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Benoît XVI - Page 87

  • Après le baptême de Magdi Cristiano Allam

    Il a été dit que le Vatican s’était « démarqué » des déclarations de Magdi Cristiano Allam sur l’islam, voire même s’était inscrit en faux contre ses déclarations. La vérité est que le P. Lombardi, dans un texte qu’il faut lire en entier, et qui est une critique, non des propos du converti, mais d’Aref Ali Nayed, écrit ceci :

    « Accueillir dans l’Eglise un nouveau croyant ne signifie pas, évidemment, que l’on adopte toutes ses idées et positions, notamment en matière politique ou sociale. Le baptême de Magdi Cristiano Allam est une bonne occasion de réaffirmer expressément ce principe fondamental. Il a le droit d’exprimer ses idées, qui restent des idées personnelles et qui, bien entendu, ne deviennent en aucune manière l’expression officielle des positions du pape ou du Saint-Siège. »

    Cela va de soi. Et Magdi Cristiano Allam l’a confirmé lui-même : « Je souscris totalement » à cette déclaration « qui fait la distinction entre mes idées personnelles (...) et la position officielle de l'Eglise ».

    On lira avec intérêt, sur le blog en français de Sandro Magister : (1) des précisions sur le converti, le texte intégral de la lettre de Magdi Cristiano Allam au directeur du Corriere della Serra, la réaction d’Aref Ali Nayed au baptême de l’ancien musulman par le pape, et la réponse du P. Lombardi ; (2) ainsi qu’un texte de Pietro De Marco, et l’analyse des derniers numéros de l’Osservatore Romano, avec notamment le commentaire sur les déclarations du roi d’Arabie saoudite. (On s’étonnera, mais c’est un détail, des paragraphes sur « Raimondo Lullo » : le traducteur ne paraît pas savoir que ce personnage a toujours été appelé Raymond Lulle en français.)

  • Un geste fort de Benoît XVI

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    Comme il le fait habituellement, le pape a baptisé quelques adultes venus de différentes parties du monde lors de la veillée pascale (qui est en effet aussi une veillée baptismale). Parmi les sept élus, cette année, il y avait Magid Allam, devenu Cristiano (Christian) Magid Allam au lendemain même de son 56e anniversaire. Il est peu connu en France, mais célèbre en Italie, car il est éditorialiste et vice-directeur du Corriere della Serra, et il participe souvent à des émissions de télévision. Or Magid Allam était musulman. Le fait que le pape en personne baptise une personnalité ex-musulmane de premier plan est évidemment un événement de grande importance.

    D’autant que Magid Allam suscite souvent la polémique. Certains sont allés jusqu’à le comparer à Oriana Fallaci. En réalité, il se présentait comme un « musulman modéré », et en cette qualité il fustigeait l’islamisme en termes très forts, accusant les pays occidentaux de nourrir les extrémistes et donc le terrorisme. Il dénonçait le « multiculturalisme », l’inconscience islamiquement correcte de la classe politico-médiatique européenne, demandait qu’on en finisse avec la « mosquée-mania », etc.

    Ce qui est intéressant est de constater que Magid Allam a quelque peu évolué. Il a fini par constater que le problème n’était pas l’islamisme, mais l’islam lui-même. C’est ce qu’il dit, semble-t-il pour la première fois, dans la longue lettre qu’il a envoyée à son journal : « J’ai dû prendre acte que, au-delà (…) du phénomène des extrémistes et du terrorisme islamique au niveau mondial, la racine du mal est inhérente à l’islam, qui est physiologiquement violent et historiquement conflictuel. »

    Il ajoute qu’en acceptant de le baptiser publiquement, le pape « a lancé un message explicite et révolutionnaire à une Eglise qui jusqu’à présent a été trop prudente dans la conversion des musulmans », en « s’abstenant de faire du prosélytisme dans les pays à majorité islamique », « par peur de ne pas pouvoir protéger les convertis face à leur condamnation à mort pour apostasie ».

