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Les six jours de la création sont terminés. Et les vêpres du samedi font déjà partie de la liturgie du dimanche. Place donc à la célébration de la Sainte Trinité, avec deux brèves strophes attribuées à saint Ambroise.
O lux, beáta Trínitas, Et principális Unitas : Jam sol recédit ígneus, Infúnde lumen córdibus.
Lumière, bienheureuse Trinité, Qui êtes souveraine Unité, Le soleil flamboyant se retire : Mettez la lumière en nos cœurs.
Te mane laudum cármine, Te deprecémur véspere : Te nostra supplex glória Per cuncta laudet sæcula.
C’est vous que le matin nous chantons, C’est vous que nous prions le soir ; C’est vous que, pour tous les siècles, Notre prière de gloire veut louer.
Deo Patri sit glória, Ejúsque soli Fílio, Cum Spíritu Paráclito, Et nunc, et in perpétuum. Amen.
Gloire à Dieu le Père, Gloire à son Fils unique, Avec l’Esprit consolateur, Maintenant et pour l’éternité. Amen.
Hymne des vêpres du jeudi, évoquant le 5e jour de la création. Traduction en vers de Jean Racine.
Magnæ Deus poténtiæ, Qui ex aquis ortum genus Partim remíttis gúrgiti, Partim levas in áera.
Dieu tout-puissant qui, des êtres nés dans les eaux fécondes, laissez les uns dans les abîmes et élevez les autres dans les airs :
Seigneur, tant d’animaux par toi des eaux fécondes Sont produits à ton choix : Que leur nombre infini peuple ou les mers profondes, Ou les airs, ou les bois.
Demérsa lymphis ímprimens, Subvécta cælis írrigans : Ut stirpe una pródita, Divérsa rápiant loca :
Enchaînant dans les flots ceux qui y sont plongés, élevant aux cieux ceux qui y sont transportés, de telle sorte qu'issus d'une même source, ils peuplent des lieux différents.
Ceux-là sont humectés des eaux que la mer roule, Ceux-ci de l’eau des cieux ; Et de la même source ainsi sortis en `foule, Occupent divers lieux.
Largíre cunctis sérvulis, Quos mundat unda Sánguinis, Nescíre lapsus críminum, Nec ferre mortis tædium.
Accordez à tous vos serviteurs, que purifie l'onde de votre Sang, d'ignorer les chutes coupables, et de ne pas subir l'accablement de la mort.
Fais, ô Dieu tout-puissant ! fais que tous les les fidèles, A ta grâce soumis, Ne retombent jamais dans les chaînes cruelles De leurs fiers ennemis.
Ut culpa nullum déprimat : Nullum levet iactántia : Elísa mens ne cóncidat : Eláta mens ne córruat.
Que le péché ne décourage aucun de nous, que la présomption n'en élève aucun,de peur que notre cœur trop accablé ne désespère, et que notre âme enorgueillie ne vienne à tomber soudain.
Que par toi soutenus, le joug pesant des vices Ne les accable pas ; Qu’un orgueil téméraire en d’affreux précipices N’engage point leurs pas.
Præsta, Pater piíssime, Patríque compar Unice, Cum Spíritu Paráclito Regnans per omne sæculum. Amen.
Règne, ô Père éternel, Fils, Sagesse incréée, Esprit-Saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée, Et ne changes jamais.
L’hymne des vêpres du mercredi, quatrième jour de la création. Traduction en vers de Jean Racine.
Cæli Deus sanctíssime, Qui lúcidum centrum poli Candóre pingis ígneo, Augens decóro lúmine :
Dieu très saint du Ciel, qui peignez en traits de feu les espaces brillants du firmament, en les ornant des splendeurs de la lumière :
Grand Dieu, qui fais briller sur la voûte étoilée Ton trône glorieux, Et d’une blancheur vive à la pourpre mêlée Peins le centre des cieux :
Quarto die qui flámmeam Solis rotam constítuens, Lunæ minístras órdinem, Vagósque cursus síderum :
Vous qui, au quatrième jour, plaçant au ciel le globe embrasé du soleil, avez assigné à la lune son rôle et réglé les évolutions des astres :
Par toi roule à nos yeux, sur un char de lumière, Le clair flambeau des jours ; De tant d’astres par toi la lune en sa carrière Voit le différent cours.
