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Liturgie - Page 343

  • Le pape et "Yahvé"

    Jetant un œil sur l’« homélie » de François prononcée hier, je constate que le pape a dit au moins trois fois « Yahvé », en citant le texte sacré.

    Il se moque donc de la lettre de la Congrégation pour le culte divin du 29 juin 2008, qui, par « directive du Saint-Père » (Benoît XVI) demandait qu’on n’utilise plus le mot « Yahvé » dans la liturgie en langue vulgaire, conformément à ce qui avait déjà été édicté dans l’instruction Sacram liturgiam.

    Bien évidemment aucune liturgie authentique n’a jamais utilisé ce mot de « Yahvé », qui est une absurde invention du XIXe siècle à partir du tétragramme hébreu, alors que les massorètes avaient bien pris soin de rendre ce tétragramme imprononçable. (Sous la première lettre ils ont mis une voyelle brève, et rien sous la seconde, le H. Or quand il n’y a rien sous le H c’est pour souligner que la voyelle qui précède est longue…) Chacun sait que les juifs disent « Adonaï ». (Et au temps du Christ ils disaient… Kyrios, qui est l’appellation de la Septante.)

    Si François ne fait aucun cas de la tradition liturgique, et s’il ne veut pas appliquer les consignes de son prédécesseur, il pourrait au moins penser à l’œcuménisme et au fameux « dialogue » interreligieux : ni les juifs, ni les protestants, ni les orthodoxes n’utilisent le mot « Yahvé »…

  • Commémoraison du baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ

    L’office et la messe sont ceux de « l’ancienne » octave de l’Epiphanie, en dehors des oraisons et de l’évangile (et des lectures des matines). Le bréviaire romain n’avait pas gardé les antiennes spécifiques que l’on trouvait en de très nombreux lieux, et dans le bréviaire dominicain qui les a gardées. Ces antiennes ont clairement une saveur byzantine.

    Les voici sur l’antiphonaire d’Hartker (Saint-Gall, fin du Xe siècle) :

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    Veterem hominem renovans Salvator venit ad baptismum, ut naturam quae corrupta est, per aquam recuperaret : incorruptibili veste circumamictans nos.

    Le Sauveur, renouvelant le vieil homme, vient au baptême, afin de régénérer par l’eau la nature corrompue ; il nous revêt d’un vêtement incorruptible.

    Te, qui in Spiritu et igne purificas humana contagia, Deum et Redemptorem omnes glorificamus.

    Vous qui, dans l’Esprit et dans le feu, purifiez l’humaine contagion, nous vous glorifions, notre Dieu et Rédempteur !

    Baptista contremuit, et non audet tangere sanctum Dei verticem; sed clamat cum tremore: Sanctifica me, Salvator.

    Le Baptiste tremble et n’ose toucher la tête sacrée de Dieu. Dans sa frayeur, il s’écrie : Sanctifiez-moi, ô Sauveur !

    Caput draconis Salvator contrivit in Jordane flumine, et ab ejus potestate omnes eripuit.

    Le Sauveur a brisé, dans le fleuve Jourdain, la tête du dragon ; il nous a tous arrachés à sa puissance.

    Magnum mysterium declaratur hodie, quia Creator omnium in Jordane expurgat nostra facinora.

    Un grand mystère est déclaré aujourd’hui : le créateur de toutes choses lave nos crimes dans le Jourdain.

    Après ces antiennes des psaumes des laudes, on voit sur le manuscrit l’antienne du Benedictus :

    Præcursor Joannes exultat cum Jordane: baptizato Domino facta est orbis terrarum exultatio, facta est peccatorum nostrorum remissio. Sanctificans aquas, ipsi omnes clamemus: Miserere nobis.

    Jean le Précurseur exulte avec le Jourdain ; le Seigneur ayant été baptisé, ce fut une exultation de toute la terre, ce fut la rémission de nos péchés. Sanctifiant les eaux, crions tous : Ayez pitié de nous.

    *

    Il y avait aussi des antiennes pour le Magnificat.

    Aux premières vêpres :

    Baptizat miles Regem, servus Dominum suum, Joannes Salvatorem: aqua Jordanis stupuit, columba protestabatur : paterna vox audita est: Hic est Filius meus.

    Le soldat baptise son Roi, l’esclave son maître, Jean son Sauveur ; l’eau du Jourdain s’est arrêtée d’étonnement, la Colombe a rendu témoignage, la voix du Père s’est fait entendre : Celui-ci est mon Fils.

