Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 14

  • Mercredi des quatre temps

    Dans son Mitrale (VII, 9) Sicard de Crémone, à la fin du XIIe siècle, expliquait les textes de la messe du mercredi des quatre temps dans l'octave de la Pentecôte et la raison pour laquelle le jeûne des quatre temps d'été est associé à cette solennité. (Trouvé sur New Liturgical Movement.)

    L'office du mercredi prêche sur la connaissance, qui est un don de l'Esprit Saint, qui, jusqu'à ce jour, a éclairé les saints. Ce don s'est développé en abondance à partir des cinq livres de Moïse et des quelques écrits des prophètes, comme le prévoyait Daniel, qui disait : « Beaucoup passeront, et la connaissance sera multiple » (Dan. 12, 4).

    L'Évangile nous le révèle mystiquement dans l'histoire des cinq pains et des deux poissons, qui se sont multipliés entre les bouches de ceux qui les ont mangés ; de même, la Loi et les Prophètes se multiplient dans les études de ceux qui les contemplent. ... Et notez que deux lectures sont faites [avant l'Évangile], puisque deux peuples sont convertis à la foi [les Juifs et les Gentils], et parce que ceux qui doivent être ordonnés [à la messe du samedi des quatre temps] sont instruits dans les pages des deux Testaments. Dans l'Évangile, le pain, c'est-à-dire l'Écriture Sainte, est présenté devant eux.

    L'introït qui précède ces lectures est approprié : « Dieu, lorsque tu t'es avancé devant ton peuple, lui frayant un chemin, habitant au milieu de lui, alléluia, la terre s'est émue, les cieux sont tombés, alléluia, alléluia. » Car c'est par la connaissance que Dieu est sorti, c'est-à-dire qu'il s'est fait connaître, et c'est parce qu'en méditant les exposés sacrés, [les Apôtres] ont expliqué les Écritures. C'est pourquoi, dans l'Offertoire, on chante : « J'ai médité sur tes commandements. » Et parce qu'ils disent la même chose et qu'il n'y a pas de division entre eux, l'antienne de communion ajoute à juste titre : « Je vous laisse la paix, alléluia, je vous donne la paix, alléluia ».

    Comprenez que le jeûne de ces quatre temps n'enlève rien à la solennité du Saint-Esprit, mais l'éclaire au contraire, parce que les délices du Saint-Esprit entraînent le dégoût des délices du corps ; et parce que, l'Époux ayant été enlevé, les Apôtres ont dû jeûner, comme le Seigneur l'avait prédit en disant : « L'Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront » (Matthieu 9, 15). C'est pourquoi, remplis de l'Esprit Saint, ils se mirent à jeûner de leur plein gré. C'est pourquoi certains commencent le carême d'été le lundi précédent, mais d'autres considèrent plus justement le jeûne d'aujourd'hui comme le début du jeûne de cette période. Et certains placent la fin [de ce jeûne] à la fête de saint Jean [le Baptiste], qu'il y ait six semaines ou non. D'autres incluent la fête de saint Jean, jeûnant sans point fixe de fin, jusqu'à ce qu'ils accomplissent les six semaines. » (Mitrale, VII, 9)

    (Ce curieux « carême d’été » paraît fort peu documenté. Il est question parfois d’un « carême de saint Jean Baptiste » que suivaient des moines – mais il ne figure pas dans la règle de saint Benoît – et qui aurait été suivi un temps par les laïcs selon un capitulaire de Charlemagne. On constate qu’il ressemble au « carême des apôtres » qu’observent les byzantins entre le deuxième lundi après la Pentecôte et la fête du Précurseur.)

  • Mardi de Pentecôte

    La grâce du Saint-Esprit, du ciel merveilleusement descendue sous forme de langues de feu, illumina les disciples du Christ, les transformant en astres lumineux pour annoncer la Sainte Trinité, sa seule puissance, son unique seigneurie que dans la foi nous glorifions.

