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Eglise - Page 11

  • "Cela a brisé le cœur du pape Benoît"

    Mgr Georg Gänswein a donné une longue interview à la Fondation Tagespost pour le journalisme catholique (créée par Benoît XVI en 2019) dont un extrait a été particulièrement remarqué : celui où on lui demande comment Benoît XVI a accueilli le motu proprio Traditionis custodes. Mgr Gänswein était depuis toujours le secrétaire personnel de Benoît XVI, mais il est également l’actuel préfet de la Maison pontificale. Son propos apparaît donc courageux, voire suicidaire…

    « Il en a été durement touché. Je crois que cela a brisé le cœur du pape Benoît de lire le nouveau motu proprio, parce que son intention avait été d’aider ceux qui voulaient simplement trouver un foyer dans l’ancienne messe pour trouver la paix intérieure, trouver la paix liturgique, afin de les écarter de Lefebvre. Et si vous pensez comment pendant tant de siècles l’ancienne messe a été la source de vie spirituelle et a nourri tant de gens, y compris beaucoup de saints, il est impossible d’imaginer qu’elle n’a plus rien à offrir. Et n’oublions pas que beaucoup de jeunes qui sont nés longtemps après Vatican II et qui n’ont pas compris toute cette émotion autour du concile, ces jeunes, connaissant la nouvelle messe, ont cependant trouvé un foyer spirituel, un trésor spirituel dans l’ancienne messe. Enlever ce trésor aux gens… eh bien, je peux dire que je ne suis pas à l’aise avec cela. »

  • Interdit diocésain

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    Le curé de Saint-Roch à Paris a distribué cette feuille hier à ses paroissiens. Elle les informe que le curé est l’objet d’une « réprimande » officielle de l’archevêché pour avoir célébré une messe pour le repos de l’âme de Charles Maurras le 16 novembre dernier, ce qui est un « scandale », et qu’en cas de « récidive » il sera « passible d’un précepte pénal ».

    Dans leur nouvelle Eglise il y a donc des morts pour lesquels on ne doit pas célébrer de messe. Le Christ n’est donc pas venu pour tous les hommes, il y en a qui n’ont pas droit à la miséricorde que le Saint Sacrifice répand sur les âmes.

    On note que la lettre émane explicitement de l’« Ordinaire », mais qu’elle n’est même pas signée d’un évêque, alors qu’il y en a trois à Paris. On note aussi, et c’est garanti par le « Chancelier » qui signe juste en dessous, qu’elle est datée du 10 décembre 2011…

    Ainsi va leur Eglise…

  • Mon Benoît XVI

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    C’est d’abord et avant tout le motu proprio Summorum Pontificum, qui proclama que la messe traditionnelle n’avait jamais été interdite et que donc tout prêtre pouvait la célébrer. Motu Proprio hélas annulé par l’infame Bergoglio. Je regrette seulement que Benoît XVI n’ait jamais célébré cette messe publiquement, ce qui aurait eu un grand poids. (Je parle du pape Benoît XVI, et non du cardinal Ratzinger, qui célébra en public, notamment la messe de Pâques de 1990 au séminaire de la FSSP à Wigratzbad - photo.) Mais sans doute cela aurait-il été considéré comme un acte de guerre par les progressistes, qui se sont cependant débarrassés de lui un peu plus tard. Et l’on ne sait pas si l’on saura un jour ce qu’il y eut précisément sous cette « renonciation » manifestement pas libre ni même valide.

    Benoît XVI, c’est aussi les encycliques Deus Caritas est et Spe Salvi, le discours des Bernardins, un grand nombre de catéchèses du mercredi, et aussi les ordinariats pour les anglicans voulant rejoindre l’unité catholique.

    Benoît XVI, c’était Joseph Ratzinger, une des plus hautes figures intellectuelles et spirituelles de l’Eglise de son temps, sans doute la plus haute. Il avait quelque chose d’un père de l’Eglise, comme on le voit par exemple dans sa trilogie sur Jésus de Nazareth, et sa dénonciation des délires de la critique historique.

    Et Joseph Ratzinger, ce fut le grand préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. L’homme qui sous la protection de Jean-Paul II condamna vertement en France même la (destruction de la) catéchèse française, mit le doigt sur les dérives de l’Eglise dans l’Entretien sur la foi et les dérives de la liturgie dans L’esprit de la liturgie, dénonça la soi-disant théologie de la libération et publia les documents fondamentaux (les dernières digues ?) Donum vitae et Dominus Jesus, et participa aux encycliques du pape régnant, notamment Veritatis splendor.

