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Le dimanche 10 juin, après avoir reçu la très Sainte Communion, je vis Jésus plein d’amour qui, doucement me disait : Ma fille, donne-moi ton cœur (Pt 23,26). Aussitôt, Il prit mon cœur et le mit dans le sien, et, me parlant avec un très grand amour, Il me dit : « Ma petite fille, je ne veux point te rendre ce cœur avant qu’il ne soit tout pur, pur et plein d’amour pur, afin qu’au jour de ton jugement particulier, lorsque je le présenterai à mon Père éternel, Il l’accepte et le reçoive, et qu’il Lui soit spécialement agréable en raison du lieu où je le garde.
Tous les saints aussi seront en grande fête et allégresse, comme tu le sais, ma bien-aimée, selon ce qu’on lit aujourd'hui dans l’Évangile : que moi, Dieu, ainsi que les saints et les anges, festoyons et nous réjouissons pour une seule âme de pécheur qui se convertit et revient à la vraie pénitence. Et sais-tu, ma petite fille, à quel point je fête cette âme et m’en réjouis ? Mon amour pour une seule âme est si ardent que pour la faire revenir à moi, je priverais tous mes élus du bonheur qu’ils éprouvent en moi, sans toutefois leur ôter la grâce. S’il était possible, j’en priverais même les saints, pour la donner tout entière à une seule âme. Mais ce n’est ni possible ni nécessaire.
Et sais-tu encore, ma petite colombe, comment j’aime ces âmes qui reviennent à moi et me réjouis en elles ? Comme tu le ferais si l’un de tes membres, atteint d’une infirmité, à force de soins se trouvait guéri. Tu t’en réjouirais, en mènerais grande fête et l’aimerais plus que les autres membres, parce qu’ayant été malade il serait redevenu sain. Tu ne laisserais point cependant d’aimer beaucoup les membres qui n’auraient jamais eu de mal, mais pour cet autre tu serais plus joyeuse fête et manifesterais plus de joie. C’est ainsi que j’agis lorsque l’âme malade du péché en vient au repentir et guérit ».
Et Jésus ajouta : « Sais-tu encore de quelle façon ma petite épouse ? Comme agirait un homme qui ayant deux vêtements blancs, dont l’un taché, ferait disparaître complètement la tache en la lavant. Ne crois-tu pas qu’il éprouverait satisfaction et allégresse en voyant qu’il peut le porter et s’en servir ? Ceci ne veut pas dire qu’il n’aime et ne mette plus volontiers le vêtement qui n’eut jamais de taches. Certes oui, il en est plus heureux et s’en réjouit davantage. Je n’agis pas autrement, car si je célèbre et fête l’âme d’un pécheur qui vient à se repentir, cette âme salie par la tache affreuse du péché, il n’est pas moins vrai que je recours plus volontiers à celles qui jamais n’ont eu souillure de péché. Ces âmes qui lavent les taches de leurs péchés dans les eaux de la pénitence, je les aime et les reçois avec plus d’allégresse, mais crois bien que les autres, qui sont demeurées pures, me sont plus chères, que j’en ai plus d’estime et les aime beaucoup plus.
L’hymne des chérubins, chanté par le chœur des troupes du génie des forces armées de la Fédération de Russie « Pour la foi et la patrie », lors de la divine liturgie célébrée par le patriarche Cyrille dimanche dernier à la cathédrale patriarcale de la Résurrection du Christ - l'église principale des forces armées de la Fédération de Russie.
A son arrivée, le patriarche a été salué par le nouveau ministre de la Défense Andreï Beloousov, comme on le voit au tout début de cette vidéo, et à la fin de la divine liturgie il lui a offert une icône de la Mère de Dieu, comme on le voit sur celle-ci (à 2h 16'40).
Saint Grégoire le Grand envoyant le moine Augustin en Angleterre, manuscrit du XIe siècle, British Library.
L’introduction de la fête de saint Augustin de Cantorbéry dans le calendrier romain en 1882 est un des éléments de la politique de Léon XIII vis-à-vis des anglicans. En 1870 il crée cardinal John Henry Newman, en 1896 il affirme dans Apostolicae curae que les ordinations faites selon le rite anglican « ont été et sont absolument nulles et sans valeur », en 1899 il nomme le grand moine anglais et premier historien de l’Angleterre Bède le Vénérable docteur de l’Eglise et fixe sa fête le 27 mai, veille de celle du premier évêque de Cantorbéry.
