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Liturgie - Page 344

  • Le 4 janvier

    En ce jour de férie du temps de la Nativité, l’antienne du Benedictus est la même que celle de l’octave de la Nativité, dont je signalais qu’elle vient de la liturgie byzantine. Plus précisément, elle vient des vêpres de la synaxe de la Mère de Dieu, célébrée le 26 décembre (donc le soir de Noël). Il s’agit du début des apostiches. Revoici l’antienne latine, suivie du texte grec, et de la traduction intégrale du chant.

    Mirabile mysterium declaratur hodie: innovantur naturae, Deus homo factus est: id quod fuit permansit, et quod non erat assumpsit; non commixtionem passus, neque divisionem.

    Παράδοξον μυστήριον, οἰκονομεῖται σήμερον! καινοτομοῦνται φύσεις, καὶ Θεὸς ἄνθρωπος γίνεται· ὅπερ ἦν μεμένηκε, καὶ ὃ οὐκ ἦν προσέλαβεν, οὐ φυρμὸν ὑπομείνας, οὐδὲ διαίρεσιν.

    Un mystère étonnant s'accomplit en ce jour: les natures sont renouvelées et Dieu se fait homme; il demeure ce qu'il était, et il assume ce qu'il n'était pas, sans subir ni mélange ni division.

    Le Seigneur dit à mon Seigneur: Siège à ma droite.

    Seigneur, à Bethléem tu es venu, la grotte fut ton logis; et toi qui as le ciel pour trône, dans la crèche tu reposas; toi qu'entourent les Anges par milliers, parmi les Pâtres tu descendis, afin de sauver le genre humain dans ta miséricorde; Seigneur gloire à toi.

    Avant l'aurore je t'ai fait naître de mon sein.

    Comment décrire ce mystère éminent? Voici que s'incarne l'Incorporel, le Verbe se revêt de l'épaisseur de la chair; l'Invisible se laisse voir, l'Impalpable se laisse toucher, l'Intemporel prend son début dans le temps; le Fils de l'homme devient le Fils de Dieu, Jésus Christ hier et aujourd'hui, le même dans les siècles.

    Gloire au Père... Maintenant...

    A Bethléem accoururent les Bergers, indiquant le véritable Pasteur, celui qui siège sur le trône des Chérubins et repose dans la crèche des bestiaux, ayant pris pour nous la forme d'un enfant. Seigneur, gloire à toi.

  • Le Très Saint Nom de Jésus

    Le nom de Jésus était relativement courant chez les israélites, parce qu’il veut dire « Dieu sauve ». Il était devenu, sous sa forme brève et araméenne, « Yochoua ». Sa version longue hébraïque était Yehochoua, mais c’est le même nom. Depuis saint Jérôme, en Occident, on distingue « Josué » (Yehochoua) de « Jésus » (Yochoua). Mais dans les textes grecs il n’y a pas de « Josué ». Dans l’Ecclésiastique, qui est un texte grec, le petit-fils de Ben Sira n’appelle pas son grand-père Josué, mais Jésus (aussi dans la version latine, qui n'a pas été revue par saint Jérôme). Et dans les Actes des Apôtres (7,45) comme dans l’épître aux Hébreux (4,8) saint Jérôme a laissé « Jésus » alors qu’il s’agit de « Josué ».

    Jésus le Christ Fils de Dieu fut vraiment et lui seul « Dieu sauve » : il n’a pas ce nom, il est ce nom, comme il est Emmanuel, Dieu avec nous.

    Comme pour tout le reste, ce nom fut annoncé dans la loi et les prophètes. De façon solennelle. Il y a trois Jésus dans l’Ancien Testament : la Sainte Trinité a frappé les trois coups avant d’envoyer son Jésus qui est sa deuxième Personne.

    Le premier Jésus est le compagnon de Moïse, « Josué fils de Nun » dans la Vulgate, « Jésus fils de Navé » dans la Septante et la vieille latine. Moïse fait de Jésus le chef de l’armée contre Amalec, et Israël remporte la victoire parce que Moïse a les bras en croix (Exode 17).

    Jésus est le seul homme qui accompagne Moïse sur le Sinaï pour recevoir la Loi (24) – tout autre homme qui aurait tenté de s’approcher de la montagne aurait été frappé de mort.

