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Liturgie - Page 233

  • Vox clara ecce intonat

    L’hymne des laudes au temps de l’Avent, traduction Pierre Corneille.

    Vox clara ecce íntonat,
    obscúra quæque íncrepat:
    pellántur éminus sómnia;
    ab æthre Christus prómicat.

    Un saint éclat de voix à nos oreilles tonne,
    Il dissipe la nuit qui nous couvrait les yeux,
    Va, sommeil, et nous abandonne,
    Jésus prêt à partir brille du haut des cieux.

    Mens jam resúrgat tórpida
    quæ sorde exstat sáucia;
    sidus refúlget jam novum,
    ut tollat omne nóxium.

    Apprends, âme endormie, apprends à te soustraire
    Aux fantômes impurs dont tu te sens blesser :
    Le nouvel astre qui t'éclaire
    Ne lance aucun rayon que pour les terrasser.

    E sursum Agnus míttitur
    laxáre gratis débitum;
    omnes pro indulgéntia
    vocem demus cum lácrimis.

    L'incomparable agneau que du ciel on envoie
    Vient payer de son sang ce que chacun lui doit :
    Que les pleurs et les cris de joie
    S'efforcent de répondre aux biens qu'on en reçoit,

    Secúndo ut cum fúlserit
    mundúmque horror cínxerit,
    non pro reátu púniat,
    sed nos pius tunc prótegat.

    Afin que, quand son bras choisira ses victimes,
    Qu'on verra l'univers environné d'horreur,
    Loin de nous punir de nos crimes,
    Ce même bras nous cache à sa juste fureur.

    Summo Parénti glória
    Natóque sit victória,
    et Flámini laus débita
    per sæculórum sæcula. Amen.

    Gloire soit à jamais au Père inconcevable !
    Gloire au Verbe incarné ! gloire à l'Esprit divin !
    Gloire à leur essence ineffable,
    Qui règne dans les cieux et sans borne et sans fin !

  • Saint Damase

    Les résultats des fouilles et des études faites récemment nous apprennent que ce célèbre Pontife des martyrs naquit à Rome l’an 305 et que son père, nommé Antoine avait fait toute sa carrière ecclésiastique non loin du Théâtre de Pompée, près des archives de l’Église romaine : « Hic pater exceptor, lector, levita, sacerdos. » (1)

    La mère de Damase portait le nom de Laurentia, elle vécut environ quatre-vingt-douze ans et fut ensevelie sur la voie Ardéatine. Cette Laurentia eut aussi une fille nommée Irène, qui fut vierge consacrée. Quant à Damase, il est dit de lui dans une inscription : « Natus qui antistes sedis Apostolicae » (2), précisément parce qu’il avait eu pour père un évêque, un des nombreux évêques ruraux disséminés à cette époque dans la campagne romaine. Dès sa jeunesse Damase fut employé aux Archives pontificales, et c’est là sans doute qu’il dut sentir naître sa vocation de poète des martyrs, commençant dès lors ses recherches historiques sur ces héroïques confesseurs de la Foi, — comme il le fit pour les martyrs Pierre et Marcellin, — recherches qui, parfois, purent profiter des dépositions orales des bourreaux eux-mêmes : « Marcelline, tuos pariter, Petre, cognosce triumphos Percussor retulit Damaso mihi, cum puer essem. » (3)

    Damase fut élu pape in Lucinis (4) en octobre 366, mais dans les premiers temps de son pontificat il fut combattu par le parti schismatique d’Ursin auquel adhéra une bonne partie du clergé. Quand celui-ci se soumit enfin au Pontife, Damase attribua cette réconciliation à l’intercession des martyrs, et il orna de cette inscription la tombe d’un groupe anonyme de martyrs sur la voie Salaria : « Pro reditu cleri, Christo praestante, triumphans. » (5)

    Il n’y a pour ainsi dire pas de tombe illustre de martyr dans les cimetières romains que Damase n’ait honorée de ses vers, ordinairement gravés sur marbre, en caractères spéciaux et très beaux que nous devons au calligraphie Furius Dionysius Philocalus. Mais il ne se contenta pas seulement des vers ; il commença des restaurations et des embellissements en faveur d’un grand nombre de sépulcres de saints ; de certains, comme celui d’Eutychius ad Catacumbas, on avait perdu jusqu’à la trace.