Le martyrologe dit que « son anniversaire est mentionné le 7 des calendes de juin », à savoir le 26 mai, et c’était et c’est le jour de la fête de ce moine bénédictin dans le calendrier monastique.
Le martyrologe de ce jour signale aussi notamment :
A Paris, saint Germain, évêque et confesseur, dont l'éminente sainteté, le grand mérite et les miracles éclatants ont été consignés dans les ouvrages de l'évêque Fortunat.
A Novare, saint Bernard de Menthon confesseur, qui construisit sur le mont Joux, dans les Alpes, en Valais, un hospice et un monastère très célèbre. Le pape Pie XI l'a établi patron céleste, non seulement de ceux qui habitent les Alpes ou qui voyagent dans ces montagnes, mais aussi de ceux qui s'exercent à en gravir les sommets.
Saint Bède écrivant l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais, codex 47 du monastère d’Engelberg, XIIe siècle.
La touchante mort du serviteur de Dieu ne devait pas être la moins précieuse des leçons qu’il laisserait aux siens. Les cinquante jours de la maladie qui l’enleva de ce monde s’étaient passés comme toute sa vie à chanter des psaumes ou à enseigner. Comme on approchait de l’Ascension du Seigneur, il redisait avec des larmes de joie l’Antienne de la fête : « O Roi de gloire qui êtes monté triomphant par-delà tous les cieux, ne nous laissez pas orphelins, mais envoyez-nous l’Esprit de vérité selon la promesse du Père. » A ses élèves en pleurs il disait, reprenant la parole de saint Ambroise : « Je n’ai pas vécu de telle sorte que j’eusse à rougir de vivre avec vous ; mais je ne crains pas non plus de mourir, car nous avons un bon Maître. » Puis revenant à sa traduction de l’Évangile de saint Jean et à un travail qu’il avait entrepris sur saint Isidore : « Je ne veux pas que mes disciples après ma mort s’attardent à des faussetés et que leurs études soient sans fruit. »
Le mardi avant l’Ascension, l’oppression du malade augmentait les symptômes d’un dénouement prochain se montrèrent. Plein d’allégresse, il dicta durant toute cette journée, et passa la nuit en actions de grâces. L’aube du mercredi le retrouvait pressant le travail de ses disciples. A l’heure de Tierce, ils le quittèrent pour se rendre à la procession qu’on avait dès lors coutume de faire en ce jour avec les reliques des Saints. Resté près de lui : « Bien-aimé Maître, dit l’un d’eux, un enfant, il n’y a plus à dicter qu’un chapitre ; en aurez-vous la force ? » — « C’est facile, répond souriant le doux Père : prends ta plume, taille-la, et puis écris ; mais hâte-toi. » A l’heure de None, il manda les prêtres du monastère, et leur rit de petits présents, implorant leur souvenir à l’autel du Seigneur. Tous pleuraient. Lui, plein de joie, disait : « Il est temps, s’il plaît à mon Créateur, que je retourne à Celui qui m’a fait de rien quand je n’étais pas ; mon doux Juge a bien ordonné ma vie ; et voici qu’approche maintenant pour moi la dissolution ; je la désire pour être avec le Christ : oui, mon âme désire voir mon Roi, le Christ, en sa beauté. »
Ce ne furent de sa part jusqu’au soir qu’effusions semblables ; jusqu’à ce dialogue plus touchant que tout le reste avec Wibert, l’enfant mentionné plus haut : « Maître chéri, il reste encore une phrase. — Écris-la vite. » Et après un moment : « C’est fini, dit l’enfant. —Tu dis vrai, répartit le bienheureux : c’est fini ; prends ma tête dans tes mains et soutiens-la du côté de l’oratoire, parce que ce m’est une grande joie de me voir en face du lieu saint où j’ai tant prié. » Et du pavé de sa cellule où on l’avait déposé, il entonna : Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; quand il eut nommé l’Esprit-Saint, il rendit l’âme.
Приидите людие, триипостасному Божеству поклонимся, Сыну во Отце, со Святым Духом: Отец бо безлетно роди Сына соприсносущна и сопрестольна, и Дух Святый бе во Отце с Сыном прославляемь: едина сила, едино существо, едино Божество. Емуже покланяющеся вси глаголем: Святый Боже, вся содеявый Сыном, содейством Святаго Духа: Святый Крепкий, Имже Отца познахом, и Дух Святый прииде в мир: Святый Безсмертный, утешительный Душе, от Отца исходяй, и в Сыне почиваяй: Троице Святая, слава Тебе.
