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Liturgie - Page 209

  • Saints Abdon et Sennen

    Nous trouvons aujourd’hui un bel exemple du caractère dramatique de la célébration de la messe dans les temps anciens. C’est un spectacle composé de quatre scènes distinctes où interviennent, tour à tour, les saints martyrs, le Christ, le chœur (nous-mêmes) et l’Église.

    Transportons-nous par la pensée au tombeau de nos martyrs. Au cours de la vigile nocturne, nous avons entendu la lecture des actes des martyrs ; c’est maintenant l’heure de la messe. Les saints sont présents à nos côtés. Le chœur exprime les sentiments qu’il éprouve au cours de l’action. Sentiments humains au début. Nous entendons, rendus avec un grand réalisme, les soupirs des victimes enchaînées, dans les affres de leur prison, nous voyons comment va bientôt couler leur sang. La nature se révolte, elle réclame justice.

    podcast

    Intret in conspéctu tuo, Dómine, gémitus compeditórum : redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum : víndica sánguinem Sanctórum tuórum, qui effúsus est.
    . Deus, venérunt gentes in hereditátem tuam : polluérunt templum sanctum tuum : posuérunt Jerúsalem in pomórum custódiam.

    Que le gémissement des captifs pénètre jusqu’à vous, Seigneur : et pour ceux qui nous entourent faites retomber dans leur sein au septuple l’outrage qu’ils ont fait tomber sur vous : vengez le sang de vos Saints, qui a été répandu.
    Ô Dieu, les nations sont venues dans votre héritage : elles ont souillé votre saint temple : elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits.

    C’est maintenant l’Église qui parle pour revendiquer les intérêts de ses enfants ; les martyrs ont acquis de grands mérites qui doivent obtenir aux fidèles le pardon de leurs fautes (Oraison).

    Deus, qui sanctis tuis Abdon et Sennen ad hanc glóriam veniéndi copiósum munus grátiæ contulísti : da fámulis tuis suorum véniam peccatórum ; ut, Sanctórum tuórum intercedéntibus méritis, ab ómnibus mereántur adversitátibus liberáti. Per Dóminum.

    Dieu, vous avez fait à vos saints Abdon et Sennen le don insigne de la grâce d’arriver à cette gloire : accordez à vos serviteurs le pardon de leurs péchés : afin que, aidés des mérites de vos Saints, nous puissions être délivrés de toute adversité.

    Les martyrs eux-mêmes interviennent alors (à l’Épître, comme assez souvent) ; ils nous encouragent par le récit de leur vie : « Frères, montrons-nous dignes ministres de Dieu par une grande constance dans les tribulations, dans les nécessités, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons... » Les saints peuvent prendre ce passage à la lettre, et ils nous exhortent à une sorte de martyre selon nos diverses conditions : « dans les émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ; par la pureté, par la longanimité, par la bonté... » Qui que nous soyons, riches ou pauvres, estimés ou méprisés, servons le Seigneur ! De nouveau, les martyrs nous disent ce qu’ils furent pendant leur vie : nous sommes « considérés comme des imposteurs, et pourtant nous sommes véridiques... comme des mourants, et pourtant nous vivons : comme des pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme des gens dénués, nous qui possédons tout ». Cette Épître dans la bouche de nos saints est singulièrement touchante et saisissante.

    A l’entendre, nous (le chœur), nous nous faisons une idée nouvelle du martyre : « Dieu est glorifié dans ses saints, admirable dans sa majesté... » (Graduel).


    podcast

    Gloriósus Deus in Sanctis suis : mirábilis in majestáte, fáciens prodígia. ℣. Déxtera tua, Dómine, glorificáta est in virtúte : déxtera manus tua confrégit inimícos.

    Dieu est glorifié dans ses Saints : admirable dans sa majesté, il fait des prodiges. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force : votre main droite a brisé ses ennemis.

    Voici enfin apparaître le Christ, Roi des martyrs. Nous l’entendons proférer les béatitudes : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. Bienheureux êtes-vous lorsque les hommes vous maudissent et vous persécutent. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense sera grande dans les cieux » (Évangile).