    *

    Toute grâce vient du saint Esprit : il est la source des prophéties, il initie les prêtres et confère la sagesse aux illettrés, il transforme en théologiens de simples pêcheurs et tout entière il affermit l'Église rassemblée. Paraclet consubstantiel au Père et au Fils et partageant un même trône avec eux, Seigneur, gloire à toi.

    *

    Glaives forgés par le Ciel, les disciples devinrent tels par la venue de l’Esprit Saint pour consacrer la terre au divin Créateur, pour terrasser les impies, pour briser les armes du démon et donner à nos âmes le salut.

    Liturgie byzantine

  • Lundi de Pentecôte

    La source de l'Esprit est descendue sur les hommes en fleuve de feu, sur les Apôtres illuminés, en spirituelle rosée ; elle leur fut une nuée distillant le feu, une flamme de lumière et de fraîcheur ; en eux la grâce nous fut donnée par le feu et par l'eau : voici la lumière du Paraclet brillant sur l'univers.

    *

    Nous tous sur qui la grâce divine a soufflé, rayonnants de lumière et transformés, merveilleusement transfigurés et contemplant la Sagesse de l'indivisible Trinité, nous glorifions son triple rayonnement.

    *

    Les langues, jadis confondues à cause de l'audace des bâtisseurs, maintenant sont remplies de sagesse par la glorieuse connaissance de Dieu ; jadis le Seigneur condamna pour leur péché les impies, maintenant le Christ illumine par l'Esprit les pécheurs ; jadis en châtiment fut opérée entre les langues la division : entre elles maintenant se renouvelle l'harmonie pour le salut de nos âmes.

    Liturgie byzantine

  • Pentecôte

    Le tropaire et le kondak, chant znamenny, par l’ensemble (russe) Ex libris de Daniil Sayapin.

    Благословен еси, Христе Боже наш,/ Иже премудры ловцы явлей,/ низпослав им Духа Святаго,/ и теми уловлей вселенную,// Человеколюбче, слава Тебе.

    Béni es-Tu Christ notre Dieu, qui a rendu très-sages les pêcheurs, leur envoyant le Saint-Esprit, et qui par eux, a pris au filet l’univers, Ami des hommes, gloire à Toi !

    Егда снизшед языки слия,/ разделяше языки Вышний,/ егда же огненныя языки раздаяше,/ в соединение вся призва,// и согласно славим Всесвятаго Духа.

    Lorsque Tu descendis en confondant les langues, ô Très-Haut, Tu divisas les peuples ; lorsque Tu distribuas les langues de feu, Tu appelas tous les hommes à l’unité, et tous d’une seule voix, nous glorifions le très-saint Esprit.

    *

    Le tropaire, « chant grec » (en slavon), par le chœur « Ancienne Russie », fondé par une mère de cinq enfants dans un village à 100 km au nord-est de Krasnodar (mais diplômée de chant russe ancien au Conservatoire de Saint-Pétersbourg).

    Благословен еси, Христе Боже наш,/ Иже премудры ловцы явлей,/ низпослав им Духа Святаго,/ и теми уловлей вселенную,// Человеколюбче, слава Тебе.

    Béni es-Tu Christ notre Dieu, qui a rendu très-sages les pêcheurs, leur envoyant le Saint-Esprit, et qui par eux, a pris au filet l’univers, Ami des hommes, gloire à Toi !

    *

    Le tropaire et le mégalynaire par le chœur de la Laure de la Trinité Saint-Serge.

    Благословен еси, Христе Боже наш,/ Иже премудры ловцы явлей,/ низпослав им Духа Святаго,/ и теми уловлей вселенную,// Человеколюбче, слава Тебе.

    Béni es-Tu Christ notre Dieu, qui a rendu très-sages les pêcheurs, leur envoyant le Saint-Esprit, et qui par eux, a pris au filet l’univers, Ami des hommes, gloire à Toi !

    Величаем Тя,/ Живодавче Христе,/ и чтим Всесвятаго Духа Твоего,/ Егоже от Отца послал еси// Божественным учеником Твоим.

