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Liturgie - Page 132

  • Saint Henri

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    Reliquaire de saint Henri et sainte Cunégonde, vers 1430-1440, trésor de la cathédrale de Paderborn.

    Un empereur du Saint-Empire romain-germanique, qui monte au sommet de la perfection chrétienne et de la sainteté, ce n’est pas un fait commun ; aussi la fête de ce jour appelle-t-elle toute notre pieuse attention sur les fastes glorieux de saint Henri.

    Il semble en effet que les vertus, les béatitudes du sermon sur la montagne, rencontrent une difficulté spéciale quand on les doit pratiquer sur un trône glorieux, au milieu du faste des richesses, de la puissance, des triomphes, et non dans une situation humble et pénible.

    L’Écriture elle-même traite d’extraordinaire le cas d’un riche qui n’a pas couru après l’or, et la liturgie, dans les rares occasions où elle a dû célébrer les louanges des saints rois, n’a pas manqué de faire remarquer combien est plus ardue et plus glorieuse la victoire remportée par eux contre les vaines séductions de la puissance mondaine.

    Il sembla qu’au XIe siècle Henri II ressemblait à Constantin. A plusieurs reprises il descendit en Italie pour défendre contre les factions le Pontife légitime. Par amour pour l’Église romaine, il prit les armes contre les Grecs qui avaient occupé le sud de l’Italie. Il employa ses trésors à fonder des sièges épiscopaux, à enrichir des églises, à doter des monastères ; bien plus : il envoya un jour à l’abbaye de Cluny, pour qu’ils fussent offerts au Sauveur, ses insignes impériaux eux-mêmes.

    Bienheureux Cardinal Schuster

    • Le sacramentaire de saint Henri 1, 2, 3.

  • Saint Bonaventure

    Examinons maintenant pourquoi, à la consécration, le prêtre élève le corps du Seigneur et le montre ainsi aux fidèles. On en donne plusieurs raisons.

    La première et la principale, c'est afin de recouvrer la faveur de Dieu le Père, que nous avons perdue par nos péchés. Le péché seul offense et irrite Dieu, selon cette parole du Psalmiste : « Ils ont allumé sa colère par leurs œuvres criminelles. » Le prêtre élève donc le corps de Jésus-Christ comme pour dire : « O Père céleste, nous avons péché et nous avons provoqué votre colère. Mais maintenant abaissez vos regards sur la face de votre Christ que nous vous présentons afin de changer votre indignation en miséricorde. Ne détournez donc point vos yeux de dessus votre enfant; mais souvenez-vous que vous avez dit vous-même en parlant de lui : « C'est ici mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances. Corrigez miséricordieusement en nous tout ce qui est répréhensible ; convertissez-nous à vous, et détournez votre colère de dessus nos têtes. »

    Cette élévation a lieu aussi pour demander et obtenir tous les biens dont nous avons besoin pour la vie présente et la vie future. Or, le premier bien nécessaire en ce monde, c'est la paix, et nul ne saurait l'avoir que par l'éloignement de tout péché mortel. C'est de cette paix que Jésus-Christ a dit : « Je vous donne ma paix. » Le second bien, c'est la charité, et elle nous est nécessaire pour la vie future. Ici-bas elle dirige l'homme et le conduit au céleste bonheur. De là cette parole de saint Jean : « Celui qui demeure en la charité, demeure en Dieu. » Lors donc que le prêtre élève le corps du Seigneur, il semble nous dire : « Si vous voulez obtenir ce qui fait l'objet de vos désirs, ayez la paix entre vous et conservez une charité mutuelle, car Jésus-Christ, par sa mort, nous a réconciliés avec Dieu et les anges, et, par sa charité, il nous a préparé les biens éternels. »