Ut nóctibus, vel lúmini Diremptiónis términum, Primórdiis et ménsium Signum dares notíssimum ;
Afin de fixer le terme de séparation entre la nuit et le jour, et de marquer par un signe certain le commencement de chaque mois,
Ainsi sont séparés les jours des nuits prochaines, Par d’immuables lois : Ainsi tu fais connaître, à des marques certaines, Les saisons et les mois.
Illuminez le cœur des hommes, lavez les souillures de notre esprit ; dégagez-nous des liens du péché ; enlevez le fardeau de nos crimes. Seigneur, répands sur nous ta lumière céleste,
Guéris des maux divers ; Que ta main secourable, aux démons si funestes, Brise enfin tous nos fers.
Præsta, Pater piíssime, Patríque compar Unice, Cum Spíritu Paráclito Regnans per omne sæculum. Amen.
Règne, ô Père éternel, Fils, Sagesse incréée, Esprit-Saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée, Et ne changes jamais.
Afin qu'elle produisît des semences appropriées et que, toute parée de fleurs brillantes, elle devînt féconde en fruits, et offrît ainsi un aliment agréable ;
Par là son sein fécond, de fleurs et de feuillages L’embellit tous les ans ; L’enrichit de doux fruits, couvre de pâturages Ses vallons et ses champs.
Mentis perústæ vúlnera Munda viróre grátiæ : Ut facta fletu díluat, Motúsque pravos átterat.
Purifiez par la rosée de votre grâce les blessures de notre âme desséchée, afin qu'elle efface ses fautes dans les larmes et dompte les sens révoltés.
Seigneur, fais de ta grâce, à notre âme abattue, Goûter des fruits heureux ; Et que puissent nos pleurs de la chair corrompue Eteindre en nous les feux.
Jussis tuis obtémperet : Nullis malis appróximet : Bonis repléri gáudeat, Et mortis actum nésciat.
Qu'elle obéisse à vos lois, qu'elle évite le contact du mal ; qu'elle mette sa joie à posséder les vrais biens et évite les atteintes de la mort.
Que sans cesse nos cœurs, loin du sentier des vices, Suivent tes volontés : Qu’innocents à tes yeux, ils fondent leurs délices Sur tes seules bontés.
Præsta, Pater piíssime, Patríque compar Unice, Cum Spíritu Paráclito Regnans per omne sæculum. Amen.
Règne, ô Père éternel, Fils, Sagesse incréée, Esprit-Saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée, Et ne changes jamais.
L’hymne des vêpres du lundi, deuxième jour de la création. Traduction de Jean Racine (pour les Heures de Port Royal, Lemaître de Sacy n’ayant traduit que les hymnes des dimanches et fêtes).
Imménse cæli cónditor, Qui mixta ne confúnderent, Aquæ fluénta dívidens, Cælum dedísti límitem,
Dieu infiniment grand, Créateur du ciel, pour éviter la confusion des éléments, vous avez séparé la masse des eaux, leur donnant comme limite, le firmament,
Grand Dieu, qui vis les cieux se former sans matière, À ta voix seulement ; Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière Le vaste firmament.
Firmans locum cæléstibus Simúlque terræ rívulis, Ut unda flammas témperet, Terræ solum ne díssipent:
Assignant leur place aux nuées du ciel en même temps qu'aux fleuves de la terre, afin de tempérer ainsi le feu des astres, por qu'ils ne brûlent pas la surface de la terre.
Si la voûte céleste a ses plaines liquides, La terre a ses ruisseaux, Qui, contre les chaleurs, portent aux champs arides Le secours de leurs eaux.
Infúnde nunc, piíssime, Donum perénnis grátiæ, Fraudis novæ ne cásibus Nos error átterat vetus.
Dieu très clément, répandez maintenant en nous le don de votre éternelle grâce,de peur que les artifices d'une nouvelle séduction ne nous fassent retomber dans nos égarements passés.
Seigneur, qu'ainsi les eaux de ta grâce féconde Réparent nos langueurs ; Que nos sens désormais vers les appas du monde N'entraînent plus nos cœurs.
Lucem fides invéniat, Sic lúminis jubar ferat; Ut vana cuncta térreat, Hanc falsa nulla cómprimant.
Que la foi trouve la lumière ; qu'elle en étende le lumineux rayonnement, pour abattre toutes les vanités ; que nulle erreur ne l'arrête dans son élan.
