurrection, car les italo-albanais de New York n’avaient plus de célébrations liturgiques depuis 1946. Il y avait eu en effet une paroisse italo-albanaise à Manhattan, Notre-Dame de Grâce, entre 1904 et 1946, avec un prêtre, Papas Ciro Pinnola. Une paroisse si pauvre qu’elle n’avait pas d’église mais célébrait la liturgie dans un rez-de-chaussée d’immeuble. A la mort du père Pinnola, l’archidiocèse de New York, qui ne s’était jamais soucié de cette communauté, ne lui donna pas de remplaçant. Tandis que partout ailleurs les italo-albanais s’étaient déjà plus ou moins fondus dans les paroisses latines.

    Ces dernières années, des descendants d’immigrants italo-albanais se sont intéressés à leur héritage. C’est ainsi que s’est formée l’« Association grecque-catholique italo-albanaise Notre-Dame de Grâce » à New York, et une paroisse a même été constituée à Las Vegas, dépendant de l’éparchie byzantine catholique de Phoenix. Des liturgies sont également célébrées occasionnellement à la Nouvelle-Orléans.

    Les itallo-albanais sont des Albanais orthodoxes qui ont fui l’Albanie ottomane pour se réfugier en Calabre et en Sicile. En arrivant en Italie ils devenaient catholiques, mais l’Eglise romaine ne les appréciait guère, au point de leur refuser des évêques et d’accepter que leurs prêtres soient ordonnés par des évêques du patriarcat de Constantinople… Juste après le concile de Trente qui avait décrété l’uniformité ecclésiale et liturgique, le pape Pie IV décida d’en finir avec cette communauté qui faisait tache dans le sud de l’Italie : ils devenaient des fidèles latins comme les autres, avec interdiction de se faire ordonner par des schismatiques. Ce devait être la fin de la petite Eglise italo-albanaise. Mais on se rendit vite compte que cette communauté pouvait servir de pont et d’exemple pour les orthodoxes. En 1732, Clément XII fondait un séminaire albanais, et trois ans plus tard il admettait un évêque italo-albanais, qui n’avait de pouvoir en fait que sur le séminaire et sur les ordinations, et pour tout le reste était soumis aux évêques latins… Cela dura jusqu’en 1919, quand Benoît XV créa l’« éparchie de Lungro des italo-albanais ». En 1937 fut créé en Sicile un « diocèse de Piana des grecs », renommé « éparchie de Piana des albanais » en 1941. L’éparchie de Lungro a 29 paroisses, celle de Piana 15, pour un peu plus de 63.000 fidèles. Sans compter les Américains…

  • Saint Jérôme

    Lettre à Eustochia (traduction Benoît Matougues, 1838)

    A juger des choses par les apparences, la lettre, les bracelets et les pigeons que vous m'avez envoyés, sont des présents de peu de valeur; mais l'affection avec laquelle vous me les avez faits, leur donne tout leur prix et me les rend importants. Cependant, comme Dieu défendait, dans l'ancienne loi, d'offrir du miel dans les sacrifices qu'on lui offrait, aussi avez-vous su l'art de mélanger, pour ainsi dire, vos présents, et de mêler l'amertume à vos douceurs. Les choses les plus agréables et les plus douces, selon Dieu, paraissent fades et insipides, à moins qu'on n'ait soin de les relever par les traits de quelque vérité un peu piquante. L'amertume est l'assaisonnement de la Pâque de Jésus-Christ; mais comme nous célébrons aujourd'hui la fête de saint Pierre, il est juste de passer cette journée un peu plus agréablement que les autres, de manière néanmoins à ne pas trop nous écarter de nos pratiques ordinaires, et à mêler toujours à nos réjouissances quelque trait de l'Écriture sainte.

