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Liturgie - Page 170

  • Saint Laurent de Brindes

    L’inflation du nombre de « docteurs de l’Eglise » à partir du siècle dernier fait que saint Laurent de Brindes, grand saint assurément, personnage extraordinaire qui paraît avoir vécu plusieurs vies, a été fait docteur par Jean XXIII en 1960 sans qu’on sache pourquoi. A priori un docteur de l’Eglise est un auteur que le catholique doit lire de préférence à d’autres. Mais, 60 ans après, il n’y a toujours aucun texte de saint Laurent de Brindes en français. Ni même d’ailleurs de texte vraiment disponible en latin…

    Quoi qu’il en soit, l’actualité de saint Laurent de Brindes est son action contre les musulmans (aujourd’hui soigneusement passée sous silence, -y compris par Benoît XVI dans sa catéchèse - parce que politiquement incorrecte). Je l’ai déjà évoquée plusieurs fois, cette fois ce sera sous la plume anonyme d’« un Académicien des Arcades de Rome » qui publia « La vie du bienheureux Laurent de Brindes, général des capucins » en 1784. (Il s’agit en fait d’un livre de l'abbé Giuseppe Loreto Marconi traduit par l'abbé Joseph-Marie Roubaud.)

     

    Cependant Mahomet III, fils d'Amurath, venait de monter sur le trône de Constantinople. Pour s'y maintenir paisiblement, il fit étrangler ses frères au nombre de vingt-un, et fit jeter dans la mer dix femmes de son père qui étaient grosses, et qui périrent toutes avec leurs fruits. Après avoir ainsi affermi sa couronne par ces horribles assassinats, il voulut signaler sa fureur contre le nom chrétien, qu'il aurait volontiers exterminé si ses forces eussent secondé ses désirs. Il mit sur pied une armée formidable pour venir fondre sur la Hongrie, dont il voulait se rendre maître. L'Empereur Rodolphe, instruit de ces desseins, leva de son côté des troupes pour s'opposer au Prince Ottoman, et crut qu'il devait implorer le secours des Electeurs de l’Empire pour la cause commune.

    Le Père Laurent, dont Rodolphe connaissait le génie et le zèle, fut choisi pour cette Ambassade. Ce choix fut d'autant plus applaudi, que s'agissant des intérêts de la Religion, dont le saint homme était continuellement occupé, on était persuadé qu'il engagerait sûrement tous ces Princes à unir leurs forces, pour combattre l'ennemi du nom Chrétien. Sa commission eut en effet tout le succès qu'on s'était promis ; les Electeurs s'empressèrent de se confédérer pour une aussi bonne cause, et chacun fournit les troupes que le Père Laurent demandait. Ce fut à l'occasion de cette Ambassade, que Maximilien, Duc de Bavière, conçut pour ce saint Religieux cette profonde vénération et cette tendre amitié qui ne firent qu'augmenter dans la suite.

    L'Archiduc Mathias, frère de l'Empereur, fut déclaré Généralissime de l'armée Impériale; et persuadé que le Ciel ne manquerait pas de lui accorder une victoire complète sur l'armée Infidèle, s'il avait auprès de lui le grand Serviteur de Dieu, il n'oublia rien pour engager le Père Laurent à le suivre.

    Tous les Officiers Généraux applaudirent à l'idée de l'Archiduc et firent les mêmes instances. Mgr Spinelli, Nonce Apostolique, y joignit les siennes, et croyant qu'il était de son devoir d'en prévenir le Pape, il en écrivit à Sa Sainteté. Le Saint-Père goûta fort ce projet, et il fit tout de suite expédier un Bref qui enjoignait au Père Laurent de se rendre en Hongrie avec l'armée Impériale, et lui donnait en même temps la faculté de mener avec lui les Religieux de son Ordre qu'il jugerait à propos.

    Le Père Laurent, soumis à la voix du Saint-Père comme à celle de Jésus-Christ, n'hésita point de se rendre en Hongrie avec trois de ses confrères. En le voyant, l'armée Catholique sentit ranimer son courage. Les Chefs & les soldats, qui ne faisaient en tout qu'un Corps de dix-huit mille hommes, avoient été d'abord si effrayés de la multitude des Infidèles, qu'ils avoient pris le parti de préférer la fuite à une défaite qui leur paraissait inévitable, et d'abandonner la Hongrie au triste fort qui la menaçait.