    Pianiste et mélomane, il a montré à plusieurs reprises qu’il aurait pu être un grand critique musical.

    Joseph Ratzinger avait un penchant bénédictin, d’où le nom de pape qu’il avait choisi, et il était un ami du Barroux. C’est ainsi que je le vois aujourd’hui, avec dom Gérard (dont il avait revêtu la chasuble à sa messe des Invalides en 2008), plus accessible au paradis qu’il ne pouvait l’être au Vatican.

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    • Les deux seules réactions qui évoquent la défense des valeurs traditionnelles chrétiennes :

    Vladimir Poutine : « Benoît XVI était une personnalité religieuse et d'Etat éminente, un défenseur convaincu des valeurs traditionnelles chrétiennes. Je garderai pour toujours des souvenirs radieux de lui. »

    Patriarche Cyrille : « L’autorité incontestable de Benoît XVI en tant que théologien éminent lui a permis d'apporter une contribution significative au développement de la coopération interchrétienne, au témoignage du Christ face à un monde sécularisé et à la défense des valeurs morales traditionnelles. »

    (Vu sur RT France, média interdit dans l'UE au nom des valeurs européennes.)

  • La dernière de François

    Le Père Frank Pavone a été « réduit à l’état laïc » par François. L’affaire fait un bruit considérable aux Etats-Unis, parce que le P. Pavone, directeur national des Prêtres pour la Vie et président du Conseil religieux national pro-vie, est la personnalité catholique la plus connue dans le pays en ce qui concerne la défense de la vie. Norma McCorvey, la « Jane Roe » de l’arrêt de la Cour suprême imposant le droit à l’avortement, l'a appelé « le catalyseur qui m’a fait entrer dans l’Eglise catholique ».

    Le P. Pavone a appris sa destitution par une agence de presse qui lui demandait sa réaction…

    Elle a été annoncée aux évêques américains par une lettre du nonce apostolique indiquant que le prêtre était coupable de « communications blasphématoires sur les réseaux sociaux » et « désobéissance persistante aux instructions légitimes de son évêque diocésain ». Dans un autre courrier, le nonce précise que la décision concernant « monsieur Pavone » n’est pas susceptible d’appel.

    Pour ce qui concerne les communications blasphématoires, au pluriel, c’est une unique vidéo, qu’on peut certes juger choquante, mais qui était précisément faite pour provoquer un choc, à la manière des shows américains. C’était lors de l’élection présidentielle de 2016. Il y a donc six ans. Le P. Pavone avait mis un fœtus sur une table ornée comme un autel et il avait dit :

    « Septième jour de la neuvaine pour l’élection. Aujourd'hui je vous montre un enfant tué par avortement, il nous a été confié par un médecin afin qu'il soit inhumé. Nous avons célébré les funérailles de ce bébé... qui repose dans une chapelle mémorielle, mais aujourd'hui je vous le montre parce que par cette élection nous devons décider si, oui ou non, nous permettrons que continuent les meurtres d'enfants en Amérique ou non. Hillary Clinton et la plateforme démocrate disent oui, laissons les meurtres d’enfants continuer (et vous payez pour cela) ; Donald Trump et la plateforme républicaine disent non, l'enfant doit être protégé. »

    Quant à la désobéissance, de fait le P. Pavone a désobéi à son évêque en faisant campagne pour Donald Trump en 2016 et en 2020. Mais s’il fallait réduire à l’état laïc tous les prêtres et évêques (et pape) qui ont fait campagne contre Trump et pour Jobidon, et aussi, bien sûr, ceux qui blasphèment en permanence en célébrant des messes LGBT, ce serait une dépopulation…

    Mgr Joseph Strickland, évêque de Tyler au Texas (nommé par François) a réagi :

    « Le blasphème est que ce saint prêtre est "canceled” alors qu'un président malfaisant promeut la négation de la vérité et le meurtre de l'enfant à naître à chaque occasion, que des responsables du Vatican promeuvent l'immoralité et la négation du dépôt de la foi et que des prêtres promeuvent la confusion du genre et dévastent des vies. »

  • Scandale Paglia : le retour

    Le site The Pillar revient en détail sur l’affaire du détournement de fonds par le très LGBT Mgr Paglia, aujourd’hui président de l’Académie pontificale pour la vie et grand-chancelier de l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille.