    Nous Te magnifions, ô Christ donateur de vie et nous vénérons Ton Esprit Tout-saint, que Tu as envoyé du Père à Tes divins disciples.

    *

    (L'icône est celle de la Trinité parce que dans la liturgie byzantine la Pentecôte est la fête de la Sainte Trinité : le jour où la Trinité est entièrement révélée : le Fils envoie l'Esprit qui procède du Père. Le Saint-Esprit est célébré le lendemain, comme le principal protagoniste de la fête, selon la coutume byzantine.)

  • Vigile de la Pentecôte

    1734089213.png

    Dum sanctificátus fúero in vobis, congregábo vos de univérsis terris : et effúndam super vos aquam mundam, et mundabímini ab ómnibus inquinaméntis vestris : et dabo vobis spíritum novum, allelúia, allelúia.
    Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo.

    Lorsque j’aurai été sanctifié en vous, je vous rassemblerai de tous les pays, et je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés de toutes vos souillures : je vous donnerai un esprit nouveau, alléluia, alléluia.
    Je bénirai le Seigneur en tout temps : toujours sa louange sera dans ma bouche.

    Lorsque - il y très longtemps – la vigile de la Pentecôte était véritablement une veille, de toute la nuit, la messe, qui se célébrait au petit matin, était déjà une messe de la Pentecôte (et elle l’est restée, comme on le voit notamment par la Préface, le Communicantes et l’Hanc igitur), mais elle n’avait pas d’introït, parce qu’elle commençait par la bénédiction des fonts baptismaux et la procession avec la litanie des saints (ce qui est toujours le cas de la messe de la vigile pascale, avec d'ailleurs le même alléluia suivi du même trait). Quand cette messe fut avancée à l'après-midi de la vigile, on choisit comme introït celui du mercredi des quatre temps de carême, qui convient en effet parfaitement, mais en en lui ajoutant un double alléluia. Le texte a été élaboré à partir de quatre versets d’Ezéchiel.

    En 2019 j’avais mis une vidéo de Fongombault, qui comportait cet introït et d’autres pièces de la vigile, mais elle a été enlevée de YouTube. En voici une autre, avec une photo du magnifique chevet roman de l’abbatiale.

  • C’est la fin…

    Cela se passe à Castelnuovo Rangone, près de Modène, en Italie. Le conseil paroissial s’est réuni et a pris deux décisions, en accord avec l’évêque qui était présent.

    1. Une fois par semaine, la messe est remplacée par une liturgie de la parole organisée par les laïcs. Comme il n’y avait que trois messes dans la semaine (en dehors du dimanche et de la messe anticipée du samedi), il n’y en a plus que deux.

    2. En cas d’absence du curé, la messe dominicale est remplacée par une Liturgie de la parole organisée par les laïcs. C’est « le pas en avant le plus significatif », dit le compte rendu : « La question qui s’est posée était de savoir si le bien de la communauté était de chercher un prêtre “inconnu”, sans lien avec la communauté, pour remplacer le curé, garantissant ainsi la messe ou de faire présider et célébrer la Liturgie de la Parole par un laïc. La deuxième voie a été choisie, consciente de faire un pas exigeant, mais avec la certitude que la valeur de la communauté se réunissant pour prier ne dépend pas de la présence du curé ou d’un prêtre. »

    Car ce qui importe est « la valeur de la communauté », et non le Saint Sacrifice de la messe. Le mot de sacrifice a d’ailleurs disparu, et avec lui le sens même de la messe. Du reste la  Liturgie de la Parole a droit à deux lettres capitales, pour bien montrer sa supériorité à la vieille messe cléricale.

    L’évêque de Modène, Mgr Castellucci, se félicite d’avoir trouvé dans la paroisse de Castelnuovo Rangone un de ces « projets pilotes (…) nécessaires pour l’avenir de l’Église », et il a invité à « préparer dans les paroisses des modèles différents de ceux qui sont actuellement “clérico-centrés” », en profitant du « stimulus » suscité par la « diminution des prêtres »…

  • Saint Pascal Baylon

    pascualbailon.jpg

    Deus, qui beátum Paschálem Confessórem tuum mirífica erga Córporis et Sánguinis tui sacra mystéria dilectióne decorásti : concéde propítius ; ut, quam ille ex hoc divino convívio spíritus percépit pinguédinem, eándem et nos percípere mereámur.