    Quand Moïse avait fini de parler avec Dieu dans la tente du Témoignage, Jésus restait dans la tente, et il était le seul à pouvoir y rester ; qui que ce soit d’autre qui aurait cherché à y entrer aurait été frappé de mort (33).

    Jésus fils de Navé apparaît donc comme le lieutenant de Dieu, l’intermédiaire entre Dieu et Moïse – le médiateur entre Dieu et les hommes, dont on ne parle quasiment pas, mais dont la présence est essentielle. Et c’est lui qui, après la mort de Moïse, conduit le peuple de Dieu dans la Terre promise en lui faisant traverser le Jourdain…

    Le deuxième Jésus est en Esdras 2,2 le premier nommé de ceux qui avec Zorobabel reviennent de captivité pour restaurer Jérusalem. Au début du chapitre suivant, il est dit que Jésus se leva (surrexit), lui et ses frères prêtres, avec Zorobabel et ses frères, pour édifier l’autel du Seigneur et offrir les holocaustes. Puis Jésus et Zorobabel reconstituent l’ordre des lévites pour le service du Temple. Lévites dont le chef est Jésus et qui sont « comme un seul homme » avec lui.

    Dans le livre dit de Néhémie, Esdras fait la lecture de la Torah devant le peuple que Jésus et les lévites tiennent en silence, et l’on découvre alors l’institution de la fête des tentes. Et tout le peuple célébra la fête des tentes, et le texte ajoute : « Les fils d'Israël n'avaient point célébré ainsi cette fête depuis le temps de Jésus, fils de Navé, jusqu'à ce jour. » Ainsi les deux premiers Jésus se retrouvent-ils, dans une étroite correspondance cultuelle.

    Le troisième Jésus est Jésus ben Sira, l’auteur de l’Ecclésiastique (ou Siracide). Et ce que ce livre a vraiment de particulier (avec le chapitre 8 des Proverbes), c’est qu’il personnifie la Sagesse divine, qu’il la fait parler comme une personne, et que cette personne est le Verbe : « Moi je suis sortie de la bouche du Très-Haut… moi j’ai fait dans les cieux que se lève une lumière inextinguible… moi seule j’ai fait le tour du ciel, j’ai pénétré la profondeur de l’abîme, j’ai marché sur les flots de la mer et j’ai parcouru toute la terre… »

    Et c’est dans l’Ecclésiastique aussi qu’on lit ceci : « Jésus, fils de Navé, fut vaillant à la guerre; il succéda à Moïse dans le rôle de prophète; il fut grand selon son nom, et très grand pour sauver les élus de Dieu, pour renverser les ennemis qui s'élevaient contre lui, et pour conquérir l'héritage d'Israël. »

    Et la boucle est bouclée. Il ne restait plus qu’à venir le Jésus qui allait récapituler les trois Jésus de l’Ancien Testament et donner l’ultime signification de leur nom.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Antienne d’offertoire de la messe :

    Felix namque es, sacra Virgo María, et omni laude digníssima : quia ex te ortus est sol justítiæ, Christus, Deus noster.

    Vous êtes heureuse, bénie Vierge Marie, et tout à fait digne de louange, car de vous s’est levé le soleil de justice, le Christ notre Dieu.

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    Par les moniales d’Argentan :
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  • Octave de la Nativité

    Les antiennes des vêpres, des laudes et des petites heures sont un des plus purs chefs d’œuvre de la liturgie latine.

    O admirabile commercium: Creator generis humani animatum corpus sumens, de Virgine nasci dignatus est: et procedens homo sine semine, largitus est nobis suam Deitatem.

    O commerce admirable. Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné naître de la Vierge, et, devenu homme sans semence, il nous a fait part de sa divinité.

    Quando natus es ineffabiliter ex Virgine, tunc impletæ sunt Scripturæ: sicut pluvia in vellus descendisti, ut salvum faceres genus humanum: te laudamus Deus noster

    Quand vous naquîtes ineffablement d’une Vierge, alors s’accomplirent les Écritures. Comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre humain. Nous vous louons, ô notre Dieu !

    Rubum quem viderat Moyses incombustum, conservatam agnovimus tuam laudabilem virginitatem: Dei Genitrix, intercede pro nobis.

