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Liturgie - Page 18

  • De la férie

    Il arrive souvent dans le martyrologe romain qu’il y ait, un jour donné, deux mentions de martyrs tués dans une même ville à deux époques différentes, parce qu’on ne sait pas quel jour l’un des deux est mort. Parfois, très rarement, il y a trois fois de suite mention de la même ville, pour divers martyrs. Mais le 16 avril est un record du genre, puisque c’est pas moins de quatre fois de suite qu’est évoquée Saragosse, en latin Caesaraugusta : la ville de César-Auguste, ainsi appelée en 14 avant Jésus-Christ quand elle devint le lieu de résidence des vétérans des guerres cantabriques.

    A Saragosse, en Espagne, l'anniversaire de dix huit saints martyrs: Optat, Luperque, Successe, Martial, Urbain, Julie, Quintilien, Publius, Fronton, Félix, Cécilien, Evence, Primitif, Apodème, et quatre autres appelés Saturnin. Tous ensemble, ils furent cruellement torturés, puis mis à mort, sous Dacien, gouverneur d'Espagne. Le poète Prudence a décrit en vers leur glorieux martyre.

    Dans la même ville, les saints Caïus et Crémence, qui, demeurant fermes dans la Foi au Christ méritèrent, après une double confession, de participer au calice du martyre.

    Dans la même ville encore, saint Lambert martyr.

    Egalement à Saragosse, sainte Encratide, vierge et martyre. Après qu'on lui eut déchiré le corps, coupé un sein, arraché le foie, elle fut enfermée, vivante encore, dans un cachot et y demeura jusqu'à ce que son corps tombât en putréfaction.

    (Prudence était originaire de la région de Saragosse. Son hymne aux 18 martyrs est le quatrième du Peristephanon.)

  • Rex sempiterne Domine

    L’hymne des matines au temps pascal, par les moines de Ligugé en 1983 (strophes 1, 2, 6, 8, 9), avec la traduction de Pierre Corneille.


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    Rex sempitérne Dómine,
    Rerum Creátor ómnium,
    Qui eras ante sǽcula
    Semper cum Patre Fílius:

    Eternel, qui régis l’un et l’autre hémisphère,
    De tous deux l’auteur et l’appui,
    Qui devant tous les temps règnes avec ton père,
    Même roi, même essence et même Dieu que lui,

    Qui mundi in primórdio
    Adam plásmasti hóminem:
    Cui tuæ imágini
    Vultum dedísti símilem.

    Sitôt que le néant eut enfanté le monde
    Par le son fécond de ta voix,
    Tu fis Adam son maître, et la machine ronde,
    Le voyant ton image, en accepta les lois.

    Quem diábolus déceperat,
    Hostis humáni géneris,
    Cuius tu formam córporis
    Assúmere dignátus es:

    Le diable le déçut, et ce triste esclavage
    Eût perdu l’homme pour jamais,
    Si toi, qui l’avais fait toi-même à ton image,
    Tu n’eusses à ton tour pris sa forme et ses traits.

    Ut hóminem redímeres,
    Quem ante iam plasmáveras:
    Et nos Deo coniúngeres,
    Per carnis contubérnium.

    Par là tu retiras de cette infâme chaîne
    Ce digne ouvrage de ta main,
    Et ta nature unie à la nature humaine
    Rejoignit l’homme à Dieu, l’esclave au souverain.

    Quem éditum ex Vírgine
    Pavéscit omnis ánima:
    Per quem et nos resúrgere
    Devóta mente crédimus.

    Tu naquis d’une vierge, et c’est une naissance
    Qui nous étonne et nous ravit ;
    Et nous croyons qu’un jour par la même puissance
    Tous nos corps revivront, comme le tien revit.

    Qui nobis in Baptísmate
    Donásti indulgéntiam,
    Qui tenebámur vínculis
    Ligáti consciéntiæ.

    C’est ce même pouvoir qui nous donne au baptême
    Le pardon de tous nos péchés ;
    C’est par ce trait divin de ta bonté suprême
    Que de leur triste joug nos cœurs sont détachés.