    On constate aussi que le pape a baptisé publiquement un ex-musulman deux jours après que Ben Laden l’a accusé de participer à une « croisade » contre l’islam en compagnie des caricaturistes de Mahomet…

    Magid Allam était un des noms les plus souvent cités de « musulmans modérés » susceptibles de faire « évoluer » l’islam et de le rendre compatible avec les valeurs occidentales. Les islamistes faisaient tout pour le discréditer, et sur leurs sites ils le présentent comme un faux musulman, un homme qui en réalité est un copte. Car Magid Allam est d’origine égyptienne. C’est Tariq Ramadan qui a fait circuler cette rumeur, traitant de menteurs ceux qui prétendaient que Magid Allam était musulman. Mais Magid Allam est en effet né de parents musulmans, et il a même fait le pèlerinage de La Mecque en 1991 avec sa mère. (Le prénom Magid, en égyptien, Majid, dans les autres pays arabes, veut dire « glorieux », et il est porté aussi bien par des chrétiens que par des musulmans, d’où la possibilité d’entretenir l’ambiguïté.)

    Voilà donc une illusion qui se dissipe. Non, il ne peut pas y avoir d’islam occidentalement correct. L’un de ceux sur qui on comptait le plus, le « musulman modéré » Magid Allam, à force de réfléchir à la question, n’a pas contribué à faire émerger un islam de la modernité, il est devenu chrétien. Au cours de ces années, dit-il, « mon esprit s’est affranchi de l’obscurantisme d’une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, la mort violente qui conduit à l’homicide et au suicide, la soumission aveugle à la tyrannie, me permettant d’adhérer à l’authentique religion de la Vérité, de la Vie et de la Liberté ».

    Or c’est cet homme-là que le pape a voulu baptiser lui-même, en sachant qui il est, en sachant ce qu’il dit. En outre, le Saint-Siège a souligné l’importance de l’événement et du geste de Benoît XVI, de façon quelque peu paradoxale, par un communiqué censé le relativiser, publié moins d’une heure avant la veillée pascale (alors que la conversion de Magid Allam avait été tenue secrète). Informant la presse que parmi les nouveaux baptisés il y aurait Magid Allam, vice-directeur du Corriere della Serra, le P. Lombardi ajoutait : « Pour l'Eglise catholique, toute personne qui demande de recevoir le baptême après une profonde recherche personnelle, un choix pleinement libre et une préparation adéquate, a le droit de le recevoir. Pour sa part, le Saint-Père confère le baptême au cours de la liturgie pascale aux catéchumènes qui lui ont été présentés, sans faire d'“acception de personne”, c'est-à-dire en les considérant tous également importants devant l'amour de Dieu et bienvenus dans la communauté chrétienne. »

    Magid Allam est protégé par une escorte policière depuis cinq ans, car il est condamné à mort par une fatwa, comme falsificateur de l'islam, et aussi menacé de mort par le Hamas en raison de ses prises de position pro-israéliennes. Désormais il sera aussi menacé de mort comme véritable apostat de l’islam. « Je réalise ce à quoi je m'expose mais je vais faire face à mon destin la tête haute et avec la force intérieure de quelqu'un qui est sûr de sa foi », dit-il.

    Pour l’heure, les autorités musulmanes italiennes font plutôt profil bas, soulignant que Magid Allam est adulte et libre de faire ce qu’il veut… « Ce qui m'étonne, c'est l'importance que le Vatican a donnée à cette conversion », a toutefois ajouté Yahya Pallavicini,vice-président de la communauté religieuse islamique italienne…

  • Chemin de croix chinois

    Le pape a demandé à l'archevêque de Hongkong, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, les méditations du Chemin de Croix au Colisée pour ce Vendredi saint. L’agence Zenit lui a demandé si c’était pour le Saint-Père une façon de donner la parole à l’Eglise de Chine qui souffre. Il a répondu :

    « Le Saint-Père veut que nos frères et sœurs soient présents spirituellement au Colisée parce que, probablement, plus que nous, ils perpétuent aujourd'hui dans leur corps la Passion de Jésus. Dans leur chair, Il est arrêté, maltraité, moqué, condamné et crucifié, aujourd'hui. »

    D’autre part, du 10 au 12 mars a eu lieu au Vatican une réunion « au sommet », convoquée par le pape (sans qu’on connaisse l’identité des autres participants) avec pour thème la lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine, du 27 mai 2007.