    Le saint Religieux, animé d'un zèle ardent pour les intérêts de l'Empire et de la Religion, harangua l'armée avec tant de force et d'éloquence ; il lui promit avec tant d'assurance une victoire certaine, que malgré la férocité et l'énorme supériorité des ennemis, il fut unanimement résolu de les combattre.

    Pour intéresser le Dieu des armées dans sa propre cause, et le rendre propice et favorable aux Chrétiens armés pour sa gloire, le Père Laurent fit précéder la bataille par la prière, le jeûne et la Confession. Il savoir que la paix de la conscience inspire une valeur, bien plus sûre et plus soutenue que celle qui ne porte que sur le point d'honneur et sur les principes d'une chétive Philosophie. Ce qui faisait dire à un ancien Militaire plein de religion, que dans un jour de combat il ne remplissait jamais mieux son devoir que quand il sentait intérieurement qu'il était bien avec Dieu.

    Le Père Laurent qui avait donné l'exemple d'une préparation chrétienne au combat, que la plupart imitèrent, voulut encore donner des exemples de bravoure dans le combat même. La goutte dont il était affligé depuis quelque temps, lui causait alors des douleurs si aiguës, qu'il lui aurait été impossible de marcher. L'Archiduc le fit monter à cheval, et le plaça à la tête de ses troupes, n'ayant pour toutes armes qu'une Croix à la main, dont il bénit toute l'armée Chrétienne.

    Un avantage que le Duc de Mercœur venait de remporter sur les Turcs en s'emparant d'Albe Royale, avait encore plus irrité la fureur de ces Infidèles, qui n'avaient pu la secourir. Ils vinrent au-devant des dix-huit mille Impériaux avec une armée de quatre-vingt mille hommes. L'Archiduc se voyant si inférieur en forces, chercha à se mettre à couvert en faisant camper son armée au pied de quelques collines. Cet expédient ne lui réussit pas. Les Turcs ayant fait, à la faveur de la nuit une marche forcée, parvinrent à occuper, avant le jour, le sommet de ces collines.

    Les Impériaux ayant aperçu le matin le camp ennemi se crurent perdus, regardant comme également dangereux le combat et la retraite. L'Archiduc assembla tout de fuite un conseil de guerre, et voulut que le Père Laurent y assistât. Les Chefs de l'armée ne furent pas pour l'attaque ; le Duc de Mercœur lui-même, quoiqu'il fut bien aise de trouver quelque occasion brillante de signaler de nouveau son courage, ne savait que conseiller à l'Archiduc, et paraissait indécis sur le parti qu'il convenait de prendre dans cette crise fâcheuse. Le pieux Commissaire ranima leur courage abattu, leur promit une victoire complète, et protesta qu'il voulait lui-même être à la tête des troupes. La sécurité que lui inspirait sa foi, il la communiqua à toute l'armée des Impériaux. Ils attaquèrent vivement l'ennemi, qui se défendit d'abord avec vigueur ; mais la prédiction du Serviteur de Dieu ne tarda pas de s'accomplir ; bientôt on vit la victoire pencher du côté de l'armée Chrétienne. Les Infidèles ne portaient que des coups inutiles, et les Catholiques n'en portaient aucun à faux. Les Turcs dans cette occasion sanglante perdirent trente mille hommes ; et les débris de leur nombreuse et redoutable armée chercha son salut dans la fuite. Les Impériaux s'emparèrent du champ de bataille où ils firent un butin considérable, et restèrent maîtres d'Albe Royale, que les ennemis avoient voulu tenter de reprendre.

    On vit dans cette première action, qui eut lieu le 11 Octobre 1601, et surtout dans celle du 14 du même mois, une grêle de balles tomber sur le Père Laurent, sans lui faire la moindre blessure, ni la plus légère contusion. Les Turcs étonnés le prenaient pour un Négromant qui venait opérer leur ruine totale.

    Ayant été entraîné par son cheval au milieu d'un corps de Musulmans, un d'entre eux leva le sabre pour le mettre en pièces ; il atteignit en effet le pieux et valeureux Laurent ; mais il en fut quitte pour une égratignure presque imperceptible.