Venez, peuples, adorons en trois personnes l'unique Dieu: le Fils dans le Père avec le saint Esprit; car le Père engendre le Fils hors du temps, partageant même trône et même éternité, et l'Esprit saint est dans le Père, glorifié avec le Fils: une seule puissance, un seul être, une seule divinité, devant qui nous tous, les fidèles, nous prosternons en disant: Saint Dieu qui as tout créé par le Fils avec le concours du Saint-Esprit, Saint fort par qui le Père nous fut révélé et par qui le Saint-Esprit en ce monde est venu; Saint immortel, Esprit consolateur qui procèdes du Père et reposes dans le Fils, Trinité sainte, gloire à toi.
Le jour de la Pentecôte j’avais posté le tropaire de la fête chanté par le chœur Ancienne Russie de Julia Nazarenko. Ici c’est le doxastikon du lucernaire, sublimement chanté par Julia Nazarenko seule. Chant znammeny spécifique du Kouban, dont fait partie le village de Novodonetskaya. L’imposante église du village est dédiée à la Trinité vivifiante. Elle avait été fermée en 1933, rouverte en 1942 quand Staline mobilisa « la sainte Russie », fermée de nouveau en 1964 (persécution de Khrouchtchev), incluse dans la liste d’Etat des monuments historiques en 1975, confiée en 1978 au département régional de la Culture qui la loue au kolkhose local, lequel en fait un entrepôt pour les engrais. L’église en très mauvais état, sans coupoles, sans clocher, sans décoration intérieure, sans plancher, est donnée en 1990 à la paroisse qui vient de se reconstituer. Après avoir été entièrement restaurée, elle est re-consacrée en 2013.
Verkhotouryé : une petite ville de 6.500 habitants, dans l’Oural. Avec un kremlin, une cathédrale, deux monastères, dont celui de Saint-Nicolas, où l’on célébrait aujourd’hui simplement la fête de la translation des reliques du saint local saint Siméon de Verkhotouryé (l’une de ses quatre fêtes…). Deux évêques, de nombreux prêtres et diacres (dont les moines), deux chœurs, de nombreux fidèles. Une divine liturgie de deux heures trois quarts, suivie d’une procession avec station au cimetière, de la vénération des reliques avec prière à saint Siméon, du sermon au bout de trois heures et quart… et enfin des remises de décorations et de diplômes à des fidèles méritants…
Considérez la clémence du Seigneur notre Sauveur : on ne le voit pas ému d’indignation, offensé du crime des Juifs, révolté de leurs outrages, abandonner la Judée, bien au contraire, oubliant l’injure et se souvenant de sa clémence, il cherche à gagner doucement les cœurs de ce peuple infidèle, tantôt en enseignant, tantôt en délivrant, tantôt en guérissant. Et c’est avec raison que saint Luc parle d’abord d’un homme délivré du mauvais esprit, et qu’il raconte ensuite la guérison d’une femme ; car le Seigneur était venu pour guérir l’un et l’autre sexe. Celui-là devait être guéri le premier qui a été créé le premier, mais il ne fallait pas oublier celle qui avait péché par légèreté d’esprit, plutôt que par perversité.
Si le Seigneur opéra ces deux guérisons miraculeuses le jour du sabbat, cela signifie que le nouvel homme devait commencer au jour où fut autrefois achevée l’antique création, et que le Fils de Dieu n’est point assujetti à la loi, mais qu’il est au-dessus de la loi dans son principe même, que la loi n’est pas détruite, mais accomplie. En effet, ce n’est pas par la loi que le monde a été fait, mais par la parole, comme nous le lisons : « La parole du Seigneur a affermi les cieux » (psaume 32). La loi donc n’est pas détruite, mais elle est accomplie, de façon que l’humanité déchue se renouvelle. C’est aussi pourquoi l’Apôtre nous dit : « Dépouillez-vous du vieil homme, et revêtez le nouveau qui est créé selon Dieu. »
C’est bien à propos que le Sauveur commence ses guérisons le jour du sabbat, afin de se montrer lui-même le Créateur qui devait enchaîner ses œuvres et poursuivre l’ouvrage que lui-même avait commencé. Il fait comme l’architecte qui, se proposant de rebâtir une maison, ne commence pas à démolir l’ancienne par les fondements mais par le haut de l’édifice. C’est ainsi que le Verbe met la main d’abord là où il avait cessé auparavant ; ensuite il commence par les moindres choses, pour en venir aux plus grandes. Délivrer du démon, les hommes peuvent aussi le faire, mais au nom de Dieu. Commander aux morts de ressusciter n’appartient qu’à la seule puissance divine. Peut-être aussi la belle-mère de Simon et d’André était-elle la figure de notre chair, qui languit accablée par les fièvres multiples de ses fautes, consumée par les désirs immodérés de ses passions diverses. J’ose dire que la fièvre d’une affection désordonnée n’est pas moindre que celle dont la chaleur se fait sentir au corps ; l’une brûle l’âme, l’autre brûle le corps.