    En ce buisson que vit Moïse et qui brûlait sans se consumer, nous voyons l’image de votre glorieuse virginité : Mère de Dieu, intercédez pour nous.

    Germinavit radix Jesse, orta est stella ex Jacob: Virgo peperit Salvatorem: te laudamus Deus noster

    La tige de Jessé a fleuri ; l’étoile est sortie de Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur. Nous vous louons, ô notre Dieu !

    Ecce Maria genuit nobis Salvatorem, quem Joannes videns exclamavit, dicens: Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi, alleluia.

    Voici que Marie nous a enfanté le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, alléluia.

    L’antienne du Benedictus vient de la liturgie byzantine :

    Mirabile mysterium declaratur hodie: innovantur naturae, Deus homo factus est: id quod fuit permansit, et quod non erat assumpsit; non commixtionem passus, neque divisionem.

    Un mystère admirable se manifeste aujourd’hui : les deux natures s’unissent dans un prodige nouveau : Dieu se fait homme ; il reste ce qu’il était, il prend ce qu’il n’était pas, sans souffrir ni mélange ni division.

    Par les moniales d'Argentan:
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  • 7e jour dans l’octave de la Nativité

    C’est le 31 décembre, qui est le dernier jour de l’année civile. Dom Guéranger fait remarquer que seule la liturgie mozarabe a une prière spécifique, qui est en fait la Préface (« Illatio ») de la messe du dimanche avant l’Epiphanie :

    Dignum et justum est nos tibi gratias agere, Domine sancte, Pater aeterne, omnipotens Deus, per Jesum Christum Filium tuum, Dominum nostrum.

    Il est digne et juste que nous vous rendions grâce, Seigneur saint, Père éternel et tout-puissant, par Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur,

    Qui ante tempus natus ex te, Deo Patre, tecum pariter et cum Spiritu Sancto condidit tempora, dignatus est nasci et ipse sub tempore, ex utero virginis Mariae.

    qui avant les temps né de vous, Dieu son Père, a créé le temps, avec vous et l’Esprit Saint ; qui a daigné lui-même naître dans le temps, du sein de la Vierge Marie ;

    Qui tamen cum sit sempiternus, statutos annorum discrevit recursus, per quos evolutus deduceretur hic mundus.

    et qui, tout éternel qu’il est, a fixé les révolutions des années au moyen desquelles ce monde accomplit ses propres révolutions.

    Distinguens annum certis atque congruentibus vicissitudinibus temporum, quibus sol certa cursus sui dimensione, anni orbem inconfusa varietate distingueret.

    Il a divisé l’année en périodes certaines et harmonieuses, suivant lesquelles le soleil, fidèle aux lois qui règlent sa course, vient répandre sur le cercle de l’année une variété sans confusion.

    Illi etenim Deo vivo hodie et finem expleti anni, et subsequentis initium oblatis muneribus dedicamus per quem et decursum annorum transegimus, et principium alterius inchoamus.

    Par lui, nous avons traversé le cours de celle-là ; par lui, nous ouvrons le commencement de celle-ci. Aujourd’hui, par l’offrande de nos dons, nous venons dédier à ce Dieu vivant, et la fin de l’année écoulée, et le commencement de celle qui la suit.

    Hunc igitur quia in annum nos ad supplicandum sancta et communis fecit devotio convenire, tibi Deus Pater, simplices fundimus preces.

    Nous donc, qu’une dévotion commune et sainte a rassemblés en ce commencement de l’année, nous répandons devant vous, ô Dieu Père ! nos simples prières.

    Ut qui in nativitate ejusdem Filii tui praesentis temporis curricula consecrasti, praebeas nobis hunc annum habere placabilem, et dies ejus in tua transigere servitute.

    Dans la Nativité de votre Fils, vous avez fixé le point de départ de la supputation de nos temps ; faites que cette année soit pour nous une année favorable, et que nous en passions les jours dans votre service.