    Les deux Colonels Rosbourg et Altain frémirent à la vue du danger auquel avait été exposé leur saint Aumônier ; ils volèrent à son secours, et lui criaient chemin faisant de se retirer, que ce n'était pas là sa place. Vous vous trompez., leur répondit-il à haute voix : c'est ici où je dois être ; avançons, avançons, et la victoire est à nous.

    Ces paroles furent un coup de foudre pour les Infidèles ; une fuite précipitée fut leur unique ressource ; mais elle n'empêcha pas que la plus grande partie de l'armée ne fût taillée en pièces par les Impériaux, qui les poursuivirent. Cette victoire fut vraiment miraculeuse dans toutes ses circonstances : c'était le sentiment unanime dans toute l'armée ; et le Duc de Mercœur lui-même publia hautement à Vienne, que le Père Laurent avait plus fait lui seul dans cette guerre que tous les soldats ensemble ; et qu'après Dieu et la Sainte Vierge, c'était à ce Saint Religieux qu'il fallait attribuer les deux victoires remportées sur les ennemis du nom Chrétien. Ce trait véritablement admirable de sa vie n'échappa pas à ceux qui furent chargés de diriger la décoration de la Basilique du Vatican pour la fête de sa Béatification. On avait placé au-dessus de la principale porte un tableau oblong, peint avec autant de génie que de goût par le F. Felix de la Sambucca, qui représentait, avec la plus grande vérité, tout ce que nous venons de rapporter. Les Romains et les étrangers furent également satisfaits, et de la peinture et de l'inscription suivante, qui en donnait l'explication.

    BEATUS. LAURENTIUS. A. BRUNDUSIO. ANGUSTIS. GENTIS. AUSTRIACÆ. REBUS. HOSTES. CHRISTIANI. NOMINIS. ERECTA. CRUCE. DETERRET.

    (L’Autriche se trouvant dans la plus grande détresse, le Bienheureux Laurent de Brindes, la Croix à la main, épouvante et met en déroute les ennemis du nom Chrétien.)

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  • Saint Jérôme Emilien

    Rejeton d’une des plus illustres familles de Venise, il vécut dans la pauvreté, se vouant essentiellement à recueillir les orphelins et à créer des orphelinats. Il créa dans la foulée une congrégation enseignante. L’évangile de la messe est donc tout naturellement le passage où Jésus demande aux apôtres de laisser les enfants venir à lui. Avec ce beau commentaire de saint Jean Chrysostome aux matines :

    Pourquoi les disciples éloignaient-ils de Jésus les enfants ? Par égard pour sa dignité. Alors que fait-il ? Afin d’inculquer aux Apôtres des sentiments modestes et de leur apprendre à fouler aux pieds le faste mondain, il accueille ces enfants, les prend dans ses bras, et promet à ceux qui leur ressemblent le royaume des cieux, ce qu’il avait déjà fait précédemment. Voulons-nous donc avoir part, nous aussi, à l’héritage céleste, appliquons-nous avec grand soin à cette vertu ; car c’est le plus haut degré de la philosophie, que d’être simple avec prudence, c’est la vie angélique. Un tout petit enfant n’a aucun vice dans son âme ; il ne garde point le souvenir des injures, il va droit à ceux qui lui en font, de même qu’à des amis, comme si de rien n’était. Sa mère a beau le châtier, il la cherche toujours, et la met bien au-dessus de toute autre personne. Montrez-lui une reine parée du diadème : il ne la préfère point à sa mère couverte de haillons ; et la vue de sa mère dans la livrée de la pauvreté lui est plus douce que la vue d’une princesse magnifiquement vêtue. Car c’est l’amour, et non la pauvreté et la richesse, qui lui fait discerner les siens d’avec les étrangers. Il se contente du nécessaire ; et aussitôt qu’il s’est rassasié de lait, il laisse le sein maternel. Il n’éprouve pas les mêmes chagrins que nous éprouvons, soit pour une perte d’argent, soit pour des choses de ce genre. Il ne se réjouit pas des mêmes vanités que nous, et il n’admire pas la beauté corporelle. Aussi le Sauveur disait-il : « Le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent », afin que par un effort de notre volonté, nous pratiquions ces vertus qui semblent naturelles aux enfants.

