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Liturgie - Page 205

  • Induta est caro mea putredine

    Screenshot_2019-09-05 Klosterneuburg, Augustiner-Chorherrenstift, Cod 1018 Klosterneuburg, Augustiner-Chorherrenstift, Cod [...].png

    Antiphonaire de Klosterneuburg, XIVe siècle.

    ℟ Indúta est caro mea putrédine, et sórdibus púlveris cutis mea áruit et contrácta est:
    * Meménto mei, Dómine, quóniam ventus est vita mea.
    . Dies mei velócius transiérunt quam a texénte tela succíditur, et consúmpti sunt absque ulla spe.
    ℟. Meménto mei, Dómine, quóniam ventus est vita mea.

    Couverte est ma chair de pourriture, et par des saletés de poussière ma peau a séché et s’est contractée. Souviens-toi de moi, Seigneur, parce que du vent est ma vie. Mes jours sont passés plus vite que par le tisserand la toile est coupée, et ils se sont consumés sans aucun espoir.

    ℟. : Job 7,5. ℣: Job 7,6.

    Répons des matines : l’un des « répons de Job ». Le texte est exactement celui de a Vulgate, avec un ajout : « mei, Domine », pour souligner que c’est une prière pour demander le salut et non seulement un triste constat. On peut remarquer que la Bible de Lemaître de Sacy (influencée par la liturgie ?) a ajouté « Seigneur ».

    La bonne traduction explicative de « contracta » est « crevassée » ou « gercée ».

    « Ventus est vita mea » : Ma vie n’est qu’un souffle. Le mot hébreu est ruah, et le mot grec pneuma. C’est le mot qui, dans ces deux langues, désigne aussi bien le Saint-Esprit que le souffle du vent. Les anciennes versions latines avaient « spiritus », et il se trouve que « spiritus » a le sens de vent dans plusieurs endroits de l’Ecriture (non sans parfois une équivoque volontaire, qui deviendra réalité à la Pentecôte : le Saint-Esprit est un vent violent). Mais ici il ne s’agit pas du tout de ce vent, mais de la vie brève et fragile de l'homme. C’est seulement un léger souffle, vain et éphémère. C’est pourquoi saint Jérôme a évité « spiritus ».

  • Saint Laurent Justinien

    Par Gentile Bellini, moins de dix ans après sa mort (musée de l’Académie de Venise) :

    Screenshot_2019-09-04 Il Beato Lorenzo Giustiniani Gallerie dell'Accademia di Venezia.png

    Un autre portrait par Gentile Bellini (musée national de Varsovie) :

    Bellini_Lorenzo_Giustiniani.jpg

    Par un élève de Jacopo Bellini, vers 1500 (musée d’Harvard) :

    Screenshot_2019-09-04  From the Harvard Art Museums’ collections The Blessed Lorenzo Giustiniani.png

    Par le Pordenone, vers 1532 (avec saint Augustin, saint Bernardin de Sienne, saint François d’Assise, saint Jean Baptiste) (musée de l’Académie de Venise) :

    san-lorenzo-justiniano-santo-del-dia-5-de-septiembre-1.jpg

    Anonyme, parmi divers portraits de 1622 (mais celui-ci est manifestement plus ancien, ou une copie) en la chapelle Saint-Maur de l’église de la Madonne du Verger, à Venise :

    Madonna_dell'Orto_(Venice)_-_Chapel_St_Mauro_-_Lorenzo_Giustiniani.jpg

    En tapant "Justinien" dans le cadre « Rechercher », en haut à gauche, on trouvera quelques très beaux textes du premier « patriarche de Venise ».

  • Quis mihi tribuat

    ℟. Quis mihi tríbuat, ut in inférno prótegas me et abscóndas me, donec pertránseat furor tuus, Dómine, nisi tu, qui solus es Deus ?
    * Et constítuas mihi tempus, in quo recordéris mei ?
    . Numquid sicut dies hóminis dies tui, ut quæras iniquitátem meam; cum sit nemo, qui de manu tua possit erúere ?
    ℟. Et constítuas mihi tempus, in quo recordéris mei ?

