Mgr Donald Hying prenant possession de son siège de Madison, le 25 juin 2019.
Il va de soi que je vais scruter les réactions épiscopales au motu proprio du tyran de Sainte-Marthe. Pour le moment, on remarquera tout particulièrement l’évêque de Madison, Mgr Donald J. Hying. Je n’avais pas encore entendu parler de lui. Il a immédiatement publié un texte officiel. C’est le premier dont j’ai connaissance. Et dans ce texte Mgr Hying dit ouvertement qu’il n’appliquera pas le motu proprio. Expliquant que des points restent à éclaircir avant de prendre des décisions définitives, il fait l’éloge de la messe traditionnelle et de ses fruits spirituels bien qu’il ne la célèbre pas lui-même, et il édicte : 1. Que les prêtres résidant dans le diocèse qui veulent célébrer selon le missel de 1962 « peuvent présumer » de son autorisation. 2. Qu’en attendant de futures dispositions les messes peuvent être célébrées comme elles l’étaient jusqu’ici, « y compris dans les églises paroissiales » (précision directement contraire au motu proprio) ; 3. Que les lectures doivent être faites en vernaculaire. (Ce qui est censé appliquer le motu proprio mais se faisait sans aucun doute déjà partout.)
En ce qui concerne les réactions pour le moment verbales, on ne s’étonnera pas de celle de Mgr Salvatore Cordileone, l’excellent archevêque de San Francisco : « La messe est un miracle sous toutes ses formes : le Christ vient à nous dans la chair sous l'apparence du pain et du vin. Ce qui compte, c'est l'unité sous le Christ. Par conséquent, la messe traditionnelle en latin continuera d'être disponible ici dans l'archidiocèse de San Francisco et fournie en réponse aux besoins et désirs légitimes des fidèles. »
L’évêque d’Albany, Mgr Edward Scharfenberger, sans s’engager plus avant, mais c’est déjà en pleine contradiction avec ce que dit le pape, écrit : « En ce qui concerne la célébration de la liturgie romaine avant les réformes de 1970, je souhaite rappeler le grand bien pastoral et spirituel qui a été expérimenté par ceux qui ont été et qui sont engagés dans cette forme de liturgie. Je voudrais également reconnaître les nombreuses et précieuses contributions apportées à la vie de l'Église par ces célébrations. »
Le cardinal Burke considère que, contrairement à ce que prétend le dictateur argentin transféré à Rome, la liturgie des livres de 1962 est « est une forme vivante du rite romain et n’a jamais cessé de l’être », et qu’il n’a jamais vu la « situation gravement négative » dont parle le tyran. Il ajoute : « Je prie pour que les fidèles ne cèdent pas au découragement qu’une telle dureté engendre nécessairement, mais qu’ils persévèrent, avec l’aide de la grâce divine, dans leur amour de l’Église et de ses pasteurs. »
En ce qui concerne la France, on note la réaction de l’adjudant Battut, évêque de Blois : « Ce texte peut paraître rude car c’est un appel à l’obéissance. »
Celle, ambiguë mais moins cruelle, de l’évêque de Versailles, qui dit avoir d’ores et déjà renouvelé sa confiance aux prêtres desservant les communautés traditionnelles et son « désir de continuer ensemble » sur le chemin d’unité.
Pour ceux qui ont le cœur bien accroché, la prose ignoblement dégueulatoire de notre conférence épiscopale :
« Chaque évêque aura à cœur d’être à la hauteur des enjeux décrits par le Saint Père afin d’exercer la responsabilité qui lui est rappelée dans la justice, la charité, le soin de tous et de chacun, le service de la liturgie et de l’unité de l’Église. Cela se fera par le dialogue et demandera du temps. »
*
Enfin, je m’étonne du texte de Rorate Caeli, demandant à tous, fidèles, prêtres et évêques, de continuer tranquillement comme si de rien n’était. Sans un mot pour les fidèles qui vont dès demain se retrouver sans messe parce que l’évêque obéissant au pape aura supprimé la messe traditionnelle dans les paroisses – et partout ailleurs en attendant que le prêtre fasse une demande en bonne et due forme.