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Liturgie - Page 257

  • Saint Anicet

    Cette fête de l’Invincible, selon la signification du nom d’Anicet en grec [Ἀνίκητος], est entrée dans le Calendrier romain en même temps que plusieurs autres fêtes de papes de l’antiquité, vers la fin du moyen âge seulement, mais son culte est beaucoup plus ancien. A la mémoire de cet illustre pontife est dédié un oratoire très riche de peintures et de marbres, dans le palais Altemps, à Rome, où, sous Clément VIII aurait été déposé le corps du Saint [cf. ci-dessous la peinture au centre de laquelle est représenté le martyre d’Anicet]. Cependant l’antique tradition romaine, représentée par le Liber Pontificalis, veut au contraire qu’il soit enseveli au Vatican, près de la tombe du Prince des Apôtres où, en effet, furent ensevelis tous les papes des deux premiers siècles. Nous savons en outre par saint Irénée que, à la fin de l’an 154 ou au commencement de 155, saint Polycarpe, disciple de l’apôtre Jean, vint de Smyrne à Rome pour consulter saint Anicet relativement aux questions qui agitaient alors les Églises à propos du jour où l’on devait célébrer la fête de Pâques. Les raisons adoptées par saint Polycarpe en faveur de l’usage asiatique ne convainquirent pas Anicet, et les motifs de celui-ci n’ébranlèrent point Polycarpe. Toutefois si grande fut la vénération qu’inspira au Pape la présence du vieux disciple de saint Jean, que, tout en ne se mettant pas d’accord avec lui sur un point purement disciplinaire, Anicet céda à Polycarpe l’honneur de célébrer, en présence de la communauté des fidèles de Rome, la synaxe eucharistique.

    Bienheureux cardinal Schuster

    Voici le texte de saint Irénée tel que le cite Eusèbe :

    « Parmi ceux-ci, les presbytres avant Soter qui ont présidé à l'église que tu gouvernes aujourd'hui, nous voulons dire Anicet, Pic, Hygin, Thélesphore, Xystus, ne gardaient pas, eux non plus, [les observances des Asiatiques sur la date de Pâques] et ils ne les imposaient pas à ceux qui étaient avec eux, et, sans les garder, ils n'en restaient pas moins en paix avec ceux des chrétientés où cette coutume était en vigueur, lorsque ceux-ci venaient à eux ; pourtant la différence paraissait davantage entre ceux qui gardaient et ceux qui ne gardaient pas les observances. Personne cependant n'était jamais chassé pour cette façon de se conduire, mais les presbytres qui l'ont précédé, qui eux-mêmes n'observaient pas celte coutume, envoyaient l'eucharistie à ceux des chrétientés qui la gardaient. Le bienheureux Polycarpe, lui aussi, fit un séjour à Rome sous Anicet ; ils avaient entre eux divers autres différends de minime importance, ils furent rapidement d'accord, et sur ce chapitre ils ne chicanèrent pas. Anicet ne pouvait pas en effet persuader à Polycarpe de ne pas observer ce qu'avec Jean, le disciple de notre Seigneur, et avec les autres apôtres, dont il avait été le familier, il avait toujours observé. Polycarpe de son côté n'amena pas non plus à l'observance Anicet, qui lui dit qu'il fallait conserver la coutume des presbytres qui avaient précédé. Les choses étaient ainsi: ils restèrent unis l'un à l'autre, et à l'église Anicet céda l'eucharistie à Polycarpe, évidemment par déférence, et ils se quittèrent l'un l'autre en paix, et dans l'Église tous avaient la paix, qu'ils gardassent ou non l'observance. »

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  • Ad cœnam Agni providi

    Hymne des vêpres au temps pascal, traduction Lemaître de Sacy (Port-Royal).

    Ad cœnam Agni próvidi,
    Et stolis albis cándidi,
    post tránsitum maris Rubri
    Christo canámus Príncipi.