    Qui pourrait m’obtenir que vous me protégiez et me cachiez dans les enfers jusqu’à ce que passe votre fureur, Seigneur, sinon vous, qui seul êtes Dieu ? Et que vous me ménagiez un temps, au cours duquel vous souvenir de moi ? [Job 14, 13]
    Est-ce qu’ils sont comme les jours de l’homme vos jours [Job 10, 5a], pour que vous recherchiez mon iniquité [Job 10, 6a], alors qu’il n’est personne qui puisse me délivrer de votre main ? [Job 10, 7b]

    Répons des matines, l’un des « répons de Job », livre qui est la lecture biblique des deux premières semaines de septembre. On note que dans le verset 13 a été ajouté « nisi tu, qui solus es Deus » : si ce n’est toi qui seul est Dieu. Ces mots viennent de la fin du verset 4 du même chapitre 14. Mais dans la Vulgate on a « nonne tu qui solus es ? » : si ce n'est toi qui es le seul ? Le seul qui puisse dire Je Suis. Dans le verset 4 l’expression est la réponse à la question : « Qui peut tirer quelque chose de pur de ce qui est impur ? » (la Vulgate précise : « conçu d’une semence impure »). La Septante dit : « Mais pas un ». Le texte massorétique dit : « Pas un ». Autrement dit : personne. Ou bien saint Jérôme avait un texte légèrement différent, ou bien un rabbin lui a expliqué que c'est ainsi qu'on le comprenait (car Dieu, lui, peut tout).

    Antiphonaire d’Einsiedeln, début du XIVe siècle. Selon les spécialistes ce serait la copie originelle d’une partition de Guido d’Arezzo (inventeur de la portée de quatre lignes avec une clef permettant de localiser les demi-tons, vers 1035) :

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  • Saint Pie X

    L'Eglise, tout en prêchant Jésus crucifié, scandale et folie pour le monde, est devenue la première inspiratrice et la promotrice de la civilisation. Elle l'a répandue partout où ont prêché ses apôtres, conservant et perfectionnant les bons éléments des antiques civilisations païennes, arrachant à la barbarie et élevant jusqu'à une forme de société civilisée les peuples nouveaux qui se réfugiaient dans son sein maternel, et donnant à la société entière, peu à peu sans doute, mais d'une marche sûre et toujours progressive, cette empreinte si caractéristique qu'encore aujourd'hui elle conserve partout.

    La civilisation du monde est une civilisation chrétienne ; elle est d'autant plus vraie, plus durable, plus féconde en fruits précieux, qu'elle est plus nettement chrétienne ; d'autant plus décadente, pour le grand malheur de la société, qu'elle se soustrait davantage à l'idée chrétienne.

    Aussi, par la force intrinsèque des choses, l'Eglise devient-elle encore en fait la gardienne et la protectrice de la civilisation chrétienne. Et ce fait fut reconnu et admis dans d'autres siècles de l'histoire; il forme encore le fondement inébranlable des législations civiles. Sur ce fait reposèrent les relations de l'Eglise et des Etats, la reconnaissance publique de l'autorité de l'Eglise dans toutes les matières qui touchent de quelque façon à la conscience, la subordination de toutes les lois de l'Etat aux divines lois de l'Evangile, l'accord des deux pouvoirs, civil et ecclésiastique, pour procurer le bien temporel des peuples de telle manière que le bien éternel n'en eût pas à souffrir.

    Nous n'avons pas besoin de vous dire, Vénérables Frères, la prospérité et le bien-être, la paix et la concorde, la respectueuse soumission à l'autorité et l'excellent gouvernement qui s'établiraient et se maintiendraient dans ce monde si l'on pouvait réaliser partout le parfait idéal de la civilisation chrétienne. Mais, étant donnée la lutte continuelle de la chair contre l'Esprit, des ténèbres contre la lumière, de Satan contre Dieu, Nous ne pouvons espérer un si grand bien, au moins dans sa pleine mesure. De là, contre les pacifiques conquêtes de l'Eglise, d'incessantes attaques, d'autant plus douloureuses et funestes que la société humaine tend davantage à se gouverner d'après des principes opposés au concept chrétien et à se séparer entièrement de Dieu.