Dans le Nouveau Testament selon la Vulgate, le mot pænitentia (ou, plus rarement, le verbe pæniteor) se trouve en tout 63 fois, 59 fois dans son vrai sens de repentir, de pénitence. Dans l’officielle soi-disant traduction soi-disant liturgique de la Bible, le mot pénitence (ou repentir) se trouve en tout et pour tout quatre fois, dont trois fois dans la seconde épître de saint Paul aux Corinthiens. En fait c’est comme si cette épître avait été négligée par les censeurs, parce que ce passage… ne se trouve pas dans la néo-liturgie. Il reste donc, dans les lectures de cette néo-liturgie, une seule fois le mot « pénitence », le « vendredi de la 26e semaine », en saint Luc :
Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre.
C’est très curieux, car dans le passage parallèle de saint Matthieu, qui est lu le « mardi de la 15e semaine », on a enlevé la pénitence :
Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties sous le sac et la cendre.
On a donc laissé UNE FOIS le mot pénitence, afin que les grincheux ne puissent pas dire qu’il ne se trouve jamais dans ces « traductions » falsificatrices (on remarquera aussi au passage que Οὐαί σοι, vae tibi ne veut pas dire « malheureuse es-tu », mais « malheur à toi »…). De même qu’on a laissé une fois le mot « jeûne » dans les collectes de la messe pour qu’on ne puisse pas dire qu’il a été supprimé, quand ce mot se trouve une trentaine de fois dans les oraisons de la vraie liturgie latine (sans compter toutes les allusions au jeûne sous les noms d’abstinence – pendant le carême il s’agit clairement du jeûne - ou de « saintes observances », ni la mention du jeûne dans les antiennes et les répons).
Comme on vient de le voir, le mot pænitentia est à peu près toujours traduit par « conversion » dans la néo-Bible soi-disant liturgique. Pourtant le dictionnaire est formel : pænitentia veut dire « repentir », puis sous l’influence de l’Eglise il donnera « pénitence ». Cela est exactement conforme au mot grec qu’il traduit : μετάνοια, métanoia, qui veut dire « repentir », puis « pénitence »…
Cela se vérifie par exemple dans les traductions des pères grecs dans la collection Sources chrétiennes. (Et quand il y a un index c’est bien à « pénitence » ou à « repentir » qu’on trouve les renvois à « métanoia ».)
La psychologie moderne athée a repris le mot pour désigner un changement d’état d’esprit, qui renverse les contradictions et les mauvaises pensées et conduit au bien-être intérieur. Les modernistes de l’Eglise ont repris ce concept et l’ont plus ou moins christianisé en le traduisant par « conversion ».
Mais, s’il y a bien une idée sous-jacente de conversion dans la pénitence, les deux concepts ne sont pas identiques. Et parler de « conversion » évite précisément d’avoir à évoquer ce qu’est péniblement la pénitence.
La preuve que ce n’est pas la même chose est qu’il y a aussi un mot grec pour exprimer la conversion : epistrepho, et sans surprise c’est, en latin, convertor.
Plusieurs fois le texte sacré utilise les deux mots. Par exemple : « Pænitemini et convertimini » : repentez-vous et convertissez-vous, ce que l’on trouve déjà chez Ezéchiel : « Convertimi et agite pænitentiam. » Convertissez-vous et faites pénitence. Mais, même quand il y a dans le texte « faire pénitence », la néo-liturgie traduit : se convertir, comme on l’a vu avec l’interpellation de Corazine et Bethsaïde. Et quand il y a les deux mots, la Bible de la néo-liturgie, qui refuse l’idée de pénitence, écrit : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu »…
Ainsi selon la néo-liturgie le Seigneur n’a pas dit : « S vous ne faites pénitence vous périrez tous », mais : « Si vous ne vous convertissez pas… »
On a supprimé la pénitence jusque dans le sacrement qui portait ce nom et qui est devenu celui de la « réconciliation ». C’est plus cool. Et si on se réconcilie, c’est, à la limite blasphématoire, qu’il y avait sans doute des torts des deux côtés… Quoi qu’il en soit, si on réconcilie c’est qu’il y avait des différends, ce qui n’implique pas en soi de repentir ou de pénitence. Telle est la nouvelle religion de l’impiété.