    Le chœur ne sait plus dire autre chose que ces mots : « Dieu est admirable dans ses saints » (Offertoire).


    podcast

    Mirábilis Deus in Sanctis suis : Deus Israël, ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ : benedíctus Deus, allelúia.

    Dieu est admirable dans ses saints. Le Dieu d’Israël donnera lui-même à son peuple la puissance et la force. Dieu soit béni. Alléluia.

    Le Sacrifice peut maintenant commencer, le sacrifice du Christ sur le tombeau des martyrs, double sacrifice bien que ne faisant qu’un dans cette union de la tête et des membres. Notre mère l’Église supplie de nouveau que les liens des martyrs nous délivrent des liens du péché.

    Dom Pius Parsch

    (Moniales d'Argentan, sous la direction de dom Gajard.)

  • Sainte Marthe

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    (Sainte Marthe, église Sainte-Madeleine de Troyes, œuvre du « maître de Chaource », XVIe siècle.)

    Les trois belles oraisons de la messe dans le propre de Provence (traduction du missel du Barroux).

    Omnipotens sempiterne Deus, qui Unigenitum tuum pro salute hominum in terris conversantem sanctissimæ Virginis Marthæ hospitio suscipi voluisti : præsta, quæsumus ; ut, ejusdem Virginis meritis et intercessione, in cælorum domicilio recipi misericorditer valeamus. Per Dominum…

    Dieu éternel et tout-puissant, qui avez voulu que votre Fils unique, séjournant sur terre pour le salut des hommes, fût reçu comme hôte par la bienheureuse Vierge Marthe, nous vous en prions : faites que par les mérites et l’intercession de cette vierge nous puissions être reçus avec miséricorde dans la demeure des cieux. Par notre Seigneur…

    Admitte, pie et misericors Deus, hostias et preces quas in sancto altari tuo tibi devote offerimus ob commemorationem sanctæ Virginis tuæ Marthæ : ut sicut illa pura tibi mente servivit in terris, ita nos ejus intercessione, post hujus ministerii decursum, feliciter vivamus in cælis. Qui vivis…

    Dieu de bonté et de miséricorde, recevez les hosties et les prières qu’en mémoire de votre sainte vierge Marthe nous vous présentons avec dévotion sur votre saint autel ; et de même qu’elle vous a servi sur la terre avec une âme pure, qu’ainsi, par son intercession, après le cours de notre service ici-bas, nous vivions aux cieux dans la félicité. Vous qui vivez…

    Sumptis, Domine, salutis æternæ mysteriis, te suppliciter exoramus : ut intercedente beata et gloriosa Virgine Martha, hospita tua, illius gaudiorum efficiamur participes, et æterni præmii cohaeredes. Qui vivis…

    Ayant reçu les sacrements du salut éternel, Seigneur, nous vous supplions humblement ; que par l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Vierge Marthe, nous devenions participants de ses joies et cohéritiers de sa récompense éternelle. Vous qui vivez…

  • 7e dimanche après la Pentecôte

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    Omnes gentes, pláudite mánibus : jubiláte Deo in voce exsultatiónis.
    . Quóniam Dóminus excélsus, terríbilis : Rex magnus super omnem terram.

    Nations, frappez toutes des mains ; célébrez Dieu par des cris d’allégresse.
    . Car le Seigneur est très haut et terrible, roi suprême sur toute la terre.

    L’introït de ce dimanche est l’un des plus brefs du répertoire. Dépourvu de tout effet, il chante avec légèreté une joie profonde, se permettant seulement sur le mot « jubilate » une envolée jusqu’au sommet du mode. Au moyen âge le verset psalmodié était assez souvent non le verset qui suit immédiatement l’antienne, comme c’est l’usage lorsque l’antienne est le premier verset du psaume, mais le verset suivant : « Subjecit populos nobis, et gentes sub pedibus nostris » (il nous a soumis des peuples, et des nations sous nos pieds), comme on le voit ici sur l’antiphonaire de Hartker (codex 339 de Saint-Gall). Sans doute pour éviter le trop grand contraste entre l’allégresse de l’antienne et le Dieu « terrible » du verset.