    Ce n'est pas une raison pour perdre courage. L'Eglise sait que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle ; mais elle sait aussi que dans ce monde elle trouvera l'oppression, que ses apôtres sont envoyés comme des agneaux au milieu des loups, que ses fidèles seront toujours couverts de haine et de mépris, comme fut rassasié de haine et de mépris son divin Fondateur. L'Eglise va néanmoins en avant sans crainte, et, tandis qu'elle étend le règne de Dieu dans les régions où il n'a pas encore été prêché, elle s'efforce par tous les moyens de réparer les pertes éprouvées dans le royaume déjà conquis.

    Saint Pie X, Il fermo proposito, 11 juin 1905.

  • Saint Salomon Leclercq

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    Le 2 septembre c’est la fête de saint Etienne roi de Hongrie, mais dans de nombreux diocèses de France on célèbre les bienheureux martyrs des Carmes, c’est-à-dire les 191 prêtres et religieux massacrés le 2 septembre 1792 et les jours suivants au couvent des Carmes transformé en cachot.

    En 2016 il l’un d’eux a été canonisé : Salomon Leclercq (de son nom de baptême Nicolas), le premier martyr des Frères des Ecoles chrétiennes. Au moment de la Révolution il était le secrétaire du supérieur des Frères pour la France. Il se trouve qu’on le connaît de façon intime grâce aux très nombreuses lettres que nous avons de lui, notamment celles à sa sœur qui les a religieusement conservées (et il y en a vraiment beaucoup, puisque je vois dans un article de la Revue lasallienne la référence à la « lettre n° 101 du 15 septembre 1791 » : il avait encore un an pour en écrire…). Il en ressort qu’il était manifestement saint avant le martyre. Le Fr Jean-Paul Aleth, visiteur des Frères des Ecoles chrétiennes pour la France au moment de la canonisation, écrivait :

    « Je suis frappé par sa fidélité à une décision libre de consacrer sa vie au Christ. À chaque fois, il a répondu positivement aux appels successifs pour diverses missions. C’est donc logiquement qu’il a choisi de rester fidèle jusqu’au bout, jusqu’au martyre. »

    Deux semaines avant le massacre, il écrit à sa sœur :

    « Se tenir en l’état où l’on voudrait être pour aller paraître devant le Souverain Juge : telle doit être la vie d’un chrétien qui a de la foi. Il doit regarder toutes les choses d’ici- bas, richesses, plaisirs, bonne chère comme de pures vanités, propres à amuser des hommes de chair et de sang et incapables de contenter une âme qui sait qu’elle est faite pour jouir de Dieu et pour en jouir éternellement. Tâchez d’entretenir ces sentiments et ces dispositions dans vos enfants que j’embrasse avec bien de la tendresse. Si Dieu le permet, j’irai vous joindre et mêler mes larmes avec les vôtres. Mais non ! Que dis-je, pourquoi pleurer puisque l’Évangile nous engage à nous réjouir quand nous aurons quelque chose à souffrir pour son nom ? Souffrons donc gaiement et avec action de grâce les croix et les afflictions qu’Il nous enverra. »

    Le miracle qui a valu à Salomon Leclercq sa canonisation est raconté ainsi par le Fr Rodolfo Cosimo Meoli, postulateur général des Frères des écoles chrétiennes :

    Le miracle du 6 septembre de 2007 au Venezuela en faveur d'une fille de cinq ans, a eu lieu alors que ses deux sœurs et un frère se trouvent dans une entreprise familiale fondée par M. Rafael Febres Cordero, un lasallien. Pendant qu'elle lisait, elle est mordue à son pied gauche par un animal alors non identifié. L'hématome se répand dans la jambe et la fille saigne des gencives et du nez. Transportée d'urgence à un hôpital de Caracas, soignée 53 heures plus tard avec un sérum contre la morsure de serpent. On fait des préparatifs pour l'amputation de la jambe pour limiter les dégâts. Pendant ce temps, dans l'église de la maison familiale à Sabaneta commencent les prières des enfants et des voisins devant la petite statue du bienheureux Frère Salomon, bien connu et vénéré. De façon inattendue, les chiffres indicateurs reviennent à la normale. Le 11 septembre elle est complètement déchargée en bonne santé.

