Le ministre de l’Education anciennement nationale a officiellement annoncé l’abolition de la liberté d’enseignement en France à partir de la prochaine rentrée : le régime actuel de simple déclaration d’ouverture d’une école hors contrat sera remplacé par un régime d’autorisation administrative préalable : il faudra faire la demande au moins quatre mois avant l’ouverture prévue. En outre, les contrôles vont être multipliés dans les écoles existantes, ainsi que dans les foyers où l’on pratique l’école à la maison. Officiellement pour s’assurer du niveau scolaire, en réalité (et l’on ne s’en cache pas), pour vérifier le degré d’adhésion aux « valeurs de la République ».
Dès hier, le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux et président du conseil épiscopal pour l’Enseignement catholique, a publié un communiqué disant notamment :
Depuis plusieurs décennies, l’Eglise a manifesté l’attention qu’elle porte à la liberté d’enseignement. Or, ce nouveau dispositif d’autorisation préalable serait malgré les assurances apportées, une atteinte au principe même de cette liberté constitutionnelle en posant des conditions à l’ouverture des établissements scolaires. Aujourd’hui, l’épiscopat français entend, par ma voix, exprimer à ce sujet à la fois son inquiétude et ses plus grandes réserves.
Les motivations de la réforme envisagée méritent, il est vrai, d’être justement examinées, et notamment la lutte contre la radicalisation. Cette lutte est nécessaire mais pas à n’importe quel prix et certainement pas à celui de la liberté d’enseignement.
Le système actuel de déclaration, pleinement appliqué, et si besoin renforcé, répond d’ores et déjà aux exigences légitimes de contrôle par l’Etat.
Il n’y a donc pas lieu de réformer dans l’empressement et par un biais inapproprié des questions aussi importantes.
On peut regretter que le cardinal Ricard utilise le vocabulaire du politiquement correct en évoquant la « radicalisation », comme si cela touchait toutes les confessions religieuses, comme s’il y avait des écoles où l’on prêche le terrorisme catholique…
Cela dit, le mot « radicalisation » ne trompe personne, au point que Najat Belkacem fait savoir que les contrôles des écoles hors contrat ont une visée surtout pédagogique et détectent non une éventuelle radicalisation mais des « failles pédagogiques ». Cela devient de plus en plus difficile d’inventer des euphémismes.
Il n’en reste pas moins que l’islamisme est très évidemment le prétexte pour la suppression de la liberté scolaire et la mise sous surveillance des écoles hors contrat existantes, qui, lorsqu’elles sont confessionnelles, sont presque toutes catholiques.
Et c’est une grande satisfaction, assurément, pour Najat Belkacem, musulmane au Maroc et laïcarde en France, de pouvoir porter un tel coup au droit à l’école catholique.
On n’oubliera pas toutefois que le vrai responsable est François Hollande.