    Le pape a rappelé le rendez-vous du 24 mai prochain, Journée universelle de prière pour l'Eglise en Chine.

  • Une profonde initiative de Benoît XVI

    Ce jeudi, en préparation à la Journée mondiale de la jeunesse, le pape Benoît XVI va présider une... liturgie pénitentielle dans la basilique Saint-Pierre.

    Le pape, explique à Zenit Mgr Mauro Parmeggiani, directeur du service diocésain de Rome pour la pastorale des jeunes, a voulu transformer cette rencontre traditionnelle avec les jeunes « qui est déjà un moment de fête, en une vraie fête, c'est-à-dire transformer une fête extérieure, qui est d'ailleurs une fête mais sans les couleurs de la fête, en une fête intérieure qui célèbre la rencontre entre l'homme et Dieu, l'homme qui rencontre la miséricorde de Dieu dans son cœur. C'est de là que naît la joie du chrétien ».

    Comme on peut s’en douter, il ne s’agit pas pour le pape de célébrer une de ces liturgies pénitentielles qui se terminent par une absolution collective et détournent les fidèles de la confession personnelle (devenue quasiment obsolète dans maints diocèses de France). Il s’agit au contraire de rappeler la nécessité de la confession.

    Benoît XVI veut aider les jeunes à redécouvrir le pardon de Dieu dans le sacrement de pénitence, souligne Mgr Parmeggian : « C’est un sacrement qui permet de confronter la vérité que l'on a en soi, son péché, sa misère humaine, avec la miséricorde de Dieu. Ce sacrement est peut-être celui qui répond le mieux au besoin de l'homme d'aujourd'hui, qui a besoin de miséricorde, d'amour, qui a besoin aussi de se confronter avec la justice de Dieu 

    « Il faut se placer devant les grandes perspectives de la vie, et devant celles de la vie après la mort », poursuit Mgr Parmeggiani. « Et que le pape dans sa Spe salvi nous parle justement des réalités ultimes comme quelque chose qui doit être repris, redécouvert, n'est pas un hasard. ».

    Mgr Parmeggiani remarque que la difficulté des jeunes à parler avec un prêtre, de se confesser à une personne est en fait un faux problème. « Dans un monde où nous sommes disposés à tout raconter de notre personne, partout, sur les ondes de la radio, sur Internet, dans les blog, dans les forum, sur Messenger, et avec toutes les possibilités de communiquer qui s'offrent à nous, de livrer nos pensées les plus intimes, les plus personnelles, je pense qu'il n'y a pas à de honte à avoir d'ouvrir notre cœur au ministre de Dieu qui, en ce moment précis, représente le Christ, le Christ qui m'écoute, le Christ qui m'encourage, le Christ qui me dit : Lève-toi et marche. »

  • Les catéchèses du pape

    Passionnant travail de Sandro Magister, sur son blog Chiesa, à propos des audiences de Benoît XVI.

    Il explique d’abord comment sont élaborées les catéchèses du pape le mercredi. Des chercheurs lui préparent un canevas, sur lequel il travaille. Il demande des remaniements, apporte des modifications, et l’on aboutit au texte qu’il va lire. Mais il ajoute impromptu des considérations qui ne figurent pas dans le texte. Ces ajouts figurent dans le texte publié ensuite par le Vatican, et qui est le seul dont nous disposons. Mais en étant attentif à ce que dit le pape, on peut voir à quel moment il s’écarte du texte qu’il a entre les mains. Sandro Magister a ainsi déterminé ce que le pape a improvisé dans ses cinq catéchèses sur saint Augustin.

    Naturellement, on découvre que ce qui est le plus personnel dans ces catéchèses est ce que le pape ajoute au moment où il parle.

    On notera cet ajout très significatif : « Il voulait uniquement être au service de la vérité, il ne se sentait pas appelé à la vie pastorale, mais il comprit ensuite que l'appel de Dieu était celui d'être un pasteur parmi les autres, en offrant ainsi le don de la vérité aux autres. »

    Le pape ajoute également des considérations, parfois très longues, par rapport au texte initial, sur les sujets qui lui tiennent à cœur, comme le rapport entre foi et raison.