    En troisième lieu, l'élévation se fait en reconnaissance du droit que nous avons dans le ciel, droit dont nous jouissons maintenant par l'espérance, et qui après la mort se changera en réalité. Ce droit n'est autre que la vie éternelle elle-même. De là ces paroles de Notre-Seigneur, dont voici le sens : « Je suis venu en ce monde afin que mes imitateurs aient la vie dans le temps présent, et qu'ils la possèdent plus abondamment encore dans l'éternité. » Ce droit a été écrit d'une manière toute spéciale comme un privilège, c'est-à-dire qu'en Jésus-Christ il a été gravé avec un stylet de fer, lorsque le côté du Sauveur fut ouvert par la lance, lorsque ses mains et ses pieds furent percés par les clous. Le prêtre, élevant donc le corps du Seigneur, semble s'écrier : « O esprits angéliques présents à ce sacrifice, soyez témoins que la vie éternelle est notre droit ; et c'est pour le confirmer que nous élevons le gage que nous en avons reçu, Jésus-Christ immolé pour nous. »

    La quatrième raison, c'est afin de montrer la puissance de Dieu. C'est en effet une grande marque de la puissance divine de voir que, par ces seules paroles : Ceci est mon corps, le pain se soit changé substantiellement au corps de Jésus-Christ. C'est là un changement opéré par la droite du Très-Haut, un changement qui surpasse toutes nos pensées. Le prêtre, élevant le corps du Seigneur, nous dit donc par cette action : « Il n'y a qu'un instant, vous avez vu du pain sur l'autel : maintenant que la consécration est accomplie, contemplez le corps de Jésus. Mais si Dieu est assez puissant pour produire un tel changement, il le sera assez pour nous amener du péché à la grâce et ensuite à la gloire. »

    La cinquième raison, c'est afin de faire connaître aux hommes la sagesse de Dieu. En effet, Jésus-Christ nous donne une preuve de sa sagesse admirable et ineffable en se montrant ainsi voilé à nos yeux ; et c'est de ce voile dont il est couvert que le Prophète a parlé quand il a dit : « Vous êtes vraiment un Dieu caché, le Dieu sauveur d'Israël. »

    Nous devons remarquer ici que le Seigneur s'est caché pour plusieurs motifs sous la forme du pain. S'il eût paru à nos yeux tel qu'il est ou tel qu'il fut sur la croix, beaucoup eussent pris la fuite de frayeur sans pouvoir se résoudre à le recevoir, selon qu'il arriva lorsque le Sauveur eut dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, vous n'aurez point la vie en vous. » Plusieurs se retirèrent effrayés et cessèrent de marcher à sa suite, car ils s'imaginaient qu'ils devraient se nourrir de lui en déchirant ses membres; ce qui , en effet , eût été quelque chose d'horrible pour notre nature. Mais, dans la Cène, il a voilé son corps et son sang, et c'est en cet état qu'il l'a donné en nourriture aux hommes. Il y a encore d'autres raisons de cette manière d'être du Seigneur sous les espèces sacramentelles; mais je n'en parlerai pas ici.

    On élève, en sixième lieu , le corps de Jésus-Christ afin de nous montrer sa générosité envers nous. Quelle générosité plus grande, en effet, que de donner à manger à l'homme le pain des anges ! Le prêtre, en offrant ainsi à nos regards le corps du Seigneur, nous crie donc : « O fidèles de Jésus-Christ ! contemplez et réjouissez-vous ! voici la céleste nourriture des anges que le Roi généreux des cieux nous a donnée afin que nous soyons remplis de toute grâce et de toute bénédiction! Mais, malheur à celui qui ne s'inquiète nullement de recevoir ce très-saint aliment et qui s'en éloigne ! En lui s'accomplit cette parole du prophète Élisée : « Vous le verrez, et vous n'en serez point participant. » Beaucoup, en effet, voient le corps du Seigneur, mais n'y participent pas et s'en éloignent par leurs péchés.

