Sit vobis tamquam in imágine descrípta virgínitas vitáque beátæ Maríæ, de qua, velut in spéculo, refúlget spécies castitátis et forma virtútis. Hinc sumátis licet exémpla vivéndi, ubi tamquam in exemplári, magistéria expréssa probitátis, quid corrígere, quid effúgere, quid tenére debeátis, osténdunt. Primus discéndi ardor nobílitas est magístri. Quid nobílius Dei Matre ? Quid splendídius ea, quam spiendor elégit? Quid cástius ea, quæ corpus sine córporis contagióne generávit ? Nam de céteris ejus virtútibus quid loquar ? Virgo erat non solum córpore, sed étiam mente, quæ nullo doli ámbitu sincérum adulteráret afféctum.
Contemplez, comme une image dessinée devant vous, la virginité et la vie de la bienheureuse Marie. Comme en un miroir, y resplendit, éclatant, un exemple de chasteté, un modèle de vertu. Vous trouverez là les normes de votre conduite et, comme tracés d’avance pour vous, de clairs enseignements de vie irréprochable qui vous diront ce qu’il faut corriger, éviter, observer. Le meilleur stimulant pour apprendre, c’est l’excellence du maître. Or, qui est plus excellent que la Mère de Dieu ? Qui est plus splendide qu’elle ? La splendeur elle-même l’a choisie. Qui est plus chaste qu’elle ? Son corps a enfanté sans commerce charnel. Et que dire de ses autres vertus ? Vierge, elle l’était, non seulement dans son corps, mais aussi dans son âme, où nul fourbe calcul n’a jamais corrompu la pure vigueur de l’amour.
Saint Ambroise, Sur les vierges, II, 2. (Lecture des matines, bréviaire monastique 1963.)
Tiepolo
Commentaires
Qu'est-ce que c'est que cet arc oblong argenté, à gauche, dans lequel les angelots semblent passer la tête ?
Explication du musée du Prado:
"Le profil lumineux d'un obélisque à l'arrière-plan fait référence à deux autres emblèmes traditionnels de l'Immaculée Conception, la Tour de David et la Tour d'ivoire, avec leurs connotations d'inviolabilité, de virginité et de pureté."
https://www.museodelprado.es/recurso/inmaculada-concepcion-giambattista-tiepolo/e6189544-2995-4abc-a98a-b8950cb357cd
La peinture est sur cette page (avec loupe) :
https://www.museodelprado.es/coleccion/obra-de-arte/la-inmaculada-concepcion/8da40987-dd6b-4bb3-ab0e-4210ecb6495e
Je vous remercie, mais je suis sûr que vous vous dites comme moi 1° qu'une tour d'ivoire ou la tour de David ne sont pas un obélisque, symbole phallique égyptien qui n'a rien à voir avec le christianisme, 2° que si Tiepolo avait voulu peindre une tour, il aurait pu faire mieux que cette épingle de nourrice diaphane.
Cela n'enlève rien à la splendeur hiératique de cette Vierge, mais le Prado n'a pas dû faire des recherches très poussées sur la mystérieuse intention du peintre.
On retrouve l'objet sur cette esquisse conservée par l'institut Courtauld de Londres. Cela prouve que cet élément, qui n'a rien d'un bâtiment (on dirait plutôt un robinet ou un jet d'eau), a été placé là délibérément par le peintre :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Giovan_battista_tiepolo,_bozzetti_per_la_chiesa_di_san_pascual_baylon_ad_aranjuez,_1767,_01.JPG
Le problème de l’obélisque est intéressant. Giambattista Tiepolo semblerait avoir d’abord, tout simplement, nourri un goût particulier pour les obélisques, dans une perspective que je me hasarderais à qualifier d’égyptomanie esthétique.
On peut chercher le mot obélisque (9 occurrences) dans ce catalogue d’une exposition Tiepolo au Metropolitan Museum :
https://archive.org/details/GiambattistaTiepolo16961770/page/n3
On consultera par ailleurs sur Internet cet autre ouvrage :
Svetlana Alpers & Michael Baxandall, Tiepolo and the Pictorial Intelligence, 1996. Il faut aller en ligne à la page 162, et, comme le texte est à l’envers (!), il faut prendre une copie d’écran puis la redresser.