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Ivoire, XIIIe siècle, Louvre

    Quam vília de seípsa sénserit édocet María, et quod omne quidquid boni mériti hábuit, hoc supérna grátia largiénte percéperit, dicens: Quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ; ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes. Húmilem quippe Christi ancíllam suo iudício se fuísse demónstrat: sed respéctu se grátiæ cæléstis repénte sublimátam pronúntiat, atque in tantum glorificátam, ut sua beatitúdo præcípua mérito cunctárum géntium voce mirétur. Addidit étiam adhuc divínæ pietátis múnera, quæ mirabíliter accépit, digna gratiárum actióne colláudans. Quia fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen eius. Nihil ergo suis méritis tríbuit, quæ totam magnitúdinem ad illíus donum refert, qui essentiáliter potens et magnus exístens, fidéles suos de parvis atque infírmis, fortes fácere consuévit et magnos.

    Quand Marie dit : « Il s’est penché sur son humble servante, et désormais tous les âges me diront bienheureuse », elle nous apprend les humbles sentiments qu’elle a d’elle-même. Elle nous dit avoir reçu tout ce qu’il peut y avoir de bien en elle par largesse de la grâce divine. Elle montre, certes, qu’elle se considère comme la pauvre servante du Christ. Mais tout de suite, par respect de la grâce céleste, elle reconnaît sa noblesse et se dit tellement glorifiée que la voix de tous les peuples admirera à juste titre son singulier bonheur. Et ces faveurs de la divine bonté – ces faveurs qu’elle a si merveilleusement accueillies –, elle trouve même le moyen de les faire croître en chantant une digne action de grâces : « Le Puissant a fait pour moi des merveilles, Saint est son nom. » Elle n’attribue rien à ses propres mérites. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de celui qui est puissant et grand par essence, lui qui a coutume de rendre forts et grands ses fidèles, tout petits et faibles qu’ils soient.

    Saint Bède, homélie en la fête de la Visitation, lecture des matines.

  • Sainte Anne

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    Dom Guéranger avait fait profession monastique à Rome, en l’église Saint-Paul hors les murs, en la fête de sainte Anne de 1837, devant la relique qui s’y trouve : le bras de la grand-mère de Dieu et des Bretons. Toute sa vie l’abbé de Solesmes eut une grande dévotion pour sainte Anne. Il composa un propre de la « Congrégation de France », imprimé en 1856, où figurait un office de sainte Anne, avec plusieurs pièces reprises d’anciens formulaires, dont l’hymne Claræ diei gaudiis qu’on trouvera ci-dessous. Mais cet office-là ne fut pas accepté par la Congrégation des rites. Plus tard, l’évêque de Vannes, Mgr Jean-Marie Bécel, qui rétablissait nombre de fêtes d’anciens saints bretons et faisait construire la basilique de Sainte-Anne d’Auray, demanda à dom Guéranger un office de sainte Anne pour son diocèse, où se trouve Sainte-Anne d’Auray. Dom Guéranger se mit à la tâche et composa un très bel office, à partir de diverses sources, achevé en janvier 1872, trois ans avant sa mort.

    Pour l’hymne des premières vêpres et des matines, il reprit une hymne du XVIIe siècle, qu’on trouve notamment dans le livre de « Prières ecclésiastiques » de Bossuet puis dans divers livres d’heures du XVIIIe siècle. En dehors de l’audacieuse substitution de « parens Britannia » à « parens Ecclesia », la modification la plus importante est celle qui concerne la dernière strophe (avant la doxologie), puisqu’elle devient… deux strophes. Et que le nouveau texte chante de façon appuyée l’Immaculée Conception, dogme pour lequel dom Guéranger avait bataillé et écrit un livre entier. Ces vers-là sont une claire signature et rendent vaines les spéculations d’Ulysse Chevalier selon qui le remaniement de l’hymne serait du chanoine Schliebusch (qui était le bras droit de l’évêque pour les réformes liturgiques) ; lequel Schliebusch avait d’ailleurs formellement démenti ces allégations et souligné que tout l’office était de dom Guéranger - de toute façon dom Guéranger lui-même a réglé la question puisqu'il écrivait dans son journal le 23 janvier 1872 : « J'ai envoyé à Lorient un office que l'on m'a demandé en l'honneur de sainte Anne comme Patronne des Bretons. »