    La septième raison de l'élévation du corps de Jésus, c'est afin de nous manifester sa bonté. Quelle bonté plus admirable que celle qui porte le Sauveur à se rendre captif sur nos autels ! Aussi avait-il dit de lui-même en la personne de Jérémie : « Me voici entre vos mains, faites de moi ce qu'il vous plaira. » Remarquez bien que, lorsqu'un chef est prisonnier pour les siens, on ne le relâche pas qu'il n'ait donné une rançon considérable. Ainsi ne devons-mous point laisser s'en aller Jésus, notre captif, qu'il ne nous ait accordé la rémission de nos péchés, et que nous n'ayons reçu de lui le royaume des cieux. Le prêtre, donc, élevant le corps du Seigneur, nous dit : « Voilà que nous avons en notre puissance celui que le monde entier ne saurait contenir, ne souffrons donc pas qu'il s'en aille avant d'avoir obtenu de lui l'objet de nos demandes. »

    La huitième raison, c'est afin de réjouir la sainte Eglise en lui présentant l'étendard sous lequel elle doit combattre, afin que ceux qui marchent sous cet étendard sacré puisent dans sa vue la joie et le courage. La vie de l'homme est un combat, dit Job ; aussi le prêtre semble-t-il dire aux élus, en offrant à leurs yeux le corps du Seigneur : « Ne craignez pas, mais combattez avec assurance. Voici notre étendard : c'est sur la croix qu'il a reçu, à cause de nous, cette couleur ensanglantée. Voici Jésus notre Seigneur, il se tient au milieu de nous. »

    La neuvième raison, c'est afin de nous donner un modèle à imiter et à suivre. Ainsi, pour que les pécheurs s'excitent à marcher après lui et ne désespèrent pas du pardon, le Fils de Dieu montre son côté à son Père et offre ses blessures à ses yeux. Ce qui fait dire à saint Bernard : « Nous pouvons nous approcher de Dieu en toute sécurité, car le Fils présente les citatrices de ses plaies à son Père, et Marie son sein au fils qu'elle a nourri. » Le prêtre, à l'élévation, crie donc au pécheur et à tous les chrétiens : « Voici le Fils de Dieu qui a été étendu et élevé sur la croix. Suivez-le afin de souffrir au moins quelque chose pour celui qui a tout souffert pour vous. » Saint Pierre a dit : « Jésus-Christ a souffert pour nous, et il vous a laissé l'exemple afin que vous marchiez sur ses traces. » Nous devons donc lui compatir et ne jamais oublier le bienfait de sa Passion.

    Explication des cérémonies de la sainte Messe.

  • (Saint Eugène de Carthage)

    Le martyrologe de ce jour commence par saint Henri, « empereur des Romains », né au ciel le 13 juillet 1024. Mais « sa fête se célèbre le jour des ides de ce mois », à savoir le 15 juillet. Urbain VIII avait placé sa « mémoire » au 13 juillet, le jour où était fêté saint Anaclet. En 1668, Clément IX promut la mémoire de saint Henri au rang de « semidouble », et la déplaça au 15 juillet qui était libre. En 1960 la fête de saint Anaclet fut supprimée, pour cause de doublon avec celle de saint Clet (et saint Marcellin), les historiens modernes ayant décidé que Clet et Anaclet étaient un seul et même pape. (Et dans le nouveau calendrier saint Henri retourna au 13 juillet, avec le rang fantomatique de « mémoire facultative ».)

    De ce fait depuis 1960 il n’y a curieusement aucun saint romain du martyrologe le 13 juillet. La plus longue notice du jour, l’une des plus longues de l’année, concerne saint Eugène de Carthage et ses compagnons. Qui ne sont pas martyrs, malgré ce qu’une lecture rapide pourrait laisser penser :

    En Afrique, les saints confesseurs Eugène, évêque de Carthage, illustre par sa Foi et ses vertus, et avec lui tous les clercs de son église, au nombre d'environ cinq cents, ou même davantage. Durant la persécution des Vandales, sous le roi arien Hunéric, ils endurèrent les fouets et la faim. Parmi eux, se trouvaient beaucoup d'enfants qui remplissaient l'office de lecteurs ; tous souffrirent ensuite avec joie les rigueurs d'un cruel exil. Les plus célèbres étaient l'archidiacre nommé Salutaire, et Muritte le second des officiers de cette église ; ces derniers ayant confessé le Christ pour la troisième fois, eurent tous deux la gloire d'avoir persévéré avec constance dans leur confession.

