Benoît XVI, le 4 août 2010, aux servants d’autel réunis place Saint-Pierre :
La statue de saint Tarcisius est arrivée jusqu'à nous après un long pèlerinage. En septembre 2008, elle a été présentée en Suisse, en présence de 8000 servants d'autel: certains d'entre vous étaient là. De Suisse, elle est passée par le Luxembourg jusqu'en Hongrie. Nous l'accueillons aujourd'hui dans la fête, heureux de pouvoir mieux connaître cette figure des premiers siècles de l’Eglise. La statue sera ensuite placée à proximité des catacombes de Saint-Calixte, où saint Tarcisius fut enterré. Le souhait que j'adresse à tous est que ce lieu, c'est-à-dire les catacombes de Saint-Calixte et cette statue, puisse devenir un point de référence pour les servants d'autel et pour ceux qui souhaitent suivre Jésus de plus près à travers la vie sacerdotale, religieuse et missionnaire. Que tous puissent regarder ce jeune homme courageux et fort et renouveler l'engagement d'amitié avec le Seigneur lui-même pour apprendre à vivre toujours avec Lui, en suivant le chemin qu'il nous indique avec sa Parole et le témoignage de si nombreux saints et martyrs, dont, à travers le Baptême, nous sommes devenus frères et sœurs.
Qui était saint Tarcisius? Nous ne disposons pas de beaucoup d'informations. Nous sommes dans les premiers siècles de l’histoire de l'Eglise, plus précisément au troisième siècle; on raconte qu'il était un jeune homme qui fréquentait les catacombes de Saint-Calixte ici à Rome et qu'il était très fidèle à ses engagements chrétiens. Il aimait beaucoup l'Eucharistie et, de divers éléments, nous concluons que, probablement, il était un acolyte, c'est-à-dire un servant d'autel. Dans ces années-là, l'empereur Valérien persécutait durement les chrétiens, qui étaient contraints de se réunir clandestinement dans les maisons privées ou, parfois, également dans les catacombes, pour écouter la Parole de Dieu, prier et célébrer la Messe. Même la tradition d'apporter l’Eucharistie aux prisonniers et aux malades devenait de plus en plus dangereuse. Un jour, alors que le prêtre demanda comme d’habitude, qui était disposé à apporter l'Eucharistie aux autres frères et sœurs qui l'attendaient, le jeune Tarcisius se leva et dit: «Veux-tu que je m'en charge?». Ce garçon semblait trop jeune pour un service aussi exigeant! «Ma jeunesse — dit Tarcisius — sera le meilleur abri pour l'Eucharistie». Le prêtre, convaincu, lui confia le précieux Pain en lui disant: «Tarcisius, rappelle-toi qu'un trésor céleste est remis entre tes faibles mains. Evite les chemins fréquentés et n'oublie pas que les choses saintes ne doivent pas être jetées aux chiens ni les perles aux cochons. Protégeras-tu avec fidélité et assurance les Saints Mystères?». «Je mourrai — répondit Tarcisius avec fermeté — plutôt que de les céder». En route, il rencontra des amis qui, s'approchant de lui, lui demandèrent de se joindre à eux. A sa réponse négative — ils étaient païens — ils devinrent soupçonneux et insistants et ils se rendirent compte qu'il serrait quelque chose sur sa poitrine qu'il semblait défendre. Ils tentèrent de la lui arracher mais en vain; la lutte se fit de plus en plus acharnée, surtout lorsqu'ils apprirent que Tarcisius était chrétien: ils lui donnèrent des coups de pied, lui lancèrent des pierres, mais il ne céda pas. Mourant, il fut apporté au prêtre par un officier prétorien du nom de Quadratus, devenu lui aussi, clandestinement, chrétien. Il y arriva sans vie, mais il serrait encore contre sa poitrine un petit morceau de lin contenant l'Eucharistie. Il fut enterré immédiatement dans les catacombes de Saint-Calixte. Le Pape Damase fit apposer une inscription sur la tombe de saint Tarcisius, selon laquelle le jeune homme mourut en 257. Le Martyrologe romain fixe la date au 15 août et dans le même Martyrologe est rapportée une belle tradition orale selon laquelle, sur le corps de saint Tarcisius, on ne retrouva pas le Très Saint Sacrement, ni dans ses mains, ni dans ses vêtements. On raconta que le pain consacré, défendu par sa vie par le petit martyr, était devenu chair de sa chair, formant ainsi avec son propre corps, une unique hostie immaculée offerte à Dieu.
(NB. Saint Tarcisius ne peut pas être célébré le 15 août. Sa fête - "en certains lieux" - est donc renvoyée au premier jour libre après l'Assomption, et c'est aujourd'hui.)