Le texte suivant est, nous dit-on, affiché à la porte du monastère de Vallombreuse. Il omet « pieusement » d’évoquer les calomnies et la persécution de saint Pierre Damien…
La vie de Jean Gualbert, écrite par Atton de Pistoie, dans les premières années du XIIème siècle, indique comme événement fondateur de la vocation du jeune Jean, le pardon concédé au meurtrier de son frère, qui s’agenouilla devant lui les bras ouverts. Il se rendit dans l’église voisine de Saint Miniat al Monte (Florence), le crucifix inclina miraculeusement la tête pour agréer le geste accompli. Cet événement le conduisit à demander au Père Abbé de l’accueillir dans sa communauté.
L’expérience monastique de Jean Gualbert fut tout de suite marquée par une véritable recherche de la perfection et par une rigueur morale absolue qui trouvèrent leur expression concrète dans sa ferme opposition à la simonie. En effet, dès qu’il apprit que le nouveau Père Abbé de Saint Miniat, Aubert, avait obtenu son élection par simonie et après avoir pris conseil auprès de l’ermite Teuzon, il le dénonça publiquement et quitta la communauté pour rechercher une nouvelle voie qui lui permettrait de vivre son choix radical de vie monastique.
Après un long pèlerinage et un arrêt auprès de l’Abbaye de Camaldoli, Jean Gualbert s’arrêta dans un lieu solitaire des Apennins de la Toscane : Vallombreuse. Là, selon la tradition, il trouva deux ermites, Paul et Gantelme : avec eux et avec l’appui du Père Abbé Garin de Settimo, naquit le premier foyer de la future congrégation vallombrosienne.
Le premier document qui signale avec certitude la naissance de la nouvelle communauté est daté du 27 janvier 1037 : Albert, clerc de Florence, déclare s’être uni aux “fratres in Christo simul congregati in loco Valle umbrosa ubi et Aquabelli vocatur”.
La nouvelle communauté s’engagea activement contre la corruption ecclésiastique, épousant les valeurs du fondateur, choix qui porta Jean Gualbert et ses moines à un conflit ouvert avec l’évêque de Florence, Pierre Mezzabarba, coupable de simonie. La dénonciation publique déclencha la colère de l’évêque qui, appuyé par l’aristocratie florentine, ordonna l’assaut du monastère vallombrosien de Saint Salvi, proche des murailles de la cité de Florence, espérant ainsi réprimer l’opposition ouverte des moines. L’attaque eut lieu de nuit, pendant que la communauté monastique célébrait l’Office des Matines : les assaillants entrèrent dans l’église, brutalisèrent les moines, détruisirent l’édifice en mettant même le feu au monastère. Jean Gualbert loua le courage de ses moines, capables de souffrir au nom de la foi et il vit la fin de la lutte contre Pierre Mezzabarba le 13 février 1068 quand le moine Pierre (ensuite nommé Igné), qu’il avait choisi pour affronter l’épreuve du feu, dans le but d’établir qui disait la vérité, sortit indemne des flammes.
Peu après le Pape Alexandre II, à la vue du résultat de l’ordalie, déposa l’évêque simoniaque mettant définitivement fin à la question. Ce fut à ce moment que Jean vit son travail de réforme du milieu ecclésiastique publiquement reconnu.
A peine cinq ans après l’épreuve du feu, le 12 juillet 1073, Jean Gualbert mourut à Passignano, entouré de l’affection de ses moines auxquels il confia son testament spirituel : Ego Johannes credo et confiteor Fidem quam Sancti Apostoli praedicaverunt et Sancti Patres in quatuor Conciliis confirmaverunt ( Moi Jean je crois et professe la foi que les Saints Apôtres prêchèrent et que les Saints Pères dans les quatre Conciles confirmèrent).
Il fut canonisé sous le pontificat de Célestin III, en 1193, mais pour des raisons inconnues le rite de l’elevatio des reliques survint beaucoup plus tard : le 10 octobre 1210. Depuis ce temps-là, cette date est devenue particulièrement importante et s’est ajoutée à celle du 12 juillet, commémoration de son dies natalis.
En 1595, Clément VIII l'inséra dans le calendrier universel et en 1951 il fut proclamé patron des gardes forestiers italiens par le Pape Pie XII.
Commentaires
Bien que proposée aussi par François d'Assise à un chef musulman, l'ordalie (par le feu ou autre) est interdite par le bon sens et par l'Eglise (concile de Valence, 855). "Tu ne tenteras pas Dieu" (Evangile selon saint Luc, XIV, 12).