    En 484, Hunéric, énervé par l’échec du concile qu’il avait organisé avec Eugène, exila 46 évêques en Corse et 302 dans les déserts africains, dont Eugène vers Tripoli. Eugène écrivit aux fidèles de Carthage une lettre les exhortant à demeurer catholiques, lettre qui a été recueillie et publiée par Grégoire de Tours. Trois ans plus tard, le successeur de Hunéric permet à Eugène de revenir. Mais huit ans après il est condamné à mort, peine muée en exil près d’Albi, où il meurt en 505.

    Le martyrologe de ce jour se termine par un saint breton : saint Turiau, « évêque et confesseur, homme d'une simplicité et d'une innocence de vie remarquables » (miræ simplicitátis et innocéntiæ viri). Saint Turiau (ou encore Thuriau, Thurien, Thurial), évêque de Dol, est mort le 13 juillet 749. Lors des raids vikings son corps fut transféré à Paris, à Saint-Germain des Prés, où il fut détruit en 1793…)

  • Saint Jean Gualbert

    Il y a au Louvre une série de peintures assez étonnantes : trois scènes de la vie de saint Jean Gualbert, de l’école de Marco Palmezzano, Romagne, premier quart du XVIe siècle.

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    Il prend l’habit monastique contre la volonté de son père.

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    En présence de saint Jean Gualbert, le bienheureux Petrus Igneus subit l'ordalie du feu contre l'archevêque de Florence.

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    La mort de saint Jean Gualbert

     

  • 7e dimanche après la Pentecôte

    Pour la communion le missel dit :

    Inclína aurem tuam, accélera, ut erípias me.

    Incline vers moi ton oreille ; hâte-toi de me délivrer.

    Mais l'antiphonaire chante :

    Inclína aurem tuam, accélera, ut éruas nos.

    Incline vers moi ton oreille ; hâte-toi de nous libérer.

    Le texte de cette antienne de communion est le deuxième verset du psaume 30. Avec l’omission de « ad me » (Inclina ad me aurem tuam). Curieusement, si le missel dit « ut eripias me », comme le psautier romain, l’antiphonaire a « ut eruas nos », donc avec le verbe de la Vulgate, mais « nous » au lieu de « moi ».

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    La mélodie, très simple, est rythmée par la formule sol-la-sol-fa, qu’on trouve par moins de cinq fois mais avec une suite chaque fois différente si bien qu’on ne remarque pas forcément d’emblée la répétition. C’est sur accelera qu’elle est la plus développée, avec une descente qui illustre l’accélération demandée, et qui se conclut sur la tonique.

    La voici avec deux versets du psaume (selon la Vulgate), semble-t-il par les moines de Triors :

    In te, Dómine, sperávi ; non confúndar in ætérnum : in justítia tua líbera me.

    En toi Seigneur j’ai mis mon espérance, je ne serai pas confondu dans l’éternité, dans ta justice libère-moi.

    Esto mihi in Deum protectórem, et in domum refúgii, ut salvum me facias.

    Sois pour moi un Dieu protecteur, et une maison de refuge, afin de me sauver.