    Vainqueurs de la mer Rouge, échappés de son onde
    Allons, parés de blanc, au festin de l'agneau,
    Publions dans nos chants du Rédempteur du monde
    Le triomphe nouveau.

    Cujus corpus sanctíssimum
    in ara crucis tórridum,
    Cruóre ejus róseo
    Gustándo vívimus Deo.

    Sur l'autel de la croix où l'amour le convie,
    Il se brûle et se change en un repas très doux;
    Et nous buvons son sang pour n'avoir plus de vie
    Qu'en ce Dieu mort pour nous.

    Protécti paschæ véspere
    a devastánte Angelo,
    Erépti de duríssimo
    Pharaónis império.

    Ce sang bannit des siens par son heureuse marque
    De cet ange vengeur le fer ensanglanté,
    Et, brisant le dur joug d'un barbare monarque,
    Nous met en liberté.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolátus agnus est :
    sinceritátis ázyma
    Caro ejus obláta est.

    La clarté chasse l'ombre, et le corps la figure.
    Jésus est notre Pâque, il est l'Agneau divin;
    Et lui-même offre au Père en sa chair toute pure
    Le vrai pain sans levain.

    O vere digna hóstia,
    per quam fracta sunt tártara,
    Redémpta plebs captiváta,
    Réddita vitæ prǽmia.

    Ô non pareille hostie! ô puissante victime!
    Qui du roi de la nuit terrasse les efforts,
    Qui tire les captifs de ce profond abîme,
    Et ranime les morts.

    Consúrgit Christus túmulo,
    victor redit de bárathro,
    tyránnum trudens vínculo
    et Paradísum réserans.

    Du creux de son tombeau, Jésus sort plein de gloire,
    Foule aux pieds dans l'enfer cet ange audacieux,
    Et, ramenant les siens pour prix de sa victoire,
    Il leur ouvre les cieux.

    Quǽsumus, Auctor ómnium,
    In hoc pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    En ce bienheureux temps d'une céleste joie,
    Seigneur, soutiens ton peuple à ta grâce soumis,
    Et n'abandonne pas tes fidèles en proie
    À leurs fiers ennemis.

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    cum Patre et almo Spíritu,
    in sempitérna sǽcula. Amen.

    Qu'on t'aime en t'adorant, ô Trinité suprême,
    Et toi, Jésus vainqueur, qui, libre entre les morts,
    As rappelé ta vie et rejoint par toi-même
    Ton âme avec ton corps.

    Chanté par des maîtres de chœur à Fontevraud le 23 juillet 1989, direction dom Le Feuvre.


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  • Deuxième dimanche après Pâques

    C’est le dimanche « du bon Pasteur », qui est évoqué à la messe dans l’épître, l’alléluia, l’évangile et la communion, et dans l’office aux deux Magnificat et au Benedictus, et aux matines par le sermon de saint Grégoire qui commente l’évangile, avec son répons : « Le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qui a daigné mourir pour son troupeau, est ressuscité : Alléluia, alléluia, alléluia. »

    Voici l’antienne de communion par les moines de Solesmes :

    Ego sum pastor bonus, allelúia : et cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ, allelúia, allelúia.

    Je suis le bon pasteur, alléluia ; et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, alléluia, alléluia.

    "C’est le même texte que celui du second Alleluia. Chanté au moment de la communion, il prend un sens plus actuel encore. C’est en effet dans l’Eucharistie que se réalise cette connaissance mutuelle intime entre le Christ et nous. « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui … et je me manifesterai à lui. » C’est donc le Christ qui exprime ici, sous les termes imagés de l’allégorie du Bon Pasteur, le mystère de l’union qui se réalise, au moment même, entre lui et les âmes." Dom Baron

    Au XVIIIe siècle est apparue en Russie, sous l’influence occidentale, une « icône » du Bon Pasteur, qui a été rapidement ornée d’un Sacré-Cœur. La première est du XVIIIe siècle, les autres du XIXe.