    Qui Crucem propter hóminem
    Suscípere dignátus es:
    Dedísti tuum sánguinem
    Nostræ salútis prétium.

    Ton amour sur la croix fait encor davantage,
    Il t’y laisse percer le flanc ;
    Par ta mort à la vie il nous fait un passage,
    Et pour notre salut il prodigue ton sang.

    Quǽsumus Auctor ómnium,
    In hoc Pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    Sauveur de tout le monde, en cette pleine joie,
    Dont la Pâque remplit nos cœurs,
    Daigne si bien guider ton peuple dans ta voie,
    Que d’une mort funeste il échappe aux rigueurs.

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    Cum Patre et Sancto Spíritu,
    In sempitérna sǽcula. Amen.

    Gloire à toi, rédempteur et monarque suprême,
    Par toi-même ressuscité !
    Même gloire à ton père, au Saint-Esprit la même,
    Et durant tous les temps et dans l’éternité !

  • 2e dimanche après Pâques

     

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    Ego sum pastor bonus, allelúia : et cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ, allelúia, allelúia.

    Je suis le bon pasteur, alléluia ; et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, alléluia, alléluia.

    Le bon Pasteur est omniprésent dans la messe et l’office de ce dimanche. Le voici dans l’antienne de communion, chantée par les moines de Solesmes sous la direction de dom Jean Claire, en 2007 (avec le premier verset du psaume 22, comme il se doit : c’est le psaume du bon Pasteur qui me conduit, et rien ne me manquera dans le pâturage où il m’a emmené.)

    Nous avons été admis à participer à la fraction du pain. Dans la Sainte Communion, le Christ est apparu comme la vraie lumière dans nos cœurs et nous a rendus heureux. Chaque Sainte Cène est un gage que le Bon Pasteur ne se reposera pas tant qu'il n'aura pas réussi à nous conduire aux sources de la vie éternelle. Lui seul est le Bon Pasteur. C'est pourquoi Ego occupe une place très importante au début de la pièce. Nous resterons unis à Lui, et si d'autres voix nous attirent et cherchent à influencer notre jugement, nous nous tournerons vers Lui seul et n'écouterons que sa voix. Nous le connaissons et nous fléchissons les genoux devant sa présence. Lui, « le Fils Unique du Père, plein de grâce et de vérité », habite dans nos cœurs comme le Verbe de Dieu s'est fait chair.

    Le texte de la Communion est le même que celui du deuxième verset de l'Alléluia, mais son développement est différent. Les deux phrases et cognosco et et cognoscunt, il est vrai, commencent par le même motif. Mais au lieu du parallélisme de l'Alléluia, la mélodie, dans le cas présent, sur et cognosco oves meas, présente un vif balancement vers le haut, avec une étendue d'une sixte. Elle dépeint le grand amour du Bon Pasteur pour ses brebis. Mais et cognoscunt n'a que quelques secondes et son étendue n'est que d'une tierce : comparée à la connaissance qu'il a de nous, notre connaissance de lui sera toujours fragmentaire. Les intervalles en demi-ton du début respirent la tendresse, mais la note double montre aussi de la fermeté. (...)

    L'alléluia inséré entre les paroles du Sauveur est d'une simplicité remarquable, de même que les deux alléluias joints à la fin, car ce cri est habituellement chanté avec beaucoup d'entrain (cf. l'alléluia de l'introït d'aujourd'hui). Ici, ils s'efforcent de n'être que la simple mélodie d'un berger dans les champs.

    Dom Dominic Johner

  • Saint Herménégilde

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    Le martyre de « saint Emergilde roi », par Juan Ramirez, vers 1515.

    Martyrologe romain :

    A Séville, en Espagne, saint Herménégilde, fils de Léovigilde, roi arien des Visigoths. Jeté en prison pour avoir confessé la Foi Catholique, il refusa, aux solennités de Pâques, de recevoir la communion des mains d'un évêque arien et, par ordre d'un père perfide, il eut la tête fendue d'un coup de hache. Ainsi en perdant une couronne terrestre, il obtint, roi et martyr, le royaume des cieux.