    Comme les Pharisiens n’avaient d’autres mobiles de leurs actes que la malice et l’arrogance, notre Seigneur ne cesse d’exhorter ses disciples à être simples ; et il le leur recommande au moment même où il les institue. Car rien n’engendre l’orgueil comme l’exercice du pouvoir et le privilège d’occuper les premières places. Sachant donc qu’ils obtiendraient de par le monde beaucoup d’honneur, il prémunit leurs esprits, il ne veut pas qu’ils souffrent en eux rien d’humain, ni la recherche de la popularité, ni l’envie de s’élever au-dessus des autres. Ces choses qui paraissent petites, occasionnent pourtant de grands maux. C’est en effet pour avoir eu ces convoitises que les Pharisiens arrivèrent au dernier degré du mal. En recherchant les salutations, les premiers rangs et les places d’honneur, ils tombèrent dans un amour effréné de la gloire, et de là dans un abîme d’impiété.

  • 7e dimanche après la Pentecôte

    Antienne du Benedictus

    Atténdite a falsis prophétis, qui véniunt ad vos in vestiméntis óvium, intrínsecus autem sunt lupi rapáces ; a frúctibus eórum cognoscétis eos, allelúia.

    Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, tandis qu’au dedans ce sont des loups ravissants : vous les connaîtrez à leurs fruits, alléluia.

    Antienne du Magnificat :

    Non potest arbor bona fructus malos fácere, nec arbor mala fructus bonos fácere. Omnis arbor quæ non facit fructum bonum, excidétur, et in ignem mittétur, allelúia.

    Il n’est pas possible qu’un arbre bon produise de mauvais fruits, ni qu’un arbre mauvais produise de bons fruits. Tout arbre qui ne porte point de bon fruit sera coupé et jeté au feu, alléluia.

    Homélie de saint Hilaire sur l’évangile (lecture des matines) :

    Le Seigneur nous recommande d’évaluer aux fruits des œuvres les paroles de flatterie et les apparences de douceur et de n’apprécier personne tel qu’il se dépeint en paroles, mais bien tel qu’il se présente par ses actes ; car la rage du loup se couvre chez plus d’un de la peau du mouton. Les épines ne produisent, pas de raisins, ni les chardons des figues, et les arbres mauvais ne donnent pas de bons fruits : le Seigneur nous enseigne par là que la réalité des bonnes œuvres ne consiste pas en de telles apparences, et qu’il faut donc reconnaître chacun à ses fruits.

    Car ce n’est pas uniquement le zèle en paroles qui obtiendra le Royaume des Cieux et ce n’est pas celui qui dit : « Seigneur, Seigneur » qui en recueillera l’héritage. Quel mérite y a-t-il en effet à dire « Seigneur, Seigneur » au Seigneur ? Ne serait-il pas Seigneur si nous ne l’appelions ainsi ? Et quelle marque de sainteté y a-t-il à lui donner ce nom ? C’est en obéissant à la volonté de Dieu bien plus qu’en lui décernant un titre qu’on trouvera l’accès au Royaume des Cieux.

    « Beaucoup me diront en ce jour-là : “Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ?” Ici encore, c’est la fourberie des faux prophètes que le Seigneur condamne ainsi que les artifices des hypocrites qui tirent présomptueusement gloire de la vertu de leurs paroles, de la prédication de la doctrine, de la mise en fuite des démons et d’autres prodiges semblables. Et ils se promettent ainsi le Royaume des Cieux, comme s’ils tenaient d’eux-mêmes ce qu’ils disent et réalisent, et comme si tout bien ne procédait pas de la puissance de Dieu qu’ils ont invoquée : car la science de la doctrine se tire de la lecture et le nom du Christ met en fuite les démons.

    L’éternité bienheureuse requiert donc notre effort, il nous faut nous dépenser un peu nous-mêmes : nous attacher au bien, éviter tout mal, obéir de tout cœur aux préceptes divins, et en accomplissant semblables devoirs, nous serons connus de Dieu. Faisons ce qu’il veut au lieu de tirer gloire de ce qu’il peut, lui qui rejette et repousse ceux dont les œuvres sont impies : il ne les connaît pas.