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    Ou avec le Saint-Esprit:

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    Ou rien (icône ukrainienne):

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  • Saint Justin

    Justin était né aux environs de l'an 100 près de l'antique Sichem, en Samarie, en Terre Sainte; il chercha longuement la vérité, se rendant en pèlerinage dans les diverses écoles de la tradition philosophique grecque. Finalement, - comme lui-même le raconte dans les premiers chapitres de son Dialogue avec Tryphon - un mystérieux personnage, un vieillard rencontré sur la plage de la mer, provoqua d'abord en lui une crise, en lui démontrant l'incapacité de l'homme à satisfaire par ses seules forces l'aspiration au divin. Puis il lui indiqua dans les anciens prophètes les personnes vers lesquelles se tourner pour trouver la voie de Dieu et la "véritable philosophie". En le quittant, le vieillard l'exhorta à la prière, afin que lui soient ouvertes les portes de la lumière. Le récit reflète l'épisode crucial de la vie de Justin:  au terme d'un long itinéraire philosophique de recherche de la vérité, il parvint à la foi chrétienne. Il fonda une école à Rome, où il initiait gratuitement les élèves à la nouvelle religion, considérée comme la véritable philosophie. En celle-ci, en effet, il avait trouvé la vérité et donc l'art de vivre de façon droite. Il fut dénoncé pour cette raison et fut décapité vers 165, sous le règne de Marc Aurèle, l'empereur philosophe auquel Justin lui-même avait adressé l'une de ses Apologies.

    Ces deux œuvres - les deux Apologies et le Dialogue avec le Juif Tryphon - sont les seules qui nous restent de lui. Dans celles-ci, Justin entend illustrer avant tout le projet divin de la création et du salut qui s'accomplit en Jésus Christ, le Logos, c'est-à-dire le Verbe éternel, la raison éternelle, la Raison créatrice. Chaque homme, en tant que créature rationnelle, participe au Logos, porte en lui le "germe" et peut accueillir les lumières de la vérité. Ainsi, le même Logos, qui s'est révélé comme dans une figure prophétique aux juifs dans la Loi antique, s'est manifesté partiellement, comme dans des "germes de vérité", également dans la philosophie grecque. A présent, conclut Justin, étant donné que le christianisme est la manifestation historique et personnelle du Logos dans sa totalité, il en découle que "tout ce qui a été exprimé de beau par quiconque, nous appartient à nous chrétiens" (2 Apol. 13, 4). De cette façon, Justin, tout en contestant les contradictions de la philosophie grecque, oriente de façon décidée vers le Logos toute vérité philosophique, en justifiant d'un point de vue rationnel la "prétention" de vérité et d'universalité de la religion chrétienne. Si l'Ancien Testament tend au Christ comme la figure oriente vers la réalité signifiée,  la  philosophie  grecque vise elle aussi au Christ et à l'Evangile, comme la partie tend à s'unir au tout. Et il dit que ces deux réalités, l'Ancien Testament et la philosophie grecque, sont comme les deux voies qui mènent au Christ, au Logos. Voilà pourquoi la philosophie grecque ne peut s'opposer à la vérité évangélique, et les chrétiens peuvent  y  puiser  avec  confiance, comme à un bien propre. C'est pourquoi mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, définit Justin comme "pionnier d'une rencontre fructueuse avec la pensée philosophique, même marquée par un discernement prudent", car Justin, "tout en conservant même après sa conversion, une grande estime pour la philosophie grecque, [...] affirmait avec force et clarté qu'il avait trouvé dans le christianisme "la seule philosophie sûre et profitable" (Dialogue, 8, 1)" (Fides et ratio, n. 38).