    Saint Grégoire le Grand, qui était un ami de saint Léandre, l’évêque de Séville qui avait converti Herménégilde, en dit plus.

    L’oraison de sa fête est une de celles qui ont été bannies de la néo-liturgie pour non-compatibilité absolue avec l’esprit du temps. (Et la mention de saint Herménégilde elle-même a été supprimée du calendrier romain universel.)

    Deus, qui beátum Hermenegíldum Mártyrem tuum cælésti regno terrénum postpónere docuísti : da, quǽsumus, nobis ; ejus exémplo cadúca despícere atque ætérna sectári.

    Dieu, qui avez appris au bienheureux Herménégilde, votre Martyr, à mettre la royauté terrestre au-dessous de la royauté du ciel, accordez-nous, nous vous en supplions, de mépriser à son exemple les biens périssables, et de rechercher les biens éternels.

  • Ad cenam Agni providi

    L'hymne des vêpres au temps pascal, par les moines d'En Calcat en 1961. (Cela commence par le répons Surrexit Dominus vere, l'hymne commence à 1'05. Les strophes 1, 4, 5, 7 et 8 sont chantées.) Traduction de Bossuet.

    Ad cenam Agni próvidi,
    Et stolis albis cándidi,
    Post tránsitum maris Rubri
    Christo canámus Príncipi.

    Après avoir passé la mer Rouge, allons, revêtus d'habits blancs, au festin de l'Agneau, et chantons les louanges de Jésus-Christ notre Roi.

    Cujus corpus sanctíssimum
    In ara crucis tórridum,
    Cruóre ejus róseo
    Gustándo vívimus Deo.

    Son saint corps a été dans les souffrances; comme dans un feu, sur l'autel de la croix : en goûtant le sang qui en est sorti, nous vivons pour Dieu.

    Protécti paschæ véspere
    A devastánte Angelo,
    Erépti de duríssimo
    Pharaónis império.

    Par ce sang nous avons été délivrés de l'ange exterminateur au soir de la Pâque, et nous avons été affranchis de la rigoureuse tyrannie de Pharaon.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolátus agnus est :
    Sinceritátis ázyma
    Caro ejus obláta est.

    Ainsi Jésus-Christ est notre Pâque, c'est l'Agneau qui a été immolé pour notre salut; sa chair offerte pour nous est le vrai pain sans levain, et l'azyme de sincérité dont nous devons nous nourrir.

    O vere digna hóstia,
    Per quam fracta sunt tártara,
    Redémpta plebs captiváta,
    Réddita vitæ prǽmia.

    O victime d'un prix infini, par vous les portes de l'enfer ont été brisées, les captifs ont été rachetés, et la vie a été rendue aux morts.

    Consúrgit Christus túmulo,
    Victor redit de bárathro,
    Tyránnum trudens vínculo
    Et Paradísum réserans.

    Jésus-Christ ressuscite du tombeau, il revient victorieux de l'enfer : il a enchaîné le tyran, et il a ouvert le paradis.

    Quǽsumus, Auctor ómnium,
    In hoc pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    O Dieu Créateur de toutes choses, nous vous prions, dans cette joie sainte que nous donne la solennité de Pâques, de défendre votre peuple contre toutes les attaques de la mort.

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    cum Patre et almo Spíritu,
    in sempitérna sǽcula. Amen.

    Gloire vous soit rendue, ô Seigneur, qui êtes ressuscité d'entre les morts : et soyez honoré avec le Père et le Saint-Esprit dans toute l'éternité. Ainsi soit-il.

  • Saint Léon

    Martyrologe :

    Saint Léon Ier pape, surnommé le Grand, confesseur et docteur de l'Eglise. Son anniversaire est mentionné le 4 des ides de novembre.

    Au 4 des ides de novembre (10 novembre) :

    A Rome, l'anniversaire du pape saint Léon Ier, confesseur et docteur de l'Eglise, qui en raison de ses éminentes vertus a reçu le surnom de Grand. De son temps fut célébré le saint Concile de Chalcédoine, dans lequel il condamna Eutychès par ses légats, et dont il confirma les décrets par son autorité. Après avoir porté de nombreuses ordonnances et composé de savants ouvrages, après avoir bien mérité de l'Eglise de Dieu et de tout le troupeau du Seigneur, ce bon Pasteur reposa en paix. Sa fête se célèbre le 3 des ides d'avril.