    Damase creusa, chercha, refit l’histoire, rétablit le culte, et, en certains cas où le martyre subi pour la foi était encore discuté, le Pontife régla la controverse et fit la canonique vindicatio Martyris (6). Tel semble avoir été le cas de Némésius, dont la tombe « Incultam pridem dubitatio longa reliquit, Sed tenuit virtus adseruitque fidem. » (7)

    Saint Damase mourut le 11 décembre 384 et fut enseveli près de sa mère et de sa sœur dans une crypte érigée par lui sur la voie Ardéatine, que le Liber Pontificalis appelle sans plus basilica sua.

    Bienheureux cardinal Schuster

    (1) Ce père greffier, lecteur, lévite, prêtre.

    (2) Lui qui est né évêque du siège apostolique.

    (3) Vos triomphes, Marcellin et Pierre, le bourreau les fit connaître à moi-même, Damase.

    (4) Au lieu dit « in Lucinis », ou « à (la basilique) in Lucinis », dont on ne sait plus rien. Lucinis :aux accouchements (d’après Lucine, la déesse des accourchements), ou aux lumières (d’après lychnus latinisé en lucinus) ?

    (5) Pour le retour du clergé, grâce au Christ, triomphant.

    (6) Défense du martyr, justification de son martyre.

    (7) Un long doute la laissa sans culte, mais… mais je ne sais pas traduire la suite…

  • Verbum supernum prodiens

    L’hymne des matines au temps de l’Avent, traduction Pierre Corneille.

    Verbum supérnum pródiens
    A Patre olim éxiens,
    Qui natus orbi súbvenis
    Cursu declívi témporis,

    Verbe du Tout-Puissant, qui du sein de ton père
    Viens descendre au secours du monde infortuné,
    Et naître d'une vierge mère,
    Pour mourir dans le temps par toi-même ordonné :

    Illúmina nunc péctora
    Tuóque amóre cóncrema;
    Audíto ut praecónio
    Sint pulsa tandem lúbrica.

    Illumine nos cœurs pour chanter tes louanges ;
    Embrase-les si bien de tes saintes ardeurs,
    Qu'instruits par le concert des anges,
    Ces cœurs purs et sans tache exaltent tes grandeurs.

    Judéxque cum post áderis
    Rimári facta péctoris,
    Reddens vicem pro ábditis
    Justísque regnum pro bonis.

    Qu'alors que tu viendras en ton lit de justice
    Dévoiler le secret de nos intentions,
    Séparer la vertu du vice,
    Et donner la couronne aux bonnes actions,

    Non demum arctémur malis
    pro qualitáte críminis,
    sed cum béatis cómpotes
    simus perénnes cǽlibes.

    Au lieu d'être livrés aux carreaux que foudroie
    Suivant l'excès du crime un juge rigoureux,
    Nous goûtions l'éternelle joie
    Du sacré célibat avec tes bienheureux.

    Laus, honor, virtus, gloria,
    Deo Patri et Fílio
    Sancto simul Paráclito,
    In sæculórum sǽcula. Amen.

    Gloire soit à jamais au Père inconcevable !
    Gloire au Verbe incarné ! Gloire à l'Esprit divin !
    Gloire à leur essence immuable,
    Qui règne dans les cieux et sans borne et sans fin !

    Cette traduction de Corneille est une assez remarquable paraphrase du texte latin. Sauf pour la fin de la deuxième strophe. Praeconio ne désigne pas le « concert des anges », car ce n’est pas vraiment lui qui nous « instruit », mais bien la proclamation (de l’évangile). Surtout, Corneille glisse sur « lubrica », au point d’inventer un vers qui n’a plus rien à voir avec le texte : « Ces cœurs purs et sans tache exaltent tes grandeurs ». Le texte dit : Que soit enfin repoussé, ou chassé, ce qui est (au sens propre) glissant, c’est-à-dire trompeur et qui nous fait trébucher et tomber dans le péché. D’où finalement le sens de « lubrique ». Que soit éloignée de nous la pente savonneuse du péché… Ce qui est curieux est que le janséniste Lemaître de Sacy, qui devrait amplifier cette allusion à la tentation du péché, reste lui-même très en deçà du texte : « La voix de ton héraut qui dans les déserts tonne / Guérisse nos langueurs. » Et la disproportion est énorme entre l’exagération du héraut « qui tonne dans les déserts » et le penchant au péché qui devient simple « langueur »… (Corneille traduit "caelibes" par "célibataires", ce qui est son sens normal, mais en latin ecclésiastique on a fini par y voir le ciel : "caelum", et "caelibes" sont devenus les habitants du ciel.)