    Dans l'ensemble, la figure et l'œuvre de Justin marquent le choix décidé de l'Eglise antique pour la philosophie, la raison, plutôt que pour la religion des païens. Avec la religion païenne en effet, les premiers chrétiens refusèrent absolument tout compromis. Ils estimaient qu'elle était une idolâtrie, au risque d'être taxés d'"impiété" et d'"athéisme". Justin en particulier, notamment dans sa première Apologie, conduisit une critique implacable à l'égard de la religion païenne et de ses mythes, qu'il considérait comme des "fausses routes" diaboliques sur le chemin de la vérité. La philosophie représenta en revanche le domaine privilégié de la rencontre entre paganisme, judaïsme et christianisme précisément sur le plan de la critique contre la religion païenne et ses faux mythes. "Notre philosophie...":  c'est ainsi, de la manière la plus explicite, qu'un autre apologiste contemporain de Justin, l'Evêque Méliton de Sardes en vint à définir la nouvelle religion (ap. Hist. Eccl. 4, 26, 7).

    De fait, la religion païenne ne parcourait pas les voies du Logos mais s'obstinait sur celles du mythe, même si celui-ci était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance dans la vérité. C'est pourquoi le crépuscule de la religion païenne était inéluctable:  il découlait comme une conséquence logique du détachement de la religion - réduite à un ensemble artificiel de cérémonies, de conventions et de coutumes - de la vérité de l'être. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent la prise de position nette de la foi chrétienne pour le Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C'était le choix pour la vérité de l'être, contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit le même choix des chrétiens avec la sentence lapidaire et toujours valable:  "Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem, cognominavit - le Christ a affirmé être la vérité, non la coutume" (De virgin. vel. 1, 1). On notera à ce propos que le terme consuetudo, ici employé par Tertullien en référence à la religion païenne, peut être traduit dans les langues modernes par les expressions "habitude culturelle", "mode du temps".

    A une époque comme la nôtre, marquée par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion - tout comme dans le dialogue interreligieux -, il s'agit là d'une leçon à ne pas oublier. Dans ce but, je vous repropose - et je conclus ainsi - les dernières paroles du mystérieux vieillard rencontré par le philosophe Justin au bord de la mer:  "Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui accordent pas de comprendre" (Dial.  7, 3).

    Benoît XVI

  • Saint Herménégilde

    Le mystère de la Pâque nous apparaît aujourd’hui à travers les palmes d’un Martyr. Herménégilde , jeune prince visigoth, est immolé par l’ordre d’un père que l’hérésie aveugle ; et la cause de son trépas est la constance avec laquelle il a repoussé la communion pascale qu’un évoque arien voulait le contraindre à recevoir de ses mains. Le martyr savait que la divine Eucharistie est le signe auguste de l’unité catholique, et qu’il n’est pas permis de participer à la chair de notre Agneau pascal avec ceux qui ne sont pas dans la véritable Église. Une consécration sacrilège peut mettre les hérétiques en possession du divin Mystère, si le caractère sacerdotal existe en celui qui a osé franchir la barrière de l’autel du Dieu qu’il blasphème ; mais le catholique qui sait qu’il ne lui est pas même permis de prier avec les hérétiques, tremble à la vue du Mystère profané, et s’éloigne pour ne pas faire outrage au Rédempteur jusque dans le Mystère qu’il n’a établi que pour s’unir à ses fidèles.

    Le sang du martyr fut fécond. L’Espagne asservie à l’erreur secoua ses chaînes ; un concile tenu à Tolède consomma la réconciliation que la sainte victime avait commencée. Ce fut un spectacle sublime et rare dans les siècles de voir une nation entière se lever pour abjurer l’hérésie ; mais cette nation a été bénie du ciel. Soumise bientôt à la terrible épreuve de l’invasion sarrasine, elle sut en triompher par ses armes, et sa foi toujours pure depuis lui a mérité le plus beau des titres pour un peuple, celui de Catholique.

    Courageux témoin de la vérité du Symbole de la foi, Herménégilde, nous vous offrons aujourd’hui nos hommages et nos actions de grâces.