    Les quatre tomes des sermons de saint Léon aux Sources chrétiennes sont un élément essentiel de la patristique. Et ils sont faciles à lire, écrits dans un langage simple, même en latin.

    Le martyrologe de ce jour signale aussi :

    A Gaza, en Palestine, saint Barsanuphe anachorète, sous l'empereur Justinien.

    Et les cinq volumes de la correspondance de Barsanuphe et de Jean de Gaza, aux Sources chrétiennes, contiennent un enseignement de premier plan pour la vie spirituelle.

  • De la férie

    Chaque jour du temps pascal, les antiennes de Benedictus (aux laudes) et de Magnificat (aux vêpres) rappellent un aspect du mystère. Aujourd’hui :

    Ego sum vitis vera, allelúia: et vos pálmites veri, allelúia.

    Moi je suis la vraie vigne, alléluia : et vous les vrais sarments, alléluia.

    Quia vidísti me, Thoma, credidísti : beáti qui non vidérunt, et credidérunt, allelúia.

    Parce que tu M'as vu, Thomas, tu as cru : bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru, alléluia.

    Les verbes sont au parfait, et le parfait grec a souvent le sens du résultat permanent de ce qui s’est passé, et dans ce cas on le traduit mieux par un présent : Bienheureux ceux qui ne me voient pas ressuscité et qui croient. A chaque moment de l'histoire.

  • Aurora lucis rutilat

    L’hymne des laudes au temps pascal, traduction de Michel de Marolles (1600-1681).

    Auróra lucis rútilat,
    cælum resúltat láudibus,
    mundus exsúltans iúbilat,
    gemens inférnus úlulat:

    L’aurore fait déjà paraître sa lumière ; le Ciel résonne de louanges ; le monde exprime sa joie par des concerts mélodieux ; et la rage de l’enfer fait ouïr d’horribles hurlements.

    Cum rex ille fortíssimus,
    mortis confráctis víribus,
    pede concúlcans tártara
    solvit a pœna míseros.

    Lorsque ce Roi fort et victorieux eut détruit les puissances des ténèbres, et foulé aux pieds toutes leurs vaines résistances, il délivra les misérables de leurs tourments.

    Ille, qui clausus lápide
    custodítur sub mílite,
    triúmphans pompa nóbili,
    victor surgit de fúnere.

    Celui-là même qui étant renfermé sous la pierre et gardé par les soldats, se relève victorieux du sépulcre, remportant la gloire du triomphe ;

    Solútis iam gemítibus
    et inférni dolóribus,
    quia surréxit Dóminus,
    respléndens clamat Angelus.

    De sorte qu’après avoir arrêté les soupirs des hommes, et les forceneries de l’enfer, un ange entouré de splendeur a publié hautement que le Seigneur était ressuscité.

    Quǽsumus, Auctor ómnium,
    in hoc pascháli gáudio,
    ab omni mortis ímpetu
    tuum defénde pópulum.

    Auteur de toutes choses, défendez s’il vous plaît votre peuple pendant ces réjouissances de la Pâque contre les atteintes de la mort.

    Glória tibi, Dómine,
    qui surrexísti a mórtuis,
    cum Patre, et Sancto Spíritu,
    in sempitérna sǽcula. Amen.

    Seigneur, qui êtes ressuscité des morts, possédez la gloire qui vous est due avec le Père et le Saint-Esprit aux siècles infinis. Ainsi soit-il.

    Par les moniales d'Argentan.


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  • Annonciation

     

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    Annonciation d'Oustioug, XIIe siècle.