    J’avais extrait de la quatrième catéchèse, afin de le retrouver plus facilement, ce qu’il disait du mot même de Confessions, le célèbre livre de saint Augustin. Sandro Magister montre que tout ce passage est un ajout du pape.

    On constate encore que ce qu’il dit de La Cité de Dieu est improvisé. Notamment quand il précise : « Aujourd'hui aussi, ce livre est une source pour bien définir la véritable laïcité et la compétence de l'Eglise. »

    Et encore ce passage qui m’avait frappé et que j’avais gravé dans ma mémoire : « Et pour se faire comprendre des gens simples, qui ne pouvaient pas comprendre le grand latin du rhéteur, il a dit: je dois aussi écrire avec des fautes de grammaire, dans un latin très simplifié. »

    Et encore ce passage qui fait la synthèse entre ce que je viens de citer et la première citation :

    « Cela lui était très difficile, mais il comprit dès le début que ce n'est qu'en vivant pour les autres, et pas seulement pour sa contemplation privée, qu'il pouvait réellement vivre avec le Christ et pour le Christ. (...)Il apprit à communiquer sa foi aux personnes simples et à vivre ainsi pour elles, (...) Mais il prit ce poids sur lui, comprenant que précisément ainsi il pouvait être plus proche du Christ. »

  • Le pape et les jésuites : un nouveau rappel à l’ordre du pape aux jésuites

    Le pape Benoît XVI a reçu hier les participants à la congrégation générale des jésuites.

    Le monde, leur a-t-il dit, est « le théâtre d'une bataille entre le bien et le mal », où le mal couve dans l'individualisme des idées et des actions qui relativisent le sacré, et se propage à travers la « confusion des messages » qui rendent difficile l'écoute du Message du Christ et se manifeste dans ces « situations d'injustice » et de conflit dont les pauvres font les frais au premier chef.

    Rappelant que les jésuites avaient toujours apporté l’Evangile aux frontières du monde, en défiant les adversités historiques et culturelles. Aujourd'hui, a-t-il ajouté, ce ne sont pas tant « les obstacles qui défient les annonceurs de l'Evangile » ne sont pas tant les mers ou les grandes distances mais les frontières qui, à la suite d'une « vision erronée et superficielle de Dieu et de l'homme » en viennent à opposer « la foi et le savoir humain, la foi et la science moderne, la foi et l'engagement pour la justice ».

    C'est sur ces frontières que Benoît XVI demande aux Jésuites de « témoigner et d'aider à comprendre qu'il existe au contraire une harmonie profonde entre foi et raison », une harmonie à traduire en défense de ces « points névralgiques aujourd'hui fortement attaqués par la culture sécularisée ».

    Et le pape de préciser :

    « Les thèmes aujourd’hui continuellement discutés du salut de tous les hommes en Jésus-Christ, de la morale sexuelle, du mariage et de la famille, doivent être approfondis et éclairés dans le contexte de la réalité contemporaine, mais en conservant la syntonie avec le magistère propre à éviter de provoquer confusion et désarroi dans le peuple de Dieu. C'est justement pour cela que je vous ai invités et que je vous invite aussi aujourd'hui à réfléchir pour retrouver le sens le plus plénier de votre « quatrième vœu » caractéristique d'obéissance au Successeur de Pierre, qui ne comporte pas seulement la promptitude à être envoyés en mission dans des terres lointaines, mais dans l'esprit ignacien le plus authentique du « sentir avec l'Eglise et dans l'Eglise », à « aimer et servir » le Vicaire du Christ sur la terre, avec cette dévotion « effective et affective » qui doit faire de vous des collaborateurs précieux et irremplaçables à son service pour l'Eglise universelle. »

  • Le jugement de Dieu

    A lire sur le blog de Sandro Magister, la relation de deux réponses du pape Benoît XVI à des prêtres de Rome, lors de leur traditionnelle rencontre de début de carême. Il souligne notamment qu’un de ses « objectifs fondamentaux », en rédigeant son encyclique Spe Salvi, a été d’insister sur les fins dernières, sur l’importance du jugement de Dieu, y compris pour les affaires terrestres.