    Votre mort courageuse a montré l’amour que vous aviez pour le Christ, et votre mépris des honneurs de la terre nous apprend à les mépriser. Né pour le trône, un cachot est devenu votre séjour ici-bas ; et c’est de là que vous êtes parti pour le ciel, le front ceint des palmes du martyre, couronne mille fois plus éclatante que celle qui vous était offerte pour prix d’une honteuse apostasie. Priez maintenant pour nous ; l’Église, en inscrivant votre nom sur le Cycle sacré, vous y convie en ces jours. La Pâque fut le jour de votre triomphe ; obtenez qu’elle soit pour nous une véritable Pâque, une complète résurrection qui nous conduise sur vos traces jusqu’à l’heureux séjour où vos yeux contemplent Jésus ressuscité. Rendez-nous fermes dans la foi, dociles à l’enseignement de la sainte Église, opposés à toute erreur et à toute nouveauté. Veillez sur l’Espagne votre patrie, qui doit à votre sang versé en témoignage de la vraie foi tant de siècles de pure orthodoxie ; préservez-la de toute défection, afin qu’elle ne cesse jamais de mériter le beau titre qui fait sa gloire.

    Dom Guéranger

  • A Philadelphie

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    Mgr Charles Chaput, archevêque de Philadelphie, établit une « quasi-paroisse » (canon 516) à l’église Sainte-Marie de Conshohocken, banlieue de Philadelphie, à partir du 1er août prochain, confiée à la Fraternité sacerdotale Saint Pierre, « en réponse à un intérêt grandissant » pour la forme extraordinaire.

    La paroisse Sainte-Marie existait depuis le début du XXe siècle, c’était une paroisse polonaise. L’église fut construite en 1950. En 2014 la paroisse a fusionné avec la paroisse Saint-Matthieu. Depuis lors, la « société américano-polonaise de Sainte-Marie » a pu célébrer des fêtes de Noël et de Pâques dans l’église selon les traditions polonaises, mais il était de plus en plus question d’un abandon et d’une destruction de l’église.

    (Rappelons que Mgr Chaput, connu pour son engagement pro-vie, a la particularité d’être le fils d’un Français descendant de saint Louis et d’une Indienne Potawatomi. Son nom indien est « le vent qui fait bruire les feuilles de l’arbre ».)

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  • Rex sempiterne, Domine

    Rex sempiterne, Domine,
    Rerum Creator omnium,
    Qui eras ante sæcula
    Semper cum Patre Filius :

    Grand roi dont le pouvoir à tout être adorable
    Du monde qu'il forma règle les mouvements,
    Qui, naissant Dieu de Dieu, Fils du Père ineffable,
    Règne avant le temps.

    Qui mundi in primordio
    Adam plasmasti hominem :
    Cui tuæ imagini
    Vultum dedisti similem :

    Ta main par ton chef-d'œuvre achevant ton ouvrage
    Fit cet homme enrichi de tes trésors divers,
    Le rendant de toi-même une vivante image,
    Et Roi de l'univers.

    Quem diabolus deceperat,
    Hostis humani generis :
    Cujus tu formam corporis
    Assumere dignatus es :

    Le démon vit sa gloire, et, transporté d'envie,
    Le blessa de ce dard qui nous blesse aujourd'hui;
    Mais ton amour, Jésus, pour lui rendre la vie,
    Te rend semblable à lui.

    Ut hominem redimeres
    Quem ante jam plasmaveras :
    Et nos Deo conjungeres
    Per carnis contubernium.

    Tu veux par ta bonté rompre son joug funeste
    Pour sauver du débris l'œuvre qui t'est si cher
    Et tu réunis l'homme à ton Père céleste
    T'unifiant à sa chair.

    Quem editum ex Virgine
    Pavescit omnis anima :
    Per quem et nos resurgere
    Devota mente credimus :

    Jésus, fils d'une Vierge et monarque suprême,
    Dont la terre et les cieux craignent la majesté,
    Ton peuple espère un jour de vaincre la mort même
    Par toi ressuscité.