     ℟. Missus est Gábriel Angelus ad Maríam Vírginem desponsátam Ioseph, núntians ei verbum; et expavéscit Virgo de lúmine: ne tímeas, María, invenísti grátiam apud Dóminum:
    * Ecce concípies et páries, et vocábitur Altíssimi Fílius.
    ℣. Dabit ei Dóminus Deus sedem David, patris eius, et regnábit in domo Jacob in ætérnum.
    ℟. Ecce concípies et páries, et vocábitur Altíssimi Fílius.

    L’Ange Gabriel fut envoyé à Marie, vierge qu’avait épousée Joseph, lui portant un message, et la Vierge fut effrayée de la lumière. Ne craignez point, Marie ; vous avez trouvé grâce devant le Seigneur :
    * Voilà que vous concevrez et que vous enfanterez, et il sera appelé le Fils du Très-Haut.
    Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; et il régnera éternellement sur la maison de Jacob.
    Voilà que vous concevrez et que vous enfanterez, et il sera appelé le Fils du Très-Haut.

  • Dimanche in albis

    A cette lecture de l'Évangile, une première question frappe notre esprit. Comment, après la résurrection, le corps du Seigneur fût-il véritable, lui qui put, portes closes, s’introduire auprès des disciples ? Mais il nous faut savoir qu’une œuvre divine, si la raison la comprend, n’a plus rien de merveilleux. D’ailleurs, la foi n’a plus de mérite si la raison humaine lui fournit une preuve expérimentale. Quant à ces œuvres de notre Rédempteur qui d’elles-mêmes ne peuvent être comprises, c’est d’après une autre de ses actions qu’il faut en juger ; de sorte qu’en face de choses étonnantes, notre foi trouve son appui dans des choses plus étonnantes encore. En effet, ce corps du Seigneur qui s’introduisit auprès des disciples, portes closes, c’est celui qui, pour apparaître aux yeux humains à sa naissance, sortit du sein clos de la Vierge. Qu’y a-t-il donc d’étonnant à ce qu’il s’introduise, portes closes, après sa résurrection, celui qui désormais devait vivre pour l’éternité, alors que venant pour mourir, il était sorti, sans l’ouvrir, du sein de la Vierge.

    Mais comme, en présence de ce corps qu’on pouvait voir, la foi des spectateurs était hésitante, il leur montra aussitôt ses mains et son côté, et leur donna à palper cette chair qu’il avait introduite portes closes. En quoi il montrait deux merveilles qui, pour la raison humaine, semblent fort opposées, quand, après sa résurrection, il montra un corps incorruptible et cependant palpable ; car il est nécessaire que ce qui est palpable se corrompe et il est impossible de palper ce qui est incorruptible. Cependant, d’une manière merveilleuse et qui dépasse l’entendement, notre Rédempteur, après sa résurrection, nous montra un corps à la fois palpable et incorruptible. En nous le montrant incorruptible il nous invitait à la récompense, et en nous le présentant palpable il affermissait notre foi. Si donc il se montra, après sa résurrection, à la fois incorruptible et palpable, c’était pour nous manifester qu’après la résurrection ce corps était le même quant à sa nature, mais autre à raison de sa gloire.

    Il leur dit : Paix à vous. Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. C’est-à-dire, comme le Père, Dieu, m’a envoyé Dieu, moi, homme, je vous envoie hommes. Le Père a envoyé le Fils qui, pour racheter le genre humain, a résolu de s’incarner, et il a voulu que ce Fils vînt au monde pour souffrir ; et cependant il aimait le Fils qu’il a envoyé souffrir. Ceux qu’il a choisis comme Apôtres, le Seigneur en vérité ne les envoie pas aux joies du monde, mais comme lui-même a été envoyé, il les envoie dans le monde pour souffrir. Donc, puisque le Fils est à la fois aimé du Père, et cependant envoyé à la souffrance ; ainsi les disciples sont à la fois aimés du Seigneur, et cependant envoyés dans le monde pour souffrir. Aussi est-ce en toute vérité qu’il est dit : Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. C’est-à-dire : l’amour dont je vous aime, en vous envoyant parmi les pièges des persécuteurs, c’est l’amour dont le Père m’a aimé, en me faisant venir pour supporter la souffrance.

    Saint Grégoire le Grand, leçon des matines.