    Aux deuxièmes vêpres :

    Fontes aquarum sanctificati sunt, Christo apparente in gloria: orbis terrarum, haurite aquas de fonte Salvatoris : sanctificavit enim tune omnem creaturam Christus Deus noster.

    Les sources des eaux furent sanctifiées au moment où le Christ apparaissait dans sa gloire. Toute la terre, venez puiser les eaux dans la source du Sauveur ; car le Christ notre Dieu sanctifie aujourd’hui toute créature.

  • A 12 ans

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    « Et lorsqu'il eut atteint l'âge de douze ans. »

    C'est à sa douzième année, comme nous le lisons, que l'enseignement du Seigneur prend son point de départ : car un même nombre de messagers était réservé à la prédication de la foi. Ce n'est pas non plus sans dessein qu'oubliant ses parents selon la chair — Lui qui, même en sa vie incarnée, était rempli de la sagesse de Dieu et de sa grâce — au bout de trois jours II est retrouvé au temple ; c'était le signe que, trois jours après sa triomphante Passion, II devait, ressuscité, se présenter à notre foi sur le trône du ciel et parmi les honneurs divins, Lui que l'on croyait mort.

    « Qu'est-ce à dire ? vous me cherchiez ? ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? »

    II y a dans le Christ deux filiations : l'une est de son Père, l'autre de sa Mère. La première, par son Père, est toute divine, tandis que par sa Mère II s'est abaissé à nos labeurs et à nos usages. Dès lors tout ce qui, dans ses actes, dépasse la nature, l'âge, la coutume, ne doit pas être attribué aux facultés humaines, mais rapporté aux énergies divines.

    Ailleurs [aux Noces de Cana] sa Mère le pousse à un acte mystérieux ; ici cette Mère est reprise de réclamer encore qu'il agisse en homme. Mais, comme ici on le montre âgé de douze ans, comme là on nous apprend qu'il a des disciples, vous voyez que cette Mère a été renseignée sur son Fils au point de réclamer de sa maturité un mystère, elle que déconcertait chez l'enfant ce prodige.

    Saint Ambroise, commentaire sur saint Luc, traduction de dom Gabriel Tissot (Sources chrétiennes)

    Icône russe, vers 1800, influencée par l'art occidental (on ne voit pas Marie et Joseph dans les icônes traditionnelles de la mi-Pentecôte).

  • Jubilate Deo omnis terra

    Dans les pays où l’Epiphanie n’est pas un jour férié, la messe du premier dimanche après l’Epiphanie (dimanche dans l’octave de l’Epiphanie dans l’ordo d’avant 1955) n’est pas célébrée, puisqu’on doit célébrer ce jour-là, dans les paroisses ou quasi-paroisses, la solennité transférée de l’Epiphanie. Dans les autres lieux de culte c’est la fête de la Sainte Famille. Sauf dans les monastères dédiés à la liturgie traditionnelle, puisque les moines n’ont pas intégré dans leur ordo la fête de la Sainte Famille.

    En dehors des monastères, la messe de ce dimanche est célébrée le premier jour non occupé par une fête, donc ce lundi. Mais elle n’est chantée à peu près nulle part, ce qui est bien dommage puisque ses antiennes sont des invitations au chant de jubilation.

    A propos de la mélodie de l’offertoire, dom Baron dit ceci (avant de l’analyser longuement) : « Elle est l’une des plus ornées du répertoire grégorien, merveille à la fois de composition savante et d’expression simple. Tout y est ordonné avec un art parfait qui a pesé toutes les valeurs et les a mises à la place qu’il faut, avec une mesure et une proportion admirables. Et pourtant, quand on l’entend ou qu’on la chante, elle semble jaillir spontanément, comme si l’âme disait sa joie sans souci de savoir comment la dire. »

    La voici par les moniales d’Argentan.
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    Jubilate Deo omnis terra, jubilate Deo omnis terra, servite Domino in laetitia, intrate in conspectu ejus in exsultatione, quia Dominus ipse est Deus.

    Jubilez en Dieu, toute la terre, jubilez en Dieu, toute la terre, servez le Seigneur dans la joie, entrez en sa présence avec allégresse, car le Seigneur vraiment est Dieu.

  • La Sainte Famille

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    Dans la tradition copte, on ne parle pas de la Fuite en Egypte mais de l'Entrée du Seigneur en Egypte, ce qui rappelle l'Entrée du Seigneur à Jérusalem le jour des Rameaux ; de très nombreuses traditions illustrent cet événement, vécu en quelque sorte comme l'Illumination et la conversion de l'Égypte.