    Qui nobis in baptismate
    Donasti indulgentiam,
    qui tenebamur vinculis
    Ligati conscientiæ :

    Notre âme renaissante en l'onde salutaire
    Reçut un gage saint d'un si rare bonheur,
    Quand ta grâce brisa la chaîne volontaire,
    Qui liait notre cœur.

    Qui crucem propter hominem
    Suscipere dignatus es :
    Dedisti tuum Sanguinem,
    Nostræ salutis pretium.

    Ta croix de Dieu, ton Père, arrêtant les vengeances
    Nous ravit à l'enfer par un aimable effort;
    Garde en nous, doux Sauveur, le fruit de tes souffrances,
    Et le prix de ta mort.

    Quæsumus, Auctor omnium,
    In hoc Paschali gaudio,
    Ab omni mortis impetu
    Tuum defende populum.

    En ce bienheureux temps d'une céleste joie,
    Seigneur, soutiens ton peuple à ta grâce soumis,
    Et n'abandonne pas tes fidèles en proie
    À leurs fiers ennemis.

    Gloria tibi, Domine,
    Qui surrexisti a mortuis,
    Cum Patre et Sancto Spiritu,
    In sempiterna sæcula. Amen.

    Qu'on t'aime en t'adorant, ô Trinité suprême,
    Et toi, Jésus vainqueur, qui, libre entre les morts,
    As rappelé ta vie, et rejoint par toi-même
    Ton âme avec ton corps. Ainsi soit-il.

    Hymne des matines du temps pascal. Traduction d’Isaac Lemaistre de Sacy pour Port-Royal. Dans la quatrième strophe on cherchera en vain le « joug funeste » et le « débris ». Le texte dit seulement que le Christ a racheté l’homme qu’il avait modelé. De même dans l’avant-dernière strophe avant la doxologie on cherchera en vain la mention explicite des « vengeances » et de « l’enfer » : « Toi qui a daigné subir la croix pour l’homme, tu a donné ton sang comme prix de notre salut. »

    Par les moniales de l’abbaye d’Ozon (1960) :

     
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  • Saint Léon le Grand

    L'ensemble du genre humain, en effet, était tombé dans la personne de nos premiers parents ; mais Dieu, qui est miséricordieux, voulut secourir par son Fils unique Jésus-Christ la créature faite à son image, de sorte que la restauration de la nature ne se fît pas hors de la nature, et qu’en même temps sa condition nouvelle dépassât la dignité de sa propre origine. Heureuse eût-elle été si elle n’avait déchu de l'état dans lequel Dieu l'avait créée, mais plus heureuse est-elle si elle demeure en celui dans lequel il l'a recréée. C'était déjà beaucoup d'avoir reçu du Christ sa condition, mais c'est plus encore d’avoir dans le Christ sa substance. Car elle nous a assumés en nous admettant à partager ce qui lui est propre, cette nature qui se laisse infléchir à tous les degrés de bonté qui lui plaisent sans jamais encourir le changement et l’inconstance. Elle nous a assumés, cette nature, sans détruire ses attributs au contact des nôtres ni les nôtres au contact des siens, et elle a fait en elle une Personne unique qui est de la Divinité et de l’humanité, de telle manière que, dans cette économie de faiblesse et de force, ni la chair ne pût être inviolable du fait de son union à la Divinité, ni la Divinité passible du fait de son union à la chair. Elle nous a assumés, cette nature, sans séparer de la souche commune le rejeton de notre race et tout en excluant de lui la contagion du péché qui passe en tous les hommes. La faiblesse, oui, et la mortalité, qui n’étaient pas le péché, mais seulement la peine du péché, le Rédempteur du monde les a prises pour son supplice, afin de payer par elles notre rançon. Ce qui, chez tous les hommes, était l’héritage d’une condamnation est donc, dans le Christ, un moyen sacré aux mains de sa bonté. Libre de toute dette, il s’est, en effet, livré au plus cruel des créanciers, et a permis aux mains des Juifs, mises au service du diable, de torturer sa chair innocente. Il a voulu que celle-ci fût mortelle jusqu’à sa résurrection, afin que, pour ceux qui croiraient en lui, ni la persécution ne puisse paraître intolérable, ni la mort redoutable : car, comme ils ne devaient pas douter qu’ils communiaient à sa nature, ils ne devaient pas non plus douter qu’ils partageraient sa gloire.