    O Dieu, qui avez orné l’âme du bienheureux Pascal, votre Confesseur, d’un admirable et tendre amour pour les mystères sacrés de votre corps et de votre sang, accordez-nous, dans votre bonté, que nous méritions de retirer de ce banquet divin la même abondance de grâces qu’il y a trouvée.

    A Vila-real.

    Læta devote (en Corse).

    Quam se Deus mirabilem.

    La lettre apostolique de Léon XIII.

  • La cathédrale de l’Archange

    Mardi, la divine liturgie du patriarche de Moscou se déroulait dans la cathédrale de l’Archange, l’une des trois cathédrales du Kremlin, construite au tout début du XVIe siècle, devenue la nécropole des grands-princes de Moscou puis des tsars (voir une partie à 1h53).

    A 13’07, une vue d’ensemble des peintures qui recouvrent entièrement les parois intérieures. Par exemple aussi à 1h14, à 1h29…

    Le Christ et la Mère de Dieu, de chaque côté des portes royales, font référence à l’Apocalypse (saint Michel oblige). L’icône du Christ (à 31’22 - 53’05 – 1h29…) est celle qui est appelée « Verbe de Dieu », selon l’Apocalypse 19,13. L’icône de la Mère de Dieu (à 15'40) est la femme de l’Apocalypse (12), dite « Ciel béni » (ou Ciel plein de grâce) ce qui est expliqué dans l’inscription, qui est le Théotokion chanté à l’heure de prime chaque jour (et qui fait partie des prières du matin de beaucoup de fidèles) :

    « Comment t'appellerons-nous, ô Pleine de grâce ? Ciel, car tu as fait briller le Soleil de justice ; Paradis, car tu as fait fleurir la Vie immortelle ; Vierge, car tu l'es demeurée sans faille ; Mère, car tu as porté dans tes bras comme un enfant le Seigneur de l'univers ; intercède auprès de lui pour qu'il sauve nos âmes. »

    (Le thème iconographique est d’origine occidentale, venu en Russie par l’Allemagne.)

    On voit une partie de l’iconostase à 28’37, une autre partie à 33’, puis à 43’12, à 45’… A 20’09 la Résurrection (descente aux enfers), à 49’45 la crucifixion, à 58’30 Ascension, Annonciation, Dormition. (Ces icônes datent de 1681.)

    A 22’44 la peinture murale de la Déisis.

  • Saint Ubald

    Sur saint Ubald :

    Comment saint Ubald (1129-1160), né à Gubbio, chanoine de Gubbio, évêque de Gubbio, mort à Gubbio, est devenu saint Thiébaut de Thann, en Alsace.

    La « fête des cierges » à Gubbio, qui a son pendant dans les trois « sapins » de Thann.

    Pour tout savoir sur la question : ici.

    *

    Avant 1955 c’était aujourd’hui l’octave de l’Ascension. Les leçons des matines à l’évangile étaient la fin de l’homélie de saint Grégoire le Grand dont on avait commencé la lecture le jour de l’Ascension. La dernière partie de cette homélie est un florilège de citations de l’Ancien Testament qui chantent déjà l’Ascension.

    Mais en cette solennité, frères très chers, il nous faut considérer avant tout que le décret qui nous condamnait a été aujourd’hui abrogé, et abolie la sentence qui nous vouait à la corruption. Car cette même nature à qui il avait été dit : « Tu es terre, et dans la terre tu iras» (Gn 3, 19), est aujourd’hui montée au ciel.

