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Liturgie - Page 303

  • 4e dimanche après l’Epiphanie

    Les messes dominicales qui suivent, jusqu’à la septuagésime, n’ont pas de chants spéciaux, mais reprennent ceux du IIIe dimanche. C’est une anomalie qui s’explique par le fait de l’incertitude même qui domine cette dernière partie du cycle après l’Épiphanie. Tout dépendait du commencement du jeûne quadragésimal ; or, dans plusieurs lectionnaires romains, ce cycle comprenait jusqu’à dix semaines, tandis que d’autres en émanèrent à peine trois. Les derniers dimanches après la Pentecôte se trouvent dans des conditions identiques ; aussi tout donne à penser que, vu l’absence de chants spéciaux pour ces dimanches supplémentaires, la rédaction grégorienne de l’antiphonaire représente vraiment l’usage du VIIe siècle.

    Bienheureux cardinal Schuster

    L’offertoire de ces messes est curieusement le même que celui de la messe du jeudi saint. Le sens n’est pas le même, bien que l’expression soit identique : celle de la puissance et de la majesté du Christ. En ce quatrième dimanche après l’Epiphanie, ce chant illustre le miracle de la tempête apaisée par un simple geste de la « droite » du Christ Dieu Roi de la Création qui manifeste sa puissance « aux hommes » et les sauve de la noyade. Le jeudi saint, le Christ chante sa victoire sur la mort, et par lui les chrétiens qui participent à cette victoire par l’eucharistie.

    Déxtera Dómini fecit virtutem, déxtera Dómini exaltávit me : non móriar, sed vivam, et narrábo ópera Dómini.

    La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, la droite du Seigneur m’a exalté. Je ne mourrai point, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur.

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    Par les moines de Ligugé, 1958 :
    podcast

  • Saint Pierre Nolasque

    Deus, qui in tuæ caritátis exémplum ad fidélium redemptiónem sanctum Petrum Ecclésiam tuam nova prole fœcundáre divínitus docuísti : ipsíus nobis intercessióne concéde ; a peccáti servitúte solútis, in cælésti pátria perpétua libertáte gaudére : Qui vivis et regnas…

    O Dieu, qui, pour donner un exemple de votre charité, avez divinement inspiré à saint Pierre de rendre votre Église mère d’une nouvelle famille pour la rédemption des fidèles captifs, acordez-nous, par son intercession, d’être délivrés de la servitude du péché, et de jouir de la liberté sans fin dans la céleste patrie.

    Rappel

    Les trois visions de saint Pierre Nolasque par Zurbaran.

    La vie de saint Pierre Nolasque dans la Vie des saints de Butler.

    *

    • Dans mon diocèse, c'est la fête de saint Gildas.

    • Dans mon bréviaire monastique, c'est saint Cyrille d'Alexandrie. Et cela donne lieu à une étonnante conjonction. Car hier c'était saint Jean Chrysostome. Les secondes vêpres de saint Jean Chrysostome télescopent les premières vêpres de saint Cyrille et on dit les deux oraisons. Or Cyrille, qui était le neveu et successeur de Théophile, le grand persécuteur de Jean Chrysostome, refusa longtemps de reconnaître celui-ci comme catholique. Au pape qui lui demandait de citer Jean Chrysostome dans les diptyques il avait répondu: "Citer cette personne (il ne voulait même pas dire son nom), ce serait comme rétablir Judas parmi les apôtres." D'où sans doute un surcroît d'animosité de Cyrille contre Nestorius qu'il fit (justement) condamner au concile d'Ephèse: Nestorius est le patriarche de Constantinople qui avait pleinement réhabilité Jean Chrysostome, en instituant une fête annuelle en son honneur...

  • Saint Jean Chrysostome

    Petit extrait du commentaire de saint Jean Chrysostome sur l’évangile de dimanche prochain (la tempête apaisée, homélie 28 sur l’évangile de saint Matthieu).

    Jésus leur répondit : "Pourquoi êtes-vous ainsi timides, ô hommes de peu de foi? Et se levant ensuite, il parla avec empire aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme." Jésus-Christ nous apprend par ce reproche que la crainte et le trouble ne viennent point des maux ni des tentations par elles-mêmes, mais de la faiblesse de nos âmes et de notre peu de foi. Et si quelqu’un m’objecte que ce n’était point une marque de faiblesse dans les apôtres, mais plutôt une preuve de leur grande foi de s’adresser ainsi à Jésus-Christ et de le réveiller pour lui demander du secours, je lui répondrai que les apôtres montraient qu’ils n’avaient pas encore une juste idée de la puissance de leur Maître, par cela même qu’ils ne le croyaient pas assez puissant pour apaiser la tempête à moins qu’il ne fût éveillé.