    Mais cette hymne du XVIIe siècle était elle-même une reprise d’une hymne qui existait au XIIIe siècle, tout à fait charmante, mais qui ne pouvait qu’être rejetée par les puristes après la Renaissance, parce qu’elle était rimée au lieu de suivre la métrique classique…

    Voici donc d’abord l’hymne du propre de Vannes, suivie de l’hymne du XVIIe siècle, et de l’hymne médiévale. On notera que celle-ci se trouve dans l’office de sainte Anne qui fait partie des offices ajoutés au bréviaire mozarabe par le cardinal Jiménez en 1502.

    Lucis beatæ gaudiis,
    Gestit parens Britannia,
    Annamque Judææ decus
    Matrem Mariæ concinit.

    Lumière bienheureuse, dont les joies
    font tressaillir la Mère Bretagne.
    En ce jour elle chante Anne, l’honneur de la Judée,
    la Mère de Marie.

    Regum piorum sanguini
    Jungens Sacerdotes avos,
    Illustris Anna splendidis
    Vincit genus virtutibus.

    Joignant au sang des saints Rois
    celui de ses aïeux les Pontifes,
    Anne surpasse par l’éclat des vertus
    l’illustration d’une telle race.

    Cœlo favente nexuit
    Vincli jugalis fœdera,
    Alvoque sancta condidit
    Sidus perenne virginum.

    Sous le regard du ciel,
    elle contracte une alliance bénie ;
    dans sa chair sainte prend vie
    l’astre immortel des vierges.

    O mira cœli gratia !
    Annæ parentis in sinu
    Concepta virgo conterit
    Sævi draconis verticem.

    Merveille de la céleste grâce !
    Au sein la céleste d’Anne sa mère,
    la vierge écrase en sa conception
    la tête du dragon cruel.

    Tanto salutis pignore
    Jam sperat humanum genus :
    Orbi redempto prævia
    Pacem columba nuntiat.

    Nantie d’un tel gage de salut,
    la race humaine espère enfin :
    au monde racheté la colombe
    annonce la paix qui la suit.

    Sit laus Patri, sit Filio,
    Tibique Sancte Spiritus.
    Annam pie colentibus
    Confer perennem gratiam.
    Amen.

    Soit louange au Père, ainsi qu’au Fils,
    et à vous, Esprit-Saint !
    Aux pieux clients d’Anne
    donnez la grâce éternelle.
    Amen.

    Avec la traduction bretonne, trouvée dans Barr-Heol de mars 1978 (numérisé par le diocèse de Quimper).

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    L'hymne du XVIIe siècle:

    Claræ diei gaudiis
    Gestit parens Ecclesia
    Annamque Judææ decus
    Matrem Mariæ concinit.

    Regum piorum sanguini
    Jungens sacerdotes avos
    Ilustris Anna splendidis
    Vincit genus virtutibus.

    Cœlo favente contrahit
    Thori fidelis vinculum
    Effœta dudum corpore
    Prolem beatam concipit.

    Audit monentis Angeli
    Felix parens oraculum
    Castoque format pectore
    Perenne sidus virginum.

    Deo Patri sit gloria
    Ejusque soli Filio
    Cum Spiritu Paraclito
    Et nunc et in perpetuum. Amen.

    Avant le XVIIe siècle:

    Clara diei gaudia
    Moduletur Ecclesia
    In Anna Dei famula
    Pangens cœli miracula.

    Anna Regum progenies,
    Et Sacerdotum series
    Stirpem illustrem Patribus
    Suis ornavit actibus.

    Nupta cœli judicio
    Fideli matrimonio
    Fructum concepit cœlicum
    Juxta verbum Angelicum.

    Infœcunda pro tempore
    Et prope marcescens corpore
    Decreto Patris luminum
    Parit Reginam Virginum.

    Obtentu Matris filiæ
    Mariae plenæ gratiæ
    Nobis auctorem omnium
    Fac habere propitium.

    Sit laus Paterno lumini,
    Sit Filio, sit Flamini,
    Qui nos per Annæ meritum
    Cœli traducat aditum. Amen.