    Nous lisons dans les livres saints que le Seigneur mit des bracelets aux bras de Jérusalem, que Jérémie donna une lettre à Baruch, et que le Saint-Esprit descendit sous la forme d'une colombe. Pour rendre cette lettre plus piquante et vous rappeler celle que je vous ai écrite autrefois, prenez garde, je vous prie, d'abandonner la pratique des bonnes œuvres, qui sont vos véritables ornements et qui doivent vous tenir lieu de bracelets; craignez de déchirer « la lettre qui est écrite dans votre cœur, » de même qu'un roi impie arracha celle que Jérémie  avait donnée à Baruch ; craignez enfin que le prophète Osée ne vous dise comme à Ephraïm « Vous êtes devenue semblable à une colombe sans intelligence. »

    Votre style, me direz-vous, est un peu trop mordant , et je ne m'attendais pas à recevoir une semblable lettre un jour de fête. Vous vous l'êtes attirée, cette lettre, par l'amertume que vous avez mêlée aux présents que vous m'avez envoyés; je veux aujourd'hui vous rendre la pareille, et mêler un peu d'aigreur à mes compliments. Mais afin de vous ôter l'idée que j'ai dessein de diminuer le prix de vos présents, je vous remercie aussi du panier de cerises que vous m'avez envoyé; elles m'ont paru si fraîches et si vermeilles, que j'ai cru que Lucullus ne faisait que de les apporter; (car ce fut lui qui, après avoir conquis le Pont et l'Arménie, apporta le premier de Cerasonte à Rome cette sorte de fruit, qui a pris son nom du pays où il croit). Puisque l'Écriture sainte nous parle « d’un panier plein de figues » et qu'elle ne dit rien des cerises, j'appliquerai à celles-ci ce qu'elle dit de celles-là. Je désire donc que vous soyez comme ces figues que Jérémie vit devant le temple de Dieu, et dont le Seigneur disait

    « Celles qui sont bonnes sont très bonnes. » En effet, le Sauveur ne veut rien de médiocre, il prend ses délices dans une âme toute de feu; il ne rebute pas même celle qui est toute de glace, mais il nous assure dans l'Apocalypse, qu'il rejette les âmes tièdes et languissantes. Nous devons donc avoir soin de passer la fête que nous célébrons aujourd'hui, non pas dans les festins, mais dans une joie toute spirituelle ; car ce serait une chose indigne de vouloir honorer par la bonne chère un martyr qui s'est rendu agréable à Dieu par ses jeûnes. Mangez en sorte que vous puissiez vous appliquer à l'oraison et à la lecture immédiatement après le repas; et si quelqu'un n'approuve pas votre conduite en cela, dites-lui avec l'apôtre saint Paul : « Si je voulais encore plaire aux hommes, je ne serais pas servante de Jésus-Christ. »

  • Dédicace de Saint-Michel

    La séquence d’Adam de Saint-Victor pour la fête de saint Michel a une mélodie qui sera reprise par le Lauda Sion. Elle est elle-même reprise d’une séquence célébrant la sainte Croix.

    Voici le texte, avec la traduction de dom Guéranger. Et les premières pages de la partition sur un prosaire italien du XVIe siècle (Bibliothèque nationale, pp. 11r et suivantes). On aura la mélodie intégrale (et plus pratique) sur le site de la Schola Sainte-Cécile. On verra ici, repris du prosaire d’Aix-la-Chapelle, une mélodie très différente.

    Laus erumpat ex affectu
    Psallat chorus in conspectu
    Supernorum civium
    Laus jocunda laus decora
    Quando laudi concanora
    Puritas est cordium.

    Empressée soit la louange ; que notre chœur, du fond de rame, chante en présence des citoyens des cieux : agréée sera-t-elle et convenable, cette louange, si la pureté des âmes qui chantent est à l'unisson de la mélodie.

    Michaelem cuncti laudent
    Nec ab hujus se defraudent
    Diei letitia.
    Felix dies qua sanctorum
    Recensetur angelorum
    Solemnis victoria.

    Que Michaël soit célébré par tous ; que nul ne s'excommunie de la joie de ce jour : fortuné jour, où des saints Anges est rappelée la solennelle victoire !

    Draco vetus exturbatur
    Et draconis effugatur
    Inimica legio.
    Exturbatus est turbator
    Et projectus accusator
    A celi fastigio.

    L'ancien dragon est chassé, et son odieuse légion mise en fuite avec lui ; le troubleur est troublé à son tour, l'accusateur est précipité du sommet du ciel.

    Sub tutela Michaelis
    Pax in terra, pax in celis
    Laus et jubilatio.
    Cum fit potens hic virtute
    Pro communi stans salute
    Triumphat in prelio.