    Et ne vous étonnez pas de l’imperfection qu’ils montrent ici, puisque vous la retrouverez encore plus tard en eux lorsqu’ils auront été témoins de beaucoup d’autres miracles.

    C’est ce qui-leur attirera tant de réprimandes du genre de celle-ci: "Etes-vous donc encore, vous aussi, sans intelligence? " (Matth. 15,16.) Et si les disciples eux-mêmes étaient si imparfaits, ne nous étonnons pas, mes frères, que le peuple n’eût pas des pensées plus relevées du Fils de Dieu. Car les disciples étaient dans l’étonnement et disaient : Quel est cet homme-ci à qui les vents et la mer obéissent?"

    Cependant Jésus-Christ ne les reprend point de ce qu’ils ne le regardent encore que comme un homme; et il attend sans impatience que le grand nombre de ses miracles les persuade eux-mêmes de la fausseté de leurs pensées. Que si vous me demandez pourquoi ils le regardaient toujours comme un homme ordinaire, je vous répondrai que c’est à cause de tout ce qui paraissait en lui au dehors, de ce qu’il dormait comme nous, et qu’il se servait d’un vaisseau pour passer la mer. C’est ce qui jetait leurs esprits dans le trouble et dans la confusion à son sujet. Le sommeil où ils le voyaient et tout ce qui paraissait en lui, faisait voir que ce n’était qu’un simple homme; mais cette tempête si divinement calmée montrait qu’il était Dieu. Et si Moïse autrefois commanda aussi à la mer, ce qu’il fit ne sert qu’à montrer la supériorité de Jésus sur lui. Car Moïse agissait en serviteur, mais Jésus-Christ commandait en maître. Il n’étend point son bâton comme Moïse, il ne lève point comme lui les mains au ciel, il n’use point de prières. Il agit souverainement en créateur qui se fait obéir de sa créature, et comme un ouvrier qui dispose de son ouvrage selon qu’il lui plaît. Il calme par une seule parole l’agitation de la mer et il lui impose comme un frein pour dompter ses flots. Il fait succéder tout d’un coup le calme à la tempête, sans qu’il en reste la moindre trace, ce que l’évangéliste marque par cette parole: "Et il se fit un grand calme"

    Jésus-Christ fait dans ce miracle ce que l’Ecriture admire comme un rare prodige dans le Père dont il est écrit : "Il a parlé et la tempête s’est arrêtée." (Ps. 106.) C’est exactement ce que l’on dit ici de Jésus-Christ: Il parle et "il se fait aussitôt un grand calme". Voilà ce qui causait à la multitude une si extraordinaire admiration; et certainement cette admiration eût été moindre si Jésus avait opéré comme Moïse.

    La citation du psaume 106 est littéralement fausse, mais résume ce passage central du psaume (avec un emprunt au passage précédent) qui est une spectaculaire prophétie trop rarement mise en avant, même par les pères. Ce récit d’une tempête apaisée par l’intervention divine ne correspond en effet à aucun épisode dans l’Ancien Testament. Dans toute la Bible, elle ne correspond qu’à l’épisode évangélique dont on parle ici. de façon précise. Voici ces versets qui sont au milieu du psaume 106, et leur traduction littérale :

    Qui descéndunt mare in návibus * faciéntes operatiónem in aquis multis

    Ipsi vidérunt ópera Dómini * et mirabília ejus in profúndo

    Dixit et stetit spíritus procéllæ * et exaltáti sunt fluctus ejus

    Ascéndunt usque ad cælos et descéndunt usque ad abýssos * ánima eórum in malis tabescébat

    Turbáti sunt et moti sunt sicut ébrius * et omnis sapiéntia eórum devoráta est

    Et clamavérunt ad Dóminum cum tribularéntur * et de necessitátibus eórum edúxit eos

    Et státuit procéllam ejus in auram * et siluérunt fluctus ejus

    Et lætáti sunt quia siluérunt * et dedúxit eos in portum voluntátis eórum

    Ceux qui descendent la mer dans des navires, faisant leur ouvrage dans les eaux nombreuses,

    Ceux-là ont vu les œuvres du Seigneur, et ses merveilles dans la profondeur.