    Terram quoque fructibus reple, animas corporaque facito morbis delictisque carere. Scandala remove, contere hostem, cohibe famem, et omnes in commune nocivorum casuum eventus a nostris finibus procul exclude. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

    Couvrez la terre de moissons, rendez nos âmes et nos corps exempts de maladies et de péchés. Ôtez les scandales, repoussez les ennemis, chassez la famine, et éloignez de nos frontières tous les fléaux qui pourraient nous nuire. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

  • 6e jour dans l’octave de la Nativité

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    Gentile da Fabriano

    Considérons, dans ce sixième jour de la Naissance de notre Emmanuel, le divin Enfant étendu dans la crèche d’une étable, et réchauffé par l’haleine de deux animaux. Isaïe l’avait annoncé : Le bœuf, avait-il dit, connaîtra son maître, et l’âne la crèche de son seigneur ; Israël ne me connaîtra pas. (I, 3.) Telle est l’entrée en ce monde du grand Dieu qui a fait ce monde. L’habitation des hommes lui est fermée par leur dureté et leur mépris : une étable lui offre seule un abri hospitalier, et il vient au jour dans la compagnie des êtres dépourvus de raison. Mais ces animaux sont son ouvrage. Il les avait assujettis à l’homme innocent. Cette création inférieure devait être vivifiée et ennoblie par l’homme ; et le péché est venu briser cette harmonie. Toutefois , comme nous l’enseigne l’Apôtre , elle n’est point restée insensible à la dégradation forcée que le pécheur lui fait subir. Elle ne se soumet à lui qu’avec résistance ; elle le châtie souvent avec justice ; et au jour du jugement, elle s’unira à Dieu pour tirer vengeance de l’iniquité à laquelle trop longtemps elle est demeurée asservie.

    Aujourd’hui, le Fils de Dieu visite cette partie de son œuvre ; les hommes ne l’ayant pas reçu, il se confie à ces êtres sans raison ; c’est de leur demeure qu’il partira pour commencer sa course ; et les premiers hommes qu’il appelle à le reconnaître et à l’adorer, sont des pasteurs de troupeaux, des cœurs simples qui ne se sont point souillés à respirer l’air des cités.

    Le bœuf, symbole prophétique qui figure auprès du trône de Dieu dans le ciel, comme nous l’apprennent à la fois Ézéchiel et saint Jean, est ici l’emblème des sacrifices de la Loi. Sur l’autel du Temple, le sang des taureaux a coulé par torrents ; hostie incomplète et grossière, que le monde offrait dans l’attente de la vraie victime. Dans la crèche, Jésus s’adresse à son Père et dit : Les holocaustes des taureaux et des agneaux ne vous ont point apaisé ; me voici.

    Un autre Prophète annonçant le triomphe pacifique du Roi plein de douceur, le montrait faisant son entrée dans Sion sur l’âne et le fils de l’ânesse. Un jour cet oracle s’accomplira comme les autres ; en attendant, le Père céleste place son Fils entre l’instrument de son pacifique triomphe et le symbole de son sacrifice sanglant.

    Telle a donc été, ô Jésus ! Créateur du ciel et de la terre, votre entrée dans ce monde que vous avez formé. La création tout entière, qui eût dû venir à votre rencontre, ne s’est pas ébranlée ; aucune porte ne vous a été ouverte ; les hommes ont pris leur sommeil avec indifférence, et lorsque Marie vous eut déposé dans une crèche, vos premiers regards y rencontrèrent les animaux, esclaves de l’homme. Toutefois, cette vue ne blessa point votre cœur ; vous ne méprisez point l’ouvrage de vos mains ; mais ce qui afflige ce cœur, c’est la présence du péché dans nos âmes, c’est la vue de votre ennemi qui tant de fois est venu y troubler votre repos. Nous serons fidèles, ô Emmanuel, à suivre l’exemple de ces êtres insensibles que nous recommande votre Prophète : nous voulons toujours vous reconnaître comme notre Maître et notre Seigneur. C’est à nous qu’il appartient de donner une voix à toute la nature, de l’animer, de la sanctifier, de la diriger vers vous ; nous ne laisserons plus le concert de vos créatures monter vers vous, sans y joindre désormais l’hommage de nos adorations et de nos actions de grâces.

    Dom Guéranger

  • 5e jour dans l’octave de la Nativité

    La séquence de Noël Latabundus se trouve « dans tous les Missels Romains-Français », dit dom Guéranger, et elle a été longtemps attribuée à saint Bernard, mais l’abbé de Solesmes l’a trouvée dans un manuscrit du XIe siècle. La voici chantée par les moines de Triors.
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    Laetabundus
    Exsultet fidelis chorus.
    Alleluia.

