Cela a quelque chose d’historique. Ce 16 mai les bureaux du Parlement égyptien ont été officiellement saisis d’un projet de loi sur la construction des lieux de culte. A savoir des églises (dont le texte donne une définition), puisque la construction de mosquées est totalement libre et qu’aucune loi ne saurait la régir.
C’est le premier aboutissement de l’initiative des diverses communautés chrétiennes d’Egypte (essentiellement l'Eglise copte, mais avec l'appui de toutes les autres), qui en octobre 2014 avaient envoyé au gouvernement une ébauche de projet de loi qui mettrait fin à la législation… ottomane en la matière.
La loi sur la construction des églises est en effet le « décret Hamayoni », de 1856, qui pose 10 conditions, c’est-à-dire rend cette construction quasi impossible : l’autorisation ne peut être donnée pour la construction d’une église à proximité d’une école, d’un bâtiment de l’Etat, d’une zone résidentielle, d’une ligne de chemin de fer, d’un canal… et bien sûr d’une mosquée (d’où l’édification immédiate d’une mosquée près du terrain où des coptes envisagent de construire une église). En outre la décision revient au président de la République. Du moins jusqu’en 2005, année où le président Moubarak délégua cette prérogative aux gouverneurs des provinces, avec obligation d’étudier toutes les demandes et de justifier les refus. Mesure qui se voulait favorable aux chrétiens, mais qui ne changea rien, les autorités locales étant bien plus que le président sous la pression des islamistes (on vit ainsi, pour un permis de simple restauration d’une église, un gouverneur demander le décret présidentiel autorisant la construction de l’église… édifiée du temps du royaume d’Egypte…).
Le projet de loi, qui comprend 13 articles, redéfinit les conditions d’obtention d’un permis de construire des autorités locales de façon favorable aux chrétiens, tente de prévenir certains des problèmes rencontrés, et donne le droit aux évêques de saisir le Conseil d’Etat en cas de retards dus à des prétextes.