Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Saint Jean Chrysostome

Petit extrait du commentaire de saint Jean Chrysostome sur l’évangile de dimanche prochain (la tempête apaisée, homélie 28 sur l’évangile de saint Matthieu).

Jésus leur répondit : "Pourquoi êtes-vous ainsi timides, ô hommes de peu de foi? Et se levant ensuite, il parla avec empire aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme." Jésus-Christ nous apprend par ce reproche que la crainte et le trouble ne viennent point des maux ni des tentations par elles-mêmes, mais de la faiblesse de nos âmes et de notre peu de foi. Et si quelqu’un m’objecte que ce n’était point une marque de faiblesse dans les apôtres, mais plutôt une preuve de leur grande foi de s’adresser ainsi à Jésus-Christ et de le réveiller pour lui demander du secours, je lui répondrai que les apôtres montraient qu’ils n’avaient pas encore une juste idée de la puissance de leur Maître, par cela même qu’ils ne le croyaient pas assez puissant pour apaiser la tempête à moins qu’il ne fût éveillé.

Et ne vous étonnez pas de l’imperfection qu’ils montrent ici, puisque vous la retrouverez encore plus tard en eux lorsqu’ils auront été témoins de beaucoup d’autres miracles.

C’est ce qui-leur attirera tant de réprimandes du genre de celle-ci: "Etes-vous donc encore, vous aussi, sans intelligence? " (Matth. 15,16.) Et si les disciples eux-mêmes étaient si imparfaits, ne nous étonnons pas, mes frères, que le peuple n’eût pas des pensées plus relevées du Fils de Dieu. Car les disciples étaient dans l’étonnement et disaient : Quel est cet homme-ci à qui les vents et la mer obéissent?"

Cependant Jésus-Christ ne les reprend point de ce qu’ils ne le regardent encore que comme un homme; et il attend sans impatience que le grand nombre de ses miracles les persuade eux-mêmes de la fausseté de leurs pensées. Que si vous me demandez pourquoi ils le regardaient toujours comme un homme ordinaire, je vous répondrai que c’est à cause de tout ce qui paraissait en lui au dehors, de ce qu’il dormait comme nous, et qu’il se servait d’un vaisseau pour passer la mer. C’est ce qui jetait leurs esprits dans le trouble et dans la confusion à son sujet. Le sommeil où ils le voyaient et tout ce qui paraissait en lui, faisait voir que ce n’était qu’un simple homme; mais cette tempête si divinement calmée montrait qu’il était Dieu. Et si Moïse autrefois commanda aussi à la mer, ce qu’il fit ne sert qu’à montrer la supériorité de Jésus sur lui. Car Moïse agissait en serviteur, mais Jésus-Christ commandait en maître. Il n’étend point son bâton comme Moïse, il ne lève point comme lui les mains au ciel, il n’use point de prières. Il agit souverainement en créateur qui se fait obéir de sa créature, et comme un ouvrier qui dispose de son ouvrage selon qu’il lui plaît. Il calme par une seule parole l’agitation de la mer et il lui impose comme un frein pour dompter ses flots. Il fait succéder tout d’un coup le calme à la tempête, sans qu’il en reste la moindre trace, ce que l’évangéliste marque par cette parole: "Et il se fit un grand calme"

Jésus-Christ fait dans ce miracle ce que l’Ecriture admire comme un rare prodige dans le Père dont il est écrit : "Il a parlé et la tempête s’est arrêtée." (Ps. 106.) C’est exactement ce que l’on dit ici de Jésus-Christ: Il parle et "il se fait aussitôt un grand calme". Voilà ce qui causait à la multitude une si extraordinaire admiration; et certainement cette admiration eût été moindre si Jésus avait opéré comme Moïse.

La citation du psaume 106 est littéralement fausse, mais résume ce passage central du psaume (avec un emprunt au passage précédent) qui est une spectaculaire prophétie trop rarement mise en avant, même par les pères. Ce récit d’une tempête apaisée par l’intervention divine ne correspond en effet à aucun épisode dans l’Ancien Testament. Dans toute la Bible, elle ne correspond qu’à l’épisode évangélique dont on parle ici. de façon précise. Voici ces versets qui sont au milieu du psaume 106, et leur traduction littérale :

Qui descéndunt mare in návibus * faciéntes operatiónem in aquis multis

Ipsi vidérunt ópera Dómini * et mirabília ejus in profúndo

Dixit et stetit spíritus procéllæ * et exaltáti sunt fluctus ejus

Ascéndunt usque ad cælos et descéndunt usque ad abýssos * ánima eórum in malis tabescébat

Turbáti sunt et moti sunt sicut ébrius * et omnis sapiéntia eórum devoráta est

Et clamavérunt ad Dóminum cum tribularéntur * et de necessitátibus eórum edúxit eos

Et státuit procéllam ejus in auram * et siluérunt fluctus ejus

Et lætáti sunt quia siluérunt * et dedúxit eos in portum voluntátis eórum

Ceux qui descendent la mer dans des navires, faisant leur ouvrage dans les eaux nombreuses,

Ceux-là ont vu les œuvres du Seigneur, et ses merveilles dans la profondeur.

Il dit, et se leva le souffle de la tempête, et ses flots s’élevèrent ;

Ils montent jusqu’aux cieux, et descendent jusqu’aux abîmes ; leur âme se consumait dans les maux.

Ils furent troublés, et agités comme un homme ivre, et toute leur sagesse fut engloutie.

Et ils crièrent vers le Seigneur dans leurs tribulations, et il les tira de leurs nécessités.

Et il établit sa tempête en brise, et ses flots se turent.

Et ils se réjouirent parce qu’ils se sont tus, et il les conduisit au port de leur volonté.

Commentaires

  • Dans le nouveau lectionnaire, 12e dimanche per annum, cycle B, où l'évangile est celui de la tempête apaisé chez st marc, le psaume choisi est le 106, avec les versets cités.

Les commentaires sont fermés.