  • Deuxième dimanche de l’Avent

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    Avant la mutilation des matines du dimanche, il y avait (et il y a toujours au bréviaire monastique) cette explication par saint Jérôme du passage d’Isaïe lu au premier nocturne (et cité dans l'épître de la messe) :

    « Et il sortira un rejeton de la racine de Jessé. » Jusqu’au commencement de la vision ou du poids de Babylone, que vit Isaïe, fils d’Amos, toute cette prophétie se rapporte au Christ. Nous allons l’expliquer par parties, de peur que, proposée et discutée à la fois tout entière, elle ne jette la confusion dans la mémoire du lecteur.

    Les Juifs prétendent que le rejeton et la fleur, sortis de la racine de Jessé, désignent le Seigneur lui-même, dont la puissance royale serait indiquée par le rejeton ["virga" traduit un mot qui veut également dire sceptre] et la beauté figurée par la fleur. Quant à nous, par la tige s’élevant de la racine de Jessé, entendons plutôt la sainte Vierge Marie, qui ne s’est jamais unie à quelque autre tige et dont il est dit plus haut déjà : « Voici que la vierge concevra, et enfantera un fils.» Par la fleur, nous entendons le Seigneur, notre Sauveur, qui dit, dans le Cantique des cantiques: « Je suis la fleur du champ et le lys des vallées» (Ct 2, 1).

    Donc, sur cette fleur qui, par la Vierge Marie, s’élève tout à coup du tronc et de la racine de Jessé, se reposera l’Esprit du Seigneur; puisqu’il a plu à Dieu que « toute la plénitude de la divinité habite en lui corporellement » (Col 2, 9) et qu’elle n’y soit pas en partie, comme dans les autres Saints, selon ces paroles que les Nazaréens lisent dans leur Évangile, écrit en langue hébraïque : Toute la source du Saint-Esprit descendra sur lui. Or, le Seigneur est esprit, et où est l’esprit du Seigneur se trouve la liberté.

    Le bréviaire monastique poursuit:

    Dans le même livre de Matthieu [en "hébreu"] nous lisons ceci qui est écrit à la suite : "Voici mon serviteur [ou enfant], que j'ai élu, en lequel il a plu à mon âme : je mettrai mon Esprit sur lui, il proférera le jugement aux païens" : cela se comprend du Sauveur, sur lequel l'Esprit du Seigneur repose, c'est-à-dire demeure en une habitation éternelle.

    On retrouvera la racine de Jessé (qui était déjà chantée au Magnificat hier soir, coïncidence due au fait que cette année l'Immaculée Conception précédait immédiatement ce dimanche) dans les grandes antiennes O, au 19 décembre.

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  • L’Immaculée Conception

    Le propre grégorien de la (nouvelle) fête de l’Immaculée Conception a été composé par dom Joseph Pothier, moine de Solesmes, grand spécialiste du plain chant, mort un… 8 décembre, à 88 ans…

    L’an dernier j’ai déjà donné l’antienne du Magnificat. L’année précédente l’introït de la messe. Voici l’alléluia. Le texte est un verset du Cantique des cantiques qui est une étonnante préfiguration du dogme : « Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te. » Il a suffi de remplacer « amica mea » par « Maria » pour que ce soit plus directement compréhensible (mais l’amie du Cantique est évidemment Marie, comme elle est aussi l’Eglise, et généralement l’âme du fidèle… mais ici on arrive à une limite…) et d’ajouter « originalis » à « macula ». Ce qui n’était pas nécessaire, et est peu poétique, mais le texte aurait été trop court pour supporter la mélodie, qui est celle d’un ancien alléluia qu’on trouve dans des manuscrits du XIIe siècle pour la fête de l’Assomption, ou de sainte Agnès.

    Par les moines de Saint-Dominique de Silos :

  • Saint Ambroise

    Catéchèse après le baptême, dans De mysteriis.

    Entré donc pour rencontrer ton ennemi à qui tu as pensé qu'il fallait résister en face, tu te tournes vers l'Orient, car qui renonce au diable se tourne vers le Christ, il le regarde bien en face.