Fais briller de ta foi les lumières propices À nos yeux éclairés : Qu'elle arrache le voile à tous les artifices Des enfers conjurés.
Præsta, Pater piíssime, Patríque compar Unice, Cum Spíritu Paráclito Regnans per omne sæculum. Amen.
Accordez-nous cette grâce, Père très miséricordieux, ainsi que vous, Fils unique, égal au Père, qui, avec l'Esprit Consolateur, régnez à jamais. Ainsi soit-il.
Règne, ô Père éternel, Fils, sagesse incréée, Esprit Saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l'inconstante durée, Et ne changes jamais.
Les hymnes des vêpres sont particulières : elles sont parfois appelées hexaméron vespéral, parce qu’elles chantent les six jours de la création. On les a attribuées à saint Ambroise, parce qu’elles sont « ambrosiennes » et que l’évêque de Milan avait écrit un Hemaméron : un commentaire de six jours de la Création dans la Genèse. Puis elles furent attribuées à saint Grégoire le Grand, mais pas avant le XVIe siècle, semble-t-il. Cela dit, selon les historiens modernes, elles sont aussi anciennes, ou presque aussi anciennes, que saint Grégoire.
La série commence le dimanche, par la création de la lumière. Je donne d’abord une traduction littérale (du Psautier latin-français du bréviaire monastique, Desclée,1938, réédité par Le Barroux) puis la magnifique paraphrase de Lemaître de Sacy (Heures de Port-Royal).
Lucis Creátor óptime, Lucem diérum próferens, Primórdiis lucis novæ, Mundi parans oríginem:
O Très bon Créateur de la lumière, qui faites naître la clarté des jours ; aux premiers rayons de la lumière nouvelle, vous préparez l'origine du monde.
Principe de splendeur, grand Dieu, source féconde D'immortelle beauté, Qui fis les premiers traits du grand tableau du monde En formant ta clarté,
Qui mane junctum vésperi Diem vocári prǽcipis: Tetrum chaos illábitur, Audi preces cum flétibus.
Vous, qui faites appeler jour le temps qui s'écoule du matin au soir ; voici l'approche de la nuit, écoutez nos prières mêlées de larmes ;
Toi en qui le jour luit, par qui la nuit efface Les plus vives couleurs, Le soleil s'abaissant luit dans nous par ta grâce, Ois la voix de nos pleurs,
Ne mens graváta crimine, Vitæ sit exsul múnere, Dum nil perénne cógitat, Seséque culpis ílligat.
Ne permettez pas que notre âme, chargée de crimes soit privée du bienfait de la vie, tandis que sans penser à l'éternité, elle s'embarrasse dans les liens du péché.
Ne permets que notre âme au crime abandonnée Vive morte à tes yeux, Et que ses passions la tiennent enchaînée Dans un oubli des cieux.
Qu'elle frappe enfin à la porte du ciel ; qu'elle remporte la récompense de la vie ; qu'elle évite tout mal et se purifie de toute iniquité.
Fais monter jusqu'à toi sa prière brûlante, Et descend dans son cœur, Préviens ses maux futurs, guéris la fièvre ardente Qui nourrit sa langueur.
Præsta, Pater piíssime, Patríque compar Únice, Cum Spíritu Paráclito Regnans per omne sǽculum. Amen.
Accordez-nous cette grâce, Père très miséricordieux, ainsi que vous, Fils unique, égal au Père, qui, avec l'Esprit Consolateur, régnez à jamais. Ainsi soit-il.
Accomplis nos désirs, Père saint, Fils du Père Esprit, amour des deux, Dont l'homme adore en terre, et l'ange au ciel révère L'empire bienheureux.
Sit vobis tamquam in imágine descrípta virgínitas vitáque beátæ Maríæ, de qua, velut in spéculo, refúlget spécies castitátis et forma virtútis. Hinc sumátis licet exémpla vivéndi, ubi tamquam in exemplári, magistéria expréssa probitátis, quid corrígere, quid effúgere, quid tenére debeátis, osténdunt. Primus discéndi ardor nobílitas est magístri. Quid nobílius Dei Matre ? Quid splendídius ea, quam spiendor elégit? Quid cástius ea, quæ corpus sine córporis contagióne generávit ? Nam de céteris ejus virtútibus quid loquar ? Virgo erat non solum córpore, sed étiam mente, quæ nullo doli ámbitu sincérum adulteráret afféctum.