    C’est en vue de cette élévation de notre chair que le bienheureux Job, parlant du Seigneur d’une manière figurée, le nomme un oiseau. Considérant que le peuple juif ne comprendrait pas le mystère de l’Ascension, Job déclare à propos du manque de foi de ce peuple : « Il n’a pas reconnu la route de l’oiseau » (Jb 28, 7). C’est à juste titre que le Seigneur a été appelé « oiseau », puisque son corps de chair s’est élancé vers l’éther. Celui qui n’a pas cru à l’Ascension du Seigneur au ciel n’a pas reconnu la route de cet oiseau.

    C’est de la fête d’aujourd’hui que le psalmiste affirme : « Ta magnificence s’est élevée au-dessus des cieux » (Ps 8, 2). Et encore : « Dieu est monté au milieu d’une grande joie, le Seigneur au son de la trompette » (Ps 47, 6). Et enfin : « Montant sur les hauteurs, il a emmené en captivité notre nature captive ; il a offert des dons aux hommes » (Ps 68, 19). Oui, montant sur les hauteurs, il a emmené en captivité notre nature captive, puisqu’il a détruit notre corruption par la puissance de son incorruptibilité. Il a également offert des dons aux hommes : ayant envoyé du Ciel l’Esprit, il a accordé à l’un une parole de sagesse, à un autre une parole de science, à un autre le pouvoir d’opérer des miracles, à un autre le don des guérisons, à un autre la diversité des langues, à un autre l’interprétation de la parole (cf. 1 Co 12, 8-10). Il a donc bien offert des dons aux hommes.

    C’est aussi de cette glorieuse Ascension que Habacuc a dit : « Le soleil s’est élevé, et la lune s’est maintenue à sa place » (Ha 3, 11, d’après les Septante). En effet, que désigne le prophète par le terme de soleil, sinon le Seigneur, et par le terme de lune, sinon l’Eglise ? Tant que le Seigneur ne s’était pas encore élevé dans les cieux, sa sainte Eglise était paralysée par la crainte des oppositions du monde, tandis qu’après avoir été fortifiée par son Ascension, elle s’est mise à prêcher ouvertement ce qu’elle avait cru en secret. Le soleil s’est donc élevé, et la lune s’est maintenue à sa place, puisque le Seigneur ayant atteint le Ciel, l’autorité de la prédication de sa sainte Eglise s’en est accrue d’autant.

    Au sujet encore de l’Ascension, Salomon prête à cette Eglise la parole suivante : « Le voici qui vient, bondissant sur les montagnes et franchissant les collines » (Ct 2, 8). Considérant les points saillants des grandes œuvres du Seigneur, l’Eglise dit : « Le voici qui vient, bondissant sur les montagnes. » Car le Seigneur, en venant pour nous racheter, a exécuté, si je puis dire, des bonds. Voulez-vous les connaître, ces bonds, frères très chers ? Du Ciel il est venu dans le sein, du sein dans la crèche, de la crèche sur la croix, de la croix au sépulcre, et du sépulcre il est retourné au Ciel. Voilà les bonds que la Vérité manifestée dans la chair a accomplis en notre faveur, pour nous faire courir à sa suite, car « le Seigneur s’est élancé joyeux comme un géant pour parcourir sa voie » (Ps 19, 6), afin que nous puissions lui dire de tout notre cœur : « Entraîne-nous après toi, et nous courrons à l’odeur de tes parfums. » (Ct 1, 4)

    Il nous faut donc, frères très chers, suivre le Seigneur par le cœur là où nous croyons qu’il est monté par le corps. Fuyons les désirs terrestres, et que rien parmi les choses d’ici-bas ne puisse désormais nous séduire, nous qui avons un Père dans les cieux. Considérons bien que celui qui s’est élevé au ciel tout pacifique sera terrible lors de son retour, et que tout ce qu’il nous a commandé avec douceur, il l’exigera alors avec rigueur. Faisons donc tous grand cas du temps qui nous est accordé pour faire pénitence ; prenons soin de notre âme tant que c’est possible. Car notre Rédempteur reviendra nous juger d’autant plus sévèrement qu’il se sera montré plus patient avant le jugement.