    Il dit, et se leva le souffle de la tempête, et ses flots s’élevèrent ;

    Ils montent jusqu’aux cieux, et descendent jusqu’aux abîmes ; leur âme se consumait dans les maux.

    Ils furent troublés, et agités comme un homme ivre, et toute leur sagesse fut engloutie.

    Et ils crièrent vers le Seigneur dans leurs tribulations, et il les tira de leurs nécessités.

    Et il établit sa tempête en brise, et ses flots se turent.

    Et ils se réjouirent parce qu’ils se sont tus, et il les conduisit au port de leur volonté.

  • Saint Polycarpe

    Τήν κλῆσιν τοῖς ἔργοις σου ἐπισφραγίσας, σοφέ, ἐλαία κατάκαρπος ὤφθης ἐν οἴκῳ Θεοῦ, Πολύκαρπε ἔνδοξε∙ σύ γαρ ως Ἱεράρχης καί στερρός Ἀθλοφόρος, τρέφεις τήν Ἐκκλησίαν λογικῇ εὐκαρπίᾳ, πρεσβεύων Ἱερομάρτυς, ὑπέρ τῶν ψυχῶν ἡμῶν.

    Ayant scellé ta vocation par tes œuvres, ô sage, tu es apparu comme un olivier fécond dans la maison de Dieu, ô glorieux Polycarpe. Car toi, hiérarque, et solide vainqueur, tu nourris l’Eglise de tes fruits spirituels, intercédant, ô hiéromartyr, pour nos âmes.

    (La liturgie byzantine joue sur la signification du nom Polycarpe : qui porte beaucoup de fruit : il est un olivier katakarpos – c’est un synonyme, et il nourrit l’Eglise de sa eukarpia, sa fécondité, sa propension à donner de bons fruits. Ce tropaire est chanté par le P. Nicodème Kabarnos, prêtre de l'archidiocèse orthodoxe d'Athènes, professeur de chant byzantin.)

    Sur saint Polycarpe voir ma note de 2015.

  • Conversion de saint Paul

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    Lettrine de l'introït, dans le graduel d'Albi (XIe siècle)

    L’introït est celui du dies natalis de saint Paul le 30 juin, et il exprime la certitude de l’Apôtre que Dieu, juste estimateur du mérite, lui donnera la récompense de ses travaux. Pour mieux expliquer cette pensée à Timothée, saint Paul, proche du martyre, se sert d’une gracieuse image. Ses bonnes œuvres sont comme un dépôt, qu’il confie à Dieu pour qu’il le lui garde jusqu’au jour de la parousie. L’Apôtre a toute confiance dans le Seigneur, qu’il dit bien connaître. Celui qui confie ses trésors aux coffres-forts ou les cache sous terre, s’expose au péril de se les voir ravir par les voleurs ou ronger par les vers. Dieu, au contraire, est juste et immuable, et au grand jour du jugement, le jour par excellence au dire de saint Paul, il rendra le dépôt avec la récompense méritée.

    La mélodie grégorienne qui revêt cet introït semble avoir été créée par l’artiste tout exprès pour la station dans la vaste basilique de Saint-Paul. Elle est solennelle et d’un effet incomparable.

    Bienheureux cardinal Schuster

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    Scio, cui crédidi, et certus sum, quia potens est depósitum meum servare in illum diem, justus judex.
    Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam. Gloria…

    Je sais en qui j’ai cru et je suis certain qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour où il me jugera en juste juge.
    Seigneur, vous m’avez sondé et vous me connaissez, vous savez quand je m’assieds et quand je me lève.

    Par les moniales d’Argentan, sous la direction de dom Gajard, en 1966.
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  • Saint Timothée

    Timothée est un nom grec et signifie "qui honore Dieu". Alors que dans les Actes, Luc le mentionne six fois, dans ses Lettres, Paul fait référence à lui au moins à dix-sept reprises (on le trouve en plus une fois dans la Lettre aux Hébreux). On en déduit qu'il jouissait d'une grande considération aux yeux de Paul, même si Luc ne considère pas utile de nous raconter tout ce qui le concerne. En effet, l'Apôtre le chargea de missions importantes et vit en lui comme un alter ego, ainsi qu'il ressort du grand éloge qu'il en fait dans la Lettre aux Philippiens:  "Je n'ai en effet personne d'autre (isópsychon) qui partage véritablement avec moi le souci de ce qui vous concerne" (2, 20).