    L'Egypte est évoquée par le Nil, l'ibis (1), les palmiers dattiers, formant entre eux une pyramide (2), le temple d'Héliopolis, lieu traditionnel du passage de la Sainte Famille.

    Le triple mouvement qui anime cette icône permet de saisir dans toute sa profondeur le message lié à l'événement.

    Le premier mouvement, de gauche à droite, évoque le déplacement historique de la Sainte Famille qui arrive en Egypte, sous la conduite de Joseph sur qui repose l'ange.

    Le second mouvement est pyramidal : la terre d'Egypte en accueillant son sauveur s'offre à la lumière divine qui vient à sa rencontre et qui la féconde : les palmiers s'élèvent, s'ouvrent en éventail et donnent leurs fruits, la terre fleurit et le Nil, source de vie, devient porteur de vie éternelle les poissons, symboles des évangélistes (3), sont déjà attentifs à Celui qui vient, les lotus préfigurent les sept sacrements par lesquelles l'Eglise transmettra la vie divine.

    Le troisième mouvement est frontal.

    Derrière l'humilité de la scène, c'est une Vierge en Majesté qui nous fait face : vêtue de son manteau bleu étoilé, elle est " le nuage léger " prophétisé par Isaïe, le trône du Christ ; le temps de ce voyage, l'âne lui-même est élevé au rang de Chérubin, car c'est lui qui porte le trône de la Majesté divine ; il nous regarde avec intensité, comme pour nous appeler silencieusement à partager sa joie.

    En allant vers l'Egypte, pays païen, c'est en effet à toutes les nations, à la création entière et à chacun d'entre nous qu'est offert le salut : par son geste, l'ange nous désigne le Messie.

    (1) Dans l'Égypte ancienne, l'ibis était l'animal sacré du dieu Thôt ; dans le christianisme, il est identifié au Sauveur car il débarrasse la terre des insectes nuisibles, comme le Christ a débarrassé l'Égypte des idoles.

    (2) La fête célébrant l'entrée du Christ en Égypte est le 24 bashans, pendant la saison de maturité des dattes en Égypte.

    (3) C'est une tradition copte, car les poissons vont, par la mer, aux quatre coins du monde, comme les quatre Évangiles; la séparation en trois et un représente les trois Évangiles synoptiques et l'Évangile de Jean.

    Extrait du livre L’incarnation de la lumière, Le renouveau iconographique copte à travers l’œuvre d’Isaac Fanous.

    Deux autres icônes d’Isaac Fanous sur ce thème :

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    Le retour d’Egypte (explication ici) – l’inscription en anglais, comme sur la première icône, vient de ce qu’elles ont été réalisées pour une église de Los Angeles :

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    Voir ici d’autres icônes coptes contemporaines de la Sainte Famille en Egypte.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Honorons le divin palais du Roi, dans lequel il a habité selon son désir; célébrons la Mère de Dieu, la Vierge, l’unique, par qui nous sommes élevés jusqu’à Dieu.

    Pure avant l’enfantement, dans l’enfantement, après l’enfantement : ainsi tu as paru à nos regards, ô Vierge Mère ! c’est toi qui as enfanté le Dieu qu’annonce le Collège Apostolique.

    Le très heureux chœur des Prophètes, inspiré de l’Esprit Saint, t’appela divinement, dans ses sacrés oracles, la Porte et la Montagne ombragée, ô très chaste!

    Illumine, ô Vierge ! les yeux de mon cœur, brille sur moi par un rayon de componction; délivre-moi des ténèbres éternelles, Porte de la lumière, Refuge de tous les chrétiens qui chantent ta louange avec fidélité.

    Je te loue, ô toi la seule digne de toute louange ; je te rends gloire, ô toi que Dieu lui-même glorifie; je te proclame heureuse, ô Vierge, de cette félicité divine que proclament les générations qui célèbrent ta béatitude.

    O très pure ! tu es le propitiatoire de ceux qui pèchent souvent; dépassant toutes les lois de la nature, tu as enfanté le Christ, qui ôte les péchés du monde, et vers qui nous prions : Tu es béni, Seigneur, Dieu de nos pères !

    O prodige qui surpasse tous les prodiges ! tu enfantes et tu demeures vierge, très chaste épouse de Dieu ! Tu a mis au jour le Verbe coéternel au Père, Celui que nous célébrons dans ce cantique : Œuvres du Seigneur, louez et exaltez le Seigneur dans tous les siècles.