    On sait que Mgr Paglia avait reçu plus d’un million d’euros du Vatican pour des projets caritatifs, et qu’une grande partie de cet argent avait servi à la rénovation du siège du Conseil pontifical pour la famille que présidait alors Mgr Paglia (2012-2016), et à la rénovation de l’appartement personnel de Mgr Paglia pour environ 500.000 euros.

    Lorsque l’affaire est arrivée sur le bureau de l’auditeur général, Libero Milone, qui devait faire un rapport pour le pape, Mgr Paglia a affirmé qu’il avait déjà remplacé l’argent détourné. De fait, mais il semble qu’il l’avait remplacé par de l’argent prélevé sur d’autres dons…

    Libero Milone a alors été chassé de son poste par le cardinal Becciu, alors substitut à la Secrétairie d’Etat, le menaçant de poursuites judiciaires pour « espionnage » des affaires financières de hauts responsables de la curie. Lequel Becciu, dépouillé de ses droits et prérogatives de cardinal, est aujourd’hui poursuivi devant la justice du Saint-Siège pour corruption.

    Libero Milone a tenu une conférence de presse le 8 novembre dernier. Il a rappelé qu’il avait été contraint de quitter son poste parce qu’il avait découvert des faits de corruption parmi plusieurs hauts responsables du Vatican et qu’il avait des documents faisant état de cas de détournement de fonds, d’utilisation abusive de fonds, de blanchiment d’argent et d’autres irrégularités financières.

    En ce qui concerne l’affaire Paglia, il a précisé que les paiements pour les travaux demandés avaient été approuvés par l'administration du patrimoine du siège apostolique (APSA) mais que dans certains cas, les montants soumis à l’approbation étaient nettement plus élevés, parfois le double, du montant effectivement payé à l’entrepreneur, car Paglia avait apparemment négocié des tarifs réduits après l’approbation des dépenses.

    Mais c’est le fait que ce Paglia soit à la tête des institutions pour la vie et la famille qui reste le principal scandale. Ses affaires financières ne sont qu’une conséquence annexe de son absence de sens moral.

  • Bonne laïcité

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    Jim DeSana est un nouveau député du parlement du Michigan. Sa première initiative (avant même sa prise de fonction en janvier) est d’organiser une procession du Saint Sacrement, demain 7 décembre, au « capitole » de l’Etat, à Lansing. Il explique :

    "Cette procession eucharistique particulière est d'abord et avant tout un acte de révérence visant à apporter le Saint-Sacrement sur le domaine du Capitole de l'État. Notre paroisse estime également qu'il s'agit de déclarer que Jésus est notre Roi souverain, et nos Pères fondateurs n'ont jamais eu l'intention de séparer complètement Dieu de tous les aspects de la société américaine. Pouvoir prier et vénérer Jésus sur le lieu même où nos lois sont adoptées est ce dont nous voulons témoigner au nom de tous les catholiques romains de l'État du Michigan.

    Mon objectif, finalement, est de reconstruire la communauté catholique du Michigan. Le Michigan était, à une époque, l'un des États les plus catholiques d'Amérique - avec le Massachusetts, la Pennsylvanie et l'Ohio. Nous devons ré-évangéliser le Michigan. Nous devons faire comprendre aux gens que la société athée que nous sommes devenus finira par décimer notre grand État."

    Il explique aussi :

    "J'ai décidé de me présenter aux élections après avoir été alarmé par la perte de liberté que nous avons subie en étant aux mains des tyrans gouvernementaux qui dirigent l'État du Michigan. Je n'arrivais pas à croire le nombre de mesures inconstitutionnelles et illégales qui nous étaient imposées."

    Jim DeSana est le père de quatre garçons et quatre filles, et grand-père de 14 petits-enfants. Lui et sa femme Stéphanie sont des militants de la section du Michigan de Droit à la Vie, militants et pratiquants de l’école à la maison, et paroissiens actifs de la paroisse Saint-Etienne de New Boston. C’est le curé de la paroisse qui portera le Saint Sacrement.