  • Les 7 Frères martyrs

    Marc Aurèle venait de monter sur le trône impérial, où dix-neuf ans de règne n’allaient montrer en lui que le médiocre écolier des rhéteurs sectaires du second siècle. En politique comme en philosophie, le trop docile élève ne sut qu’épouser les étroites et haineuses idées de ces hommes pour qui la lumineuse simplicité du christianisme était l’ennemie. Devenus par lui préfets et proconsuls, ils firent de ce règne si vanté le plus froidement persécuteur que l’Église ait connu. Le scepticisme du césar philosophe ne l’exemptait pas au reste de la loi qui, chez tant d’esprits forts, ne dépossède le dogme que pour mettre en sa place la superstition. Par ce côté la foule, tenue à l’écart des élucubrations de l’auteur des Pensées, retrouvait son empereur ; césar et peuple s’entendaient pour ne demander de salut, dans les malheurs publics, qu’aux rites nouveaux venus d’Orient et à l’extermination des chrétiens. L’allégation que les massacres d’alors se seraient perpétrés en dehors du prince, outre qu’elle ne l’excuserait pas, ne saurait se soutenir ; c’est un fait aujourd’hui démontré : parmi les bourreaux de tout ce que l’humanité eut jamais de plus pur, avant Domitien, avant Néron lui-même, stigmatisé plus qu’eux de la tache du sang des martyrs, doit prendre place Marc Aurèle Antonin.

    La condamnation des sept fils de sainte Félicité fut la première satisfaction donnée par le prince à la philosophie de son entourage, à la superstition populaire, et, pourquoi donc hésiter à le dire si l’on ne veut en plus faire de lui le plus lâche des hommes, à ses propres sentiments. Ce fut lui qui, personnellement, donna l’ordre au préfet Publius d’amener à l’apostasie cette noble famille dont la piété irritait les dieux ; ce fut lui encore qui, sur le compte rendu de la comparution, prononça la sentence et arrêta qu’elle serait exécutée par divers juges en divers lieux, pour notifier solennellement les intentions du nouveau règne. L’arène, en effet, s’ouvrait à la fois sur tous les points, non de Rome seule, mais de l’empire ; l’intervention directe du souverain signifiait aux magistrats hésitants la ligne de conduite qui ferait d’eux les bienvenus du pouvoir. Bientôt Félicité suivait ses fils ; Justin le Philosophe expérimentait la sincérité de l’amour apporté par César à la recherche de la vérité ; toutes les classes fournissaient leur appoint aux supplices que le salut de l’empire réclamait de la haute sagesse du maître du monde : jusqu’à ce que sur la fin de ce règne qui devait se clore, comme il avait commencé, comme il s’était poursuivi, dans le sang, un dernier rescrit du doux empereur amenât les hécatombes où Blandine l’esclave et Cécile la patricienne réhabilitaient par leur courage l’humanité, trop justement humiliée des flatteries données jusqu’à nos temps à ce triste prince.

    Jamais encore le vent du midi n’avait à ce point fait de toutes parts couler la myrrhe et les parfums dans le jardin de l’Époux ; jamais contre un effort aussi prolongé de tous ses ennemis, sous l’assaut combiné du césarisme et de la fausse science donnant la main aux hérésies du dedans, jamais pareillement l’Église ne s’était montrée invincible dans sa faiblesse comme une armée rangée en bataille. L’espace nous manque pour exposer une situation qui commence à être mieux étudiée de nos jours, mais reste loin d’être pleinement comprise encore. Sous le couvert de la prétendue modération antonine, la campagne de l’enfer contre le christianisme atteint son point culminant d’habileté à l’époque même qui s’ouvre par le martyre des sept Frères honorés aujourd’hui. Les attaques furibondes des césars du troisième siècle, se jetant sur l’Église avec un luxe d’atrocités que Marc Aurèle ne connut pas, ne seront plus qu’un retour de bête fauve qui sent lui échapper sa proie.