On aura une idée du fossé qui a été creusé entre l’Orient et l’Occident, en ces temps de soi-disant œcuménisme, si l’on rappelle qu’aux matines byzantines, dès le premier dimanche de préparation au carême puis à tous les dimanches de carême on chante solennellement, en vénérant l’Evangile qui vient d’être lu : « Τῆς μετανοίας ἄνοιξόν μοι πύλας » : Ouvre-moi les portes de la pénitence – du repentir. Littéralement : « De la pénitence ouvre-moi les portes » Métanoia est le mot qui est en tête : c’est la clef du carême.
Et c’est, tout naturellement, le grand thème de ce temps, inlassablement repris dans la liturgie.
On prendra conscience de ce fossé aussi en lisant le début du 50e discours ascétique d’Isaac le Syrien, l’un des grands maîtres à penser du monachisme oriental, voix de la pure tradition :
« Le présent chapitre voudrait nous signifier ceci : il nous faut continuellement savoir que durant les vingt-quatre heures de la nuit et du jour nous avons besoin du repentir (της μετανοίας χρήζομεν). Mais voici quel est le sens du mot repentir, tel que nous l’a donné à connaître la vraie forme des choses : le repentir est une supplication continuelle, une supplication de toute heure au cœur de la prière pleine de componction (κατάνυξις), et approchant Dieu pour lui demander l’absolution du passé. Il est aussi l’affliction dans laquelle nous gardons les choses de l’avenir. »
Beaucoup de catholiques d’esprit traditionnel croient qu’on peut s’accommoder de cette liturgie déficiente et déviante (dont la suppression de la pénitence n’est qu’un aspect parmi d’autres), parce qu’on rétablit la situation en étant catholique chez soi, dans sa prière personnelle, et parce qu’il y a de nombreux prêtres d’esprit traditionnel qui corrigent ces défauts dans leurs homélies et leur direction spirituelle, voire même partiellement dans leur liturgie. Mais lex orandi, lex credendi, il arrivera forcément un temps où la néo-liturgie, la liturgie déficiente et déviante, aura le dernier mot. Et les derniers « fidèles » ne se rendront même plus compte qu’ils ne sont plus du tout catholiques. Déjà ceux qui assistent à la messe traditionnelle avec les lectures de la néo-liturgie (ce qui est obligatoire selon Traditionis custodes) ne se rendent pas compte que ces lectures sont falsifiées. Les prêtres qui les proclament et les utilisent dans leurs homélies non plus.
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« Ouvre-moi les portes de la pénitence », au monastère de Simonopetra (Athos) :
Ouvre-moi les portes de la péntience, Toi qui donnes la vie - Car vers ton temple saint se lève mon esprit - portant tout souillé le temple du corps - Mais purifie-moi, compatissant, dans la miséricorde de ton amour.
Et maintenant… :
Conduis-moi sur le chemin du salut, Mère de Dieu - Car dans les fautes infâmes j'ai souillé mon âme - dans la négligence j'ai dépensé ma vie - Par tes prières délivre moi de toute impureté.
Verset du psaume 50 :
Aie pitié de moi, Dieu, dans ta grande miséricorde. Dans l'abondance de tes compassions efface mon péché.
Malheureux considérant le nombre de mes fautes - je crains le jour terrible du Jugement - Mais confiant dans l'amour de ta miséricorde - je T'appelle comme David - Aie pitié de moi, Dieu, selon ta grande miséricorde.
Au monastère de Valaam :
Покаяния отверзи ми двери, Жизнодавче! Утреннюет бо дух мой ко храму святому Твоему, храм носяй телесный весь осквернен; но яко Щедр, очисти благоутробною Твоею милостию.
На спасе́ния стези́ наста́ви мя. Богоро́дице, сту́дными бо окаля́х ду́шу грехми́ и в ле́ности все житие́ мое́ ижди́х; но Твои́ми моли́твами изба́ви мя от вся́кия нечистоты́.
