Plusieurs sites se sont fait l’écho de la censure dont a été victime François Hollande, sur le site de la Maison Blanche, le 31 mars. Invité par Obama à parler du terrorisme, il a dit que « la source du terrorisme islamiste, elle est en Syrie et elle est en Irak ». Alors que les propos étaient traduits, cette phrase-là ne l’a pas été. Parce qu’elle n’est pas conforme à l’idéologie officielle de la Maison Blanche : le terrorisme n’a aucun rapport avec l’islam, donc il n’y a pas de « terrorisme islamiste ». L’affaire a fait tant de bruit (dans les milieux conservateurs) que la vidéo a été modifiée et la phrase traduite, et l’on a invoqué un « problème technique ».
Or voici que ce matin je vois sur Euractiv un article intitulé « L’UE peine à gérer la radicalisation ». Curieux de voir de quelle radicalisation il s’agit, je lis l’article. Or, arrivé au bout, je ne sais toujours pas de quoi il s’agit. Il semble qu’on parle d’une radicalisation absolue, en quelque sorte au-delà des opinions et des idéologies, quelque chose d’insaisissable, et l’on comprend alors en effet pourquoi on peine à la gérer…
On apprend que « en 2014, l’UE a alloué 3,5 millions d’euros à la lutte contre la radicalisation et les départs de jeunes européens vers des zones de conflit, comme la Syrie ». Et que cette affaire de « combattants étrangers » (en Syrie) est un problème. Pas seulement pour la Syrie, apparemment, mais on ne sait pas pourquoi.
L’article m’apprend aussi que la Commission européenne compte « allouer 5 millions d’euros supplémentaires au centre d’excellence du réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (RSR) ». Notamment pour un projet intitulé Stresaviora II, qui a pour objectif de « renforcer la résistance contre la radicalisation violente ».
Je n’avais jamais entendu parler du RSR. Alors je suis allé voir de plus près. J’ai découvert que ce « réseau européen de sensibilisation à la radicalisation » a été créé en 2011.
Sa création fut annoncée par un long communiqué intitulé « La Commission européenne redouble d’efforts pour lutter contre l’extrémisme violent ». Non seulement on n’y trouve aucun mot ayant un rapport avec l’islam, mais on précise explicitement qu’il n’est « pas possible d'établir un lien entre le terrorisme et une confession ou des convictions politiques données ».
En janvier 2014, la Commission européenne a pondu un document de 13 pages intitulé « Prévenir la radicalisation conduisant au terrorisme et à l’extrémisme violent: renforcer l'action de l’UE ». Dans ces 13 pages, de même, on cherchera en vain une quelconque allusion à l’islam, ou même au « jihadisme », ou même au fameux « Daech »…
Si vous vous demandiez pourquoi l’Union européenne est tellement inefficace contre le terrorisme islamiste, vous avez la réponse. Tant qu’on s’obligera à ne pas appeler les choses par leur nom, on se condamne à subir les assauts de cette si étrange « radicalisation » sans visage…