    Deuxième sermon sur la Résurrection (prononcé lors de la Vigile), traduction de Dom René Dolle (Sources chrétiennes) qui fait remarquer que ce paragraphe est un commentaire théologique d’une partie de l’Exsultet.

  • Aurora lucis rutilat

    L’hymne des laudes au temps pascal, traduction Lemaître de Sacy. (les quatre premières strophes sont le début d’une hymne ambrosienne qui a été découpée en trois parties. La deuxième partie, Tristes erant apostoli, et la troisième, Claro paschali gaudio, sont devenues les hymnes de l’office des apôtres au temps pascal.)

    Aurora lucis rutilat,
    cælum laudibus intonat,
    mundus exultans jubilat,
    gemens infernus ululat,

    L'aurore avec le jour montre son beau visage,
    Le ciel du Rédempteur chante les saints combats,
    La terre est dans la joie, et l'enfer dans la rage,
    Voyant son trône à bas.

    Cum Rex ille fortissimus,
    mortis confractis viribus,
    pede conculcans tartara
    solvit a pœna miseros

    Ce grand roi dompte enfin par sa croix si puissante
    Ce tyran dont l'audace insultait à sa mort,
    Et, délivrant les siens après leur longue attente,
    L'enchaîne dans son fort.

    Ille, qui clausus lapide
    custoditur sub milite,
    triumphans pompa nobili
    victor surgit de funere.

    Lorsqu'on garde son corps, et qu'une vaste pierre
    Semble un rempart qu'un mort ne renversera pas
    Il sort de son sépulcre, il fait trembler la terre
    Et brave le trépas.

    Solutis jam gemitibus
    et inferni doloribus,
    "Quia surrexit Dominus!"
    resplendens clamat angelus.

    Il revient des enfers, plein de pompe et de gloire,
    Tirant ses chers élus des ennuis qu'ils souffraient,
    Et l'ange sur sa tombe annonce sa victoire
    Aux saints qui le cherchaient.

    Quæsumus, Auctor omnium,
    in hoc Paschali gaudio,
    ab omni mortis impetu
    tuum defende populum.

    En ce bienheureux temps d'une céleste joie,
    Seigneur, soutiens ton peuple à ta grâce soumis,
    Et n'abandonne pas tes fidèles en proie
    À leurs fiers ennemis.

    Gloria tibi, Domine,
    qui surrexisti a mortuis,
    cum Patre et Sancto Spiritu,
    in sempiterna sæcula. Amen.

    Qu'on t'aime en t'adorant, ô Trinité suprême,
    Et toi, Jésus vainqueur, qui, libre entre les morts,
    As rappelé ta vie, et rejoint par toi-même
    Ton âme avec ton corps. Ainsi soit-il.

    Par les maîtres de chœur réunis à Fontevraud le 23 juillet 1989, sous la direction du R.P. Dom Le Feuvre :

     
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  • Annonciation

    La fête de l’Annonciation ne peut pas avoir lieu plus tard qu’un 9 avril, plus de deux semaines après sa date normale. Du coup il y a les deux alléluias des messes du temps pascal. Ce sont les deux alléluias des messes de la Sainte Vierge le samedi au temps pascal (dans l’ordre inverse). Voici l’Alléluia Virga Jesse, avec son joli refrain qui revient pas moins de cinq fois après avoir été entendu dans l’Alleluia initial.

    Par la « Manécanterie Ste Madeleine de Besançon » (disque Grégorien à Ronchamp) :


    podcast

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