  • 36

     C’est le nombre de vidéos de la liturgie de l’Eglise grecque-catholique italo-albanaise que j’ai mises en ligne à ce jour sur la chaîne YouTube que j’ai créée à cette intention. D’autres sont en préparation. Je me permets de signaler particulièrement, parmi les dernières, deux fleurons de la liturgie de la Passion en langue arberèche à Piana degli Albanesi : la troisième « stance » des matines du samedi saint, poignante déploration au sépulcre du Christ, qui est suivie presque immédiatement des « louanges de la Résurrection », hymne triomphale d’une impatiente liturgie qui anticipe l’événement de 24 heures…

  • Sant Camille de Lellis

    Dans son encyclique “Deus caritas est”, le Pape Benoît XVI a mentionné Camille de Lellis parmi les “modèles éminents de charité sociale”, en le montrant en exemple pour tous les hommes de bonne volonté. A juste titre Camille mérite d’être pris comme modèle, en particulier pour la contribution qu’il a apportée, dans le domaine humain, au développement de l’assistance aux malades, au point d’être défini comme l’“initiateur d’une nouvelle école de charité” par Benoît XIV dans le décret de canonisation.

    Touché par les conditions misérables dans lesquels versaient les malades hébergés dans les hôpitaux, Camille décide de donner vie “à une compagnie d’hommes honnêtes ”, qui prennent soin des malades, simplement motivés par l’ardeur apostolique. Son zèle fut tel qu’il contribua au développement initial des sciences infirmières, en codifiant un code déontologique pour ses disciples qui des siècles plus tard, sera repris par les sciences infirmières modernes.

    La profonde spiritualité qui fit agir Camille le rendit capable de percevoir les besoins de l’homme malade et de stimuler ses disciples à en prendre soin, avec une attention définie aujourd’hui d’“assistance globale”. Ce faisant, Camille anticipa de plusieurs siècles ceux qui sont considérés comme fondateurs de la théorie de l’assistance infirmière, une activité qui au XVIe siècle était imposée à ceux qui devaient purger une peine. Camille n’est donc pas le continuateur de la tradition millénaire de l’Eglise dans le domaine de la charité : il en réalise le contenu spirituel avec l’attention et la priorité donnée à la personne humaine. Avec l’invitation à prendre soin des malades “avec la même affection qu’une mère envers son unique fils infirme”, Camille indique non seulement la façon de servir mais aussi à mettre la personne du malade au centre de la pratique de ses disciples.

    Cette attention le porte à des propositions innovantes dans le domaine de l’assistance telles d’entrer à bon droit dans le code professionnel de celui qui exerce l’art de l’assistance. Effectivement, en lisant les “Règles qui doivent être tenues dans les hôpitaux pour bien servir les infirmes” - écrites par Camille pour ses disciples qui opèrent à l’Hôpital Ca’ Granda de Milan - on doit reconnaître qu’il se réfère à ce que l’on appelle aujourd’hui “les besoins d’assistance infirmiers” (comment alimenter une personne, comment la déplacer, comment l’aider à se reposer, comment l’aider dans l’élimination urinaire et intestinale). Pour répondre à ces besoins saint Camille propose des techniques nouvelles. Par exemple, il invente la technique de l’hygiène du creux oral : dans la situation de limitation physique, elle fut “une charité particulièrement chère tant inusitée”, jamais vue auparavant.

    Saint Camille inventa la réfection du “lit occupé”, de même que la modalité pour refaire le lit - une technique qui requiert des précautions particulières - quand la personne ne pouvait pas être levée et nécessitait un plus grand confort. Il inventa aussi des aides pour éviter que ses malades soient contraints à aller “aux cabinets qui sont sales, puent et sont encore couvert de boue”. Ces petits exemples simples servent à montrer la puissance de la Grâce transformante. Camille, un homme de peu d’étude, savait comprendre l’unité et l’unicité de la personne humaine, en offrant des réponses personnelles aux besoins individuels, avec créativité et compétence.

    Frère Luca Perletti, Secrétaire Général des Missionnaires Camilliens

    (Fides)

  • Saint Alexis

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    Screenshot_2020-07-16 Le Martyrologe romain traduit en français Tome contenant janvier et février.png

    Le martyrologe romain, traduit par le P.Simon Mothier de la Compagnie de Jésus, 1705.

  • Notre Dame du Mont Carmel

    Allelúia, allelúia. V/. Per te, Dei Génetrix, nobis est vita pérdita data : quæ de cælo suscepísti prolem, et mundo genuísti Salvatórem. Allelúia.

    Allelúia, allelúia. Par vous, ô Mère de Dieu, nous a été rendue la vie que nous avions perdue ; vous qui avez reçu du ciel un rejeton, et qui avez mis au monde le Sauveur. Alléluia.