    Timothée était né à Lystres (environ 200 km au nord-ouest de Tarse) d'une mère juive et d'un père païen (cf. Ac 16, 1). Le fait que sa mère ait contracté un mariage mixte et n'ait pas fait circoncire son fils laisse penser que Timothée a grandi dans une famille qui n'était pas strictement observante, même s'il est dit qu'il connaissait l'Ecriture dès l'enfance (cf. 2 Tm 3, 15). Le nom de sa mère, Eunikè, est parvenu jusqu'à nous,  ainsi que le nom de sa grand-mère, Loïs (cf. 2 Tm 1, 5). Lorsque Paul passa par Lystres au début du deuxième voyage missionnaire,  il  choisit  Timothée comme compagnon, car "à Lystres et à Iconium, il était estimé des frères" (Ac 16, 2), mais il le fit circoncire "pour tenir compte des juifs de la région" (Ac 16, 3). Avec Paul et Silas, Timothée traverse l'Asie mineure jusqu'à Troas, d'où il passe en Macédoine. Nous sommes en outre informés qu'à Philippes, où Paul et Silas furent visés par l'accusation de troubler l'ordre public et furent emprisonnés pour s'être opposés à l'exploitation d'une jeune fille comme voyante de la part de plusieurs individus sans scrupules (cf. Ac 16, 16-40), Timothée fut épargné. Ensuite, lorsque Paul fut contraint de poursuivre jusqu'à Athènes, Timothée le rejoignit dans cette ville et, de là, il fut envoyé à la jeune Eglise de Thessalonique pour avoir de ses nouvelles et pour la confirmer dans la foi (cf. 1 Th 3, 1-2). Il retrouva ensuite l'Apôtre à Corinthe, lui apportant de bonnes nouvelles sur les Thessaloniciens et collaborant avec lui à l'évangélisation de cette ville (cf. 2 Co 1, 19).

    Nous retrouvons Timothée à Ephèse au cours du troisième voyage missionnaire de Paul. C'est probablement de là que l'Apôtre écrivit à Philémon et aux Philippiens, et dans ces deux lettres, Timothée apparaît comme le co-expéditeur (cf. Phm 1; Ph 1, 1). D'Ephèse, Paul l'envoya en Macédoine avec un certain Eraste (cf. Ac 19, 22) et, ensuite, également à Corinthe, avec la tâche d'y apporter une lettre, dans laquelle il recommandait aux Corinthiens de lui faire bon accueil (cf. 1 Co 4, 17; 16, 10-11). Nous le retrouvons encore comme co-expéditeur de la deuxième Lettre aux Corinthiens, et quand, de Corinthe, Paul écrit la Lettre aux Romains, il y unit, avec ceux des autres, les saluts de Timothée (cf. Rm 16, 21). De Corinthe, le disciple repartit pour rejoindre Troas sur la rive asiatique de la Mer Egée et y attendre l'Apôtre qui se dirigeait vers Jérusalem, en conclusion de son troisième voyage missionnaire (cf. Ac 20, 4). A partir de ce moment, les sources antiques ne nous réservent plus qu'une brève référence à la biographie de Timothée, dans la Lettre aux Hébreux où on lit : "Sachez que notre frère Timothée est libéré. J'irai vous voir avec lui s'il vient assez vite" (13, 23). En conclusion, nous pouvons dire que la figure de Timothée est présentée comme celle d'un pasteur de grand relief. Selon l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, écrite postérieurement, Timothée fut le premier Evêque d'Ephèse (cf. 3, 4). Plusieurs de ses reliques se trouvent depuis 1239 en Italie, dans la cathédrale de Termoli, dans le Molise, provenant de Constantinople.

    (Ce texte est celui de la catéchèse de Benoît XVI le 13 décembre 2006. On n’y trouve sans doute rien qui soit personnellement de Joseph Ratzinger, mais c’est un résumé exhaustif de tout ce que la Sainte Ecriture nous dit de Timothée.)