    Souciez-vous donc de ces choses, mes frères, et ressassez-les en toute sincérité. Bien que votre âme soit encore ballottée par le remous des affaires, jetez pourtant dès maintenant l’ancre de votre espérance dans la patrie éternelle ; affermissez l’orientation de votre esprit dans la vraie lumière. Le Seigneur est monté au ciel, ainsi que nous venons de l’entendre ; méditons donc sans cesse ce que nous croyons. Et si nous sommes encore retenus ici-bas par l’infirmité de notre corps, suivons cependant notre Dieu à pas d’amour. Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui nous a donné un tel désir, ne le laissera pas sans réponse, lui qui, étant Dieu, vit et règne avec Dieu le Père dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

  • Saint Jean-Baptiste de La Salle

    Jésus-Christ nous marque, dans l’Évangile de ce jour (Jn 14, 15-16), trois dispositions pour recevoir le Saint-Esprit, exprimées dans ces paroles : Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Consolateur pour demeurer avec vous à jamais.

    La première de ces dispositions est d’aimer Dieu et de se donner tout à lui. Il faut pour cela vous détacher de toutes les choses créées et n’avoir d’affection que pour Dieu. Car quiconque est attaché au monde et à ses biens n’est pas susceptible de l’Esprit de Dieu qui ne se communique qu’à ceux qu’il trouve vides de ce qui n’est point Dieu. C’est ce qui fait, comme dit Jésus-Christ (Jn 14, 17), que le monde ne peut recevoir ce divin Esprit ; parce qu’il ne s’affectionne qu’à la concupiscence de la chair, à la concupiscence des yeux et à l’orgueil de la vie (1 Jn 2, 16). Détachez-vous donc de toutes choses et ne vous attachez qu’à Dieu seul, si vous voulez être en état de recevoir l’Esprit de Dieu.

    La seconde disposition pour recevoir le Saint-Esprit est de garder fidèlement les commandements de Dieu et de s’étudier à faire en tout sa sainte volonté. Car comme Jésus-Christ dit (Jn 14, 16) que cet Esprit Saint demeurera à jamais en ceux et avec ceux qui le recevront, et qu’il ne peut se plaire qu’avec ceux qui tâchent de faire toujours ce que Dieu désire d’eux et de se conformer en tout à sa sainte volonté, il ne faut pas s’attendre à le recevoir si on ne se porte à accomplir en toutes choses la volonté de Dieu.

    Vous ne vous êtes sans doute retiré du monde qu’afin de vous donner tout à Dieu et de posséder abondamment son divin Esprit. Ne vous y attendez pas cependant, à moins que vous n’exécutiez ponctuellement ce que vous connaissez être de la volonté de Dieu. Soyez très attentif à observer exactement vos Règles.

    Rien ne dispose mieux à recevoir le Saint-Esprit que la prière. C’est pourquoi Jésus-Christ assure (Lc 11, 13) que Notre Père céleste donnera cet Esprit, tout pénétré d’amour et de bonté pour nous, à tous ceux qui le lui demanderont. Et comme il sait cependant que la plénitude de ce divin Esprit est difficile d’obtenir, voulant la donner à ses Apôtres, il leur assure (Jn 14, 16) que, pour le leur faire recevoir avec profusion, il priera son Père pour eux.

    Si vous voulez donc vous disposer, autant que Dieu le demande de vous, pour être rempli de l’Esprit de Dieu le jour de la Pentecôte, jour auquel il répand volontiers ses grâces, s’étant communiqué ce jour aux saints Apôtres et à tous ceux qui alors composaient l’Église, appliquez-vous attentivement et avec ferveur à l’oraison, afin de pouvoir être rempli des grâces de Dieu. Ne cessez de le prier dans tous ces saints jours. Répétez-lui souvent, avec l’Église, ces saintes paroles (Ps 103, 40) : Envoyez votre Saint-Esprit pour nous donner une nouvelle vie et vous renouvellerez la face de la terre.

    Méditation pour la veille de la Pentecôte. (Source)