Contemplez, comme une image dessinée devant vous, la virginité et la vie de la bienheureuse Marie. Comme en un miroir, y resplendit, éclatant, un exemple de chasteté, un modèle de vertu. Vous trouverez là les normes de votre conduite et, comme tracés d’avance pour vous, de clairs enseignements de vie irréprochable qui vous diront ce qu’il faut corriger, éviter, observer. Le meilleur stimulant pour apprendre, c’est l’excellence du maître. Or, qui est plus excellent que la Mère de Dieu ? Qui est plus splendide qu’elle ? La splendeur elle-même l’a choisie. Qui est plus chaste qu’elle ? Son corps a enfanté sans commerce charnel. Et que dire de ses autres vertus ? Vierge, elle l’était, non seulement dans son corps, mais aussi dans son âme, où nul fourbe calcul n’a jamais corrompu la pure vigueur de l’amour.
Saint Ambroise, Sur les vierges, II, 2. (Lecture des matines, bréviaire monastique 1963.)
Avant que Jean Gualbert ait l’honneur des autels, on fêtait ce jour les saints martyrs Nabor et Félix (dont on fait toujours mémoire). Quoique nés en Afrique et morts à Lodi (en 303), ils sont des « martyrs de Milan », où ils vivaient. Saint Ambroise a parlé d’eux dans une des plus belles pages de son commentaire de saint Luc :
Apprécions maintenant, d’après la nature du sénevé, quelle est la portée de la comparaison. Son grain est à coup sûr chose commune et simple; vient-on à le broyer, il répand sa vigueur. De même la foi semble simple de prime abord; mais, foulée par l’adversité, elle répand le bienfait de sa vertu, de manière à pénétrer aussi de son parfum ceux qui entendent ou qui lisent. Grain de sénevé, nos martyrs Félix, Nabor et Victor. Ils avaient le parfum de la foi, mais on les ignorait. Vint la persécution : ils déposèrent les armes, tendirent le cou, et, abattus par le glaive, répandirent par tous les confins du monde la beauté de leur martyre, si bien qu’on est en droit de dire : “Leur écho s’est propagé sur toute la terre”, Ps 18,5.”
Et bien entendu saint Ambroise composa un office propre de la fête qu’il institua, et qui est une solennité du bréviaire et du missel ambrosiens. Voici l’hymne des vêpres, avec une traduction en vers, fort habile, trouvée ici sans mention de l’auteur ou d’une source. Il est curieux que l’hymne commence par un « Victor » que l’on trouve aussi dans un verset (et dans le commentaire de saint Luc) mais ni dans la légende des matines ni dans l'intitulé ni dans les quatre oraisons de la fête…
Victor Nabor Felix pii Mediolani martyres, Solo hospites, Mauri genus Terrisque nostris advenae,
Saints Victor, Nabor et Félix Les pieux martyrs de Milan, Sont nos hôtes, de race Maure, Des étrangers sur notre terre:
Torrens harena quos dedit Anhela solis aestibus, Extrema terrae finium Exulque nostri nominis.
Don venu du sable brûlant Haletant sous les feux solaires, Aux derniers confins de la terre, Exilé loin de notre nom.
Suscepit hospites Padus Mercede magna sanguinis, Sancto replevit spiritu almae fides ecclesiae,
Le Pô les accueillit en hôtes, Riche salaire de leur sang; La foi de l’Eglise leur mère Les a remplis du Saint-Esprit;
Et se coronavit trium Cruore sacro martyrum Castrisque raptos impiis Christo sacravit milites.
Mais elle, s’étant couronnée Du sang sacré des trois martyrs Arrachés à un camp impie, Les consacra soldats du Christ.
Profecit ad fidem labor Armisque docti bellicis Pro rege uitam ponere, Decere pro Christo pati,
Leurs travaux ont servi leur foi: Instruits dans les armes guerrières À risquer leur vie pour le prince, À devoir souffrir pour le Christ,
Non tela quaerunt ferrea, Non arma Christi milites; Munitus armis ambulat Veram fidem qui possidet.
Point ne cherchent de traits de fer, Point d’armes, les soldats du Christ; Il marche équipé de ses armes Celui qui détient la vraie foi.
Scutum viro sua est fides Et mors triumphus, quem invidens Nobis tyrannus ad oppidum Laudense misit martyres.
Sa foi est bouclier du brave, La mort son triomphe; un tyran Qui nous l’enviait les envoya Subir le martyre à Lodi.