    Sous l'égide de Michel, paix sur la terre, paix dans les cieux, allégresse et louange; puissant et fort, il s'est levé pour le salut de tous, il sort triomphant du combat.

    Suggestor sceleris
    Pulsus a superis.
    Per hujus eris
    Oberrat spatia.
    Dolis invigilat
    Virus insibilat
    Sed hunc adnihilat
    Presens custodia.

    Banni des éternelles collines, le conseiller du crime parcourt les airs, dressant ses pièges, dardant ses poisons ; mais les Anges qui nous gardent réduisent à néant ses embûches.

    Tres distincte hierarchie
    Jugi vacant theorie
    Jugique psalterio
    Nec obsistit theoria
    Sive jugis harmonia
    Jugi ministerio.

    Leurs trois distinctes hiérarchies sans cesse contemplent Dieu et sans cesse le célèbrent en leurs chants ; ni cette contemplation, ni cette perpétuelle harmonie ne font tort à leur incessant ministère.

    O quam mire caritatis
    Est superne civitatis
    Ter terna distinctio
    Que nos amat et tuetur,
    Ut ex nobis restauretur
    Ejus diminutio.

    O combien admirable est dans la céleste cité la charité des neuf chœurs ! Ils nous aiment et ils nous défendent, comme destinés à remplir leurs vides.

    Sicut sunt hominum
    Diverse gratie
    Sic erunt ordinum
    Distincte glorie
    Justis in premio.
    Solis est alia 
    Quam lune dignitas
    Stellarum varia
    Relucet claritas
    Sic resurrectio.

    Entre les hommes, diverse est la grâce ici-bas ; entre les justes, divers seront les ordres dans la gloire au jour de la récompense. Autre est la beauté du soleil, autre celle de la lune ; et les étoiles diffèrent en leur clarté : ainsi sera la résurrection.

    Vetus homo novitati
    Se terrestris puritati
    Conformet celestium.
    Coequalis his futurus
    Licet nondum plene purus
    Spe presumat premium.

    Que le vieil homme se renouvelle, que terrestre il s'adapte à la pureté des habitants des cieux : il doit leur être égal un jour ; bien que non pleinement pur encore, qu'il envisage ce qui l'attend.

    Ut ab ipsis adjuvemur
    Hos devote veneremur
    Instantes obsequio.
    Deo nos conciliat
    Angelisque sociat
    Sincera devotio.

    Pour mériter le secours de ces glorieux esprits, vénérons-les dévotement, multipliant envers eux nos hommages ; un culte sincère rend Dieu favorable et associe aux Anges.

    De secretis reticentes
    Interim celestibus
    Erigamus puras mentes
    In celum cum manibus.

    Taisons-nous des secrets du ciel, en haut cependant élevons et nos mains et nos âmes purifiées :

    Ut superna nos dignetur
    Coheredes curia
    Et divina collaudetur
    Ab utrisque gratia.

    Ainsi daigne l'auguste sénat voir en nous ses cohéritiers ; ainsi puisse la divine grâce être célébrée par le concert de l'angélique et de l'humaine nature.

    Capiti sit gloria
    Membrisque concordia. Amen.

    Au chef soit la gloire, aux membres l'harmonie ! Amen.

     

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  • Saint Venceslas

    Il y a six ans, Benoît XVI faisait un mémorable périple en Bohême et en Moravie, accompagné de Vaclav Klaus. Nostalgie…

    Le 28 septembre, lors de la messe de la fête de saint Venceslas (saint Vaclav), il rappelait que pour les Tchèques saint Venceslas est le « prince éternel ». Il était en effet considéré comme le seul roi de Bohème, qui déléguait ses pouvoirs à ses successeurs (une façon de souligner la continuité de la couronne). Le tombeau de saint Venceslas est toujours au cœur du château de Prague, siège de la présidence tchèque, et en ce 28 septembre 2009 où le saint de la patrie était honoré par le pape, un collaborateur de Radio Prague disait ceci, non sans émotion, et sans fausse pudeur laïque :

    Pendant tout un millénaire, le culte de Venceslas, saint patron de la Bohême, continue à résister au temps, à l’oubli et aux vagues de sécularisation. Il est même sorti vainqueur du combat contre l’idéologie communiste. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle les historiens officiels cherchaient en vain à minimiser et problématiser le rôle de ce prince dans l’histoire du peuple tchèque et aujourd’hui encore saint Venceslas (en tchèque Václav) qui a vécu probablement entre 907 et 935, continue d’être considéré comme un symbole de la nation tchèque et un élément clé de la continuité de son histoire.