    Qu'as-tu vu ? De l'eau, oui, mais pas seulement cela : les lévites qui faisaient là leur service, le grand- prêtre qui interrogeait et qui consacrait. Tout d'abord l'apôtre t'a appris qu'il ne faut pas regarder ce qu'on voit, mais ce qu'on ne voit pas, car ce qu'on voit est temporel, tandis que ce qu'on ne voit pas est éternel. Tu trouves encore ailleurs : « Les choses invisibles de Dieu, depuis la création du monde, sont comprises au moyen de ce qui a été fait. Sa puissance éternelle aussi et sa divinité sont estimées d'après ses oeuvres ». Aussi le Seigneur lui-même dit-il : « Si vous ne me croyez pas, croyez du moins mes œuvres ». Crois donc qu'il y a là la présence de la divinité. Tu crois à son action, tu ne crois pas à sa présence ? D'où viendrait alors l'action, si la présence ne la précédait ?

    Considère cependant comme il est vieux ce mystère figuré d'avance à l'origine même du monde. Au commencement, quand Dieu fit le ciel et la terre, l'Esprit, dit-on, planait sur les eaux. Lui qui planait sur les eaux, n'agissait-il pas sur les eaux ? Que dirai-je ? Il agissait. Quant à la présence, il planait. N'agissait-il pas celui qui planait ? Sache qu'il agissait lors de cette création du monde, puisque le prophète te dit : « Par la parole du Seigneur les cieux ont été établis et toute leur puissance par le souffle de sa bouche ». Les deux choses s'appuient sur un témoignage prophétique : il planait et il agissait. Qu'il planait, Moïse le dit, qu'il agissait, David en est témoin.

    Voici un autre témoignage. Toute chair avait été corrompue à cause de ses iniquités. « Mon Esprit, dit Dieu, ne restera pas dans les hommes, parce qu'ils sont chair ». Dieu montre par là que l'impureté de la chair et la souillure d'une faute assez grave détournent la grâce spirituelle. Aussi Dieu, voulant remplacer ce qui manquait, fit le déluge et ordonna au juste Noé de monter, dans l'arche. Celui-ci, quand le déluge se retirait, lâcha tout d'abord un corbeau qui ne revint pas. Puis il lâcha une colombe qui, lit-on, revint avec un rameau d'olivier. Tu vois l'eau, tu vois le bois, tu aperçois la colombe, et tu doutes du mystère ?

    C'est donc l'eau où la chair est plongée pour effacer tout péché de la chair. Tout forfait y est enseveli. C'est le bois auquel fut attaché le Seigneur Jésus quand il souffrit pour nous. C'est la colombe sous l'aspect de laquelle descendit l'Esprit-Saint, comme tu l'as appris dans le Nouveau Testament, c'est lui qui t'inspire la paix de l'âme, la tranquillité de l'esprit. Le cor-beau est l'image du péché qui s'en va et ne revient pas, pourvu qu'en toi aussi persévèrent l'observance et l'exemple du juste.

    Il y a encore un troisième témoignage, suivant l'enseignement de l'apôtre : « Nos pères furent tous sous la nuée, tous ont traversé la mer et tous ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ». Puis Moïse lui-même dit dans son cantique : « Tu as envoyé ton Esprit et la mer les engloutit ». Tu remarques qu'alors déjà se trouve figuré d'avance le saint baptême dans ce passage des Hébreux où l'Égyptien périt, tandis que l'Hébreu échappa. Quel autre enseignement recevons-nous par là chaque jour, sinon que la faute est engloutie et l'erreur abolie, tandis que la piété et l'innocence demeurent intactes ?

    Tu entends que nos pères furent sous la nuée, et sous une bonne nuée qui refroidit l'incendie des passions charnelles. Une bonne nuée protège ceux que l'Esprit-Saint a visités. Puis il survint sur la Vierge Marie et la puissance du Très-Haut la couvrit de son ombre quand elle enfanta la rédemption pour le genre humain. Et ce miracle a été fait en figure par Moïse.
    Si donc l'Esprit-Saint fut présent en figure, ne l'est-il pas en vérité quand l'Écriture te dit : « La Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».