Sed reddiderunt hostias; Rapti quadrigis corpora, Revecti in ora principium plaustri triumphalis modo.
Mais on a rendu ces victimes: Leurs corps, enlevés en quadriges, reviennent sous les yeux des princes comme sur un char de triomphe.
Patri simulque Filio Tibique Sancte Spiritus, Sicut fuit sit jugiter Saeclum per omne gloria.
Pie, premier du nom, natif d’Aquilée, était fils de Rufin ; Cardinal Prêtre de la sainte Église romaine, il fut élu souverain Pontife, sous les empereurs Antonin le Pieux et Marc-Aurèle. Dans cinq ordinations, au mois de décembre, il sacra douze Évêques et ordonna dix-huit Prêtres. Divers décrets très utiles portés par lui nous sont parvenus, celui, entre autres, qui ordonnait que la Résurrection du Seigneur ne fût célébrée que le Dimanche. Il transforma en église la maison de Pudens, et à cause de sa prééminence sur les autres Titres, comme demeure du souverain Pontife, il la dédia sous le titre du Pasteur. Il y célébra souvent les saints Mystères et y baptisa beaucoup de convertis à la foi, qu’il inscrivit au nombre des fidèles. Pendant qu’il remplissait l’office de bon pasteur, il répandit son sang pour ses brebis et pour le Christ, Pasteur suprême. Il reçut la couronne du martyre le cinq des ides de juillet et fut enseveli au Vatican.
Il convient d’ajouter que son frère était Hermas, l’auteur d’un des tout premiers textes patristiques, intitulé… Le Pasteur.
On lit dans L’Année liturgique que l’ancienne légende du bréviaire lui attribuait un décret sur le respect des espèces eucharistique s. Mais si le décret est plus tardif, le respect du Corps et du Sang du Seigneur se trouvait déjà dans des écrits patristiques, qui témoignent de l’erreur protestante :
L’ancienne Légende de saint Pie Ier, modifiée récemment, rappelait le décret attribué dans le Corps du droit à notre Pontife, touchant celui dont la négligence aurait laissé tomber quelque chose du Sang du Seigneur. Ces prescriptions traduisent bien le respect profond que le saint Pape voulait voir témoigner au Mystère de l’autel : la pénitence, y est-il ordonné, sera de quarante jours, si l’effusion du Sang précieux a lieu jusqu’à terre ; où que ce soit qu’il tombe, on devra le recueillir avec les lèvres s’il se peut, brûler la poussière et déposer la cendre en un lieu non profane.
Glorieux Pontife, nous nous souvenons de ces paroles écrites sous vos yeux, et qu’on dirait le commentaire du décret porté sous votre nom au sujet des Mystères sacrés : « C’est qu’en effet, » proclamait dès le milieu du second siècle à la face du monde Justin le Philosophe, « nous ne recevons pas comme un pain commun, comme un breuvage commun, cet aliment nommé chez nous Eucharistie ; mais de même que, fait chair par la parole de Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur a eu et chair et sang pour notre salut, de même il nous a été appris que l’aliment fait Eucharistie par la prière formée de sa propre parole est et la chair et le sang de ce Jésus fait chair ». A cette doctrine, aux mesures qu’elle justifie si amplement, d’autres témoins autorisés faisaient écho, sur la fin du même siècle, en des termes qu’on croirait eux aussi empruntés à la lettre même des prescriptions qui vous sont attribuées : « Nous souffrons anxieusement, si quoi que ce soit du calice ou du pain même qui est nôtre vient à tomber à terre, » disait Tertullien ; et Origène en appelait aux habitués des Mystères divins pour dire « quels soins, quelle vénération, entouraient les dons sacrés de peur que ne s’en échappât la moindre parcelle, ce qui, provenu de négligence, eût été regardé comme un crime ». Et maintenant l’hérésie, pauvre de science comme de foi, prétend de nos jours que l’Église a dévié des antiques traditions, en exagérant ses hommages au Sacrement divin ! Faites en effet, ô Pie, que nous revenions aux dispositions de nos pères : non dans leur foi, qui est toujours la nôtre ; mais dans la vénération et l’amour qu’ils puisaient en cette foi pour le calice enivrant, trésor de la terre. Puisse l’Agneau réunir dans la célébration d’une même Pâque, selon vos volontés, tous ceux qu’honore le nom de chrétiens !