    Et il présentait le plus célèbre des chants tchèques, peut-être le plus ancien chant européen non liturgique qui ait été chanté sans discontinuer depuis le XIIe siècle jusqu’à nos jours, notamment à la fin des messes :

    C’est vers saint Venceslas que se tournaient les Tchèques dans les temps difficiles, c’est autour de sa statue équestre sur la place pragoise qui porte son nom que se réunissaient et se réunissent de grands rassemblements populaires comme si les gens y cherchaient protection lors des moments décisifs pour l’histoire du pays. C’est saint Venceslas qui est invoqué aussi dans un des plus anciens chants de Bohême dont la création est située à la fin du XIIe siècle:

    Saint Venceslas
    Duc de Bohême, notre prince,
    prie pour nous
    Dieu et le Saint-Esprit
    Kyrie eleison!

    La cour céleste est merveilleuse
    Bienheureux qui y va
    La vie éternelle, le feu clair
    du Saint-Esprit
    Kyrie eleison!

    Nous demandons ton aide
    aie pitié de nous
    réconforte ceux qui sont tristes
    chasse tout le mal
    Saint Venceslas! Kyrie eleison!

    Le voici chanté aux funérailles de Vaclav Havel :

  • 18e dimanche après la Pentecôte

    L’évangile est celui de la guérison du paralytique, où Jésus affirme qu’il a le pouvoir de remettre les péchés. L’Eglise a choisi le texte de saint Matthieu, dépouillé de la plus grande partie du pittoresque de saint Marc (qui bien évidemment n’est pas seulement pittoresque). Est-ce pour permettre au prédicateur de raconter toute l’histoire et de la mettre en scène ?

    Ou peut-être est-ce plutôt pour que l’attention se porte sur l’essentiel. L’essentiel que seul Matthieu dit explicitement et de façon exhaustive alors qu’il est si elliptique dans sa narration.

    L’essentiel, c’est que Jésus est Dieu et qu’il s’est incarné pour donner aux hommes le pouvoir divin de remettre les péchés.

    L’incarnation est soulignée dans le premier verset : « Et, étant monté dans une barque, il traversa et alla dans sa ville. » Pourquoi mentionner un fait aussi inintéressant, alors que l’on va omettre tout le début de l’histoire de la guérison du paralytique ? C’est pour montrer que Jésus est bien un homme comme les autres, au point même que comme les autres il est l’habitant d’une ville déterminée : il va dans « sa » ville, il est un citoyen de Capharnaüm.

    Mais cet homme a le pouvoir de remettre les péchés. Il dit bien qu’il a le pouvoir de remettre les péchés, et non de simplement « pardonner ». Il est significatif que toutes les traductions protestantes (et la soi-disant Bible de la liturgie catholique, bien sûr !) traduisent de façon fautive par « pardonner ». Mais remettre les péchés, c’est autre chose que pardonner. L’homme peut pardonner à son frère. Seul Dieu peut remettre, comme on remet une dette : elle n’existe plus, le chirographe est déchiré et détruit. Quand Dieu remet le péché c’est comme si le péché n’avait pas existé. Or il a existé. La remise des péchés est une re-création, dont seul Dieu est capable.

    Donc Jésus est Dieu. (Ou c’est un blasphémateur qui mérite la mort, et qui sera mis à mort pour cela même.)