    Mara était une source très amère. Moïse y mit du bois et elle devint douce. L'eau en effet sans la mention de la croix du Seigneur ne sert à rien pour le salut à venir ; mais quand elle a été consacrée par le mystère de la croix salutaire, alors elle est préparée pour servir de bain spirituel et de coupe salutaire. De même donc que Moïse, c'est-à-dire le prophète, mit du bois dans cette source-là, ainsi le prêtre met dans celle-ci la mention de la croix du Seigneur, et l'eau devient douce pour la grâce.

    Ne crois donc pas seulement les yeux de ton corps. On voit mieux ce qui est invisible, parce que ceci est temporel, tandis qu'on voit là ce qui est éternel, qui ne tombe pas sous les yeux, mais est vu par l'esprit et l'âme.

  • Saint Nicolas

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι. Καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.
    Σαλπίσωμεν ἐν σάλπιγγι ᾀσμάτων, σκιρτήσωμεν ἑόρτια, καὶ χορεύσωμεν ἀγαλλόμενοι, τῇ ἐτησίῳ πανηγύρει τοῦ θεοφόρου Πατρός· Βασιλεῖς καὶ Ἄρχοντες συντρεχέτωσαν, καὶ τὸν δι' ὀνείρου φρικτῆς ἐπιστασίας, Βασιλέα πείθοντα, ἀναιτίους κρατουμένους τρεῖς, ἀπολῦσαι στρατηλάτας, ἀνυμνείτωσαν. Ποιμένες καὶ Διδάσκαλοι, τόν τοῦ καλοῦ Ποιμένος, ὁμόζηλον Ποιμένα, συνελθόντες εὐφημήσωμεν. οἱ ἐν νόσοις τὸν ἰατρόν, οἱ ἐν κινδύνοις τὸν ῥύστην, οἱ ἁμαρτωλοὶ τὸν προστάτην, οἱ πένητες τὸν θησαυρόν, οἱ ἐν θλίψεσι τὴν παραμυθίαν· τὸν συνοδίτην οἱ ὁδοιπόροι, οἱ ἐν θαλάσσῃ τὸν κυβερνήτην, οἱ πάντες τὸν πανταχοῦ θερμῶς προφθάνοντα, μέγιστον Ἱεράρχην, ἐγκωμιάζοντες οὕτως εἴπωμεν· Πανάγιε Νικόλαε, πρόφθασον, ἐξελοῦ ἡμᾶς τῆς ἐνεστώσης ἀνάγκης, καὶ σῶσον τὴν ποίμνην σου ταῖς ἱκεσίαις σου.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.
    Faisons retentir, comme en l'éclat de la trompette, les accents de nos cantiques festifs, exultons d'allégresse en l'annuelle célébration du Pontife théophore. Rois et princes, accourez pour chanter celui qui par son apparition au cours d'un songe effrayant persuada l'empereur de relâcher les trois officiers qu'il détenait injustement. Evêques et Docteurs, tous ensemble célébrez le Pontife qui imita le zèle de son Maître, le bon Pasteur. Les malades ont en lui un médecin, ceux qui se trouvent en danger, un sauveur, les pécheurs trouvent en lui un défenseur, les pauvres, en leur misère un trésor, les affligés, dans leur détresse consolation, les matelots, qui les guide sur les flots, tous enfin, qui s'empresse de venir avec zèle en tout lieu à leur secours; disons donc les louanges du vénérable Pasteur, invoquant de la sorte saint Nicolas: Empresse-toi de nous arracher aux malheurs qui fondent sur nous et sauve tes brebis par tes supplications.

    Par l’ensemble vocal de Theodoros Vassilikos :

     

  • Rorate Cæli

    Le grand cantique de l’Avent (qui est un centon d'Isaïe), chanté par les moines de Cîteaux, vers 1946. Bizarrement, alors que l’enregistrement est complet, il manque le premier couplet.
    podcast

    ℟. Rorate Cæli desuper, et nubes pluant justum.

    Cieux, répandez d'en haut votre rosée et que les nuées fassent descendre le juste.

    Ne irascaris Domine, ne ultra memineris iniquitatis. ecce civitas sancta facta est deserta, Sion deserta est, Jerusalem desolata est, domus sanctificationis tuae et gloriae tuae, ubi laudaverunt te patres nostri.

    Ne te mets pas en colère, Seigneur, ne garde plus souvenir de l’injustice. Voici, la cité sainte est devenue déserte, Sion a été désertée, Jérusalem est en désolation, la maison de ta sanctification et de ta gloire, où nos pères avaient dit tes louanges.