    La splendeur de ton enfantement a éclaté avec gloire ; elle a inondé l’univers d’une joyeuse lumière; elle a terrassé le prince des ténèbres, ô Mère de Dieu très pure, la gloire des Anges, le salut de tous les hommes qui te célèbrent, sans se lasser, par leurs concerts.

    Saint Joseph l’Hymnographe (in L’Année liturgique)

  • Le chemin des Mages

    Les Mages virent l’étoile, se mirent en route sous sa conduite et arrivèrent au but de leur voyage auprès du divin Enfant. Ces trois actes se rencontrent aussi dans notre vie : l’étoile, le chemin, le but.

    Pour nous aussi s’est levée une étoile, c’est la grâce de la part de Dieu et la foi de notre part. Sans cette étoile, il n’y a pas pour nous de christianisme. Combien nous devons remercier Dieu qui nous a choisis entre mille, comme les Mages, pour nous appeler à la foi. La foi est une grâce de Dieu, nous ne pouvons pas nous la donner, mais nous pouvons la cultiver en nous et l’accroître, nous ne devons pas nous exposer à la perdre. Cette étoile brille devant nos yeux. Qu’elle nous oriente et nous guide !

    Le second acte est le chemin. C’est notre vie. Les Mages suivirent l’étoile, ils quittèrent leur pays peut-être sous les moqueries de leurs compatriotes, ils voyagèrent à travers les déserts et les solitudes par monts et par vaux. Ils se heurtèrent à des obstacles, particulièrement à Hérode. Le voyage des Mages est un modèle de notre vie chrétienne. Nous devons sortir du pays de notre chair, nous devons être des pèlerins et des étrangers. Le chemin de notre vie est solitaire, le monde prend d’autres voies. Ce n’est pas un chemin de roses c’est un chemin à travers le désert. Et un ennemi nous guette, un Hérode qui veut éteindre l’étoile et nous barrer la route : le démon.

    Où nous mène ce chemin ? Le but est le Christ, non le Christ enfant, mais le Christ glorieux dont la vision nous rendra éternellement heureux, le Christ qui reviendra au moment de la mort. Nous ne devons jamais perdre de vue ce but. La vie chrétienne n’en a pas d’autre que la parousie ; tous les autres buts, si saints soient-ils, nous égarent. L’apostolat même et le soin des âmes ne doivent pas être notre but. Apprenons de la liturgie le désir de ce but de notre vie. Toute l’année est une marche des Mages sous la conduite de l’étoile vers le but suprême, le Christ.

    Dom Pius Parsch

  • Tria sunt munera

    ℟. Tria sunt munera pretiosa, quae obtulerunt Magi Domino in die ista, et habent in se divina mysteria: * In auro, ut ostendatur Regis potentia: in thure, Sacerdotem magnum considera: et in myrrha, Dominicam sepulturam.
    . Salutis nostræ auctorem Magi venerati sunt in cunabulis, et de thesauris suis mysticas ei munerum species obtulerunt.
    ℟. In auro, ut ostendatur Regis potentia: in thure, Sacerdotem magnum considera: et in myrrha, Dominicam sepulturam.

    Ce sont trois précieux présents que les Mages ont offert au Seigneur ce jour-là, et ils ont en eux des mystères divins : dans l'or, pour montrer le pouvoir du Roi ; dans l'encens, considère le grand prêtre ; et dans la myrrhe, la sépulture du Seigneur. Les Mages ont vénéré l'auteur de notre salut dans son berceau, et ils lui ont offert, de leurs trésors, des objets porteurs du mystère.

    Répons des matines. Antiphonaire de Salzinnes, chant par la Schola cantorum de Cologne.
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  • Epiphanie

    L’hymne des vêpres et des matines est formé de quatre strophes tirées du grand poème A solis ortus cardine, de Sedulius, poème alphabétique qui retrace en 23 strophes la vie du Christ, dont le début est chanté à Noël. Ce sont ici les strophes commençant par H, I, L et N. Le premier vers était Hostis Herodes impie, il a été malencontreusement « corrigé » par Urbain VIII qui se croyait meilleur poète que les grands anciens. Or l’enjambement Deum-Regem n’est pas dans le style du poème.

    Le voici chanté par les moines de Solesmes (bizarrement dans la version du bréviaire romain alors que le bréviaire monastique a gardé la version authentique), avec la belle traduction d’Isaac Lemaistre de Sacy (sous le pseudonyme de J. Dumont), dans son orthographe originelle. (La doxologie – la strophe de louange à la Trinité ajoutée pour la liturgie – n’est pas la même dans le bréviaire et chez Sacy.)


    podcast

    Crudélis Heródes, Deum
    Regem veníre quid times ?
    Non éripit mortália,
    Qui regna dat cæléstia.