  • La prière pour les juifs

    Communiqué de la Secrétairerie d’Etat :

    « En se référant aux dispositions contenues dans le Motu Proprio Summorum Pontificum, du 7 Juillet 2007, sur la possibilité d'utiliser la dernière rédaction du Missale Romanum, antérieur au Concile Vatican II, publié en 1962 avec l'autorité du bienheureux Jean XXIII, le Saint Père Benoît XVI a décidé que l'Oremus et pro Iudaeis de la Liturgie du Vendredi Saint contenu dans le Missale Romanum soit remplacé par le suivant texte :

    Oremus et pro Iudaeis. Ut Deus et Dominus noster illuminet corda eorum, ut agnoscant Iesum Christum salvatorem omnium hominum. Oremus. Flectamus genua. Levate. Omnipotens sempiterne Deus, qui vis ut omnes homines salvi fiant et ad agnitionem veritatis veniant, concede propitius, ut plenitudine gentium in Ecclesiam Tuam intrante omnis Israel salvus fiat. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

    Ce texte devra être utilisé, à partir de l’année courante, dans toutes les Célébrations de la Liturgie du Vendredi Saint avec le Missale Romanum. »

    On peut traduire ainsi cette prière :

    Prions aussi pour les juifs, afin que notre Seigneur et Dieu illumine leurs cœurs, et qu’ils reconnaissent le sauveur de tous les hommes. (…) Dieu éternel et tout-puissant, qui veux que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité, fais que, la plénitude des nations entrant dan ton Eglise, tout Israël soit sauvé.

    Voici cette prière telle qu’elle figurait jusqu’ici dans le missel de 1962 :

    Oremus et pro Judæis: ut Deus et Dominus noster auferat velamen de cordibus eorum; ut et ipsi agnoscant Jesum Christum Dominum nostrum. (…) Omnipotens sempiterne Deus, qui Judæos etiam a tua misericordia non repellis: exaudi preces nostras, quas pro illius populi obcæcatione deferimus; ut, agnita veritatis tuæ luce, quæ Christus est, a suis tenebris eruantur. Per eumdem Dominum nostrum (…).

    C’est-à-dire :

    Prions aussi pour les juifs afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu'eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur. (…) Dieu qui n'exclus pas même les juifs de la miséricorde, exauce nos prières que nous t'adressons pour l'aveuglement de ce peuple, afin qu'ayant reconnu la lumière de ta vérité qui est le Christ, ils sortent de leurs ténèbres.

    Et voici la prière telle qu’elle figure dans le missel de 1970 :

    Prions pour les Juifs : que le Seigneur notre Dieu qui les a choisis comme premiers parmi tous les peuples pour accueillir sa Parole, les aide à progresser toujours dans l’amour de son Nom et dans la fidélité à son Alliance. (prière en silence). Dieu tout puissant et éternel, qui a fait tes promesses à Abraham et à sa descendance, écoute avec bienveillance la prière de ton Église, pour que le peuple aîné de ton Alliance puisse parvenir à la plénitude de ta Rédemption.

    Lors de la publication du motu proprio, plusieurs organisations juives, comme le Centre Simon Wiesenthal, s’étaient émues que le pape permette l’ancienne prière pour la conversion des juifs, ce qui constituait un grave « retour en arrière » dans les relations entre juifs et chrétiens. L'Anti-Defamation League inscrivit même cette affaire sur une liste des « 10 questions affectant le plus les Juifs en 2007 », mettant ainsi le motu proprio du pape Benoît XVI sur le même plan que les diatribes anti-israéliennes du président iranien Ahmadinedjad.

