La postcommunion de la fête du Sacré Cœur :
Prǽbeant nobis, Dómine Jesu, divínum tua sancta fervórem : quo dulcíssimi Cordis tui suavitáte percépta ; discámus terréna despícere, et amáre cæléstia.
Que vos saints mystères, Seigneur Jésus, produisent en nous une ferveur divine qui nous fasse goûter la suavité de votre Cœur très doux et nous apprenne à mépriser ce qui est terrestre pour n’aimer que les biens du ciel.
L’antithèse « terréna despícere, et amáre cæléstia » se rencontre souvent dans la liturgie traditionnelle, car elle résume tout un pan de la spiritualité chrétienne authentique, celle de la Sainte Ecriture, des pères, de la tradition. Elle a été entièrement et sévèrement bannie de la néo-liturgie, parce qu’elle ne « tenait pas compte de la mentalité moderne et des directives de Vatican II », selon Dom Antoine Dumas, le fabricant en chef des oraisons de la néo-liturgie.
Tel est l’une des raisons pour lesquelles la néo-liturgie n’est plus catholique, et si c’est vraiment là « l’unique expression de la lex orandi du rite romain », comme l’édicte le pape, alors ce « rite romain » n’est plus un rite catholique.
Il me vient tout à coup à l’idée que l’origine de la révolution liturgique, dans les textes de Vatican II, n’est pas la Constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium, mais la « Constitution pastorale » Gaudium et Spes. Car dans la Constitution sur la liturgie il n’y a rien, en dehors de quelques détails (comme le pitoyable éparpillement des psaumes sur quatre semaines) qui corresponde à ce que l’on voit dans la néo-liturgie, alors que c’est dans Gaudium et Spes qu’on voit l’Eglise s’extasier devant l’homme moderne. Ce qui a été souligné par Paul VI dans son discours de clôture :
Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne. Des erreurs ont été dénoncées. Oui, parce que c’est l’exigence de la charité comme de la vérité mais, à l’adresse des personnes, il n’y eut que rappel, respect et amour. Au lieu de diagnostics déprimants, des remèdes encourageants ; au lieu de présages funestes, des messages de confiance sont partis du Concile vers le monde contemporain : ses valeurs ont été non seulement respectées, mais honorées ; ses efforts soutenus, ses aspirations purifiées et bénies.
Voilà pourquoi il fallait bannir « terena despicere », et avec ce principe de saine prophylaxie spirituelle tourner le dos à toute la tradition de l’Eglise.
N.B. Je constate que de nombreuses personnes, y compris des connaisseurs de la liturgie, continuent de parler de "forme ordinaire" et de "forme extraordinaire". Pourtant cette distinction a été supprimée par le pape il y a près de deux ans maintenant. Si les livres de Paul VI sont "l'unique expression de la lex orandi du rite romain", c'est qu'il y a une forme unique. Je crois que certains n'ont pas compris la portée du diktat de François. Selon le pape (?), la liturgie traditionnelle n'est pas une expression du rite romain. Que chacun en tire les conclusions qu'il veut, mais qu'on cesse de parler de "forme extraordinaire" comme si c'était une expression officielle correspondant à un statut particulier.