Поми́луй мя, Бо́же, по вели́цей ми́лости Твое́й и по мно́жеству щедро́т Твои́х очи́сти беззако́ние мое́.
Мно́жества соде́янных мно́ю лю́тых помышля́я, окая́нный, трепе́щу стра́шнаго дне су́днаго; но наде́яся на ми́лость благоутро́бия Твоего, я́ко Дави́д вопию́ Ти: поми́луй мя. Бо́же, по вели́цей Твое́й ми́лости.
Tu es, ô Esprit-Saint, le calice rempli dans les cieux et qui rend immortel, dans lequel a bu au Cénacle le chœur des saints Apôtres : tu es béni, ô Esprit-Saint, tu es plein de vérité.
Tu t’es répandu sur nous avec abondance, ô flamme vivante ; car les Apôtres, après s’être désaltérés en toi, ont désaltéré toute la terre : tu es béni, ô Esprit-Saint, tu es plein de vérité.
Aujourd’hui les Églises de la gentilité se livrent au transport de la joie ; tu es le principe de cette allégresse, calice vivifiant : tu es béni, ô Esprit-Saint, tu es plein de vérité.
Toi qui procèdes de la vérité du Père, source de lumière, tu as réjoui de tes rayons les Apôtres et tu les as remplis de ta splendeur : par leurs prières aie pitié de nous.
Tu as dévoilé ton essence en te montrant sous la forme d’un feu merveilleux ; c’est la lumière divine dont tu as rempli les Apôtres en les rendant heureux : par leurs prières aie pitié de nous.
Toi qui, au commencement, as changé en lumière les ténèbres qui enveloppaient le monde, tu as aujourd’hui rempli les Apôtres de ta lumière admirable et divine, en les rendant heureux : par leurs prières aie pitié de nous.
Toi qui es assis sur ceux qui lancent des rayons enflammés et se balancent sur leurs ailes, tu as été aujourd’hui répandu du haut des cieux par un ineffable amour sur la race humaine : tu es béni, ô Esprit-Saint, ô Dieu !
Toi qui fais chanter le trisagion par des langues de feu, tu as été répandu des cieux aujourd’hui comme une flamme sur les lèvres des humains : tu es béni, ô Esprit-Saint, ô Dieu !
Toi que les Esprits dont la nature est la flamme contemplent éternellement au milieu de tes feux éblouissants, aujourd’hui tu as été répandu des cieux sur la terre comme une coupe remplie d’une liqueur embrasée : tu es béni, ô Esprit-Saint, ô Dieu !
(Liturgie arménienne, canon du sixième jour de la Pentecôte, cité dans L'Année liturgique.)
Dans le passage des Actes des Apôtres (VIII, 5-9), il est parlé de Philippe l’Évangéliste qui, à Samarie, confirme sa prédication par de nombreux miracles qui émeuvent de joie tout ce peuple. La joie, dont parle ici le texte sacré, est un don du Saint-Esprit ; on l’obtient quand l’âme se prête docilement à l’action de la grâce, sans en contrarier ou en arrêter les motions intimes. Si le monde aujourd’hui est plus que jamais inquiet et avide de divertissements, cela indique qu’il manque de la joie et de la consolation du divin Paraclet, s’en rendant indigne par la résistance qu’il oppose aux mouvements intérieurs de sa grâce. Dans une âme, la joie chrétienne est comme le thermomètre de sa température surnaturelle ; peu de joie démontre que la ferveur manque, et il convient alors de la rallumer dans l’oraison. Tristatur aliquis inter vos ? Oret... psallat, dit saint Jacques.
Il est un fait fort singulier, qui doit remplir d’une crainte salutaire les âmes pieuses, et il est noté très souvent dans les saintes Écritures. Les mieux disposés à la grâce ne sont pas toujours les Israélites, les Prêtres, les Docteurs de la Loi, mais les Samaritains exécrés, les publicains et les pécheresses. Cela provient de l’orgueil caché que parfois nous inspire une vie exempte de grands désordres. Alors nous présumons trop de nous-mêmes, comme si nous n’avions pas besoin de la miséricorde de Dieu pour nous tenir debout, tandis que les pauvres pécheurs sentent toute l’abjection de leur état, et, par leur profonde humilité, s’approchent davantage du trône de la divine miséricorde et inclinent Dieu à avoir une grande pitié de leur situation.