    C'est une histoire qui dans son ensemble nous dit l'amour des enfants, l'universalité de l'Eglise et la relativité du temps dans le plan de Dieu.

  • 12e dimanche après la Pentecôte

    Allelúia, alléluia. Dómine, Deus salútis meæ, in die clamávi et nocte coram te. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. Seigneur, Dieu de mon salut, le jour j’ai crié et la nuit devant toi. Alléluia.

    L’alléluia de ce dimanche n’est pas du tout un chant d’allégresse, mais une intense supplication, qui culmine, si l’on peut dire, dans la descente en sanglots de « clamavi ». J’ai crié jour et nuit pour appeler le Seigneur Dieu de mon salut. L’évangile va être celui du bion Samaritain. Celui qui crie ainsi est donc l’homme laissé à moitié mort par les brigands. Nous tous, blessés par les démons et par nos démons. Nous appelons à notre secours le bon Samaritain, celui qui s’est fait notre prochain, Jésus le Christ Seigneur venu du Ciel pour nous sauver. Et puisque le salut est au bout de la route, on chante déjà l’alléluia de la gloire.

  • Saint Raymond Nonnat

    Grégoire IX, successeur de saint Pierre en l’Eglise de Rome, entendant chaque jour la sainteté de ce Cardinal qu’il avait créé, eut volonté de le voir, et de le tenir auprès de soi ; et parce qu’il savait combien le repos de sa cellule lui plaisait, pour lui ôter toute occasion d’excuse, lui envoya commandement de le venir trouver à Rome. Quoique son humilité lui fît verser beaucoup de larmes, se voyant appelé à de nouveaux honneurs, si est-ce que pour ne perdre le mérite de l’obéissance qu’il devait au Saint-Siège, il disposa son voyage, et avant toute chose alla demander et recevoir la bénédiction de notre B. Père saint Pierre Nolasque, qu’il reconnaissait toujours et honorait comme son supérieur ; et pour la dernière de ses expéditions, il alla dire adieu au Comte de Cardonne, auquel il était particulièrement obligé, et dont il était le père spirituel. Tout l’Ordre et toute la Catalogne se promettait beaucoup d’utilité du succès de ce voyage ; mais notre Seigneur voulut abréger les espérances de tout le monde, en arrêtant le pèlerinage de ce saint avant qu’il sortît de la maison du Comte de Cardonne ; car dès qu’il y fut entré il fut saisi d’une ardente fièvre continue, qui s’augmentant de plus en plus l’obligea d’envoyer avec toute diligence à Barcelone qui était à deux journées de là, pour avertir les religieux de sa maladie, et les prier de vouloir venir promptement, parce qu’il devait rendre à Dieu son âme entre leurs mains. Les religieux vinrent, et le saint Cardinal pria l’un d’eux de vouloir ouïr sa confession générale, qu’il fit avec tant de larmes qu’il semblait que ses yeux fussent changés en deux ruisseaux inépuisables ; quelques jours après il réitéra sa confession et requit avec instance qu’on lui donnât le saint viatique de l’adorable sacrement de l’autel ; les médecins qui étaient présents, voyant toute cette maison fort agitée, disaient qu’il n’y avait rien qui pressât ; les religieux d’autre part étant à la disposition et diligence du curé du lieu, qui d’office devait administrer au saint Cardinal, ne lui pouvaient donner la consolation de recevoir notre Seigneur si promptement qu’il désirait. Cependant le saint s’adressant à Dieu lui disait tout haut : « Hé quoi, Seigneur, permettrez-vous que je parte de ce monde sans avoir eu la grâce de recevoir votre précieux et adorable corps vrai viatique de tous les fidèles chrétiens, cette céleste consolation sera-t-elle déniée à ce serviteur, auquel vous laissez le jugement pour vous reconnaître et adorer ? En l’état où je suis, ô mon Dieu ! serai-je jugé si peu affectionné à ce