    (Photo: l'autel de sainte Anne, en la basilique de Sainte-Anne d'Auray, avec la statue dorée qui contient un fragment de la statue originelle, brûlée à la Révolution française.)

  • Saint Jacques

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    Pretiosa est tuo, Domine, in conspectu mors Sanctorum tuorum: qui ad te vocans Jacobum Apostolum utique tuum in navi retia componentem, spiritualibusque doctrinis populos ut erudiret, elegisti, et pro effusione sui sanguinis laetaretur in coelo; petimus omnipotentiam tuam, ut, dum praesentia mala patientissime toleraverimus, et nunc et in aeternum in pace, et charitate tecum sine fine vivamus.

    Elle est précieuse à tes yeux, Seigneur, la mort de tes saints ; toi qui as appelé à toi tout particulièrement ton apôtre Jacques alors que dans son bateau il arrangeait les filets, et qui l’as choisi pour qu’il enseigne aux peuples les doctrines spirituelles, et qu’il se réjouisse au ciel de par l’effusion de son sang ; nous demandons à ta toute-puissance que, alors que nous aurons supporté les maux présents avec la plus grande patience, nous vivions et maintenant et dans l’éternité avec toi sans fin dans la paix et l’amour.

    Bréviaire mozarabe (« bréviaire gothique selon la règle de saint Isidore »), deuxième oraison des matines.

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    Eglise mozarabe Saint-Jacques de Peñalba de Santiago, tout près du chemin du pèlerinage de Compostelle, au sud de Ponferrada (León).

    Croix de Peñalba (typiquement wisigothique), donnée au monastère de Peñalba par le roi Ramire II de León en remerciement de l’aide décisive de saint Jacques à la bataille de Simancas contre le calife Abd al-Rahman III (939).

  • Sainte Christine

    Christine, dont le nom seul embaume l’Église des parfums de l’Époux, prélude dans sa grâce à la fête de l’aîné des fils du tonnerre. L’antique Vulsinies, assise près de son lac aux rives de basalte, aux calmes et claires eaux, la vit à dix ans mépriser les idoles des nations. Elle triompha du paganisme étrusque là même où Constantin signale en ses édits le lieu de la solennelle réunion qui se faisait chaque année des faux prêtres ombriens et toscans. La découverte du tombeau de Christine [en 1880] est venue confirmer dans nos temps jusqu’à cette particularité de l’âge de la martyre donné par ses Actes, auxquels la science des derniers âges avait voulu dénier toute valeur. Nouvelle leçon, reçue après bien d’autres, et qui devrait amener une critique trop infatuée à reporter quelque peu sur elle-même les défiances dont elle se fait un honneur. Lorsque du rivage qui reçut après ses combats la dépouille de l’héroïque enfant, on contemple l’île où périt tragiquement deux siècles plus tard la noble fille de Théodoric le Grand, Amalasonte, le néant des grandeurs qui n’ont que cette terre pour piédestal saisit l’âme plus éloquemment que ne ferait tout discours. Au XIIIe siècle, l’Époux, continuant d’exalter la martyre au-dessus des plus illustres reines, voulut l’associer à son triomphe au Sacrement d’amour : ce fut l’église de Christine qu’il choisit pour théâtre du miracle fameux de Bolsena, qui précéda de quelques mois seulement l’institution de la solennité du Corps du Seigneur.

    L’année liturgique

  • Saint Apollinaire

    Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine termine sa notice sur saint Apollinaire en citant ce texte qui est, dit-il, une préface de saint Ambroise – et qui se trouve de fait dans le missel ambrosien :

    Apollinaris dignissimus presul a principe Petro Ravennam mittitur Ihesu nomen incredulis nuntiare. Qui dum mira virtutum illic signa conferret in Christo credentibus, sevis verberum flagellis sepe conteritur et senile jam corpus ab impiis horrendis cruciatibus laniatur; sed ne de suis vexationibus fideles trepident, in virtute nominis Ihesu Christi signa apostolica perficit post tormenta: puellam resuscitat mortuam, visum conspicuum cecis reddit et muto restaurat loquelam, obsessam a demonio liberat, contagionem mundat leprosi, dissoluta morbo sanat pestifero membra, portentum simulacri simul cum templo deicit. O dignissimus admiratione preconii pontifex, qui cum pontificis dignitate apostolicam promeruit accipere potestatem! O fortissimus athleta Christi, qui etatis iam frigescente calore constanter in penis Ihesum Christum mundi predicat redemptorem!