    Que le chœur des fidèles, dans son allégresse, tressaille de joie. Alleluia.

    Regem regum
    Intactae profudit torus:
    Res Miranda !

    Le sein de la Vierge pure a produit le Roi des rois : prodige admirable !

    Angelus Consilii
    Natus est de Virgine,
    Sol de Stella.

    L’Ange du Conseil est né de la Vierge : le Soleil de l’Étoile.

    Sol occasum nesciens,
    Stella semper rutilans,
    Semper clara.

    Soleil sans couchant, Étoile à jamais scintillante, radieuse à jamais.

    Sicut sidus radium,
    Profert Virgo Filium
    Pari forma.

    L’étoile produit son rayon ; la Vierge enfante son Fils d’une même manière.

    Neque sidus radio,
    Neque Mater Filio
    Fit corrupta.

    Ni l’étoile par le rayon, ni la Vierge par son Fils ne perd rien de son pur éclat.

    Cedrus alta Libani
    Conformatur hyssopo
    Valle nostra.

    Le haut cèdre du Liban vient ramper, avec l’hysope, dans notre humble vallée.

    Verbum ens Altissimi
    Corporari passum est,
    Carne sumpta.

    Le Verbe, Sagesse du Très-Haut, daigne se revêtir d’un corps ; il se fait chair.

    Isaias cecinit,
    Synagoga meminit,
    Numquam tamen desinit
    Esse caeca.

    Isaïe l’avait chanté, la Synagogue s’en souvient, et pourtant n’a point cessé d’être dans l’aveuglement.

    Si non suis vatibus,
    Credat vel gentilibus,
    Sibyllinis versibus
    Haec praedicta :

    Qu’elle en croie, sinon ses Prophètes, au moins ceux de la gentilité ; les vers de la Sybille ont annoncé le mystère :

    Infelix, propera,
    Crede vel vetera:
    Cur damnaberis, gens misera?

    Peuple malheureux, hâte-toi : crois enfin les antiques oracles ; pourquoi serais-tu réprouvé, peuple infortuné ?

    Quem docet littera
    Natum considera:
    Ipsum genuit puerpera.
    Alleluia.

    L’Enfant qu’annonce la lettre prophétique, vois-le aujourd’hui : une Vierge l’a mis au monde. Alléluia.

  • Lumière de Minuit

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    La messe de minuit célébrée par le cardinal Raymond Burke en l’église de la Trinité des Pèlerins (paroisse de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, Rome).

  • Les saints Innocents

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    Evangile éthiopien, début du XVIe siècle

    Mais le Christ qui connaissait l’avenir, qui pénétrait tous les secrets, qui était le Juge des pensées, le Scrutateur des esprits, pourquoi a-t-il abandonné à leur sort ceux qu’il savait que l’on recherchait à cause de Lui, sachant très bien qu’ils seraient tués pour Lui ? A sa naissance, pourquoi un roi, Le Roi céleste, néglige-t-il les soldats de son innocence, pourquoi méprise-t-il une armée du même âge que Lui ? Pourquoi renvoie-t-il les sentinelles qui veillent sur les berceaux, pour que l’ennemi qui ne cherchait que le Roi extermine tous les soldats ?

    Mes frères,  le Christ n’a pas dédaigné ses propres soldats, mais il a envoyés en première ligne ceux à qui il a donné de triompher avant de vivre, et de remporter la victoire avant de combattre;  ceux à qui il a donné des couronnes avant de leur donner des membres. Il a voulu qu’en eux les vertus fassent leur apparition avant les vices. Ils ont possédé le ciel avant la terre, et ils se sont introduits dans les choses divines avant de s’insérer dans les choses terrestres. Le Christ a donc envoyé ses soldats en éclaireurs, il ne les a pas perdus. Il ne les a pas abandonnés, mais il les a accueillis.