    Les choses étant telles, on ne s’étonnera pas que l’Église ait dès l’origine honoré d’un culte spécial le septénaire de héros qui ouvrit la lutte décisive dont le résultat fut la preuve qu’elle était bien désormais invincible à tout l’enfer. Et certes, le spectacle que les saints de la terre ont pour mission de donner au monde eut-il jamais scène plus sublime ? S’il fut combat auquel purent applaudir de concert et les anges et les hommes, n’est-ce pas celui du 10 juillet 162, où, sur quatre points à la fois des abords de la Ville éternelle, conduits par leur héroïque mère, ces sept fils de l’antique patriciat engagèrent l’assaut qui devait, dans leur sang, arracher Rome aux parvenus du césarisme et la rendre à ses immortelles destinées ? Quatre cimetières, après le triomphe, obtinrent l’honneur d’accueillir dans leurs cryptes sacrées les dépouilles des martyrs ; tombes illustres, qui devaient en nos temps fournir à l’archéologie chrétienne l’occasion des plus belles découvertes et l’objet des plus doctes travaux. Aussi loin qu’il est possible de remonter à la lumière des plus authentiques monuments, le VI des ides de juillet apparaît, dans les fastes de l’Église Romaine, comme un jour célèbre entre tous, en raison de la quadruple station conviant les fidèles aux tombeaux de ceux que par excellence on nommait "les Martyrs". L’âge de la paix maintint aux sept Frères une dénomination d’autant plus glorieuse, au sortir de la mer de sang où sous Dioclétien l’Église s’était vue plongée ; des inscriptions relevées dans les cimetières mêmes qui n’avaient pas eu la faveur de garder leurs restes, désignent encore au IVe siècle le 11 juillet sous l’appellation de "lendemain du jour des Martyrs".

    L'Année liturgique

  • Te lucis ante terminum

    L’hymne des complies, dans sa version authentique, telle qu’elle se trouve dans le bréviaire monastique, et chantée par les moines de Solesmes sous la direction de dom Gajard.

    Te lucis ante terminum,
    rerum Creator, poscimus
    ut solita clementia
    sis praesul ad custodiam.

    C'est vous, Créateur du monde
    Qu'avant la nuit, nous prions :
    En votre bonté accoutumée,
    Veillez sur nous pour nous garder.

    Procul recedant somnia
    et noctium phantasmata ;
    hostemque nostrum comprime,
    ne polluantur corpora.

    Qu'au loin s'enfuient les songes
    Et les fantômes de la nuit ;
    Et réprimez notre ennemi,
    Que nos corps ne soient pas souillés.

    Præsta, Pater omnípotens,
    per Jesum Christum Dóminum,
    qui tecum in perpétuum
    regnat cum Sancto Spíritu. Amen.

    Faites-nous cette grâce, ô Père tout-puissant,
    Par Jésus-Christ notre Seigneur,
    Qui règne éternellement
    Avec vous et le Saint-Esprit. Amen.

  • Sainte Elisabeth de Portugal

    Domáre cordis ímpetus Elísabeth
    Fortis, inópsque Deo
    Servíre, regno prǽtulit.

    Dompter les mouvements de son cœur
    et servir Dieu dans la pauvreté,
    c’est ce que l’héroïque Élisabeth préféra à un royaume.

    En fúlgidis recépta cæli sédibus,
    Sidereǽque domus
    Ditáta sanctis gáudiis.

    Aussi la voilà reçue dans l’éblouissant palais du ciel,
    et inondée des saintes délices
    de la demeure céleste.

    Nunc regnat inter cǽlites beátior,
    Et premit astra, docens
    Quæ vera sint regni bona.

    Plus heureuse à présent de régner parmi les habitants des cieux,
    elle domine les astres, nous apprenant
    quels sont les biens de la véritable royauté.

    Patri potéstas, Filióque glória,
    Perpetuúmque decus
    Tibi sit, alme Spíritus. Amen

    Puissance au Père, gloire au Fils,
    honneur éternel à vous,
    Esprit vivifiant. Amen.

    Hymne des matines et des vêpres, du pape Urbain VIII qui a mis la reine Elisabeth du Portugal au catalogue des saints en 1625.