    Et là vient la finale originale de saint Matthieu : les foules « glorifièrent Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes ». En effet, Dieu, par Jésus-Christ, a donné aux hommes ce pouvoir divin de remettre les péchés, par le sacrement de pénitence. Ce que les protestants refusent de comprendre, alors que c’est en toutes lettres dans l’Evangile…

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    Illustration d’un lectionnaire syriaque de Mossoul – N’oublions pas les chrétiens de Mossoul qui ont tous dû fuir "leur ville" pour la première fois de l’histoire. Le paralytique guéri est assez marrant. Il n’en revient pas de ce qui lui arrive, mais il n’a pas l’air vraiment rassuré. Il a l’air d’avoir peur de recevoir sur la tête le personnage qui paraît tomber du toit… Je ne sais pas qui il est ni ce qu’il fait avec son espèce de baguette très fine. Ni d’ailleurs ce que représente l’espèce de tapis (?) aux arabesques…

    Addendum

    Excellente et très convaincante remarque de Gottschütz dans les commentaires: il ne s'agit pas du paralytique de ce dimanche mais de celui de la piscine probatique : ce n'est pas un tapis mais la piscine, et l'ange qui remue l'eau (sous les arcades du portique). C'est réconfortant d'avoir des lecteurs intelligents...

  • Samedi des Quatre Temps

    Le samedi des Quatre-Temps doit être un grand jour d’action de grâces pour tous les bienfaits du trimestre passé. C’est justement en automne, à l’époque où nous récoltons les fruits de la nature, que nous devons prendre davantage conscience des bienfaits de Dieu, aussi bien temporels que spirituels.

    A la messe, l’Église nous montre précisément que les Quatre-Temps sont le prolongement de la fête juive de l’Expiation et de la fête des Tabernacles, donc des jours de pénitence et d’action de grâces ! La messe se célébrait dans la nuit du samedi au dimanche, était obligatoire pour tous les fidèles et particulièrement solennelle. Nous nous réunissons à Saint-Pierre.

    Les lectures nous font pénétrer la signification profonde des Quatre-Temps ; en union avec la fête juive du septième mois, avec la fête de l’Expiation et avec celle des Tabernacles, les Quatre-Temps de septembre sont une pénitence pour les fautes passées et une action de grâces pour la moisson et pour la rédemption.

    La première donne les prescriptions de Moïse au sujet de la fête juive de l’Expiation ; la seconde, les prescriptions concernant la fête des Tabernacles, la grande fête d’action de grâces des Juifs. Les deux Graduels sont un écho des leçons correspondantes : le premier commence par : « Pardonne » (jour d’expiation) ; le second est emprunté au joyeux psaume 83, ayant pour objet le Temple : « Qu’ils sont aimables, tes tabernacles ! » (tes tentes).

    Les deux leçons suivantes sont tirées des prophètes Michée et Zacharie ; c’est l’affirmation consolante que Dieu est prêt à pardonner les péchés et à témoigner de la « bonté » à son peuple, à condition que celui-ci lui soit fidèle. Dieu accepte le jeûne que nous lui offrons avec joie : « Le jeûne du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois seront pour la maison de Juda des jours de réjouissance et d’allégresse et de joyeuse solennité » ; c’est là l’esprit de nos Quatre-Temps.

    La cinquième leçon est déjà, comme aux autres samedis de Quatre-Temps, un office du matin : l’assemblée des fidèles récite les Laudes ; les trois jeunes gens dans la fournaise sont l’image de la résurrection et du martyre.

    Dans l’Épître, saint Paul montre comment les cérémonies de l’Ancien Testament sont une préfiguration du Nouveau : notre fête de l’Expiation, c’est le vendredi-saint, où le Divin Grand-Prêtre est entré dans le Saint des saints du ciel avec son propre sang et nous a procuré une éternelle rédemption ; chaque messe est un souvenir du vendredi-saint. L’Épître nous introduit ainsi dans le sacrifice eucharistique.

    Maintenant paraît le Grand-Prêtre lui-même, d’abord « enseignant au jour du sabbat » (dans l’avant-messe), puis s’offrant lui-même en sacrifice (à la messe). Nous sommes le « figuier stérile dans le vignoble » et la femme courbée. Le maître, c’est Dieu ; le Christ est le jardinier qui intercède pour nous tant que nous sommes stériles. De même, nous ressemblons à la femme courbée, entièrement plongés dans les choses de la terre, « incapables de nous redresser » ; mais, aujourd’hui, au jour du « sabbat » chrétien, le Christ veut « nous délivrer des chaînes de Satan » et nous « redresser » spirituellement.

    Dom Pius Parsch (extraits)