  • Saint Henri

    Deus, qui hodiérna die beátum Henrícum Confessórem tuum e terréni cúlmine impérii ad regnum ætérnum transtulísti : te súpplices exorámus ; ut, sicut illum, grátiæ tuæ ubertáte prævéntum, illécebras sǽculi superáre fecísti, ita nos fácias, eius imitatióne, mundi huius blandiménta vitáre, et ad te puris méntibus perveníre. Per Dóminum nostrum.

    O Dieu, en ce jour, vous avez fait passer le bienheureux Henri, votre Confesseur, du sommet de l’empire de la terre au royaume du ciel : nous vous demandons en suppliant que, comme en le prévenant par l’abondance de votre grâce, vous l’avez fait triompher des attraits du siècle, vous nous fassiez aussi, à son imitation, éviter les séductions du monde et parvenir jusqu’à vous avec des cœurs purs.

    « Nous devons abandonner les biens temporels et mettre au second plan les avantages terrestres pour nous efforcer d’atteindre les demeures célestes qui sont éternelles. Car la gloire présente est fugitive et vaine si, tandis qu’on la possède, on omet de penser à l’éternité céleste. » (Lettre à l’évêque de Bamberg.)

    • Le sacramentaire de saint Henri 1, 2, 3.
  • Saint Bonaventure

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    Le canon commence par ces mots : « Te igitur clementissime Pater, etc. Nous vous supplions donc, ô Père très-clément, etc. Cette conjonction igitur, donc, se rapporte à la préface et au sanctus qui ont précédé. C'est comme si le prêtre, parlant en la personne de l'Eglise, disait : « O Dieu tout-puissant, puisque vous avez bien voulu nous admettre à mêler nos louanges à celles des saints anges et à vous adresser les mêmes chants, nous vous supplions humblement, Père très-clément, et nous vous demandons, par Jésus-Christ, de daigner avoir pour agréables ces dons et de les bénir. »

    Il nous faut remarquer que, par une disposition de la providence divine, il est arrivé que la lettre T, dont la forme nous offre une image de la croix s'est trouvée la première du canon de la messe. Dans plusieurs sacramentaires on a tracé l'image même de Jésus crucifié, afin que non-seulement l'intelligence de cette lettre, mais la vue de la chose figurée rappelât à notre mémoire la Passion du Seigneur. La lettre T nous indique le mystère de la croix, et c'est pour cela que Dieu a dit par son Prophète : « Marquez un thau sur le front des hommes qui gémissent et qui sont dans la douleur de voir toutes les abominations qui se font au milieu de Jérusalem », afin qu'ils ne soient pas frappés par l'Ange. Conservons donc dévotement ce signe qui a été imprimé sur nos fronts dans la confirmation par l'onction de la Passion du Seigneur. C'est encore afin que ce souvenir nous fût toujours présent qu'il a été défendu, par les saints Pères, à tout prêtre de célébrer la messe sur un autel où il n'y aurait pas de crucifix. Que le prêtre, en le contemplant et en voyant ses bras étendus afin de supplier pour les péchés du peuple, ne rougisse donc pas d'étendre aussi ses bras vers lui en forme de croix, car l'Apôtre a dit : « Loin de moi de me glorifier ailleurs que dans la croix de Jésus-Christ Notre-Seigneur, par qui le monde est crucifié pour moi, et moi crucifié pour le monde. »

    Mais, puisque nous avons parlé de la croix sainte est des figures qui la représentent, qu'il nous soit permis de dire quelque chose des sens cachés qu'elle renferme.