saint mystère que je sois indigne de le recevoir ? » Dieu, qui a promis de faire la volonté de ceux qui le craignent, et d’exaucer leurs humbles prières pour leur salut, ne voulut pas dénier cette faveur au saint Cardinal, car pendant ses amoureuses complaintes entra par la porte de la salle où était le malade, en présence du Comte, des religieux, et de tous les domestiques qui y assistaient, une procession bien rangée de nos religieux (ou peut-être d’anges revêtus d’habits religieux) avec des cierges blancs et allumés en leurs mains, et à la fin de la procession venait le souverain prélat et chef de toutes les religions N.S. Jésus-Christ (ou quelque ange en cette forme) qui portait un précieux ciboire en ses mains ; dès que s. Raymond l’aperçut il sortit du lit, et se mit à genoux sur le carreau aux pieds de ce Seigneur qu’il désirait recevoir, ses yeux se débondant et faisant une mer de larmes ; alors toute la salle fut remplie d’une lumière et splendeur si grande qu’elle éblouit tous les assistants et les empêcha de voir ce qui se passa en cette merveilleuse action ; car ils perdirent de vue pendant une demi-heure toutes les personnes de cette sainte procession, et le saint Cardinal même ; enfin ils aperçurent sortir par la même porte de la salle cette compagnie céleste, qui sortie de la maison traversa sans bateau à pied sec une rivière qui arrosait ce lieu, et l’ayant passée disparut ; le Comte et tous les assistants qui étaient accourus aux portes et aux fenêtres de la maison pour voir retirer cette procession inconnue, après l’avoir perdue de vue retournèrent au lit du saint Cardinal, et le trouvèrent à genoux sur terre, les yeux et les mains élevés au ciel, comme sortant de quelque extase, et les religieux lui demandant ce qui s’était passé, il ne répondit autre chose sinon : « O que Dieu est admirable ! ô qu’il est bon à octroyer ce qu’on lui demande avec un cœur droit ! » Et enfin il avoua qu’il avait reçu le saint et auguste sacrement de l’autel ; puis bientôt après, demandant à Dieu qu’il reçût son âme en ses mains, rendit son esprit à celui qui l’avait créé. Son visage resta beau et resplendissant, comme celui de Moïse quand il revint de la montagne de parler avec Dieu ; il paraissait aussi en lui une sérénité et allégresse qui donnait de la gloire à tous ceux qui l’envisageaient. Il ne peut se dire combien de monde de toutes parts le vint voir, sans y être appelé ni averti, qui fut cause que pendant quinze jours il fallut laisser son corps sans sépulture, et quoiqu’il fût mort le dernier dimanche d’août, auquel temps les corps sont plus sujets à corruption, et qu’il ne fût point embaumé, il répandait néanmoins par toute la salle une odeur si agréable et surpassant les communes, qu’il paraissait au flairer qu’elle sortait du Paradis ; et de plus Dieu faisait plusieurs miracles à la présence de ses saintes dépouilles, en faveur de ceux qu’une sainte et pieuse curiosité attirait à la vue et vénération de ce corps saint.

    Abrégé de la vie de saint Raymond Nonnat, par le R.P. François Dathia, religieux de l’ordre de Notre-Dame de la Merci, troisième édition 1656.

  • Sainte Rose de Lima

    Dom Pius Parsch a choisi cette fête pour commenter la messe Dilexisti :

    Aujourd’hui encore nous pouvons constater le triple but de la liturgie des saints :
     a) elle voit dans la sainte, présente parmi nous, un membre d’élite de la grande famille de Dieu.
     b) Elle voit en elle une image et un symbole de l’Église. Retenons bien cette pensée : l’Église se représente elle-même dans la personne des saints, et particulièrement de ses saintes.
     c) Enfin, elle voit en eux l’âme de chacun de nous.