On y trouve un commentaire sur Asie, un des continents représentés par Tiepolo (et ses fils) dans la Residenz du prince-évêque de Wurtzbourg / Würzburg, Karl Philipp von Greiffenclau (qui semble avoir été un personnage intéressant).
On lira alors que ce paysage à l’obélisque et la femme ont déchaîné l’érudition iconographique des critiques, sans qu’on puisse vraiment être sûr de la bonne interprétation, à supposer qu’il y en ait une seule.
Les peintures de Würzburg :
https://www.wga.hu/frames-e.html?/html/t/tiepolo/gianbatt/5wurzbur/index.html
Son fils Domenico aimait aussi l’obélisque, ainsi que, plus généralement, l’atelier Tiepolo :
https://artsandculture.google.com/asset/the-flight-with-obelisk-at-the-left/LgE8UQXI2keRGA
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/437805
On a envie de dire, de façon probablement sommaire, que, une fois pris en compte le goût de Tiepolo et de son entourage pour les obélisques, ce monument pouvait se prêter à des visées symboliques variées suivant le contexte.
Je n'ai pas trouvé d'obélisque en feuilletant ce catalogue, mais les reproductions sont petites et j'ai de mauvais yeux. Sur internet, j'ai dénombré (comme vous ?) trois œuvres avec obélisque : deux gravures ou dessins (une Famille de satyres et une Magnificence des princes de Russie) et la fresque Apollon et les continents de Wurzburg. De Domenico, le fils de Giovanni Battista, il y a une gravure, La Fuite en Egypte, où l'obélisque se justifie par le contexte.
Sans vouloir vous contredire absolument, deux gravures et une fresque avec obélisque (même s'il peut y avoir d'autres œuvres) ne témoignent pas d'une "égyptomanie esthétique" de la part d'un artiste qui a réalisé 800 peintures et 2000 dessins, sans compter les grands cycles de fresques, dont je n'ai pas trouvé le nombre.
Quoi qu'il en soit, sur les œuvres mentionnées, on identifie parfaitement un obélisque, ce qui n'est nullement le cas de cet élément translucide au sommet arrondi présent sur les deux Immaculée Conception.
Une piste pourrait être cette phrase assez sibylline de Wikipedia :
"Les thèmes abordés (par Tiepolo) comportent presque toujours une allusion à la mort et à la magie." Cela ne nous avance guère, me direz-vous.
L'hypothèse d'un article de plomberie est grotesque, mais, après tout, Tiepolo fait bien mourir Hyacinthe d'un coup de balle de jeu de paume.
Pour le catalogue de l’exposition américaine, il faut explorer la version Full text sur archive.org. On trouve 8 occurrences pour obelisk.
Existerait-il un petit fil de tradition associant la Vierge avec un obélisque ?
A propos de deux tableaux, non pas de Tiepolo, mais de Titien et du Tintoret, je lis ceci : « Enfin, on remarquera, à droite cette fois, en répétition presque de la silhouette de la Vierge, l'obélisque que nous avions déjà aperçu dans le premier tableau. On peut ici dés lors, tenter une interprétation de cet élément. Nous l'avons dit, il s'agit d'un symbole solaire, et plus précisément d'une représentation symbolique d'un rayon solaire. Souvent le sommet de l'obélisque était recouvert d'or, pour accentuer sa symbolique. Dans un contexte chrétien, l'obélisque, ce rayon solaire, devient le symbole du rayon du Saint Esprit, qui unit à la Vierge, manifeste l'Incarnation future du Verbe de Dieu. Cet obélisque est donc le signe du Saint Esprit qui "couvrira la Vierge de son ombre".« .
http://manuelantoine.blogspot.com/2011/11/un-escalier-un-obelisque-et-la-vierge.html
Tiepolo a également peint une allégorie de l’Immaculée Conception, qui est actuellement à la National Gallery à Dublin. On y trouve à nouveau un obélisque, mais d’allure plus trapue.
http://onlinecollection.nationalgallery.ie/objects/7668/allegory-of-the-immaculate-conception;jsessionid=3224A0F0B55EF688E34E1AE2FC522990?ctx=307d7d80-dd4e-4ffd-8f8f-3c27bd3c7323&idx=2
Je rends les armes. Le tableau de la National Gallery de Dublin confirme l'hypothèse du Prado.