    Dans la version de Matías García Benayas, maître de chapelle de la cathédrale de Tui (Galice) entre 1694 et 1737 :

  • Saints Cyrille et Méthode

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    Statue des saints Cyrille et Méthode au sommet du Radhošť (Tchéquie)

    La sollicitude fervente que montrèrent les deux Frères - et particulièrement Méthode, en raison de sa responsabilité épiscopale - pour garder l'unité de la foi et de l'amour entre les Eglises dont ils faisaient partie, c'est-à-dire l'Eglise de Constantinople et l'Eglise romaine d'une part, et les Eglises naissantes en terre slave d'autre part, fut et restera toujours leur grand mérite. Celui-ci apparaît encore plus grand, si l'on pense que leur mission se déroula dans les années 863 à 885, donc au cours des années critiques où se manifestèrent et commencèrent à s'approfondir le désaccord fatal et l'âpre controverse entre les Eglises d'Orient et d'Occident. La division fut accentuée par le problème de l'appartenance canonique de la Bulgarie qui, précisément à ce moment, avait accepté officiellement le christianisme.

    Dans cette période agitée, marquée également par des conflits armés entre peuples chrétiens voisins, les saints Frères de Salonique gardèrent une fidélité ferme et très vigilante à la juste doctrine et à la tradition de l'Eglise parfaitement unie, et en particulier aux « institutions divines » et aux « institutions ecclésiastiques» sur lesquelles, suivant les canons des anciens Conciles, reposait sa structure et son organisation. Cette fidélité leur permit de mener à leur terme leurs grandes tâches missionnaires et de rester pleinement dans l'unité spirituelle et canonique avec l'Eglise romaine, avec l'Eglise de Constantinople et avec les nouvelles Eglises qu'ils avaient fondées parmi les peuples slaves.

    Méthode, en particulier, n'hésitait pas à faire face aux incompréhensions, aux oppositions et même aux diffamations et aux persécutions physiques, plutôt que de manquer à son loyalisme ecclésial exemplaire et pour rester fidèle à ses devoirs de chrétien et d'évêque et aux obligations assumées à l'égard de l'Eglise de Byzance qui l'avait engendré et envoyé comme missionnaire avec Cyrille; à l'égard de l'Eglise de Rome, grâce à laquelle il accomplissait sa charge d'archevêque pro fide dans « les terres de saint Pierre »; à l'égard aussi de cette Eglise naissante en terre slave qu'il considéra comme la sienne et qu'il sut défendre, convaincu de son bon droit, face aux autorités ecclésiastiques et civiles, protégeant spécialement la liturgie en langue paléoslave et les droits ecclésiastiques fondamentaux propres aux Eglises dans les diverses nations.

    Agissant ainsi, il recourait toujours, comme Constantin le Philosophe, au dialogue avec ceux qui étaient opposés à ses idées ou à ses initiatives pastorales et qui mettaient en doute leur légitimité. A cause de cela, il restera toujours un maitre pour tous ceux qui, à n'importe quelle époque, cherchent à atténuer les différends en respectant la plénitude multiforme de l'Eglise qui, conformément à la volonté de son fondateur Jésus Christ, doit être toujours une, sainte, catholique et apostolique: cette consigne est clairement exprimée dans le Symbole des cent cinquante Pères du deuxième Concile œcuménique de Constantinople, qui constitue la profession de foi intangible de tous les chrétiens.

    (Jean-Paul II, Slavorum apostoli)

  • Factum est, dum tolleret Dominus Eliam

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    Un répons des matines.

    ℟. Factum est, dum tólleret Dóminus Elíam per túrbinem in cælum,
    * Eliséus clamábat, dicens: Pater mi, pater mi, currus Israël, et auríga eius.
    . Cumque pérgerent, et incedéntes sermocinaréntur, ecce currus ígneus et equi ígnei divisérunt utrúmque, et ascéndit Elías per túrbinem in cælum.
    ℟. Eliséus clamábat, dicens: Pater mi, pater mi, currus Israël, et auríga eius.

    Il arriva ceci : alors que le Seigneur enlevait Elie par le tourbillon dans le ciel, Elisée criait, disant : Mon père, mon père, le char d’Israël et son conducteur ! ℣. Tandis qu’ils continuaient leur chemin, et qu’ils marchaient en s’entretenant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre, et Elie monta au milieu d’un tourbillon dans le ciel.

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    (Icônes russes du XVIe siècle.)