    Bienheureux sont ceux que le martyre a fait naître sous nos yeux,  non le monde. Bienheureux ceux qui ont échangé le labeur pour le repos, les souffrances pour le rafraîchissement, les douleurs pour la joie. Ils vivent, oui, ils vivent, ceux qui vivent vraiment, ceux qui ont obtenu d’être mis à mort pour le Christ. Bienheureux les ventres qui ont porté de tels enfants ! Bienheureuses les mamelles qui ont allaité de tels nourrissons ! Bienheureuses les larmes qui, répandues pour de tels bébés, ont apporté à celles qui pleuraient la grâce baptismale ! Car, de façon différente, mais dans un don unique, les mères sont baptisées dans leurs larmes, et leurs fils dans leur sang. Ce sont les mères qui ont souffert dans le martyre de leurs fils. Car le glaive qui transperçait les membres des fils se rendait jusqu’au cœur des mères, et il est nécessaire qu’elles aient part à la récompense, celles qui ont pris part à la passion. Le poupon souriait au meurtrier, le bébé prenait le glaive pour un jouet, le nourrisson qui croyait attendre le lait de la nourrice attendait en réalité le coup de poignard horrible de l’assassin. Sur le point de mourir, l’enfant qui n’avait pas encore ouvert les yeux à la lumière se réjouissait, car l’enfant considère tout homme comme son parent, non son ennemi. Les mères éprouvèrent tout ce qu’il y a eu en fait d’angoisse et de douleur, et c’est pour cela que la joie du martyre ne  fit pas défaut à celles qui avaient versé les larmes du martyre.

    Que l’auditeur ici soit très attentif ! Qu’il écoute avec la plus grande attention, pour pouvoir comprendre que le martyre ne provient pas du mérite, mais de la grâce. Dans les nourrissons, où est la volonté, où est le libre arbitre ? La nature elle-même y est encore captive. Pour tout ce qui se rapporte au martyre, nous devons tout à Dieu et rien à nous-mêmes. Vaincre le démon, livrer son corps à la torture, mépriser son corps, épuiser les tourments, lasser les tortionnaires, se glorifier des injures, demander la vie à la mort, non, cela ne vient pas de la vertu stoïcienne, c’est un don de Dieu. Celui qui court au martyre par sa propre vertu ne parvient pas à la couronne par le Christ. Mais Il nous conduit au pâturage céleste Celui qui a daigné dormir dans notre étable, Jésus-Christ le Nazaréen, notre Seigneur qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.

    Saint Pierre Chrysologue, fin du sermon 152.

  • Dimanche dans l’octave de la Nativité

    Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens Sermo tuus, Domine, de caelis a regalibus sedibus venit.

    Alors qu'un profond silence enveloppait toutes choses, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre Parole toute-puissante, Seigneur, est venue du haut des cieux, du trône royal.

    podcast

    L’introït de cette messe du dimanche dans l’octave de la Nativité rappelle que Jésus est né à minuit, Verbe descendant du royaume céleste dans le silence terrestre. Or le texte vient du chapitre 18 du livre de la Sagesse, et dans ce texte il s’agit de la dernière et de la plus terrible plaie d’Egypte : la mort des nouveaux-nés :

    Tandis que tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre Parole toute-puissante s'élança du Ciel, du trône royal, comme un guerrier impitoyable, sur cette terre destinée à la perdition, comme un glaive tranchant, elle portait votre irrévocable arrêt, elle était là, remplissant tout de meurtre, et, se tenant sur la terre, elle atteignait jusqu'au Ciel.

    La mort des nouveaux-nés égyptiens est le fléau qui fera enfin fléchir le pharaon, c’est donc ce qui permet la libération du peuple élu, le passage de la mer Rouge, l’entrée dans la terre promise.

    On remarque que le livre de la Sagesse modifie le texte de l’Exode en se faisant encore plus précisément prophétique. Dans l’Exode, c’est Dieu qui « passe » pour tuer les nouveaux-nés. La Sagesse précise : c’est le Verbe. Le Verbe qui vient du Ciel et « passe » sur terre. Et ce sera bien pour sauver ses élus, ceux qui auront la marque de son sang comme les israélites avaient mis la marque du sang sur leurs portes. La Victime, ce sera lui. Et les « Egyptiens » ne seront pas voués à la mort, mais appelés à la conversion. Afin que tous atteignent jusqu’au Ciel avec Lui.

    (Chant : concert de maîtres de chapelle réunis à Fontevraud pour une session de formation sous la direction du chanoine Jeanneteau, le 28 juillet 1982. Enregistrement publié sur le site Musicologie médiévale.)