  • Saint Raymond de Pegnafort

    Le bienheureux Raymond, né à Barcelone, de la noble maison de Pegnafort, fut, encore enfant, instruit des éléments de la religion chrétienne, et dès lors il faisait présager quelque chose de grand par ses rares qualités d’esprit et de corps. Fort jeune il professa les humanités dans sa patrie, puis se rendit à Bologne, où il s’appliqua avec zèle aux devoirs de la piété et à l’étude du droit canonique et civil ; il y reçut le bonnet de Docteur, et y expliqua les saints Canons à l’admiration de tous. La réputation de ses vertus se répandant au loin, Bérenger, Évêque de Barcelone, qui retournait de Rome à son Église, passa par Bologne pour le voir, et obtint enfin à force de prières qu’il revînt avec lui dans sa patrie. Bientôt Raymond fut honoré de la dignité de chanoine et de prévôt de la même Église, où il surpassa le peuple et tout le clergé par l’éclat de son intégrité, de sa modestie, de sa doctrine, et par la douceur de ses mœurs. Il accrut toujours de toutes ses forces l’honneur et le culte de la Vierge Mère de Dieu, qu’il vénérait avec une piété et une affection singulières.

    A l’âge d’environ quarante-cinq ans, il fit profession solennelle dans l’Ordre des Frères Prêcheurs ; alors, comme un nouveau soldat, il s’exerça dans tous les genres de vertus, mais surtout dans la charité pour les indigents, principalement envers ceux que les infidèles retenaient captifs. Ce fut sur son conseil que saint Pierre Nolasque, dont il était le confesseur, consacra ses biens à cette œuvre de pitié ; la bienheureuse Vierge, apparaissant à Pierre ainsi qu’au bienheureux Raymond et à Jacques Ier, roi d’Aragon leur dit qu’il serait très agréable à elle et à son Fils unique, qu’on instituât en son honneur un Ordre de religieux à qui incomberait le soin de délivrer les captifs de la tyrannie des infidèles. C’est pourquoi, après en avoir conféré entre eux, ils fondèrent l’Ordre de Notre-Dame de la Merci de la Rédemption des captifs, pour lequel Raymond statua certaines règles de vie, très bien appropriées au but de cet institut. Quelques années après, il obtint de Grégoire IX l’approbation de ces lois, et il créa premier Général de l’Ordre, saint Pierre Nolasque, auquel il avait donné l’habit de ses propres mains.

    Le même Grégoire IX l’appela à Rome, et ce Pontife le choisit pour son chapelain, son pénitencier et son confesseur ; ce fut par son ordre que Raymond rassembla en un volume appelé Décrétales, les décrets des Pontifes romains disséminés dans les Actes de divers conciles et dans différentes épîtres. Il refusa constamment avec fermeté l’archevêché de Tarragone qui lui était offert par le Pontife lui-même, et se démit spontanément du généralat de l’Ordre des Frères Prêcheurs, qu’il avait gouverné très saintement pendant deux années. Il détermina Jacques, roi d’Aragon, à établir dans ses états le saint office de l’Inquisition. Il fit beaucoup de miracles, parmi lesquels le plus éclatant fut que, voulant revenir de l’île Majorque à Barcelone, il étendit son manteau sur les eaux, fit cent soixante milles de chemin en six heures, et entra dans son monastère, bien que les portes en fussent closes Enfin presque centenaire, plein de vertus et de mérites, il s’endormit dans le Seigneur, l’an du salut mil deux cent soixante-quinze. Clément VIII l’a mis au nombre des Saints.

    (bréviaire)

  • 3e dimanche après l’Epiphanie

    L’évangile de ce dimanche comporte, a priori bizarrement, le récit de deux miracles sans autre lien entre eux que ce sont deux guérisons. Et deux guérisons très différentes l’une de l’autre : dans la première, Jésus touche un lépreux pour le guérir, dans la seconde, il guérit à distance le serviteur d’un centurion.

    Dom Pius Parsch montre que les chants de cette messe continuent de distiller le mystère de l’Epiphanie. Il en est de même de cet évangile. Les premiers mots nous disent que Jésus descend de la montagne : car il est descendu du ciel, et il fallait qu’il descende pour nous donner des signes.