    Tout ceci est d’une évidence remarquable à la messe de ce jour :
     a) Sous les traits de l’épouse, nous reconnaissons sainte Rose de Lima ; nous la voyons entrer au ciel dans son cortège nuptial (Introït et Off.) ; nous voyons le Christ s’avancer vers elle (Grad.). Elle fut vraiment la vierge sage qui attendait l’époux, la lampe allumée à la main.
     b) C’est cette autre épouse, l’Église, que nous considérons aussi en sainte Rose, l’Église qui célèbre à l’avance le triomphe suprême de chacun de ses membres. Admirons la justesse de cette comparaison entre les vierges sages et l’Église qui, dans la nuit de la vie terrestre, entretient la lampe avec l’huile de sa charité et de sa prière, et dont l’unique préoccupation est d’attendre l’arrivée de l’Époux. Et chaque messe est une anticipation dé sa venue ; à chaque messe l’Église se rapproche du jour des noces. La messe est une anticipation du retour du Seigneur. Combien cette pensée est manifeste aujourd’hui particulièrement au moment de la communion !
     c) Toute âme est une cellule de l’Église ; les pensées et les sentiments de notre mère l’Église trouvent un écho en Chacune. Aujourd’hui, c’est avec des sentiments d’épouse que je me rends à l’église, que je pénètre dans la grande salle du ciel. A l’offertoire, c’est moi qui suis l’épouse en parure royale près de l’Époux ; et la sainte communion est pour moi la table du festin et les fiançailles éternelles.

    Introït

    Dilexísti iustítiam, et odísti iniquitátem : proptérea unxit te Deus, Deus tuus, óleo lætítiae præ consórtibus tuis.
    Vous avez aimé la justice et haï l’iniquité : c’est pourquoi, Dieu, votre Dieu, vous a oint d’une huile d’allégresse d’une manière plus excellente que toutes vos compagnes.

    Graduel

    Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde et régna. Propter veritátem et mansuetúdinem et iustítiam : et dedúcet te mirabíliter déxtera tua.
    Avec votre gloire et votre majesté, avancez, marchez victorieusement et régnez. Pour la vérité, la douceur et la justice : et votre droite vous conduira merveilleusement.

    Alléluia

    Allelúia, alléluia. Adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius afferéntur tibi in lætítia. Allelúia.

    Des vierges seront amenées au roi après vous : vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse.

    Offertoire

    Fíliæ regum in honóre tuo, ástitit regína a dextris tuis in vestítu deauráto, circúmdata varietate.
    Les filles des rois sont dans votre gloire, la reine se tient à votre droite en vêtements tissés d’or, couverte de broderies.

    Communion

    Quinque prudéntes vírgines accepérunt óleum in vasis suis cum lampádibus : média autem nocte clamor factus est : Ecce, sponsus venit : exite óbviam Christo Dómino.
    Cinq vierges sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes : et au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici l’époux qui vient : allez au-devant du Christ Seigneur.

    (En dehors de l’antienne de communion qui reprend l’évangile, toutes ces pièces sont extraites du psaume 44, le grand psaume nuptial.)

  • Décollation de saint Jean Baptiste

    Il ne faut pas effleurer légèrement un sujet tel que la mémoire du bienheureux Jean-Baptiste ; aussi devons-nous considérer ce qu’il était, quels furent ses bourreaux, pourquoi, quand et comment il a été martyrisé. C’est un juste qui est mis à mort, par des adultères ; et la peine capitale qu’ils méritent, ils la font subir à celui qui devrait être leur juge. Et puis la mort d’un Prophète devient la récompense et le salaire d’une danseuse. Enfin, ce que tous les barbares eux-mêmes ont communément en horreur, c’est à table, au milieu d’un banquet, qu’on prononce l’arrêt cruel qui devra s’exécuter. Et on apporte de la prison à la salle du festin l’objet de l’exécution impie qui a suivi ce fatal commandement. Que de crimes dans une seule action !