    La croix est l'étendard du commandement placé sur l'épaule du Sauveur. O signe inestimable et vraiment abondant en mystères ! La croix est l'arbre de vie planté au milieu du Paradis, et d'où s'échappent les quatre fleuves des Evangiles ; c'est la charité, ou autrement la mesure qui a perfectionné l'arche du salut, c'est-à-dire l'Eglise. C'est l'autel sur lequel Abraham a immolé Isaac, sur lequel le Père céleste a sacrifié Jésus-Christ Notre-Seigneur. C'est le bois jeté dans Mara, le bois mêlé à l'amertume du monde et qui a rendu douces les eaux de la loi ; car nous avons appris, par la croix, à aimer nos ennemis, ce que le Testament ancien n'enseignait point, puisqu'il disait : « Vous aurez de la haine pour votre ennemi, vous exigerez œil pour œil, dent pour dent. » La croix est la verge avec laquelle la pierre fut frappée, et cette pierre, c'est Jésus-Christ. Sous ses coups, des fleuves immenses de sang et d'eau ont jailli, et nos âmes y ont trouvé la vie et l'innocence. C'est le poteau où fut attaché le serpent d'airain, où Jésus-Christ fut suspendu ; et tous ceux qui jettent dessus un regard fidèle sont guéris des morsures enflammées du serpent infernal. C'est la guitare touchée par le vrai David, par Jésus-Christ, alors qu'il s'y tenait expirant et dont les accords éloignaient du genre humain, image de Saül, les attaques de l'esprit diabolique. La croix est ces deux morceaux de bois recueillis par la veuve de Sarepta, ou autrement l'Eglise, afin de cuire du pain pour elle et son fils, car c'est sur la croix que Jésus-Christ est devenu un pain véritable. Elle est ce bois d'Elisée, qui a fait surnager le fer des profondeurs de l'eau, car nous avons été par elle arrachés aux abîmes de la mort, et c'est à Elisée devenu chauve, à Jésus-Christ dépouillé de ses vêtements sur la croix et percé de clous au Calvaire, que nous devons ce bonheur. La croix est ce bois dont les Juifs ont dit dans Jérémie : « Venez, mélangeons du bois à son pain » ; c'est-à-dire : faisons mourir le Christ sur la croix. Elle est le palmier sur lequel Jésus est monté et dont il a cueilli le fruit, la rédemption du genre humain. Elle est la clé de David, qui a ouvert la porte du ciel et nous y a introduits.

    Saint Bonaventure, Explication des cérémonies de la sainte Messe.

    (Sacramentaire de Charles le Chauve)

  • Splendor Patérnae gloriæ

    Le 6 juillet j’ai donné l’hymne des laudes chanté par les chartreux. Le voici à la cathédrale de Milan en 1974.


    podcast

    Splendor Patérnae gloriæ,
    De luce lucem próferens,
    Lux lucis, et fons lúminis,
    Diem dies illúminans:

    Splendeur de la gloire du Père
    Lumière née de la Lumière
    Source vive de clarté
    Jour illuminant le jour

    Verúsque sol illábere,
    Micans nitóre pérpeti:
    Jubárque Sancti Spíritus
    Infúnde nostris sénsibus.

    Vrai soleil éclatant, descends sur nous
    Brille d'un éclat sans fin
    Fais luire dans nos cœurs
    Les rayons de l'Esprit divin

    Votis vocémus et Patrem,
    Patrem perénnis glóriæ:
    Patrem poténtis grátiæ,
    Culpam reléget lúbricam.

    Qu'il nous donne de chanter le Père
    Père de gloire éternelle
    Père de grâce puissante
    Qui éloigne notre faute

    Informet actus strénuos:
    Dentes retúndat ínvidi:
    Casus secúndet ásperos:
    Donet gerendi gratiam.

    Qu'il donne force à nos actes
    Qu'il terrasse l'ennemi
    Et qu'il nous donne dans les épreuves
    La grâce pour agir

    Mentem gubérnet et regat:
    Casto fideli corpore :
    Fides calóre férveat,
    Fraudis venéna nésciat.

    Qu'il dirige notre intelligence
    Qu'il garde notre corps
    Que notre foi soit ardente
    Qu'elle soit simple et sans détour

    Christúsque nobis sit cibus,
    Potúsque noster sit fides:
    Læti bibámus sóbriam
    Ebrietatem Spíritus.

    Que le Christ soit notre nourriture
    La foi notre breuvage
    Que la sobre ivresse de l'Esprit
    Soit la joie de ce jour

    Lætus dies hic tránseat:
    Pudor sit ut dilúculum:
    Fides velut merídies:
    Crepúsculum mens nésciat.

    Que ce jour s'écoule joyeux
    Son matin c'est la pureté
    Qu'à midi brille la foi
    Qui vaincra les ombres du soir

    Auróra cursus próvehit,
    Auróra totus pródeat
    In Pátre totus Fílius,
    Et totus in Verbo Pater.

    Comme le soleil brille à nos yeux
    Avec l'aurore viennent vers nous
    Le Fils, tout entier dans le Père
    Et le Père, tout entier dans le Fils.