L’hymne des vêpres et des laudes du temps de l’Ascension, et la belle traduction de Jacqueline Pascal (la sœur de Blaise, peu avant qu’on lui interdise de poursuivre… et qu’elle entre à Port-Royal sous le nom de sœur Euphémie).
Jesu nostra redémptio,
Amor et desidérium.
Deus Creátor omnium,
Homo in fine témporum.
Jesus, digne rançon de l'homme racheté,
Amour de notre cœur et désir de notre ame,
Seul créateur de tout, Dieu dans l'éternité,
Homme à la fin des temps en naissant d'une femme.
Quae te vicit cleméntia
Ut ferres nostra crímina,
Crudélem mortem pátiens
Ut nos a morte tólleres,
Quel excez de clémence a su te surmonter
Que portant les peschez de ton peuple rebelle,
Tu souffris une mort horrible à raconter,
Pour garantir les tiens de la mort éternelle ?
Inférni claustra pénetrans,
Tuos captívos rédimens,
Victor triúmpho nóbili
Ad dextram Patris résidens.
Jusqu'au fond des enfers tu fis voir ta splendeur,
Rachetant tes captifs de leur longue misère ;
Et par un tel triomphe en glorieux vainqueur
Tu t'assis pour jamais à la droite du Père.
Ipsa te cogat píetas
Ut mala nostra súperes,
Parcéndo et voti cómpotes
Nos tuo vultu sáties.
Que la mesme bonté t'oblige maintenant
A surmonter les maux dont ton peuple est coupable
Remplis ses justes vœux en les luy pardonnant,
Et qu'il jouisse en paix de ta veuë ineffable.
Tu esto nostrum gáudium,
Qui es futurus praemium;
Sit nostra in te glória
Per cuncta semper saecula.
Sois notre unique joye, o Jésus nostre roy.
Qui seras pour toujours nostre unique salaire !
Que toute nostre gloire à jamais soit en toy.
Dans le jour éternel où ta splendeur esclaire !
Solesmes 1955 :
Commentaires
O dulcedo ! Merveilleuse douceur de cette hymne Jesu nostra redemptio, chantée par Solesmes.
J'aime en particulier le verset "Homo in fine temporum" : Dieu s'est fait homme à la fin des temps - comme si l'auteur savait que l'ère chrétienne est un tout petit bout de ligne des millions d'années après Adam ; et le verset "Nos tuo vultu saties" : (Jésus), "rassasie-nous de ton visage" (la traduction très fluide de Jacqueline Pascal est un peu décevante pour ce verset)
"des millions d'années après Adam " ? Vous plaisantez, j'espère.
Et des milliards d'années après le Big-Bobard?
Oui, excusez ! J'ai mis un zéro de trop, paraît-il.