  • Cardinal Zen

    Le 11 mai dernier, le cardinal Zen, 90 ans, était arrêté chez lui à Hong Kong comme un brigand et jeté en prison. Puis relâché. Puis un procès avait commencé. Un long procès. Pour « collusion avec des forces étrangères ». Ce qui pouvait lui valoir la prison à vie. Mais cela a été abandonné et il a finalement été jugé pour défaut d’enregistrement d’un fonds d’aide humanitaire aux manifestants arrêtés en 2019. Le cardinal Zen vient d’être condamné à… 490 euros d’amende, comme quatre autres prévenus, un sixième étant condamné à une amende inférieure.

    Manifestement les autorités chinoises ont fini par mettre la pédale douce, sans doute à cause des réactions internationales qui avaient été vives lors de l’arrestation musclée de l’évêque.

  • Leur Eglise en Chine

    Mgr Johannes Peng Weizhao est devenu mercredi évêque auxiliaire de Jiangxi. De l’Eglise officielle. Ainsi se poursuit la normalisation étatiste communiste de l’Eglise de Chine, dans le cadre de l’accord secret entre François et Pékin.

    Johannes Peng Weizhao avait été sacré évêque de Yujiang en 2014. Evêque clandestin, il avait été arrêté quelques semaines plus tard, puis relâché en novembre, et ensuite constamment surveillé et soumis aux pressions habituelles.

    Le voilà évêque auxiliaire d’un diocèse qui n’existe pas pour Rome, membre de l’Eglise dénommée « association patriotique » non reconnue par Rome, auxiliaire d’un évêque qui est vice-président de la Conférence des évêques catholiques chinois non reconnue par Rome. (Une fois de plus, on constate l’humiliation infligée à un évêque qui était pleinement évêque d’un diocèse et qui devient auxiliaire d’un dignitaire du régime.)

    Le 22 septembre, il avait annoncé à son clergé qu’il renonçait à son diocèse et acceptait la décision du gouvernement d’intégrer tous les diocèses suffragants de Nanchang en un seul, celui de Jiangxi. Le 11 octobre il avait participé à la pose de la première pierre du nouvel évêché de Jiangxi.

    Le site gouvernemental Chine catholique fait savoir que l'évêque a juré de « prêcher fidèlement l'évangile, de diriger les prêtres et les catholiques du diocèse de Jiangxi, de respecter la Constitution nationale, de sauvegarder l'unité de la patrie et l'harmonie sociale, d'aimer le pays et la religion, d’adhérer au principe d'indépendance et d'autogestion de l'Église, d’adhérer à la direction de la sinisation du catholicisme dans notre pays, de guider activement le catholicisme pour qu'il s'adapte à la société socialiste, et de contribuer à la réalisation du rêve chinois du grand rajeunissement de la nation chinoise. »

    Rome est muette. Pourtant la chose n’a pas pu se faire sans son accord. Secret, donc, aussi, celui-là…

    Addendum.

    Réaction laconique du Saint-Siège, deux jours après (et donc c'était sans son accord...):

    Le Saint-Siège a pris connaissance avec surprise et regret de la nouvelle de la "cérémonie d'installation", qui a eu lieu le 24 de ce mois à Nanchang, par S.E. Mgr Johannes Peng Weizhao, évêque de Yujiang (province du Jiangxi), comme « évêque auxiliaire de Jiangxi », diocèse non reconnu par le Saint-Siège. Cet événement, en effet, ne s'est pas déroulé conformément à l'esprit de dialogue existant entre le Vatican et la partie chinoise et aux dispositions stipulées dans l'Accord provisoire sur la nomination des évêques, le 22 septembre 2018. De plus, la reconnaissance civile de Mgr Peng a été précédée, selon les rapports reçus, par de longues et fortes pressions des autorités locales. Le Saint-Siège espère que des épisodes similaires ne se reproduiront pas, attend des communications appropriées à ce sujet de la part des Autorités et réaffirme son entière disponibilité à poursuivre le dialogue respectueux sur toutes les questions d'intérêt commun.