    Ibant Magi, quam víderant,
    Stellam sequéntes prǽviam :
    Lumen requírunt lúmine :
    Deum faténtur múnere.

    Lavácra puri gúrgitis
    Cæléstis Agnus áttigit :
    Peccáta, quæ non détulit,
    Nos abluéndo sústulit.

    Novum genus poténtiæ :
    Aquæ rubéscunt hýdriæ,
    Vinúmque jussa fúndere,
    Mutávit unda oríginem.

    Jesu tibi sit glória,
    Qui apparuísti Géntibus,
    Cum Patre, et almo Spíritu,
    In sempitérna sǽcula. Amen.

    Pourquoy crains-tu d’un Roy la naissance nouvelle,
    Herode, tyran furieux ?
    Celuy qui donne aux siens la couronne des cieux,
    Ne ravit point aux Rois leur couronne mortelle.

    Les mages appellez du climat de l’aurore,
    Suivent l’étoille qui leur luit :
    Pour trouver la clarté, la clarté les conduit :
    Leur foy marque en leurs dons que c’est Dieu qu’elle adore.

    L’Agneau saint en ce jour dans l’onde consacrée
    Plonge sa céleste blancheur ;
    Et portant sans peché l’humble éclat de pecheur,
    Rend par ce Sacrement l’ame impure épurée.

    O puissance inouïe ! ô nouvelle avanture !
    L’eau se change dans les vaisseaux ;
    Et perd devenant vin, la nature des eaux,
    Pour suivre les arrests du Dieu de la nature.

    Qu’on adore le Pere, & l’Esprit ineffable,
    Et toy IESVS Sauveur naissant,
    Qui faisant craindre aux Rois ton sceptre tout-puissant
    Parois Dieu dans l’enfance, & Roy dans une étable.

  • (Vigile de l’Epiphanie)

    Les parenthèses indiquent que je fais une entorse à l’ordo de 1960 que je m’efforce de suivre habituellement puisque c’est celui de la « forme extraordinaire du rite romain ».

    Cette vigile, supprimée par Pie XII, est pourtant exceptionnelle à plus d’un titre. D’abord elle n’est en rien pénitentielle et elle est en ornements blancs, il n’y avait donc pas besoin de la supprimer pour éviter un jour de jeûne… Elle est la seule de l’année liturgique à avoir des « premières vêpres» (en fait des vêpres, tout court, puisque les vigiles ne peuvent pas avoir de deuxièmes vêpres). Et ces vêpres reprennent les somptueuses antiennes de l’octave de la Nativité, que l’on retrouvera aux heures du jour. Tout l’office est un concentré de la liturgie de la Nativité, notamment aussi par les répons des matines. Et la messe, en dehors de l’évangile, est celle du dimanche dans l’octave de la Nativité, avec son introït Dum medium silentium

    On constate que cette messe commence par l’annonce mystique de la Nativité du Verbe fait chair au milieu de l’obscurité (qui est aussi l'antienne du Benedictus), et se termine par l’indication que la Sainte Famille revient d’Egypte pour s’installer à Nazareth. Cette antienne de communion est reprise de l’évangile spécifique de la vigile de l’Epiphanie. Tandis que l’évangile de l’octave de la Nativité était celui de la Circoncision, et celui du dimanche dans l’octave de la Nativité évoquait ce qu’on disait de Jésus au moment de la Présentation (c’est exactement la suite de l’évangile du 2 février), se terminant ainsi : « Lorsqu’ils eurent accompli tout ce qui était selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. L’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » Cette dernière phrase était aussi l'antienne du Magnificat.

    Autrement dit, alors que va s’ouvrir la fête de l’Epiphanie, toute la petite enfance du Christ a été célébrée. A l’exception de la visite des mages. Echo d’une époque lointaine où la liturgie de Noël ne s’était pas encore déployée jusqu’au 2 février. Curieusement, alors que la liturgie byzantine célèbre la visite des mages le jour même de Noël, et va célébrer le baptême de Jésus le jour de l’Epiphanie, la liturgie latine célèbre les mages après avoir évoqué la plupart des mystères de la Nativité et de l’enfance. Les mages et le baptême et les noces de Cana. Et c’est le début de la « vie publique » du Seigneur.