    ℟. Rorate caeli desuper, et nubes pluant justum.

    Peccavimus, et facti sumus tamquam immundus nos, et cecidimus quasi folium universi. et iniquitates nostrae quasi ventus abstulerunt nos, abscondisti faciem tuam a nobis, et allisisti nos in manu iniquitatis nostrae.

    Nous avons péché et sommes devenus impurs. Nous sommes tombés comme des feuilles mortes et nos iniquités nous ont balayés comme le vent. Tu as détourné de nous ta face, et nous as brisés sous le poids de nos fautes.

    ℟. Rorate caeli desuper, et nubes pluant justum.

    Vide Domine afflictionem populi tui, et mitte quem missurus es : emitte Agnum dominatorem terrae, de petra deserti ad montem filiae Sion ut auferat ipse jugum captivitatis nostrae.

    Vois, Seigneur, l’affliction de ton peuple, et envoie celui que tu dois envoyer : envoie l’Agneau, le maître de la terre, de Pétra dans le désert jusqu’à la montagne de ta fille Sion, afin qu’il ôte le joug de notre captivité.

    ℟. Rorate caeli desuper, et nubes pluant justum.

    Consolamini, consolamini, popule meus : cito veniet salus tua quare moerore consumeris, quia innovavit te dolor? Salvabo te, noli timere, ego enim sum Dominus Deus tuus, Sanctus Israel, redemptor tuus.

    Consolez-vous, consolez-vous, mon peuple : vite viendra ton salut, pourquoi es-tu consumé dans l’affliction, pourquoi la douleur se renouvelle-t-elle en toi ? Je te sauverai, n’aie pas peur, moi, je suis le Seigneur Dieu, le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

    ℟. Rorate caeli desuper, et nubes pluant justum.

  • Saint Pierre Chrysologue

    Un ange a été envoyé par Dieu. Là où c’est un ange qui est le médiateur, l’homme doit cesser de se faire une opinion par lui-même. Là où l’envoyé vient du ciel, toute interprétation purement humaine doit être rejetée. La curiosité humaine entre en torpeur  là où l’ambassadeur est céleste. L’ange a été envoyé par Dieu. Celui qui porte toute son  attention sur le fait qu’il a été envoyé par Dieu s’interdit de scruter en profondeur le secret [perscrutari secretum]. Ce que Dieu communique, par l’intermédiaire de son ange, seul mérite de le savoir celui qui craint de le savoir. Ecoute le Seigneur qui dit : « Sur qui poserai-je mes yeux si ce n’est sur l’humble, le doux, et sur celui qui tremble en entendant ma parole ? » (Isaïe 66,2) L’humble et le doux. Autant il est docile celui qui obéit aux ordres, autant il est indocile celui qui les conteste.

    L’ange est envoyé à une vierge. Parce que la virginité est toujours connue des anges. Vivre dans la chair en marge de la chair, ce n’est pas une vie terrestre, mais céleste. Et si vous voulez le savoir, acquérir la gloire angélique est une plus grande chose que la posséder. L’ange n’a que le bonheur de l’être, mais la virginité, c’est la vertu qui la fait [esse angelum felicitatis est, virginem esse virtutis]. La virginité obtient par l’ascèse ce que l’ange possède par nature. L’Ange et la Vierge remplissent donc une fonction divine, non humaine. Après être entré, l’ange lui dit : Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes.

    Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Vous voyez les présents qui sont donnés en gage à la vierge ? Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Salut, ce qui veut dire : reçois ! Quoi ? Les vertus en don, mais non la pudeur. Salut, pleine de grâce ! Voici la grâce qui a donné la gloire aux cieux, Dieu à la terre, la foi aux Gentils, un terme aux vices, une règle de vie, une discipline morale. Cette grâce que l’ange a apportée, la Vierge l’a reçue pour rendre le salut aux siècles. Salut, pleine de grâce. Parce qu’à chacun la grâce est donnée par bribes, mais à Marie, c’est toute la plénitude de la grâce qui s’est donnée à elle en entier. Tous, dit l’évangéliste, nous avons reçu de sa plénitude (Jean 1,16). David a dit lui aussi dans le même sens : « Elle descendit comme de la pluie sur une toison » (psaume 71,6). La laine, bien qu’elle appartienne au corps, ne connaît pas les passions du corps. Ainsi en va-t-il de la virginité. Bien qu’elle soit dans la chair, elle ignore les vices de la chair. La pluie céleste se répand donc dans la toison virginale en y pénétrant goutte par goutte. « Et comme des gouttes qui s’infiltrent dans la terre. » Pour que les temps qui sont dévolus à la foi irriguent les semences avec des gouttes vivifiantes, au lieu de les tuer.

    Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. L’ange est envoyé par Dieu,  et que dit-il ? Le Seigneur est avec toi. Dieu était donc déjà avec la Vierge quand l’ange lui a été envoyé. Dieu a précédé son messager, sans s’éloigner de Sa divinité. Il ne peut pas être contenu par les lieux, Celui qui est présent dans tous les lieux. Et Il est tout entier partout, Celui sans Lequel rien n’est tout.

    Tu es bénie entre toutes les femmes. Elle est vraiment bénie la vierge qui a rempli jusqu’au bout la dignité de la maternité, sans perdre la gloire de la virginité. Oui, elle est vraiment bénie celle qui a mérité la grâce d’une conception céleste, tout en maintenant la couronne de l’intégrité. Elle est vraiment bénie celle qui a reçu la gloire d’un divin fœtus, sans cesser d’être la reine de la chasteté dans toute sa plénitude. Vraiment bénie celle qui a été plus grande que le ciel, plus forte que la terre, plus élevée que tout ce qu’il y a dans la création. Car elle a été la seule à contenir Celui que le monde ne peut pas contenir. Elle a porté Celui qui porte l’univers. Elle a engendré son Géniteur. Elle a nourri Celui qui nourrit tous les vivants.

    Sermon 143

  • Saint François Xavier

    Glorieux apôtre de Jésus-Christ qui avez illuminé de sa lumière les nations assises dans les ombres de la mort, nous nous adressons à vous, nous Chrétiens indignes, afin que par cette charité qui vous porta à tout sacrifier pour évangéliser les nations, vous daigniez préparer nos cœurs à recevoir la visite du Sauveur que notre foi attend et que notre amour désire. Vous fûtes le père des nations infidèles ; soyez le protecteur du peuple des croyants, dans les jours où nous sommes. Avant d’avoir encore contemplé de vos yeux le Seigneur Jésus, vous le fîtes connaître à des peuples innombrables ; maintenant que vous le voyez face à face, obtenez que nous le puissions voir, quand il va paraître, avec la foi simple et ardente de ces Mages de l’Orient, prémices glorieuses des nations que vous êtes allé initier à l’admirable lumière. (I Petr. 2, 9.) Souvenez-vous aussi, grand apôtre, de ces mêmes nations que vous avez évangélisées, et chez lesquelles la parole de vie, par un terrible jugement de Dieu, a cessé d’être féconde. Priez pour le vaste empire de la Chine que votre regard saluait en mourant, et auquel il ne fut pas donné d’entendre votre parole. Priez pour le Japon, plantation chérie que le sanglier dont parle le Psalmiste a si horriblement dévastée. Obtenez que le sang des Martyrs, qui y fut répandu comme l’eau, fertilise enfin cette terre. Bénissez aussi, ô Xavier, toutes les Missions que notre Mère la sainte Église a entreprises, dans les contrées où la Croix ne triomphe pas encore. Que les cœurs des infidèles s’ouvrent à la lumineuse simplicité de la foi ; que la semence fructifie au centuple ; que le nombre des nouveaux apôtres, vos successeurs, aille toujours croissant ; que leur zèle et leur charité ne défaillent jamais : que leurs sueurs deviennent fécondes, que la couronne de leur martyre soit non seulement la récompense, mais le complément et la dernière victoire de leur apostolat. Souvenez-vous, devant le Seigneur, des innombrables membres de celle association par laquelle Jésus-Christ est annoncé dans toute la terre, et qui s’est placée sous voire patronage. Enfin priez d’un cœur filial pour la sainte Compagnie dont vous êtes la gloire et l’espérance. Qu’elle fleurisse de plus en plus sous le vent de la tribulation qui ne lui manqua jamais ; qu’elle se multiplie, afin que par elle soient multipliés les enfants de Dieu ; qu’elle ait toujours au service du peuple chrétien de nombreux Apôtres et de vigilants Docteurs ; qu’elle ne porte pas en vain le nom de Jésus.

    Dom Guéranger, L’Année liturgique, 1841