  • Bugnini 1949

    Le blog New Liturgical Movement publie la traduction anglaise d’un grand article d’Annibale Bugnini, intitulé (en italien) « Pour une réforme liturgique générale », paru en 1949 dans Ephemerides liturgicae, revue publiée par le Centro Liturgico Vincenziano (de saint Vincent de Paul) à Rome. L’abbé Bugnini est le rédacteur en chef de la revue depuis 1946. En 1948, Pie XII crée une « Commission pour la réforme liturgique », et le travail qu’accomplit l’abbé Bugnini plaît tellement au pape qu’il nomme Bugnini secrétaire de la commission. C’est donc l’année suivante que Bugnini va publier son premier plan de destruction générale de la liturgie latine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Pie XII ne bronche pas. Bugnini est bel et bien installé, avec la confiance du pape, aux commandes de la machine intellectuelle qui vingt ans plus tard va réellement dynamiter la liturgie traditionnelle latine.

    La lecture de ce texte est intéressante car elle montre que sur certains points Bugnini devra en rabattre de ses prétentions, mais que sur d’autres il sera largement dépassé.

    Ainsi, son plan radical de nouvelle année liturgique ne sera pas mis en œuvre. Bugnini avait concocté une semaine de l’Epiphanie pétaradante… Premier dimanche de l’année : Epiphanie (c’est-à-dire Baptême du Seigneur). Lundi : venue des Mages. Mardi : Jésus au Temple. Mercredi : les Noces de Cana. Jeudi : la Transfiguration. Vendredi : le Cœur de Jésus. Samedi : l’Assomption. Le dimanche suivant : le Christ Roi.

    En ce qui concerne les collectes, il était beaucoup moins inspiré. Il se contentait de reprendre les critiques sur les collectes récentes, trop longues, ou qui racontent la vie du saint. Il n’avait pas eu l’idée de la révolution, menée par d’autres, mais qu’il supervisera, d’une refonte des collectes par mise bout à bout de fragments d’anciens textes dépouillés de leur signification et donnant des monstres à la signification inverse dans l’air du temps.

    Ce qui frappe surtout est l’insistance sur deux mots : fardeau, monotonie.

    Bugnini reprend à son compte et répète le lieu commun de l’office liturgique qui est un « fardeau » pour le prêtre. D’où la nécessité d’une réforme liturgique : pour alléger ce fardeau. C’est déjà ce qu’avait fait saint Pie X, mais il faut aller beaucoup plus loin. Il faut tailler, élaguer, supprimer, étaler les psaumes, etc. D’autre part, la liturgie est terriblement monotone. Il faut supprimer les répétitions, en finir avec les communs qui reviennent sans cesse, introduire une plus grande variété dans les lectures (y compris d’œuvres en langue vernaculaire…), etc.

    En fait, toute la révolution liturgique est contenue dans ces mots : fardeau, monotone. Car ils dénotent une totale absence de connaissance de la liturgie. Et malheureusement, cela faisait très longtemps que l’office était vu, quasi officiellement dans l’Eglise latine, comme un « pensum » : la révolution liturgique occidentale était donc inéluctable.

    Quand on vit de la liturgie, l’office n’est pas un fardeau mais une lumière, une nécessité de l’âme, une nécessité de toutes les heures, plus prenante que celle de la nourriture du corps. Les moines et les évêques qui ont élaboré l’office auraient été suffoqués qu’on appelle « fardeau » ce qui fait courir vers le ciel, ce qui fait contempler le ciel avant d’y aller. Et il ne peut pas y avoir de monotonie dans ce qui est jaillissement permanent de vie spirituelle. Non seulement les répétitions ne sont pas fastidieuses, mais elles sont comme les tremplins que le sportif retrouve chaque jour en se disant que cette fois il ira plus loin.

    Quand on lit l’article de Bugnini, on se dit que la constitution de Vatican II sur la liturgie est très en retrait, même si certains points y sont. En 1965 les évêques maintenaient encore une vraie notion de la tradition liturgique. Puis Bugnini, avec d’autres pires que lui, a été tout naturellement chargé de faire autre chose. Et maintenant François met la touche finale à la fin complète de la liturgie latine en l’interdisant dans les paroisses.

  • Jusqu’au 5e mois

    L’organisation Pro Civitate Christiana d’Assise est un « laboratoire de la foi et de l’avenir » qui publie notamment une revue intitulée Rocca, connue pour ses positions « progressistes ». Signe des temps, un article du 15 avril de cette année est passé inaperçu, qui affirmait que l’avortement n’était pas un péché s’il était commis pour une « bonne raison » avant le quatrième-cinquième mois de grossesse, parce que jusque-là on ne peut pas parler de personne humaine… Article de Mgr Luigi Bettazzi, évêque d’Ivrée de 1966 à 1999.