    Le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Bertone, avait suggéré en juillet que l’on supprime purement et simplement cette prière, « ce qui résoudrait tous les problèmes ». Mais le mois suivant, on demandait à Mgr Angelo Amato, secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, s’il est « vraiment contraire à la lettre et à l’esprit du Concile de dire cette prière ». Il répondait : « Sûrement pas. A la messe, nous catholiques prions toujours, et en premier, pour notre conversion. Et nous nous frappons la poitrine à cause de nos péchés. Ensuite, nous prions pour la conversion de tous les chrétiens et de tous les non-chrétiens. L’Evangile est pour tous. »

    On voit que le pape a enlevé les mots qui aujourd’hui peuvent paraître blessants (voile, aveuglement, ténèbres), mais qu’il a conservé le sens de la prière : pour la conversion des juifs, en remplaçant excellemment « enlève le voile de leurs cœurs » par « illumine leurs cœurs », et en modifiant la suite de façon à renvoyer (là aussi excellemment) à saint Paul.

    Il ne reste plus à Benoît XVI qu’à changer aussi la prière du missel de 1970, c’est-à-dire la remplacer par celle qu’il vient d’imposer dans le missel de 1962. Car on voit qu’il juge normal de prier pour la conversion des juifs, or la prière de 1970 est déficiente, et d’une très grave ambiguïté, puisqu’elle sous-entend que les juifs sont fidèles à l’Alliance (dans laquelle ils doivent « progresser ») et qu’ils n’ont donc pas besoin de se convertir, alors qu’ils rejettent la (nouvelle) alliance qui est l’accomplissement, par le Fils de Dieu, de la précédente.

    La différence entre la nouvelle prière du missel de 1962 et la prière du missel de 1970 est parfaitement illustrée par la réplique immédiate du grand rabbin de Rome : cette prière « constitue un obstacle à la poursuite du dialogue entre juifs et chrétiens », le maintien de la formule demandant « de façon explicite » la conversion des juifs « remet en question des décennies de progrès ».

    Et ce n’est que la première réaction.

    Soutenons le pape par nos prières de Carême.

    Addendum

    Dans la soirée, l’assemblée des rabbins d’Italie, dans un communiqué signé de leur président Giuseppe Laras, dénonce la nouvelle prière et annonce qu’elle interrompt le « dialogue » avec l’Eglise.

    Les rabbins soulignent que le nouveau texte substitue à l'expression sur « l'aveuglement des juifs » une autre « conceptuellement équivalente » en dépit d'une formulation « apparemment moins forte ».

    « Le fait le plus grave est qu'a été introduit un appel aux fidèles à prier pour que les juifs reconnaissent finalement “Jésus Christ sauveur“. Le pape est certes libre de décider ce qu'il juge le mieux pour son Eglise et ses fidèles, mais il n'en reste pas moins que l'adoption d'une telle formule liturgique contredit nettement et dangereusement au moins quarante ans d'un dialogue souvent difficile et tourmenté entre judaïsme et catholicisme, qui semble ainsi n'avoir donné aucun résultat concret. »

    Cette prière traduit « une idée du dialogue ayant pour finalité la conversion des juifs au catholicisme, ce qui est pour nous évidemment inacceptable ».

    Cette situation « nous impose pour le moins une pause de réflexion dans le dialogue avec les catholiques afin de comprendre vraiment quelles sont leurs intentions ».

  • Rome et la communion dans la main

    6acb911b1dd81d548b44e2ab1e966869.jpgMgr Albert Malcolm Ranjith, secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin, considère qu’il est temps de reconsidérer la pratique de la communion dans la main.

    Dans la préface qu’il a rédigée pour un livre de Mgr Athanasius Schneider (évêque du Kazakhstan) publié il y a quelques jours par les éditions du Vatican, il souligne que « l’eucharistie, pain transsubstantié dans le corps du Christ et vin transsubstantié dans le sang du Christ – Dieu au milieu de nous – doit être reçu avec crainte révérencielle et dans une attitude d’humble adoration ». Le concile Vatican II, souligne-t-il, n’a jamais autorisé les fidèles à communier dans la main, pratique qui a été « introduite de façon abusive et précipitamment dans certaines sphères », et autorisée seulement par la suite par le Saint-Siège.