    Il descend, et il accomplit ses deux premiers miracles (les deux premiers que raconte cet évangile de saint Matthieu). Par le premier il purifie un juif de sa lèpre. Par le second, il sauve de la mort un païen. C’est encore une épiphanie, par le miracle, comme à Cana dimanche dernier : Jésus se manifeste aux hommes, au juif d’abord, comme aux bergers de Bethléem, au païen ensuite, comme aux Mages venus d’Orient.

    Ce centurion, dont Jésus loue la foi, et qui nous apprend ce que nous devons dire à la messe avant de recevoir le corps du Christ (« Domine non sum dignus…), ne se retrouve pourtant nulle part ailleurs dans la liturgie de ce dimanche. Ce qui prime est la guérison du lépreux. Aux matines, saint Jérôme n’évoque que ce miracle (même dans la version longue d’avant 1960), et il en est de même des antiennes de Benedictus et de Magnificat, qui reprennent le texte même de l'évangile:

    Cum descendisset Jesus de monte, ecce leprosus veniens adorabat eum, dicens: Domine, si vis, potes me mundare: et extendens manum, tetigit eum, dicens: Volo, mundare.

    Domine, si vis, potes me mundare: et ait Jesus: Volo, mundare.

    On voit que les deux antiennes insistent sur le très bref dialogue entre le lépreux et Jésus. Il est rarissime (sinon unique ?) que l’antienne du cantique du soir répète ce qu’a dit l’antienne du cantique du matin. Cette insistance a forcément une signification. C’est que l’on a là un merveilleux modèle de prière. Je dis à Jésus : « Si tu le veux, tu peux me purifier, me rendre pur. » Et qu’espérer d’autre que de l’entendre un jour me répondre à moi aussi : « Je le veux, sois purifié. » Cette réponse qui tient en deux mots, en latin comme en grec : Volo, mundare. Les deux mots divins qui ouvrent le ciel.

  • Un évêque interdit la messe de saint Pie V

    Les évêques qui ont formellement interdit l’application de Summorum Pontificum sont rares, car le motu proprio est une loi de l’Eglise et s’y opposer c’est s’opposer à la loi de l’Eglise…

    Mais Mgr Malloy, évêque de Rockford, Illinois, vient d’écrire dans une lettre officielle à ses prêtres, d’abord que sans son autorisation expresse il est interdit de célébrer la messe ad orientem, et ensuite qu’il est interdit de célébrer la messe antéconciliaire.

    Car ce qui compte c’est « l’unité liturgique »…

    Le plus fort est qu’il se réfère explicitement à l’article 2 de Summorum Pontificum : l’article qui stipule qu’un prêtre n’a pas à demander l’autorisation de célébrer selon l’ancien missel...

    (A la différence de l’ancien “patriarche” de Lisbonne qui avait purement et simplement interdit la messe traditionnelle sur tout le territoire portugais, Mgr Malloy tolère une réserve d’Indiens liturgiques dans son diocèse, un lieu de culte desservi par l’Institut du Christ Roi.)

  • Sainte Agnès

    Le verset alléluiatique suivant (Matth., XXV, 4-6) est propre à la fête de sainte Agnès. Il faut toutefois remarquer que ces parties de la messe qui sont lues aujourd’hui par le prêtre seul, étaient à l’origine chantées par d’habiles solistes, ou par de nombreuses scholae de clercs chantres. C’est ainsi que lectures, chants, musique, cérémonies, ministres, faisaient de la messe non pas simplement une prière, mais une action sacrée, presque un drame liturgique qui éveillait une impression profonde, surtout dans les masses populaires. De plus, comme l’élément mélodique occupe une place très importante dans la liturgie romaine, l’on ne peut juger de la beauté de son inspiration artistique par le simple texte d’un répons ou d’une antienne ; mais il convient de tenir compte spécialement du vêtement mélodique dont elle est ornée. Nous en avons une preuve dans le verset alléluiatique de la messe de sainte Agnès, qui est l’un des plus délicats et des plus riches de sentiment du recueil grégorien.

    Bienheureux cardinal Schuster

    Allelúia, allelúia. Quinque prudéntes vírgines accepérunt óleum in vasis suis cum lampádibus : média autem nocte clamor factus est : Ecce, sponsus venit : exite óbviam Christo Dómino. Allelúia.

    Allelúia, allelúia. Les cinq vierges sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes ; or au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici l’époux qui vient ; allez au-devant du Christ votre Seigneur. Alléluia.

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    Par les moines de Solesmes sous la direction de dom Jean Claire, 1978

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