    A voir ainsi un émissaire se lever de table et courir à la prison, qui n’aurait pas cru à l’élargissement du Prophète ? Qui, en apprenant que c’est le jour de la naissance d’Hérode, qu’il y a grand festin, et qu’on a donné à une fille la liberté de demander tout ce qu’elle voudra, qui donc, dis-je, ne s’imaginerait qu’on n’enverra délivrer Jean de ses fers ? Quel rapport y a-t-il entre la cruauté et les délices ? entre le meurtre et la volupté ? Le Prophète subira sa peine pendant un festin, et en vertu d’une sentence portée au milieu du festin, sentence qu’il eût repoussée, même pour être mis en liberté. On lui tranche la tête, et on l’apporte dans un plat. Un tel mets convenait à la cruauté, et pouvait satisfaire une férocité difficile à assouvir.

    O le plus odieux des rois, considère ce spectacle digne de ton banquet, et afin que rien ne manque à ta satisfaction inhumaine, étends la main pour que ce sang sacré ruisselle entre tes doigts. Et puisque ta faim n’a pu être rassasiée par les viandes, puisque les coupes n’ont pu éteindre la soif de cruauté qui te dévore, vois ce sang qui, bouillonnant encore, s’échappe des veines de cette tête que tu as fait tomber. Vois ces yeux qui, jusque dans le trépas, sont les témoins de ton crime, et qui se refusent à contempler tes plaisirs. Ce n’est pas tant la mort qui ferme ces yeux, que l’horreur de tes débauches. Cette bouche éloquente dont tu redoutais la censure, toute pâle et muette qu’elle est, te fait encore trembler.

    Saint Ambroise, lecture des matines.

  • Saint Augustin

    Screenshot_2019-08-27 saint augustin timbre - Recherche Google.pngQuis mihi dabit adquiescere in te ? Quis dabit mihi, ut venias in cor meum et inebries illud, ut obliviscar mala mea et unum bonum meum amplectar, te ? Quid mihi es ? Miserere, ut loquar. Quid tibi sum ipse, ut amari te jubeas a me et, nisi faciam, irascaris mihi et mineris ingentes miserias ? Parvane ipsa est, si non amem te ? Ei mihi ! Dic mihi per miserationes tuas, Domine Deus meus, quid sis mihi. Dic animae meae : Salus tua ego sum. Sic dic, ut audiam. Ecce aures cordis mei ante te, Domine ; aperi eas et dic animae meae: Salus tua ego sum. Curram post vocem hanc et apprehendam te. Noli abscondere a me faciem tuam ; moriar, ne moriar, ut eam videam.

    Qui me donnera de reposer en toi ? Qui me donnera que tu viennes dans mon cœur, et que tu l’enivres, afin que j’oublie mes maux et que je t’embrasse, toi, mon seul bien ? Qu’es-tu pour moi ? Aie pitié, afin que je parle. Que suis-je moi-même pour toi, que tu ordonnes d’être aimé par moi et, si je ne le fais pas, tu sois en colère contre moi et me menaces d’énormes misères ? Est-ce que ce n’en est pas une petite, si je ne t’aime pas ? Pauvre de moi ! Dis-moi, par les effets de ta miséricorde, Seigneur mon Dieu, ce que tu es pour moi. Dis à mon âme : je suis ton salut. Dis-le, afin que j’entende. Voici les oreilles de on cœur devant toi, Seigneur ; ouvre-les et dis à mon âme : je suis ton salut. Je courrai après cette voix et je t’attraperai. Ne me cache pas ta face ; que je meure, afin de ne pas mourir, pour la voir.

    Premier paragraphe du chapitre 5 du livre I des Confessions, avec une traduction littérale. La citation explicite est un verset du psaume 34, mais il y a dans ces quelques lignes de nombreuses autres allusions à divers psaumes, et à d’autres textes (le dialogue entre Moïse et le Seigneur dans le Deutéronome), et de façon appuyée au Cantique des cantiques (1,3 ; 5,1 ; 8, 1-2).

    (Timbre édité par les « Postes Algérie » pour le 16e centenaire de sa naissance, « premier jour » à Bône le 12 novembre 1954.)