    Les liturgistes qui ont encouragé cette pratique ont dit qu’elle reflétait davantage la plus ancienne pratique de l’Eglise. « Il est vrai que si l’on communie sur la langue, on peut aussi communier dans la main, puisque ces organes du corps ont une égale dignité », concède-t-il. Mais la pratique de recevoir la communion dans la main a coïncidé avec « le début d’un affaiblissement graduel et croissant de l’attitude de révérence envers les espèces eucharistiques sacrées ». « Je crois que le temps est venu d’évaluer cette pratique et de la revoir, et si nécessaire, de l’abandonner. » « Maintenant, plus que jamais, il est nécessaire d’aider les fidèles à renouveler une foi vive en la présence du Christ dans les espèces eucharistiques, dans le but de renforcer la vie même de l’Eglise et de la défendre au milieu des dangereuses distorsions de la foi. »

    Les « bonnes feuilles » du livre (en italien) de Mgr Schneider, intitulé Dominus est : méditations d’un évêque d’Asie centrale sur la sainte Eucharistie, ont été publiées dans l’Osservatore Romano. Mgr Schneider dit notamment que si un catholique croit vraiment en la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie, il doit s’agenouiller en adoration et révérence quand il reçoit la sainte communion. Il doit être, ajoute-t-il, comme un bébé dans les bras de la personne qui le nourrit : de même que le bébé ouvre la bouche pour recevoir la nourriture que lui donne sa mère, de même le catholiques doit ouvrir la bouche pour recevoir la nourriture qui lui vient de Jésus.

    Dans une très intéressante interview accordée à l’agence Fides en novembre dernier, à propos du motu proprio, Mgr Ranjith disait déjà :

    « La réforme postconciliaire n’est pas entièrement négative ; au contraire, il y a même de nombreux aspects positifs dans ce qui fut réalisé. Mais il y a aussi des changements introduits abusivement, qui continuent et se poursuivent, malgré leurs effets nocifs sur la foi et sur la vie liturgique de l’Eglise. Je parle ici, par exemple, d’un changement effectué dans la réforme, qui ne fut proposé ni par les Pères ni par la Constitution Sacrosanctum Concilium, je veux parler de la Communion dans la main. Cela a contribué d’une certaine manière à une baisse sensible de la foi en la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie. Cette pratique, et l’abolition des balustrades dans le Sanctuaire, des agenouilloirs dans les églises, et l’introduction de pratiques qui obligent les fidèles à rester assis ou debout pendant l’Elévation du Très Saint Sacrement, diminuent la signification authentique de l’Eucharistie, et le sens de la profonde adoration que l’Eglise doit adresser au Seigneur, le Fils Unique de Dieu. »

    On rappellera aussi que dans une interview à La Croix, en juin 2006, dans laquelle il évoquait à demi-mot la possibilité d’un geste du pape en faveur de la messe de saint Pie V, il disait :

    « Aujourd’hui, les problèmes de la liturgie tournent autour de la langue (vernaculaire ou latin), et de la position du prêtre, tourné vers l’assistance ou tourné vers Dieu. Je vais vous surprendre : nulle part, dans le décret conciliaire, on n’indique qu’il faut que le prêtre désormais se tourne vers l’assistance, ni qu’il est interdit d’utiliser le latin ! Si l’usage de la langue courante est consenti, notamment pour la liturgie de la Parole, le décret précise bien que l’usage de la langue latine sera conservé dans le rite latin. Sur ces sujets, nous attendons que le pape nous donne ses indications. »

    Mgr Ranjith, ancien évêque de Ratnapura au Sri Lanka, a été l’un des premiers prélats nommés par Benoît XVI à la Curie.

  • Message de carême de Benoît XVI

    Le carême est un temps de jeûne, de prière et d’aumône. Dans son message pour le carême qui vient, le pape Benoît XVI parle de l’aumône. Il faut donner, mais il faut surtout se donner, car « l’aumône évangélique n’est pas simple philanthropie : elle est plutôt une expression concrète de la charité, vertu théologale qui exige la conversion intérieure à l’amour de Dieu et des frères, à l’imitation de Jésus Christ, qui, en mourant sur la Croix , se donna tout entier pour nous ».