    Le très digne prélat Apollinaire est envoyé par le prince des apôtres Pierre à Ravenne, annoncer aux incrédules le nom de Jésus. Après y avoir opéré un grand nombre de miracles en faveur de ceux qui croyaient en Jésus-Christ, il fut souvent accablé sous les coups de fouet; et son corps déjà vieux fut soumis à des traitements horribles de la part des impies. Mais afin que les fidèles ne fussent pas ébranlés dans la foi en présence de pareils tourments, il opérait des miracles comme les apôtres par la puissance de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après ses supplices, il ressuscite une jeune personne, il rend la vue aux aveugles, la parole aux muets, il délivre une possédée du démon, il guérit un lépreux, il rend la santé à un pestiféré dont les membres tombaient en dissolution; il renverse une idole et le temple qui l’abritait. O Pontife le plus digne de toute admiration et de tout éloge, qui mérita de recevoir le pouvoir des apôtres avec la dignité épiscopale ! O courageux athlète de Jésus-Christ, sur le déclin et le froid des ans, il prêche au milieu des tortures avec constance Jésus-Christ, le Rédempteur du monde !

  • Sainte Marie Madeleine

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    Répons des matines, à l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux :


    podcast

    ℟. Tulérunt Dóminum meum, et néscio ubi posuérunt eum. Dicunt ei Angeli : Múlier, quid ploras ? surréxit sicut dixit : * Præcédet vos in Galilǽam : ibi eum vidébitis, allelúia, allelúia.

    . Cum ergo fleret, inclinávit se, et prospéxit in monuméntum : et vidit duos Angelos in albis, sedéntes, qui dicunt ei.

    ℟. Præcédet vos in Galilǽam : ibi eum vidébitis, allelúia, alléluia. Glória Patri et Fílio et Spirítui Sancto. Præcédet vos in Galilǽam : ibi eum vidébitis, allelúia, allelúia.

    Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. Les Anges lui dirent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Il est ressuscité, comme il l’a dit : Il vous précédera en Galilée : c’est là que vous le verrez, alléluia, alléluia. Or, tout en pleurant, elle se pencha, et regarda dans le sépulcre ; elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis, qui lui dirent. Il vous précédera en Galilée : c’est là que vous le verrez, alléluia, alléluia. Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Il vous précédera en Galilée : c’est là que vous le verrez, alléluia, alléluia.

  • 6e dimanche après la Pentecôte

    Allelúia, allelúia. In te, Dómine, sperávi, non confúndar in ætérnum : in iustítia tua líbera me et éripe me : inclína ad me aurem tuam, accélera, ut erípias me. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. J’ai espéré en vous, Seigneur, que je ne sois jamais confondu : dans votre justice, délivrez-moi et arrachez-moi au danger : inclinez vers moi votre oreille, hâtez-vous de me délivrer. Alléluia.

    L’antienne d’alléluia de ce dimanche, qui est plutôt longue, a comme particularité de ne pas être un développement ou une variation du jubilus. Elle est en quatre phrases. La mélodie de la première partie de la première phrase (In te Domine speravi) se retrouve dans la première partie de la troisième phrase Inclina ad me aurem tuam). Le début de la deuxième partie de la première phrase (non confundar) se retrouve dans la deuxième partie de la deuxième phrase (eripe me). Ce qui établit une profonde unité. Et dans la dernière phrase, ut eripias reprend la mélodie du verbe qui précède immédiatement : accelera. On remarque qu’au lieu d’inciter à… accélérer, les neumes invitent au contraire à prendre de l’ampleur. On remarque aussi la chute très expressive de « libera me ». « D’une particulière beauté est la simple mais harmonieuse récitation sur libera me ; placée au centre, elle produit l’effet d’un doux solo au milieu d’un puissant chœur masculin », dit dom Johner. Enfin et surtout, cet alléluia, du 3e mode, est un des plus contemplatifs du répertoire.