    Après tout, en Italie on connaît depuis très longtemps les positions, et de l’évêque (qui a maintenant 99 ans), et de la revue d’Assise. Donc on n’y a guère prêté d’attention.

    Mais la revue a décidé qu’on n’en resterait pas là. Et dans son numéro du 5 novembre un théologien, Giannino Piana, a repris les arguments de l’évêque, dans un article intitulé « Au cœur du mystère de l’origine de la vie. Quand on devient une personne. »

    Giannino Piana, ancien professeur d’éthique à l’université de Turin, est l’auteur de près d’une quarantaine d’ouvrages, dont le plus connu est l’Introduction à l’éthique chrétienne.

    Piana reconnaît que la thèse « s’oppose à la doctrine traditionnelle de l’Église », mais, dit-il, « l’authentique tradition chrétienne ne peut pas et ne doit pas être pensée comme un bloc monolithique, qu’il faudrait transmettre de manière momifiée et répétitive ». Parce qu’au contraire « c’est une tradition ouverte et innovative, constamment en croissance » et que « le courage de changer, dans le plein respect de la substance évangélique, est le chemin à suivre pour la rendre plus crédible et universalisable ».

    On croirait lire du Bergoglio… Mais ce n’est que le baratin convenu de la clique antichrétienne au pouvoir dans l’Eglise de Rome.

    Piana reprend un argument que j’avais déjà vu il y a longtemps, je ne sais plus où : quand Dieu crée l’homme, il façonne son corps avec de la terre, puis il souffle dans ses narines et il devient être vivant. Il y a donc deux temps, et il en est de même dans le ventre de la mère. Mais cet argument ne tient pas une seconde : l’embryon est bel et bien vivant, et même si l’on ose dire que ce n’est qu’un « amas de cellules », ce sont des cellules vivantes… Et qui vivent de leur vie propre.

    Piana détermine ensuite quel est donc le moment où le souffle de vie fait une personne humaine de ce qui était « préalable ». En s’appuyant sur « une scientifique moderne », dont il ne dit pas le nom, il affirme que l’on ne peut pas encore parler d’être humain quand les membres sont formés, quand on entend battre le cœur, mais seulement lorsque le fœtus est en mesure de « pouvoir vivre en tant qu’être humain et respirer de manière autonome », ce qui ne se produit qu’à partir du quatrième ou du cinquième mois, « comme Jean-Baptiste qui au sixième mois tressaillait dans le sein d’Elisabeth au salut de Marie ».

    Et l’on ose se référer à l’évangile… Mais cet évangile dit le contraire de ce que prétend la « scientifique moderne » citée par Piana : certes c’est au moment de la salutation de Marie que tressaille Jean-Baptiste, mais le contexte (le commentaire d’Elisabeth) montre bien que c’est parce qu’il a reconnu la présence du Seigneur dans le sein de Marie. Le Seigneur qui est alors un embryon de quelques jours à peine. (Et c’est ainsi que l’iconographie l’a toujours compris.)

    Piana reprend ensuite l’argumentation de l’évêque sur le « ressenti » de la femme, « caractérisé par une implication existentielle unique » dans la connaissance du « processus humain au cours duquel on devient une personne », que l’on ne peut « nullement enfermer dans des schémas prédéfinis » et qui « se présente comme ouvert de façon pérenne ».

    C’est le relativisme et l’individualisme poussés à l’extrême. A leur extrême criminel. Il n’y a plus rien d’objectif. C’est la femme qui décide, selon son ressenti, jusqu’à quel moment son fœtus peut être éliminé parce qu’il n’est pas encore un être humain…

    Bref, conclut Piana, ce qui est certain est « qu’il faudrait déplacer bien plus loin le moment où commence la vie personnelle par rapport à l’acte de la fécondation et qu’on ne peut pas parler d’avortement au sens strict si on ne se trouve pas à une distance considérable de cet événement ».

    Si Giannino Piana quittait parfois son bureau pour aller dans les lieux où se pratique l’élimination de ce qui est préalable à l’être humain, il découvrirait peut-être (notamment chez lui en Italie) pourquoi de plus en plus de médecins refusent de pratiquer des avortements…